Quand il ouvrit les yeux, une odeur d'encens titilla ses narines. Il découvrit une femme feuilletant paisiblement un magazine dans le fauteuil.

— Alors, bien dormi ! demanda-t-elle en stoppant sa lecture.

— Qui es-tu ?

— Contente que tu ne me prennes plus pour Léna.

Il fit glisser les jambes hors du lit pour s'asseoir avec peine. Il n'était pas encore en état ! Il dévisagea son hôte, elle n'avait que la chevelure de semblable avec Léna.

— C'est toi qui m'as extirpé de Ferrare ?

— Oui.

— Pourquoi ?

— Ton ange gardien veille sur toi.

La réponse dérangea Gecko, son hacker possédait les moyens de le suivre à chaque pas. Il voulut vérifier la véracité de la remarque.

— Comment s'appelle-t-elle ?

— J'ignore le sexe, mais son pseudo est Faust999.

En découvrant les jambes nues pendant hors du lit, Gecko leva la couverture pour découvrir qu'il ne portait aucun vêtement.

— Pourquoi ? hurla-t-il en laissant retomber le drap.

— Écoute mon grand, tu puais le phoque. C'était plus facile d'ôter tes vêtements trempés, dégueulasses, pour te soigner, te nettoyer.

Il se leva nu pour approcher lentement de la fenêtre. Il tenait assez bien l'équilibre, il pourrait sortir dès demain.

— T'es bien foutu, mais ne te promènes pas à poil. Annonça-t-elle en cachant ses yeux derrière sa main.

Gecko enfila un jean posé sur une chaise, puis la contourna pour se diriger vers la cuisine. Il retira le bandage pour découvrir que la blessure avait été agrafée, ne saignait pas. Il fouilla dans un meuble pour prendre une tasse, puis le déposa dans la machine à café.

— Que fais-tu là ?

— Je mate ton cul.

Il fit volte-face pour la dévisager avec rancœur.

— Ne t'inquiète pas, je n'ai pas profité de la situation. S'exclama-t-elle en souriant. Bon, expose-moi la situation, les erreurs commises, l'issue !

— Et pourquoi je ferais ça ?

— Tu n'es plus seul !

— Je travaille seul.

— On voit ou ça te mène.

Il dégusta le café tout en la dévisageant. Elle avait le regard de Léna ! Gecko détourna le regard pour approcher de la fenêtre.

— Et tu crois faire mieux !

— Oh que oui !

Le ton moqueur énerva Gecko qui fit demi-tour en renversant maladroitement du café.

— Et en quoi tu ferais la différence ?

— Tu n'es qu'un amateur.

— Je me suis entraîné pendant quatre mois. Regretta-t-il d'avoir avoué.

Elle passa le bras dans le dos pour extirper une lame qu'elle jeta dans sa direction. Le couteau de lancée se planta dans le bois de la fenêtre à seulement quinze centimètres de son visage.

— J'ai servi quatre ans dans les Volpi, une annexe sécrète des Carabiniers.

Il resta la bouche entrouverte, il était effectivement loin d'approcher son niveau.

— Comment t'a-t-il persuadé ?

— Tu as faim ?

— Euh, oui. Moi, c'est gecko et toi ?

—Serena. Va t'asseoir, je vais faire une omelette au fromage.

Le jeune homme était rassasié, il avait dégusté son petit déjeuner comme un goinfre. Il manquait cependant quelque chose.

— Tu n'aurais pas une clope ?

— Je ne fume pas. S'exclama-t-elle en lui jetant un paquet de cigarettes de sa marque habituelle.

Gecko se pressa d'ouvrir pour en retirer une puis ouvrit la fenêtre pour l'allumer. Il regrettait d'être aussi dépendant de la nicotine, il tenterait d'arrêter une fois que tout serait terminé.

— Tu sais quoi de Faust ? lui demanda-t-elle.

— Que je peux compter sur lui ! Pourquoi ?

— Ce genre de personne n'a aucun ami, que d'éventuelles options.

— Je ne saisis pas !

— Il nous a employé tous deux, alors pourquoi n'ai-je servi qu'à ta récupération.

Gecko secoua le visage, il ne comprenait pas ou elle voulait en venir.

— Ta mission, c'était bien Fortez ?

— Oui.

— Il savait que tu échouerais. Sans vouloir te vexer. Malgré tout, il voulait que je te récupère, te sauve la vie.

— Pourquoi ?

— Nous sommes les pions d'un échiquier, lui, c'est le joueur.

Il l'observa longuement en silence. La cigarette finit par lui brûler le bout du doigt. Les suppositions de Serena n'étaient pas si stupides. Mais, pourquoi le hacker aurait-il dépensé autant de moyens ? Il était vrai que c'était Faust999 qui lui dictait ou se rendre, quoi faire !

— Combien paie-t-il tes services ?

— C'est à tire gratuite.

— Pourquoi ?

— Tout n'est qu'une question d'options, il sait habilement utiliser les moyens à disposition.

— Que lui veux-tu à Sebastian Fortez ?

— Fais la vaisselle, je vais me doucher. Ordonna-t-elle.

Il s'intercala dans la porte.

— Que t'a-t-il fait ?

— Écoute, t'es mignon tout plein, mais il ne se passera jamais rien entre nous.

— Je ne vois pas le rapport.

Elle lui attrapa le poignet pour le contorsionner.

— Si jamais tu devais être en contact avec Faust, garde le silence sur notre discussion. Nous allons prochainement passer de pion à joueur.