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29. Katia


« L'un des deux camps aimait Katia, et la voyait comme une personne ; l'autre comme un objet. L'opposition était inévitable et ne mènerait à rien. »


2052

Katia dit ses premiers mots au bout de deux semaines ; en trois mois, ses cheveux poussèrent jusqu'à tomber sur ses épaules.

Ses nuits se firent courtes et le concours de tout le centre fut bientôt requis pour l'occuper. Eliott et Adina se relayaient. Elle ne sortait pas encore ; seules les fenêtres du bâtiment, les pages des livres et les écrans de télévision lui prodiguaient une ouverture sur le monde.

Elle ressemblait à un enfant de quelques années, avec de grands yeux gris aux pupilles en fente, des sourcils très fins, verts comme ses cheveux ; un nez et un menton discrets. Ses oreilles se distinguaient à peine sous ses cheveux soyeux, dont la couleur flottante allait et venait au gré des reflets.

Sa voix était parfaitement humaine.

En six mois, elle eut huit ans. Son développement mental rattrapait à toute vitesse sa croissance. Adina, épaulée par un pédopsychiatre, craignait plus que tout de devoir lui expliquer les circonstances de sa naissance. Elle n'eut finalement pas à le faire. Katia, qui observait leur travail, comprenait seule. Elle n'assista pas à la naissance de Lys, son petit frère, mais ne fut pas dupe ; les dossiers, les ordinateurs, les machines des laboratoires n'étaient pas tous mis hors de sa portée ; et rien n'échappait à sa perspicacité naissante.

***

Marc fut tiré hors de la salle de repos par des éclats de voix. Il mit une veste sur ses épaules. Sa chemise fripée de trente-six heures sentait le renfermé et l'excès de déodorant anti-transpiration.

Deux groupes se faisaient face dans le couloir, comme des bandes rivales se partageant un territoire, avec une belle collection d'yeux rougis de chaque côté. À sa droite, Eliott, Adina, quelques-uns de leurs assistants, et Katia bien sûr, les lèvres pincées, signe d'attention. À sa gauche, Enzo, un autre chercheur qui devait se nommer John, et quelques suiveurs.

Des noms d'oiseaux s'étaient échangés, mais les assiettes n'avaient pas encore volé. Il était possible de raccommoder la situation.

« Je vous écoute », dit-il de son air le plus sérieux possible.

Il essayait de se donner des allures de monstre antédiluvien réveillé par mégarde, dont la colère serait terrible, et emporterait d'un seul bloc les misérables employés placés sous ses ordres.

Oui, toi aussi, petite chose fluette aux cheveux verts qui te glisses partout, pose sans cesse des questions gênantes et promène tes grands yeux parmi nous comme si tu sondais nos âmes.

« Je ne suis pas d'accord avec le calendrier, dit Eliott.

Et le grand PDG, tel le roi Salomon, devait maintenant trancher leur litige.

Sauf que Marc était crevé, et qu'il se fichait éperdument de tout ça.

— Tout cela va trop vite, reprit le scientifique. Nous devons d'abord étudier les autonomes finement, avant de se mettre à les vendre.

— Pourquoi ? le railla Enzo. Vous craignez qu'ils aient des défaillances cachées ?

Comble du surréalisme, cette conversation se tenait devant Katia elle-même, qui écoutait sans rien dire.

— Nous devons lancer la communication dès maintenant, reprit l'assistant commercial, les préventes dans trois mois et la production de masse en même temps.

— Nous devons lancer une consultation éthique à usage interne, protesta Eliott.

— Mais on en aura pour des années ! s'époumona Enzo. C'est fini, Faust ! Votre job est fini ! Tout ce qui nous reste à faire à présent, c'est de maintenir notre savoir-faire technique et de capitaliser sur notre avancée. Nous devons dévorer le marché.

— Vous parlez business, je parle d'éthique.

— L'éthique est le jeu de grands philosophes coincés qui peuvent se le permettre. Allez dire ça à ceux qui ont inventé la transfusion sanguine. »

Marc essaya de calmer le jeu avec des moulinets des bras. Mais c'était inutile ; l'abcès venait d'être crevé. L'un des deux camps aimait Katia, et la voyait comme une personne ; l'autre comme un objet. L'opposition était inévitable et ne mènerait à rien.

Quant à Marc, il ne voulait pas prendre position.

Pourtant il était le directeur, le prophète de Biodynamics, et sans lui ses ouailles seraient privées de leur guide, vouées aux ténèbres ; l'entreprise à la banqueroute, et le projet de changer le monde, aux oubliettes. Le cauchemar de son échec hanterait ses nuits, et le fantôme de Mrozowski y tiendrait le rôle principal.

« Assez ! » clama-t-il.

Il pensait aux eaux de la Mer Rouge en séparant les deux groupes.

« Enzo, Eliott, dans mon bureau. »

Marc avait décidé qu'ils suivraient le plan ; tout en ne négligeant pas les aspects éthiques, quoique cela veuille dire. Eliott renâclerait un peu ; Enzo se gorgerait d'audace, mais à la prochaine impudence, il refroidirait ses ardeurs. Ainsi soit-il.

***

Où était Marc Gérald ?

Les yeux des caméras faisaient le tour de la salle assombrie.

On attendait l'homme idéal, l'entrepreneur le plus célèbre du monde, le visionnaire de 2052, la personnalité de l'année ; le dernier sur la liste de ceux qui avaient mis la science au service du progrès humain.

Les reporters étaient sur les dents. Comme toute entreprise dirigée par un PDG éloquent avec un certain culte de la personnalité, et dans la lignée des opérateurs de télécoms, Biodynamics ne devait pas faillir à sa présentation ce soir, et Marc Gérald était attendu comme le Messie.

Les lumières s'éteignirent ; en retour, le grand écran LCD qui s'étendait derrière le pupitre s'illumina. Des images défilèrent ; montrant des cellules au microscope électronique, sur fond d'une musique magnifique composée spécialement pour servir d'arrière-plan à Biodynamics. Les cellules se multipliaient, devenaient un embryon, lequel tombait dans un tube, dans un liquide nutritif et s'accrochait à des tissus spongieux d'origine inconnue. Derrière, les violons se déchaînèrent, puis le calme revint, les images s'effacèrent pour laisser place au logo.

Puis une personne monta sur scène avec assurance et sans texte.

Les caméras se braquèrent sur elle. Les moteurs de recherche moulinèrent, mais c'était une jeune femme inconnue ; à peu près un mètre quarante, des cheveux verts tombant sur les épaules, un visage parfait avec un je-ne-sais-quoi de maquillage, de retouche, ou d'artifice.

« Mesdames et messieurs, bonsoir, dit-elle dans le micro avec une voix adolescente.

Biodynamics est une société qui évolue en permanence. Elle est partie du rêve de Marc Gérald, de la production de cellules bactériennes capables de servir d'outil à l'humanité. Elle a évolué en gardant conscience des possibilités infinies qui lui étaient offertes.

La présentation de ce soir sera dédiée à l'un de nos plus brillants chercheurs, Emmerich Gehrt, un homme extraordinaire mort l'an dernier dans un accident de voiture.

Avec Eliott Faust et Marc Gérald, monsieur Gehrt a considérablement travaillé sur la troisième antenne de la société, ouverte il y a déjà deux ans mais fort peu médiatisée. Cette antenne, voulue par Marc Gérald pour accentuer les progrès et nous porter vers d'autres rêves, a mené des expériences remarquables, dont vous venez de voir certaines images. Mais je me doute que ces images ne vous ont pas parlé.

Elle dirigea un pointeur laser vers la photo de l'embryon.

— Cet embryon est celui d'un mammifère d'une espèce nouvelle créé dans notre antenne, à l'instar des bactéries des premiers succès de l'entreprise. Et cette image date de dix-huit mois.

Son regard insoutenable et plein de charme parcourut la salle.

— C'était moi-même il y a dix-huit mois.

Gardant son sourire, elle soutint le déluge de photographies, et d'un pas mesuré, Marc Gérald vint la rejoindre sur l'estrade.

— Merci, Katia, dit-il en reprenant le micro. Mesdames et messieurs, avant d'applaudir Katia, je vous propose d'applaudir à la mémoire d'Emmerich, sans qui ce projet n'aurait pas vu le jour.

Il lança l'applaudissement, et on le suivit. La salle était conquise ; et puis, rien de tel qu'un hommage pour ajouter un peu d'émotion. Katia sourit toujours, un peu gênée. Elle portait des vêtements qui la rajeunissaient un peu.

— Maintenant, je suis disposé à prendre vos questions. »

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