Phase 3 : chrysalide
Hello 5fillesunroman Voilà mon texte 😊
J'espère que ça te plaira ;)
Ton texte : 473 mots
Mon texte : 1781 mots
Le total : 2254 mots
J'espère que ça te plaira ❤️
/////
Une. Deux. Une. Deux.
Je peinais à faire fonctionner mes jambes flageolantes et je devais m'appuyer de tout mon poids contre le mur du couloir pour ne pas m'effondrer sur place.
Je n'y arriverais jamais.
C'était trop dur.
De la bile remontais à ma gorge à la simple pensée de ce que je m'apprêtais à faire. A commettre.
— Capitaine, tout va bien ?
Je m'arrêtais, mais ne pivotais pas sur mes talons pour savoir qui se tenait derrière moi : j'avais trop peur de trahir ma panique en chancelant comme un arbre en pleine tempête. Mes racines étaient sur le point d'être déterrées, indirectement arrachées à la vie.
— Oui, tout va bien, tentais-je en masquant tant bien que mal les tremblements de ma voix.
L'arme dissimulée dans les plis de ma robe pesait une tonne sous le regard inquiet de mon interlocuteur.
— Voulez-vous que je prévienne le guérisseur ?
C'était donc si flagrant, que je risquais de perdre pieds d'un instant à l'autre ?
— Puisque je vous dis que tout va bien !
Je me retournais difficilement pour lui faire face et lui lancer un regard noir, un bras toujours appuyé contre la pierre trahissait pourtant ma faiblesse.
— Vous êtes bien pâle... Vous devriez peut-être vous reposer...
En temps normal, je lui aurais crié d\'aller voir aux écuries si j'y étais, mais le cœur n'y était plus. Plus du tout.
— Partez. C'est un ordre.
Mon subordonné hésita avant de hocher la tête et de tourner les talons, disparaissant enfin au détour d'un couloir.
Pourquoi fallait-il que je tombe sur lui enfin ? Comme si ma mission n'était pas assez complexe sans avoir besoin d''en rajouter !
Ce garde trop parano était capable de m'envoyer toute l'équipe de médecins du château ! Avec ce que je m'apprêtais à faire, ils ne risquaient pas de vouloir mon bien encore longtemps.
Je soupirais, avant de reprendre ma pénible avancée. Heureusement, je touchais au but : un porte en bois massif dépourvu de fioritures.
Une main sur la poignée, j'étais incapable de l'actionner.
Stop. Ressaisie-toi. Tu as tué des centaines d'innocents sur le champ de bataille, alors pourquoi faire tant d'histoire pour l'ennemie des tiens ? Soit digne d'accomplir une telle mission, au nom de ton peuple !
Je ne bougeais pas.
Si tu laisses passer cette occasion, c'est à elle qu'ils s'en prendront.
Ces paroles eurent sur moi l'effet désiré. Tout mon corps se raidi et le battement de mon cœur en détresse disparurent de mes pensées, réduit en sourdine.J'appuyais sur le loquet de la porte qui s'ouvrit sans difficulté.
Je ne prêtais aucune attention à cette pièce que j'avais admiré cent fois pour braqué mon regard froid vers l'unique personne présente.
— Capitaine, que me vaut l'honneur de votre visite ? Me questionna-t-elle calmement.
Devant moi se tenait sereinement la reine. La cible de tout un royaume. Ma victime.
Je serrai la cuillère dissimulée dans ma main, sentant son métal glacé contre ma peau. C'était une arme insolite, mais c'était tout ce que j'avais pu trouver. La reine me fixait avec une curiosité sereine, inconsciente du péril imminent.
— Capitaine, vous semblez agité, poursuivit-elle, sa voix douce et apaisante.
Je pris une profonde inspiration, tentant de maîtriser les tremblements de mes mains. Je devais agir promptement, avant que ma détermination ne vacille. Je fis un pas en avant, brandissant la cuillère telle une dague.
— Pour ma sœur, murmurai-je, plus pour moi-même que pour elle.
La reine fronça les sourcils, percevant enfin que quelque chose clochait. Elle se leva lentement, ses yeux rivés sur la cuillère.
— Mais, que faites-vous ?
Je ne répondis pas. Mon esprit bouillonnait, tiraillé entre la loyauté envers ma frangine et l'horreur de ce que j'étais sur le point de commettre. Mais il était trop tard pour reculer. Je devais aller jusqu'au bout.
Je m'élançai vers elle, la cuillère levée. La reine recula, surprise par mon assaut. Mais avant que je ne puisse l'atteindre, elle saisit un objet sur la table à côté d'elle : une simple fourchette.
— Vous n'êtes pas le seul à pouvoir improviser, dit-elle avec un sourire ironique.
Elle brandit la fourchette devant elle, prête à se défendre. Nous nous retrouvâmes dans une situation absurde, chacun armé d'un ustensile de cuisine, mais déterminés à aller jusqu'au bout.
Avant que l'un de nous ne puisse faire un mouvement, la porte s'ouvrit brusquement derrière moi. Des gardes se précipitèrent dans la pièce, m'attrapant et me désarmant en un instant.
Je tombai à genoux, le couvert roulant sur le sol. La reine abaissa sa fourchette, son regard empreint de tristesse.
— Pourquoi, Aaron ? demanda-t-elle doucement.
Je baissai la tête, incapable de répondre. J'avais échoué. Ma sœur souffrait à cause de moi.
Les soldats me relevèrent et m'entraînèrent hors de la pièce, laissant la reine Ewolen seule avec ses pensées.
Alors que je marchais dans le couloir, les chaînes cliquetant à mes poignets, je ne pouvais m'empêcher de me demander si j'avais fait le bon choix. Peut-être qu'il y avait une autre voie, une voie sans violence. Mais il était trop tard pour les regrets. Mon destin était scellé.
Dans la cellule obscure où j'étais enfermé, je repensais à ma mission. Pourquoi avais-je accepté une tâche aussi désespérée ? Elle était retenue en otage par la reine. Nous avions perdu tant de temps, tant d'espoir. Cette mission était censée être notre ultime espoir, un acte désespéré pour la sauver.
Mais maintenant, tout semblait perdu. Ewolen avait montré une force et une résilience que je n'avais pas anticipées. Peut-être que, malgré tout, il y avait une chance de négocier une paix. Peut-être que la reine n'était pas l'ennemie implacable que nous avions imaginée.
La porte de ma cellule s'ouvrit brusquement, interrompant mes pensées. Un garde entra, suivi de la reine elle-même. Elle me regarda avec une expression indéchiffrable.
— Capitaine, j'ai réfléchi à ce qui s'est passé, dit-elle calmement. Je veux comprendre pourquoi vous avez fait cela.
Je levai les yeux vers elle, stupéfait par son ton. Peut-être subsistait-il encore une lueur d'espoir, une possibilité de trouver une issue pacifique.
— Pour ma sœur, articulai-je simplement. Elle est retenue en otage sur vos ordres.
La reine acquiesça, comme si elle comprenait enfin. Elle s'assit sur une chaise en face de moi, prête à écouter.
— J'ignorais que votre sœur était impliquée, dit-elle doucement. Pourquoi ne pas m'en avoir informée plus tôt ?
Je baissai les yeux, accablé de honte.
— Je pensais que vous ne comprendriez pas, que vous ne feriez rien pour nous aider.
La reine soupira.
— Peut-être avons-nous tous deux commis des erreurs. Mais il n'est pas trop tard pour tenter de les rectifier. Parlez-moi de votre sœur. Peut-être pourrions-nous trouver une solution ensemble.
Je levai les yeux vers la reine, une lueur d'espoir naissant dans mon cœur. Peut-être restait-il une chance de la sauver.
— Elle est détenue dans les cachots, répondis-je. Vos gardes l'ont capturée il y a des mois. Elle est innocente, c'est mon père qui a mis feu aux champs de blé, je vous en supplie, laissez-la partir.
La reine hocha la tête, méditant mes paroles. Elle se leva et fit signe à un garde de s'approcher.
— Conduisez-nous aux cachots, ordonna-t-elle.
Nous descendîmes les escaliers sombres et humides du château, le silence pesant sur nos épaules. Mon cœur battait à tout rompre, l'espoir et la peur se mêlant en moi. Lorsque nous atteignîmes enfin les cachots, la reine fit signe au garde d'ouvrir la porte de la cellule.
Là, dans l'obscurité, je vis ma sœur. Elle était affaiblie, ses vêtements en lambeaux, mais elle était vivante. Je me précipitai vers elle, les larmes aux yeux.
— Naelly, ma grande, murmurai-je en la prenant dans mes bras. Je suis désolé, tellement désolé.
Elle leva les yeux vers moi, un faible sourire sur les lèvres.
— Tu es venu pour moi, dit-elle doucement. Merci.
La reine s'approcha, son regard empreint de compassion.
— J'ignorais qu'elle était ici, dit-elle. Je suis désolée pour ce qui lui est arrivé. Elle est libre de partir.
Je relevai les yeux vers la reine, reconnaissant. Mais avant que je ne puisse exprimer ma gratitude, un cri perça l'air. Naelly se tordit de douleur dans mes bras, son visage se crispant.
— Non, non, non ! hurlai-je, impuissant.
Elle s'effondra, ses yeux se fermant lentement. Je la secouai, désespéré.
— Reste avec moi, je t'en supplie, reste avec moi !
Mais il était déjà trop tard. Elle avait succombé à ses blessures et à la malnutrition. Je demeurai là, tenant son corps sans vie, les larmes ruisselant sur mes joues.
La reine posa une main sur mon épaule, son visage empreint de tristesse.
— Je suis désolée, murmura-t-elle. Je ne savais pas.
Je ne pouvais répondre, mon cœur brisé par la perte de ma sœur. Tout ce que j'avais fait, tout ce que j'avais sacrifié, n'avait servi à rien. Elle était partie, et je ne pouvais rien y changer.
Je restai là, tenant son corps sans vie, le chagrin se muant lentement en une rage brûlante.
Comment avais-je pu échouer si lamentablement ? Comment avais-je pu laisser cela arriver ?
Je me relevai lentement, les poings serrés, les larmes se mêlant à la colère dans mes yeux. La reine recula légèrement, sentant le changement dans mon attitude.
— Vous avez causé sa mort, crachai-je, ma voix tremblante de fureur. Vous et votre règne cruel !
La reine tenta de s'expliquer, mais je ne voulais rien entendre. La douleur et la rage obscurcissaient mon jugement.
— Capitaine, je suis désolée, dit-elle doucement. Je ne savais pas...
— Vos excuses ne la ramèneront pas ! hurlai-je, ma voix résonnant dans les cachots. Vous allez payer pour ce que vous avez fait !
Je me jetai sur elle, mais les gardes furent plus rapides. Ils m'attrapèrent et me maîtrisèrent, m'empêchant de l'atteindre. Je me débattais, criant ma douleur.
— Vous allez payer ! répétai-je, ma voix se brisant sous l'émotion. Vous allez payer pour tout le mal que vous avez fait !
La reine, visiblement ébranlée, fit signe aux gardes de me libérer. Elle s'approcha de moi, son regard empreint de tristesse et de regret.
— Capitaine, je comprends votre affliction, dit-elle d'une voix douce. Mais la violence ne résoudra rien. Nous trouverons un moyen de mettre fin à cette haine et à cette souffrance.
Je la fixai, les yeux embués de larmes et de colère. Comment pouvait-elle comprendre ? Comment pouvait-elle savoir ce que je ressentais ?
— Vous ne savez rien de ma douleur, murmurai-je, la voix brisée. Vous ne savez rien de ce que j'ai perdu.
La reine acquiesça, respectant mon chagrin.
— Peut-être que non, admit-elle. Mais je veux tenter de comprendre. Je veux essayer de réparer ce qui peut encore l'être.
Je demeurai silencieux, luttant contre la rage qui bouillonnait en moi. Peut-être avait-elle raison. Peut-être que la violence n'était pas la solution. Mais comment pouvais-je pardonner ? Comment pouvais-je oublier ?
Les jours suivants furent un tourbillon de douleur et de confusion. Je ne pouvais trouver le sommeil, hanté par le visage de ma sœur. Chaque instant sans elle était un rappel cruel de mon échec. La reine, fidèle à sa parole, tenta de me parler, de comprendre ma douleur. Mais je ne pouvais lui pardonner, pas encore.
Un soir, alors que je me trouvais seul dans ma cellule, l'obscurité sembla m'envelopper complètement. La douleur était insupportable, et l'idée de continuer à vivre sans ma sœur me paraissait impossible. Je me levai, déterminé à mettre fin à ma souffrance. Mais, alors que je me dirigeais vers la fenêtre, une pensée me traversa l'esprit. Ma sœur n'aurait pas voulu cela. Elle n'aurait pas voulu que je me laisse consumer par la douleur et la haine. Elle aurait voulu que je trouve un moyen de continuer, de vivre pour elle.
Je tombai à genoux, les larmes coulant librement, attrapant un couteau et entaillai ma peau.
La douleur était insupportable. Chaque coup porté à ma propre chair était un cri silencieux, une tentative désespérée de libérer l'angoisse qui m'envahissait.
Mess doigts tremblaient alors que je saisissais le couteau, la lame froide contre ma peau. Je ne voulais pas faire ça, mais je ne savais pas comment arrêter. Les cicatrices sur mes bras étaient autant de preuves de ma lutte intérieure.
Je me regardais dans le miroir, les yeux rougis par les larmes. Pourquoi étais-je si brisé ? Pourquoi la vie m'infligeait-elle une telle souffrance? Je me souvint des mots d'un ami qui lui avait dit un jour : "La douleur est comme une tempête. Elle arrive, elle dévaste tout sur son passage, mais elle finit toujours par se calmer."
Je voulais y croire. Je voulais croire que je pouvais survivre à cette tempête, que la douleur s'apaiserait un jour. Mais pour l'instant, je me contentais de laisser le couteau glisser sur ma peau, laissant derrière moi une nouvelle marque de souffrance.
Je savais que ce n'était pas la solution. Je savais que j'avais besoin d'aide. Mais j'avais peur. Peur du jugement, peur de la réaction des autres. Alors je continuais à m'infliger cette douleur, espérant que cela me soulagerait, même un peu.
Et dans l'obscurité de ma chambre, je pleurai, priant pour que quelqu'un m'entende, pour que quelqu'un vienne me sauver de cette douleur insoutenable.
Épuisé, je finis par m'effondrer dans le lit pour m'endormir dans un profond sommeil.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro