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24. Les monstres de la science


« Le monde dans lequel nous vivons est terrible, certes, mais il ne laisse pas de place à l'hésitation. »

2050


« Ils sont arrivés. Feu vert. Allez-y.

— Monsieur ?

Carlsson regarda au travers de la grande vitre. La circulation dans la rue venait d'être coupée et les cars des forces d'intervention se rangeaient sur le trottoir. C'était la même chose de l'autre côté du bâtiment.

— Monsieur ?

— Reçu, dit-il dans son oreillette.

Il fit signe aux deux agents qui le suivaient. Ils étaient en première ligne. Le gros des troupes suivait en cas de pépin.

— Monsieur ? Vous ne vous êtes pas enregistré.

L'agent de sécurité le dévisagea d'un air circonspect. Carlsson sortit machinalement sa carte.

— BIS. Nous intervenons sous mandat judiciaire et avec l'autorisation de la police. Maintenant, plus personne ne sort de ce bâtiment. Ne faites pas d'annonce particulière.

L'ascenseur s'ouvrit et deux femmes en tailleur apparurent, portant des valises noires assez lourdes.

— Ne bougez pas ! s'exclama Carlsson en les mettant en joue.

Elles le regardèrent d'un air horrifié. L'agent de sécurité avait mis la main sur son arme, mais il ne réagit pas ; car les portes d'entrée s'ouvraient maintenant pour toute une escouade du BIS, des hommes en tenue d'intervention à gilet pare-balles, casque de protection, lunettes de visée et armes automatiques. Contrairement à Carlsson, qui faisait le planton depuis une heure en attentant l'unité, et ne portait qu'un banal costume.

— Avancez lentement, ordonna-t-il, et posez ça devant vous. »

Les deux femmes furent interpellées aussitôt et on leur arracha leurs valises. Il faudrait les fouiller intégralement. Le BIS ne plaisantait pas avec les laboratoires clandestins soupçonnés de recherches biotechnologiques.

Carlsson fit un signe de la tête à ses deux collègues, et ils prirent la direction des escaliers.

D'après leurs informations, les installations se trouvaient au cinquième étage de l'immeuble de bureaux.

« Avancez, dit la cellule de soutien.

Elle recevait en permanence les images de la microcaméra fixée à son oreillette.

Ce n'est pas cette porte. Avancez encore.

Le silence inquiétait Carlsson et ses deux collègues. Ils entendaient bien le brouhaha provenant de l'étage inférieur, où les gens devaient avoir remarqué le déploiement de forces de sécurité dans la rue. Ils seraient bientôt évacués. Mais cet étage semblait vide.

Arrêtez-vous. »

Un faux logo et un faux nom d'entreprise. Soit-disant une boîte qui faisait des logiciels informatiques. Qui sait ce qu'ils faisaient transiter dans leurs valises... la moindre arme biologique produite par un cinglé dans un bureau, avec des moyens minables, pouvait se révéler mille fois plus dangereuse qu'une tête nucléaire à uranium enrichi qui aurait demandé des dizaines d'années et une industrie entière.

À dire vrai, une arme nucléaire ne pouvait pas détruire le monde toute seule, tandis qu'une arme biologique le pouvait. C'était la raison pour laquelle le BIS était tout-puissant sur la Terre.

Carlsson compta jusqu'à trois et enfonça la porte d'un violent coup de pied, mais elle était déjà ouverte. Son regard fit le tour des locaux. Cela ne ressemblait pas à un laboratoire. Il distinguait les contours de quelques chambres, des lits, une cuisine. Tout avait été abandonné à la hâte.

Ils se raidirent en entendant un bruit, mais ce n'était rien d'autre qu'une fenêtre qui claquait. Les occupants n'avaient rien fermé en partant. Ils avaient pris leurs ordinateurs et leurs documents, broyé ce qu'ils ne pouvaient pas emporter – une corbeille pleine de confettis en témoignait.

Un râle retentit dans une pièce voisine. Carlsson chercha du regard un des agents, pour vérifier qu'il avait bien entendu la même chose. Un animal, ou un homme blessé. Ils se précipitèrent.

Un mobile cliquetait au-dessus d'une structure, croisement entre une cage et un lit pour bébé. Une petite tête vint se coller contre les barreaux d'acier, puis un long bras squelettique émergea de la cage comme le doigt d'un monstre, et s'agita légèrement.

« Soutien, expliquez-moi.

On n'a pas d'explication, Carlsson.

— Qu'est-ce qu'on fait ?

Sécurisez les lieux, puis passez le relais à l'équipe de décontamination.

— Ce n'est pas une contamination.

Je sais bien. Mais laissez-les se débrouiller. »

Le râle reprit, comme s'il essayait de se rapprocher d'un langage. Carlsson tourna des talons. Une goutte de sueur perlait sur sa tempe ; il aurait eu moins peur face à des hommes armés qu'à ces deux yeux profonds qui l'observaient.

***

Le doigt boudiné du directeur Vince appuya sur la télécommande ; l'écran mural afficha une photo immense.

« Vous le reconnaissez ?

Le professeur Von Gkats réajusta ses lunettes.

— Oui, dit-il dans un souffle rauque.

Le BIS n'avait cessé d'étendre ses prérogatives depuis l'affaire des CA. Toute menace biologique entrait maintenant dans son giron, du fait des incroyables progrès que réalisait toujours cette science et des voies qu'elle ouvrait aux fauteurs de troubles. Et l'agence faisait parfois appel à Von Glats, comme pour lui rappeler qu'ils étaient éternellement complices, liés par le secret.

— Il s'agit de l'individu 340K. Vous n'êtes pas le premier à m'en parler.

Von Glats n'avait jeté qu'un très bref coup d'œil à l'image.

— À votre avis, professeur, qu'est-ce qui pousse les scientifiques à briser chaque jour de nouveaux tabous ? Qu'est-ce qui amène ces gens aujourd'hui à créer la vie ?

— Les véritables scientifiques ont toujours pleinement conscience de ce qu'ils font. Ces créateurs ne sont pas des scientifiques, mais des fous. »

Le directeur eut un air surpris, puis ses épaules commencèrent à osciller, tandis qu'il étouffait ses expirations, pour finalement partir dans un grand éclat de rire.

Quand il se fut calmé, ce fut pour prendre l'air le plus mortellement sérieux :

« Vous avez raison, professeur, vous avez parfaitement raison. Et j'ai besoin de scientifiques comme vous pour contrebalancer les fous.

— Quoi que vous vouliez de moi, je ne suis pas adapté. Vous n'avez plus besoin de moi pour étudier les CA et il faudra attendre des années avant que quelqu'un d'autre n'en créée de nouvelles.

— Vous m'énervez, Von Glats ! Beugla le directeur.

Sa tête sans cou s'agita, parcourue de spasmes nerveux.

— Les CA ce n'était rien. Vous savez parfaitement ce qui nous attend désormais ! Regardez donc les miracles de la biologie ! »

Il désigna l'image affichée.

L'individu 340K était le résultat d'une manipulation génétique illégale réalisée sur un embryon humain. Il avait été modifié, vraisemblablement à des fins de recherche militaire, mais sa nationalité s'était perdue et personne n'en reconnaîtrait jamais la paternité. L'individu devait pouvoir résister à des températures extrêmes. En l'occurrence, 340 Kelvins...

La photo le montrait dans sa cage, entouré de quelques jouets colorés qui contrastaient étrangement avec ses barreaux de fer. Il était effectivement humanoïde ; deux fois plus petit qu'un homme adulte, fin comme un fil de fer, la peau écarlate, crevassée, qui lui donnait l'air d'un grand brûlé. Et puis, surtout, ses paupières étaient épaisses, il n'avait ni cheveux, ni cils, ni sourcils, et sa bouche sans lèvres semblait fermée pour toujours. Il n'était pas capable de parler.

« Nous avons besoin de vous, Von Glats, dans des cas comme celui-ci. Le problème est resté le même qu'avec les CA : avant tout agissement, le BIS doit déterminer si c'est humain ou non.

— Que dit le sacro-saint génome ?

— Quelle que soit son apparence, son génome est quasiment le même que le votre... à un pourcentage ridicule près. C'est pareil que les CA, professeur. Nous avons un « individu » créé de la main de l'homme. Je vous le dis, nous devons déterminer, de façon objective, si nous devons le faire entrer dans le cercle de l'humanité ou non.

— Que lui arrivera-t-il dans chacun des deux cas ?

— Question inutile ! S'exclama Vince. Vous ne devriez pas la poser ! Vous devriez faire votre analyse avec objectivité.

— Il n'est pas possible d'être objectif lorsque l'humanité est en jeu. Car elle n'est elle-même qu'un concept subjectif. Je ne suis pas compétent.

— Si vous ne l'êtes pas, qui le sera ? Lança le directeur avec un sourire ironique. Vous voulez faire confiance à nos technocrates amateurs ?

— Je n'ai pas force de jugement. Je n'ai pas le droit de décider pour vous. Et vous n'avez pas le droit de me l'imposer.

Il croisa les mains sur la table.

— Mais surtout, je vous sers de caution, et ça je ne peux le supporter. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas humains que vous avez le droit de les tuer. C'était le cas pour les CA. Ce sera le cas ici aussi.

— Vous dansez sur deux pieds, professeur, ricana Vince. Le monde dans lequel nous vivons est terrible, certes, mais il ne laisse pas de place à l'hésitation. »

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