Un brouhaha tonitruant envahit la salle. Fallait-il écouter sa proposition ? C'était le maton des coureurs après tout... Mais fallait-il laisser une bleue partir dans les rangs des coureurs dès les premiers jours ?

  Moi, une coureuse !? Il n'est pas sérieux ! J'avais une peur bleue du Labyrinthe à présent (et surtout grâce ou à cause d'Alby). Je n'allais pas risquer ma vie là-dedans !

— On ne peut pas savoir avant qu'elle y aille ! On la mettrait en essai ! cria Minho, par dessus le chahut installé.

  Alby se leva, mi-figue mi-raisin, ne se plaçant pas sur les réactions et choix des différents maton, et  me demanda de partir pour le verdict final.

— Attends, il faut que je lui dise deux mots, commença Minho.

 Nous sortîmes dans le couloir et encore une fois, je sentit son regard me parcourir. Il veut encore que je lui en mette une ou ça se passe comment ?! Je m'arrêtais pour lui faire face.

— Lily... c'est pas un nom qui te vas. Il est trop doux. Toi, tu es plutôt du genre hargneuse.
— Merci, dis-je d'un ton sec. Bon qu'est-ce que tu me veux ?
— Je ne peux pas m'engager à t'emmener dans le Labyrinthe si tu n'es pas d'accord. Si tu as les chocottes, je comprendrais, fit-il en appuyant sur le mot chocotte, affichant un sourire moqueur.
— Moi, les chocottes ! Ne te moque pas de moi, répondis-je d'un ton qui se voulait blasé et un poil indigné.

 Oui, je n'avais pas les chocottes, j'étais terrifiée !

— Si tu le dis. (Il a apparemment gobé le gros mensonge que je viens de dire.) On se revois quand le verdict sera fait. Attend moi vers l'entrée de la ferme.

  Dans ses rêves. Je sortis sans m'arrêter et me dirigea vers l'orée de la forêt, où je vint m'adosser a un arbre. Thomas me rattrapa et s'assit à mes côtés. Je le regardais et pour la première fois (du moins, depuis mon arrivée), je lui souris. Il me le rendit.

— Salut, fis-je.
— Salut, alors ils vont décider quoi ? demanda-t-il doucement.
— Je ne sais pas. Ils avaient l'air assez partagés sur mon cas. Je verrai bien dès qu'ils auront finis, répondis-je en haussant les épaules.

  Il allait répondre mais je l'en empêcha en changeant de sujet :

— Au fait, pendant que j'y pense, à quoi je ressemble?

  Il était quelque peu décontenancé mais fit tout de même mon portrait.

— Alors, tu as des cheveux auburn et tu as les yeux noisettes clairs. C'est la première fois que je vois de telles couleurs. Sinon tu as les traits fins et tu es plutôt mignonne.

 J'ignorai sa dernière réflexion et dit:

— Et je fais quel âge?
— À vue d'œil seize, dix-sept. Je ne sais pas trop.

  J'acquiesçais, en pensant au temps que je passerais ici, à mon espérance de vie. Et puis...

— J'ai peur.

 Je tournais la tête pour ne pas croiser son regard. Pourquoi avais-je dis ça ? Je ne faisais que me montrer vulnérable.

— C'est normal. Tu vas t'habituer. Ce n'est que ta première journée et tu en a déjà fais beaucoup pour une bleue. 

  Je détestais tout de même ce sentiment d'être prise aux tripes, et ces sueurs froides qui me montaient quand je regardais le Labyrinthe et pensais aux horreurs enfermées à l'intérieur.

— As-tu déjà vu un griffeur ?
— Oui. Alby, Minho et moi avons dû survivre une nuit dans le Labyrinthe.
— C'est déjà arrivé ? Je veux dire, à part vous. 
— Non. Nous sommes les seuls.

  Je ne le questionnai pas plus, je voyais bien qu'il ne voulais pas se vanter de cet exploit. Je regardais le ciel à présent bleu nuit, remplit d'étoiles. Ça devait bien faire deux heures que le soleil s'était couché.

— Est-ce qu'il y a un couvre-feu ?
— Oui, dans trente minutes environ. Les blocards sont entrain de manger.

  Minho arriva en trottinant avec Newt, un peu en arrière à cause de sa jambe. Il avait cinq sandwich dans les mains et il m'en envoya un.

— C'est... euh... Lily! cria le blond avec fierté, sous l'habituel regard moqueur de Minho.
 J'hochai la tête affirmativement et pris une grande bouchée du sandwich. Je ne m'en était pas rendue compte, mais j'avais vraiment faim. Avalant la bouchée que j'avais dans ma bouche, je demandai le  verdict.
— Tu es innocentée et tu es mise à l'essai en tant que coureuse.
— Et qu'en pense Gally ? s'interrogea Thomas.
— Il est super content et il a envie de sauter par tout. Sa vie est remplie de Bisounours. Ah! (Fausse illumination du regard.) Et il a annoncé vouloir fêter ça avec toi et Teresa. Il vous invite à passer la nuit avec lui, ça va être fun ! ironisa Minho.
— Ce n'est pas drôle, dit Newt. On aurait dit qu'il allait éclater la tête de tous ceux qui n'étaient pas de son avis. (Je venais de finir mon sandwich et il m'en donna un deuxième tout en continuant de parler.) D'ailleurs Thomas, il n'en veut pas à Lily, mais plutôt à toi et Teresa. Vous devriez surveiller vos arrière.

  Ils continuèrent leur discussion en mangeant pendant que je me goinfrais, affamée. La discussion se faisait de bon coeur, puis quelques-uns nous quittèrent pour aller se coucher.

— Et sinon, où je vais dormir? demandais-je sentant le sommeil me gagner.
— Viens, dit Newt en me prenant par le bras.

 Je lui serrais la main, il me faisait mal, en prenant mon bras de cette façon. Je gardai ma main dans la sienne. J'avais besoin de me rattacher a quelque chose. Je ne voulais pas aller dans le Labyrinthe demain. Je ne voulais pas être seule avec Minho. Nous rentrâmes dans un recoin de la ferme et il me montra une pièce au fond. Deux sac de couchage y étaient installés. L'un était déjà utilisé par une fille aux cheveux noirs, Teresa. Elle dormait paisiblement.

— On est en train de fabriquer un dortoir pour les filles, chuchota Newt. Il devrait bientôt être terminé mais pour l'instant, tu vas devoir te contenter de ça.

 Je le regardais, étonnée. J'aurais pourtant cru que nous allions être laissées au milieu de tous les hommes (pour certains en recherche d'un corps féminin... erk). Mais en fait, ils n'étaient peut être pas tous pareils, ils savaient pour une partie s'occuper de personnes du sexe opposé. Newt et Thomas faisaient partis de cette dernière catégorie.

— Bonne nuit Lil', fit-il en se retournant.
— Hey, puisque tu m'appelles Lil', je vais t'appeler Newty.

 Je regardais sa tête : il parut d'abord choqué, comme dérangé, puis son expression se transforma en un sourire taquin, mais il ne dit aucun mot.

— Je prends ça pour un oui. Bonne nuit Newty !