Une timide rougeur se dessine au loin entre deux vestiges boisés du printemps, tel un incendie de couleurs où a vieilli le temps. Le brasier vermeil où l'automne s'est consumé. Le crépitement de sa fumée s'est condensé en une pluie de soupirs sur le tronc de ces arbres élancés. Et à la tombée du soir, silence et bruit semblent s'enlacer, comme des flammes de nuit dans un crépuscule glacé.

Le soleil commence à se noyer dans une mer de nuages, pareil à un oiseau doré qui perd son ramage. Il divague et dissipe ses ailes brunes, emportées au large par les flots de la lune. L'aube vespérale orne le ciel de panaches nacrés tandis que de frêles pétales recueillent ses larmes sacrées.

Ainsi, dans le spectacle du temps, le feu s'abreuve des gouttes, la terre étreint la voûte. Le désert et la forêt, la lumière et l'ombrée, le trépas, le son, l'éclat et le rayon se mêlent à la douce clameur du vent.

Et moi je contemple ce monde avec bonheur. J'admire ses averses de pénombres blondes et succombe à ses giboulées de sombres lueurs. Je me complais quand le calme est tonnerre, quand dans les nuées déferle la mer. Les voix de la nature sont pour moi un thrène plein de vie, et ses murmures me chantent la peine et l'envie.

Guidé par la mélodie des éléments, je chasse l'éclair et les sentiments. Je vagabonde à la recherche du champ fleuri de l'amour, à l'orée des jours, où languissent les secondes. Alors, j'explore la brume de l'émotion et la plume de la passion. Mon âme imagine cet océan enchanté, à l'écume ensanglantée. Elle sublime son oriflamme dans les âges immortels, grave les vagues, les plaisirs charnels, et les névroses.

Je suis en quête de l'épitaphe de la rose.