Chapitre 1 Contrat
Gecko enjambait le balcon du dernier étage de la Villa San Sebastiano pour descendre à la fenêtre juste au-dessous. Il garda son équilibre en jouant avec la gouttière, le relief du mur. Il avança lentement pour tenter un regard rapide, Sebastian Fortez lui tournait le dos, il était en discussion avec son portable.
— Ne me dérangez plus inutilement, vous éliminez tous récalcitrants.
Le visiteur poussa la fenêtre non verrouillée pour se faufiler sans bruit dans le salon. Il avança en évitant de faire du bruit. Il dégaina son arme pour patienter la crosse en l'air. Alors que le propriétaire des lieux reposait son portable, Gecko le frappa brutalement à la nuque. L'autre tomba à la renverser face contre terre. Son agresseur mit tout son poids sur l'homme étendu, puis enfonça son genou entre les omoplates.
— Si tu cries, je te bute.
— Tu sais qui je suis.
— Non, j'ai vu de la lumière, alors je suis entré !
— Je suis Sebastian Fortez.
Le parrain de la mafia détourna la tête pour regarder le visage de son agresseur.
— Vous ! Comment ?
Gecko le gifla violemment pour le retourner. Il le bloqua ensuite en immobilisant ses bras avec ses pieds. La cible gémit sous le poids de son agresseur avant de hurler.
— T'es un homme mort !
Le visiteur le visa lentement au niveau du crâne, de la gorge, du torse, puis longea le bras jusqu'à la main. Il pressa la détente de son arme avec silencieux pour éclabousser le sol de sang. Il ignora les supplications de son prisonnier pour suivre le torse en ligne droite pour atteindre la seconde main qu'il perfora d'une seconde balle.
Il lui asséna un coup de pied au visage. Gecko empoigna le dossier d'une chaise avec une tige à quinze centimètres du sol entourant les quatre pieds. Il la reposa sur le torse de sa proie. Un craquement sourd résonna lorsqu'il s'assit dessus.
Il se pencha vers son prisonnier.
— Tu n'aurais jamais dû me prendre pour cible !
Il lui brisa la mâchoire avec la crosse de son arme. Le blessé gémissait sous la douleur en pleurant comme un bébé. L'agresseur attrapa une serviette traînant sur la table pour lui enfoncer profondément dans la bouche. Il passa ensuite l'arme entre les pieds de chaise pour presser la détente par deux fois, l'une sur les parties génitales, l'autre dans le ventre. Il souffrirait atrocement avant de mourir. Gecko prit appui sur le dossier pour le regarder souffrir...
Mais tout n'était que fantasme, la rencontre n'avait pas encore eu lieu. Gecko l'imaginait tout simplement en patientant dans la terre caillouteuse.
Il surplombait la propriété d'une villa depuis une colline abrupte dans la ville Ferrare en Italie. Un buisson la camouflait de la clarté de la lune. La position le mettait hors champ des lampadaires. Il scrutait depuis une vingtaine de minutes la fenêtre éteinte du dernier étage. Plusieurs émotions le tenaillaient, il était à la fois anxieux, posé, excité, terrifié ! Il vérifia l'heure sur sa montre, puis aperçut au même moment deux voitures quittant le garage. Le planning était respecté ! Il déplia les jambes pour se lever, puis approcha de la pente raide.
Il descendit l'escarpement à soixante-quinze degrés en gardant l'équilibre grâce à la corde le menant au sommet d'un mur.
Gecko marcha lentement en écartant les bras pour rester stationnaire en se dirigeant vers un poteau électrique de la ville. Lorsqu'il eut regagné sa destination, il patienta camouflé derrière le boîtier électrique du quartier. La lumière s'alluma dans une chambre de l'avant-dernier étage. Il ressentit autant d'excitation que lors d'une rencontre, qu'un gamin recevant son cadeau. Il allait mettre un terme à sa fuite, pourrait enfin passer à autre chose. Il attrapa un fusil harpon en bandoulière pour viser la cheminée de la villa. Il pressa la détente pour atteindre la cible, puis tira dessus, le harpon se coinça pour ne plus bouger.
Il positionna son harnais sur la corde, puis pressa un boîtier. Une alarme de voiture hurla bruyamment à l'ouest de la propriété, plusieurs silhouettes traversèrent le jardin pour prendre la direction des portes donnant sur la rue.
Il glissa le long de la corde pour tomber sur le toit. Il fixa une seconde corde par crochet sur le harpon pour descendre dans le vide jusqu'au balcon. Il se colla au mur pour le longer jusqu'au bout. Il enjamba la barrière surplombant le vide pour grimper jusqu'à la fenêtre de sa cible. Il tenta un regard à l'intérieur de la chambre pour apercevoir une femme déshabillant un quadragénaire. Sebastian Fortez était là, à seulement trois mètres ! Gecko retira son pistolet de l'étui quand la femme détourna le regard dans sa direction.
— Ahhhhh. Hurla-t-elle.
La cible saisit son arme pour la contourner afin de s'en protéger. Le visiteur n'insista pas, c'était peine perdue. Il regagna le toit à la force des bras. Il se pressa de rejoindre la cheminée pour récupérer son harpon puis tira en direction d'un container poubelle de l'autre côté de la rue entourant le domaine. Il enclencha le harnais pour immédiatement glisser au-dessus du sol sur quinze mètres. De multiples détonations résonnaient de partout. Il heurta violemment le container pour se décrocher alors que des hommes armés le prenaient pour cible. Il courut dans une petite ruelle pour disparaître de leur champ de vision.
Gecko courrait dans les rues sombres du centre-ville de Ferrare. Il était deux heures du matin, une légère bruine recouvrait les rues de la ville italienne d'Émilie-Romagne. Le jeune homme de vingt-six ans était à bout de souffle, il peinait à distancer ses poursuivants. Après trois sprints à perdre haleine, trois courtes poses, il redoutait de ne pouvoir continuer à ce rythme effréné.
Son blouson en cuir devenait trop lourd, comme après une averse. La transpiration camouflait la fraîcheur, mais la température basse aurait le dernier mot.
Gecko ignorait la maladie, il avait une santé de fer... mais, il succomberait aux balles.
Il s'adossa contre un mur pour respirer. Les rythmes cardiaques dépassant les cent cinquante battements par minute menaçaient d'avoir raison de lui. Il était habitué au stress, mais pas aux longues poursuites à pieds.
Des bruits de pas se rapprochant l'affolèrent, il se remit debout pour reprendre la course. Il dut renoncer au bout de trente mètres. La douleur au ventre prenait de l'ampleur, gênait ses mouvements. Il s'arrêta contre une voiture à l'arrêt. Il grelottait de partout.
Il tenta vainement d'immobiliser ses jambes qui tremblaient de froid, de fatigue... ses avant-bras prirent le rythme. Il entendit le moteur d'une voiture. Il voulut prendre la fuite, mais perdit l'équilibre pour s'affaler lourdement sur le trottoir. Son beretta lui échappa pour rebondir sur le bord du trottoir. La course était terminée. Il n'avait plus la force de se relever.
Il se remémora son reconditionnement sur l'île de Mazzorbo voilà quatre mois.
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