A la nuit tombée, New York était l'une des villes à éviter. Les déviants sortaient de leurs planques et renaissaient, vivaient et tuaient jusqu'au lendemain, lorsque le soleil viendrait éclairer les figures de chacun. Alors, ils retourneraient dans les rues sombres de la Grande Pomme pour s'y cacher et ainsi de suite. Et dans cette nuit aux milles horreurs, un bar clandestin était le cœur de cette machinerie, l'entrée des Enfer, un Vésuve métaphorique qui détruit tout sur son passage. Une femme était assise au comptoir, les lumières tamisées lui donnait une allure chaleureuse et bienveillante tandis que ces cheveux d'anges finissait son trouble portrait. Et si le jazz que diffusait le poste pouvait apporter un peu plus d'authenticité à cette femme, alors il le ferait. Hors, il suffisait de voir son visage pour perdre toute illusion de divinité chez elle, elle était l'incarnation d'Hadès. Son regard noir était figé sur une photo dont la beauté de l'enfant sur celle-ci déformait son sourire. Et cette femme, alors, n'avait plus  rien d'angélique, bien que son corps suggérait les plus belles choses du monde. Elle tenait dans sa main délicate un cocktail rougeâtre, qu'elle portait parfois à ses lèvres qui alors relâchait momentanément son sourire. Un barman était aussi présent bien qu'il semblait se fondre dans le décor.

   Soudain, la porte du bar s'ouvrit dans un grand fracas. Un jeune homme, dont le visage était dissimulé par une capuche, venait de donner un violent coup de pied dans celle-ci tandis que ses mains étaient glissées dans ses poches. La jeune femme fut surprise et haussa un sourcil.

-Tu es en retard, l'informa-t-elle.

-Je sais, grommela le garçon.

Malgré son comportement agressif, la jeune femme esquissa un sourire. Elle vida son verre d'une traite et se leva en prenant la photo entre ses doigts. Elle la positionna devant le visage du garçon et reprit :

-Nous devions avoir des retours depuis un mois déjà.

-Je sais... mais...

-Qu'aurais-tu dis si tu avais affaire avec le patron ?

Le jeune femme se plaça derrière lui et déposa une main sous son menton. Une lueur étrange passa dans son regard alors qu'elle tirait sur sa capuche. Cependant, nul ne pouvait voir le visage du garçon à cause des ombres qui dansaient dans la pièce. La femme baisa alors lentement le cou du garçon tandis que sa main quittait sa fine peau. Quelque chose de long et froid, de tranchant prit sa place. Un couteau glissait lentement à la surface de sa peau tandis que la jeune femme cessa ses baisers.

-Crois-tu qu'il t'aurait pardonné ou... tué ?

-Je l'ai trouvé.

La blonde s'écarta alors et souleva un pan de sa jupe pour y ranger son couteau alors que le serveur s'affaira à un nouveau cocktail. Elle reprit lentement place sur son siège et intima au garçon de parler.

-Elle va intégrer l'institut ADRIEL, demain.

-Merde ! Si tu t'étais dépêché on aurait pu la trouver avant, abruti !

C'est alors qu'un couteau effleura le visage du garçon qui ne se démonta pas pour autant.

-Et j'ai réussi à l'intégrer également.

La blonde poussa un cri aigu, signalant l'euphorie qui l'anima soudainement.

-Je me suis dit qu'une taupe au sein du célèbre institut vous serait utile, d'autant plus avec elle.

-Le petit est plus brillant qu'il n'en a l'air. J'informerai personnellement le patron, tu peux partir, l'informa-t-elle.

Le garçon hocha la tête et quitta les lieux. La porte claqua. C'est alors que le serveur prit la parole :

-On approche du but, finalement.

-Plus que jamais, siffla la femme en reportant son attention sur la photographie.

Celle-ci était le portrait d'une enfant d'une dizaine d'années dont le visage était éclairé par un somptueux sourire. Ses cheveux bruns retombaient maladroitement sur ses épaules et ses yeux émeraudes respiraient la pureté et l'innocence. Pourtant, tous savaient que ce portrait avait changé au fil des années depuis leur passage dans sa vie. Depuis qu'eux, les Ténèbres, avaient impacté à jamais la vie de la jeune fille, l'existence de cette belle Violette.

                                                                                          ***

    Violette fixait le plafond de sa chambre depuis déjà dix bonnes minutes. La pièce était plongée dans le silence et sa noirceur se dissipait grâce aux quelques faisceaux de lumière qui passaient par les volets. Une des mains de l'adolescente s'était posée sur sa poitrine, apaisant son cœur des tourments de la nuit, tandis quel'autre épongeait un front luisant. Son souffle était court, ses yeux papillonnaient et son estomac se desserrait progressivement. D'un coup, elle se redressa et fixa un point dans le vide. C'était aujourd'hui, cette rentrée tant redoutée. Elle avait comme oublié cela durant ses quelques heures de sommeil. Elle n'attendit plus longtemps pour attraper l'uniforme qui déclenchait chez elle rancœur et hâte. Elle s'en vêtait pendant que mille et une questions frappaient son esprit. Puis, elle attachait ses cheveux grâce à son habituel catogan. Lorsque ceci fut fait, Violette s'arrêta devant le grand miroir de sa chambre. Son sac était remonté sur son épaule et son uniforme neuf la siait à merveille. Pourtant, elle éprouvait du dégoût pour son image. Chaque fois qu'elle se regardait, ses actes passés semblaient apparaître sur sa peau et la marquer un peu plus profondément. Elle détourna soudainement son regard et sortit de sa chambre. Alors qu'elle descendait les escaliers, une odeur agréable lui parvint. Son père ne cuisinait le matin que pour les grandes occasions, c'en était une. Alors que l'adolescente arrivait dans la pièce principale, le salon étant relié à la cuisine par un comptoir, elle découvrait sur celui-ci les manuels confisqués la veille.

-Bonjour, dit-elle.

Ses mains s'avançaient vers la pile posée lorsque son père posa une assiette sur le comptoir.

-Bonjour, ma grande ! Tu as bien dormi ?

Violette acquiesça en glissant les livres dans son sac. Elle prit place sur l'un des sièges et commença à manger alors que son père regardait la télé derrière le comptoir. Le petit écran de la cuisine montrait les images d'une caméra vacillante, bousculée par des dizaines de journalistes aboyant chacun plus fort que l'autre. Des brefs acharnements du cameraman, on pouvait facilement reconnaître l'institut ADRIEL. Violette eut un soupir :

-Sérieusement ? Les journalistes ressemblent à des abrutis acharnés...

-C'est toujours comme ça, tu le sais bien. Ils font que leur job, répondit son père.

-Ils n'ont jamais réussi à avoir un visage ou un nom lié à l'institut hormis ceux des héros et encore. On croirait des crustacés accrochés à un rocher !

Son père échappa un rire alors qu'il mordit dans sa tartine.

-Il faut dire que la sécurité de l'institut est meilleure que celle de la maison blanche !

Violette finit de manger son assiette en jetant quelques regards perplexes à la télévision. Lorsqu'elle rendit son assiette à son père, elle tourna son visage vers la pendule. Il fallait qu'elle parte maintenant si elle ne voulait pas louper son bus. Voyant le regard inquiet de sa fille, son père s'exclama :

-Cesse donc de te faire un sang d'encre, je ne suis pas loin, tu le sais...

Il embrassa sa fille avant de reprendre :

-Et puis, ne t'inquiète pas, tout ira bien !

Violette esquissa un sourire en ramassant son sac, elle voulait y croire à ces belles paroles. Cependant, elle ne releva pas, mit ses chaussures et sortit de la maison. Elle s'avança silencieusement jusqu'à l'arrêt de bus de sa rue, ne cessant de penser au pire.

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Mot de l'autrice:

Bonjour (ou bonsoir)

J'ai remarqué, après avoir posté le chapitre 1, que ce dernier était quand même un peu court ! J'ai donc décidé de multiplier la taille des chapitres par deux (me remerciez pas, c'est normal ! xD) !

Merci de votre lecture et si l'histoire vous plaît, n'hésitez pas à voter, commenter ou partager l'histoire ! :)

Mes amitiés,

Sarah