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72. Réception


« On a repéré un gars qui apparemment, vole des autonomes. Mais en remontant le fil, on a tout un réseau de contacts, toute une filière. »

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Albert Denrey porta négligemment le verre à ses lèvres.

Adam, tel un ange, l'avait couvert de richesse et de gloire, ne demandant presque rien en retour – rien que des opérations nébuleuses entre sociétés-écran. Qui n'en avait pas rêvé ? Mais il y avait un prix. Cette richesse gratuite, ce monde de faste l'avait pris dans ses filets, puis il avait vieilli, et senti un goût nauséabond à chacun de ces plats raffinés, chacune de ces fêtes mondaines. C'était une épreuve. Adam le lui avait promis. Il n'y avait pas cru.

Ces richesses ne lui appartenaient pas. Qu'importe ce que croyaient ses admirateurs et ses détracteurs ; son travail n'était pas décrire, mais d'aider Adam dans son entreprise.

Dans son ancienne vie, Albert détestait les autonomes qui lui volaient son travail. Devenu le seul employé humain d'une manufacture, à mi-temps en attendant d'être remplacé par un autonome, il avait été forcé de travailler avec eux. Forcé de les voir et de les comprendre comme des okranes. Il aurait aimé agir, mais seul, sans le sou, le monde tournait autour de lui dans sa folle course, sans se préoccuper de ce qu'il pensait.

Trop facile de dire que tout cela était la faute de Biodynamics, la faute des gouvernements qui lui mangeaient dans la main, la faute des membres du système d'exploitation des esclaves. C'était la faute de tout le monde, ou de personne.

Les humains sont influencés par un biais cognitif qui leur fait croire que le monde est juste. Peines et récompenses que le monde distribue à chacun obéissent à une loi de rétribution. Accepter le contraire, ce serait s'exposer au poids d'une culpabilité indicible, celle de profiter d'une situation de laquelle seul le hasard a décidé.

Albert Denrey avait cru changer le monde ; pour ce faire, il avait dû devenir ce qu'il détestait le plus ; naviguer dans une cour, cerné d'histoires de transgression d'opérette, de tromperie, d'alcool et de drogue. Dans chaque miroir, il voyait un de ces humains qu'il avait haïs des années durant. Et le souvenir de cette haine remontait, brûlant comme une braise.

Mains liées, il assistait au spectacle, se mouvait dans les fêtes, les mariages et les réceptions sans jamais pouvoir révéler sa vraie nature. Il soutenait les autonomes. Il avait été membre de la désormais sulfureuse LDA, dont le nom suffisait à s'attirer les foudres du BIS. Mais le sujet était clos ; mettre les pieds dans le plat n'aurait jamais contribué qu'à le discréditer, faire de lui un paria, refroidir ses éditeurs, stopper le flux d'argent qui alimentait les activités secrètes d'Adam et de son réseau.

Pour aider les autonomes, il devait accepter de ne pas les aider.

« Vous l'avez lu, alors ? » demanda-t-il en reposant aussitôt le verre.

Il détestait le goût de l'alcool, mais une vie sociale riche et réussie reposait sur la capacité à être d'accord avec tout le monde, à faire comme tout le monde – peu importe que sa propre personne se décompose lentement dans le processus. Pour se mettre dans les bonnes grâces du directeur adjoint aux opérations en charge des autonomes – poste très sous-estimé du BIS – il fallait forcément faire mine de boire.

« Non, mais mon fils est un très grand fan. D'ailleurs, il a su que je vous verrai ce soir et a milité pour que je vous demande comment va finir toute l'histoire.

— Le dernier tome de la trilogie ? Ma foi, je ne mentirai pas en vous disant que je n'en sais fichtre rien... mais pour votre fils, vous pouvez enjoliver en disant que je garde le secret.

— Vous n'en savez vraiment rien ?

— Oh, si, j'ai des idées. Une trame générale. Et vous imaginez bien que malgré la puissance d'Aton, Chrome parviendra à sauver l'univers.

— Oui, il faut bien que ça se finisse comme ça.

Allez, un autre verre. Voilà un homme fidèle à sa réputation. Albert n'avait rien contre un peu de loquacité, quelques détails sur les activités récentes du bureau.

— On m'a dit que Douglas George allait faire un film de Chrome.

— Oui, il y aura trois trilogies, comme les livres.

— Je pense que je les regarderai.

— Je pense que vous avez beaucoup de travail, monsieur, alors ne prenez pas cette peine pour moi.

— Ouais, du travail...

Encore un verre. On avait bien dit que ça c'était aggravé depuis le départ de sa femme.

— Vous savez... commença Albert.

— Que sais-je ?

— Après Chrome, je vais me lancer dans un nouveau projet. Je pense que je vais faire une série de livres qui aura pour thème le quotidien d'une unité du BIS. Ce sera un peu plus sérieux, sans doute pour un public moins familial, plus mature.

— Ah, effectivement, vous avez en face de vous un spécialiste.

— Je cherchais des idées, et c'est vrai que je ne pouvais pas mieux tomber.

— Vous voulez des détails d'affaires ?

— Je ne sais pas s'il y en a beaucoup dont vous pourriez me parler, mais...

— Ah, vous n'imaginez pas.

Un autre verre, décidément.

— Je n'en dors plus, c'est épuisant. De vous à moi, nos effectifs sont trop faibles par rapport à tout le travail qu'on a. Vos héros seront des insomniaques. Mais surtout n'hésitez pas. Tout mon soutien. Mon fils sera ravi. Je vous mettrai en contact avec quelqu'un, vous aurez plein de dossiers.

— Concernant les autonomes, j'imagine que ce sont de petites affaires, généralement.

— Oui.

— Je cherche une intrigue de longue haleine, vous comprenez.

Il patienta une demi-seconde, puis pour achever l'orgueil du directeur adjoint :

— Vous avez dû voir passer de gros poissons.

Gagné. L'alcool, le complexe d'infériorité, tout marchait à merveille, comme une mécanique trop simple et prédictible.

— Et comment ! De vous à moi, c'est moi qui récupère tout. Mais vous ne le répéterez pas.

— Bien sûr que non.

— Eh bien, par exemple, on a un très gros dossier en cours. On a repéré un gars qui apparemment, vole des autonomes. Mais en remontant le fil, on a tout un réseau de contacts, toute une filière. Et peut-être... un lien avec l'attaque du centre des ventes de BD, à Londres. Ce réseau en serait à l'origine.

— Fichtre.

Son vieux cœur faisait des bonds.

— Le pire, c'est qu'on l'a retrouvé par hasard. On se croirait dans un bouquin.

— Effectivement, dit Albert sans se démonter, un cas à creuser.

— Regardez, dit le directeur adjoint en montrant une photo sur son téléphone portable. On venait de faire fermer un lieu de paris illégaux, on avait fait scanner la vidéosurveillance, et voilà.

C'était Adam, bien sûr.

— Les équipes sont déjà sur place. Je devrais être en train de bosser, mais...

Il chercha son « mais ». Quelque chose qui ne ferait pas mention de son prochain limogeage.

— Mais voilà, en tout cas, dès que j'aurai les détails... Je veux que mon fils puisse continuer à lire de bons bouquins. »

Il allait être déçu. Car si Adam mourait, plus de bons bouquins – d'ailleurs, fin de la fortune et de la vie sociale d'Albert Denrey. Ses éditeurs lui avaient fait promettre le troisième tome de Chrome, le retour dans six mois. Leur fureur serait terrible.

Le directeur adjoint tourna vers lui un visage de fauve, avec soudain un air beaucoup plus alerte. Il regarda autour de lui, et articula :

« Je vous aime bien, Albert. On m'a dit – je ne sais pas d'où me vient l'info – que vous étiez soupçonné de liens avec des groupuscules liés à l'ALA. Je dis ça comme ça. Je pense que vous n'avez rien à vous reprocher. Ce sont des racontars qu'on a propagés sur vous, ça retombera, ne vous en faites pas. »

Albert prit congé du directeur adjoint et rejoignit le balcon, un lieu calme baigné de la fraîcheur d'une nuit estivale. Il était minuit. Les convives se répartissaient entre la salle de danse et le bar, où rôdait toujours le directeur adjoint.

Les yeux étrangers au jardin qu'on devinait dans la pénombre, cinq mètres plus bas, il composa un numéro sur son quadrant. Il y dit quelques phrases avant de raccrocher aussi sec.

« Je ne pensais pas que ce serait votre réaction, dit le directeur adjoint en s'approchant. Votre fébrilité m'étonne.

Un agent du BIS le secondait.

— Suivez-nous, Albert. Vous ne préférerez sans doute pas qu'on vous mette les menottes.

Albert laissa tomber le quadrant et l'écrasa du talon.

— Vous êtes insupportable », soupira le directeur adjoint.

Les menottes claquèrent.

Ce soir, Albert perdait tout, mais gagnait sa revanche.


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À vrai dire, Denrey n'est pas indispensable à l'histoire principale (initialement il l'était, maintenant moins).

Je ne sais pas trop pourquoi je l'ai gardé.

Il va bien falloir trouver une raison.

Hum.

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