— Bah tu vois Mihno ! Elle n'a pas été si dure à trouver, fit Thomas, qui commençait à s'approcher.

  Minho ne dit pas un mot. Il me scrutait de ses yeux d'ébène. Typé asiatique, il était très grand, d'au moins une tête de plus que moi, et devait avoir environ seize ans. Il avait un côté arrogant qui me plaisait énormément. J'en eu envie de rester avec lui, mais la raison pour laquelle je m'étais jetée dans le Labyrinthe me revint : je ne voulais pas retourner vers les autres. Ils ne m'inspiraient pas confiance. Certains avaient des regards malsains, presque pervers. Je n'y serais jamais à l'aise, comme chez moi (curieuse expression, qui me vînt à l'esprit : je n'avais pas de famille ni de petit chez-moi). Qui sait, je pourrais me faire violer ! Mais malgré tout, je les suivis. 

  Thomas était passé devant, il était bien le seul pour l'instant à m'inspirer confiance, contrairement à Minho, qui ne détachait pas son regard de moi. Il avait beau être sexy, il m'énervait. Je sentais ses yeux me vriller la taille. Ce genre de comportement me débectais. Je voulais le tuer! Quand allait-il me laisser tranquille, que je puisse me sentir non-observée. Les minutes passèrent et je crus que j'allais réduire son joli petit minois en bouillie quand nôtre trio improvisé déboucha sur l'entrée du Labyrinthe. Je me stoppais net. Je ne voulais absolument pas y retourner. Cependant, Minho me souleva sans se poser de questions et m'installa sur son épaule. Je me débattis en criant, mais brusquement, il me colla contre le mur à ma gauche :

— Tu as intérêt à te tenir tranquille si tu veux éviter le bannissement! siffla-t- il entre ses dents. 

  Je n'aurais jamais pensé le voir énervé, ou plutôt voir son visage montrer une émotion. Il me maintenait toujours à l'aide de son poids et sa musculature prédominante. Je me sentis inférieure, chose dont j'avais horreur. Ainsi, sans réfléchir, je lui envoyai un coup de pieds dans l'entre-jambe. Il lâcha prise subitement et je me rattrapai avec souplesse sur le sol. Pour finir, je pris soin de lui montrer que je ne l'aimais pas, avant de partir vers la plaine.

~*~

— Désolé mais, j'ai du convoquer un Conseil pour ce que tu as fais, m'informa Alby, un adolescent de peau noire, dont je fis la connaissance peu de temps après mon altération avec Minho. Il m'avait fait visiter le tour du Bloc (le nom attribué à la plaine) en un rien de temps et m'avait expliquer les règles de leur communauté. D'après lui c'était une routine pour eux.

— Et qu'est-ce que je risque ?

— Je ne sais pas, soupira-t-il. On a jamais eu de cas comme toi.
— Quand va t'il commencer?
— Quand Newt aura réuni les matons.
— Qui est Newt?
— C'est moi ! dit un garçon blond-roux qui arrivait essoufflé.

  C'était le garçon qui avait des airs efféminés.

—  On peut commencer ? interrogea Alby.
— Oui, répondit Newt avec assurance.

  Plus je l'observait, plus sa virilité me semblait évidente, au détriment de ce que j'avais cru être de la féminité (en effet cela s'apparentait plus à de la douceur). Nous nous mîmes en route vers la ferme, où allait se dérouler le conseil. Je pûs ainsi voir que l'une de ses jambes boitait. Je ne m'attardais pas et ne fit aucune remarque par égard pour lui. Je pris sa suite lorsqu'il entra dans la ferme.

  L'angoisse commençait à monter : qu'allait-il m'arriver ? Depuis mes discussions avec Alby, j'avais peur du Labyrinthe, de ce qui pourrait m'y arriver, ou plus simplement de ce qui s'y trouvait, et des décisions que pourraient prendre les matons. Où était donc passé mon courage ? mon engouement ? On me désigna une place que je pris sans broncher. J'étais raide, et malheureusement - ou bienheureusement - juste en face de Minho. Nos regard se croisèrent. Il soutint le regard, et têtue que je suis, je ne lâcha pas ses yeux. Dans un accord silencieux, c'était à celui qui tiendrait le plus longtemps. Naturellement, je gagnai d'un manque de vigilance de la part de mon adversaire (et de ma supériorité évidente, tout de même !). Il m'adressa un sourire moqueur. Sale gosse.

  Mais quoi que je dise, il m'avait permit pendant ce moment de gaminerie de ne plus penser à rien, et mon angoisse c'était envolée.

— Le Conseil peut commencer, annonça Alby.

 Les discours résonnèrent, les avis, les questionnements s'échangèrent et, pour finir, tous étaient grosso modo du même avis : je venais d'arriver, je ne pouvais donc pas être consciente d'avoir violé des règles dont je ne connaissait même pas l'existence. Seulement, vint le tour de Gally.

— C'est une sbire à Thomas ! Comme lui et Teresa, elle arrive et se croit tout permit : elle transgresse les règles sans aucun scrupule ! Appelez ça inconscience ou une autre connerie du genre, je n'y croit pas, elle va nous mener en bateau comme lui ! Je demande la sanction ! Elle a enfreint le règlement deux fois : en entrant dans le Labyrinthe sans être une coureuse et en faisant acte de violence à Minho ! (Ce dernier tiqua au rappel de sa courte -mais pourtant véritable- humiliation.) Elle a enfreint des règles principales, fondamentales même ! Nous ne pouvons pas accepter une fille comme ça. De plus, je suis sur qu'elle va nous attirer des ennuis, comme tout ce qui suit Thomas !
— Merci Gally, ce sera tout, dit Newt qui écrivait sur son calepin, puis annonça après une pause : c'est à ton tour, Minho, quel est ton avis ?

   Le moment que j'attendais le plus, que pensait-il de ma réaction ?

— Elle n'était pas au courant des règles, on ne peut donc pas la punir pour ça, ce serait absurde. (Galby émit un bruit d'irritation. Newt le rappela à l'ordre.) De plus, elle est plutôt intéressante, du moins plus que la plupart des Tocards ici. Ses réflexes ont l'air développés et elle réagit de façon efficace. (Je crus voir l'ombre d'une grimace à la nouvelle évocation de ma (mes) victoire(s).) Nous devrions la garder, je suis curieux de voir comment elle se débrouillerait dans le Labyrinthe. Elle a le profil d'une coureuse. Il faut qu'elle rejoigne nos rangs !

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