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Chapitre 23

Give me hope
Give me fuel so I can start a fire


« À la bouffe, les nuls ! »


Azura, Gaël et Morgane relèvent la tête de leurs révisions pour voir les bras chargés de Cherry avancer vers eux. Elle laisse tomber trois grands cartons de pizza au milieu de la table sans se préoccuper de leurs cahiers. Les adolescents ne lui en tiennent pas rigueur ; ils comptaient bientôt abandonner de toute façon.


« Rappelle-moi ce qu'on fête, déjà ? demande Azura en s'emparant d'un morceau prédécoupé dégoulinant de fromage.

- J'en sais rien, répond la jeune femme. La fin des morts subites ? Le rétablissement de votre copine flic ? Un truc du genre.

- T'oublierais pas quelque chose, par hasard ? » fait, de l'autre côté du bar, Holly.


Curieux, les trois adolescents interrogent Cherry du regard. Celle-ci détourne le sien. Gênée, elle se passe une main sur le crâne. Sa mèche rouge, refaite depuis peu, se fond toujours aussi mal dans la courte chevelure noire.


« Ouais, peut-être, admet-elle. On fête aussi ma première semaine sans alcool, à ce qui paraît.

- La première d'une longue série » ajoute Morgane avec un clin d'œil.


Cherry hoche la tête sans s'étendre davantage. Ses mains tremblantes les font comprendre pourquoi.

Elle prend place à leur côté, bientôt rejointe par Holly qui s'accorde une pause. Les deux autres clients mangent sans bruit leur plat du jour. Bien que les premières chaleurs peinent encore à propager leur influence jusque dans la soirée, leur arrivée rend l'intérieur du bar agréablement tiède.

Ils entament les pizzas en silence, chacun remuant ses propres pensées. Celles d'Azura naviguent vers Jack, toujours inconscient, avant de bifurquer vers Tori, qui ne s'est toujours pas montré à la Petite Sirène malgré l'invitation de Morgane. Malgré ses inquiétudes concernant les deux détectives, le garçon a enfin l'impression de respirer. Sans le corbeau, ses amis et lui peuvent reprendre une vie normale. Son principal souci à présent est de convaincre ses parents de le laisser rester à Sunnyside et, même s'ils refusent, leur bénédiction n'est de toute façon pas nécessaire. Depuis quand ne s'était-il pas senti aussi tranquille ?


« Ça va ? »


Il cligne des yeux pour revenir à lui avant de réaliser que la question ne lui était pas adressée. Morgane, qui l'a posée, dévisage Cherry par-dessus sa part de pizza. La jeune femme contemplait le vide sans toucher à la sienne.


« Ouais, ouais, dit-elle. Je pensais à un truc.

- À quoi ? s'enquiert Gaël.

- Au type qu'ils ont arrêté. J'arrive pas à croire qu'il se soit flingué avant qu'ils aient pu en tirer quoi que ce soit. C'est con.

- C'est mieux comme ça, non ? poursuit le garçon. Au moins, on est sûrs qu'il fera plus aucune victime.

- Ouais, je suppose que t'as raison. Je sais pas, je crois que je sais pas trop comment me sentir. Je ... j'aurais voulu savoir pourquoi il a fait tout ça. »


Azura hoche pensivement la tête. Il a beau être d'accord avec Gaël, il comprend tout à fait le problème de Cherry. Lui non plus n'a pas vraiment réagi à la mort de Johnny.

Il se lave les mains dans l'évier du bar, le ventre tendu, lorsque son téléphone se met à sonner. Surpris, Azura s'essuie sur son jean avant de le sortir de sa poche. Le nom qui s'affiche sur l'écran lui fait l'effet d'une pierre dans l'estomac. Il espérait en avoir fini avec elle.


« Ça va ? fait Gaël, encore à table. C'est qui ?

- Euh ... je suis pas sûr, bafouille Azura. Je vais prendre l'appel dehors. »


Il s'éclipse sans demander son reste, les joues rougies par le mensonge. Il avance un peu sur le trottoir avant de prendre l'appel, frissonnant malgré la température en hausse. Mieux vaut s'assurer qu'ils ne l'entendront pas.


« Azu chou ! l'accueille la voix insupportablement enjouée d'Olga O'Malley. J'ai cru que tu ne me répondrais jamais !

- Qu'est-ce que vous me voulez ? »


Un soupir fait grésiller la ligne. Azura patiente, les sourcils froncés.


« Faut pas être agressif comme ça, tu sais. Tu te souviens de ta dette ? J'ai décidé qu'il était temps pour toi de la payer.

- Pour quoi faire ? Le corbeau est mort. Et pour de vrai, cette fois.

- Oh, oui, mais tu ne crois tout de même pas que cette affaire était mon seul gagne-pain, dis-moi ? Moi aussi, je dois mettre du beurre sur ma brioche. Mais je sens que je te dérange, alors je serai brève. Tu te souviens du bar où l'on s'est retrouvés l'autre fois ?

- Oui.

- Eh bien oublie-le, car cette fois tu viens chez moi. Il y a des choses que je préfère ne pas montrer en public. Nos scoops ne sont jamais à l'abri, entre journalistes, tu sais. »


Il secoue la tête, mal à l'aise. Il n'a aucune envie d'être seul avec cette femme sur un terrain qu'il ne connaît pas.


« Oh, t'inquiète donc pas, ajoute-t-elle comme si elle devinait ses craintes. Contrairement à ce que tu as l'air d'imaginer dans ta petite tête, je préfère réserver mes charmes pour les gentlemen de mon âge. Ils seraient gâchés sur un bébé comme toi.

- Je ...

- Tu demanderas mon adresse à Cherry, tu veux ? À moins que tu la connaisses déjà ?

- En fait ...

- Bien sûr que tu la connais déjà, pour qui je te prends ? Un vrai petit reporter ! Je t'attendrai samedi à l'heure du dîner, d'accord ? Et ne songe même pas à me poser un lapin. Toute action entraîne des conséquences, tu sais, et tu marches sur un fil depuis la déception de l'autre fois. »


Malgré le ton insouciant de sa voix, Azura ne peut retenir un frisson. Cette femme n'aura aucun scrupule à rapporter ses agissements à Holly.

Olga raccroche avant qu'il puisse retrouver son sens de la répartie. Les yeux vides d'Azura flottent un instant sur l'écran avant de l'éteindre. Il voudrait pouvoir oublier cette femme, mais elle ne lui laisse pas le choix.

Il s'approche à nouveau du bar pour trouver Morgane debout près de l'entrée. La jeune fille se frictionne les bras, visiblement frigorifiée malgré son sweat et ses collants en laine.


« Hey, la salue-t-il.

- Hey. »


Il se tient à ses côtés en silence, le regard bas. Pourvu qu'elle ne le questionne pas sur son appel. Azura a toujours été un piètre menteur.


« Je suis sortie prendre l'air, dit-elle à la place. J'avais besoin de réfléchir.

- À propos du corbeau ? »


Elle secoue lentement la tête.


« À propos d'un peu tout. Ça fait tellement bizarre que ce soit terminé. Tout ce stress qui retombe alors que j'étais sur le point de devenir givrée ... C'est à la fois libérateur et frustrant.

- Je peux comprendre. C'est un peu genre, on fait quoi de nos vies maintenant ?

- Voilà. Enfin bref, je voulais surtout te remercier. Pour ... pour tout ce que tu as fait pour moi. Maman disait toujours que si on a pu aider une seule personne à se sentir mieux, on n'aura pas vécu en vain. Et grâce à toi, je peux enfin dire que j'ai pas vécu en vain. Merci, Azura. »


Désarçonné par ses propos, le garçon rougit. Morgane lui accorde beaucoup trop de crédit.


« J'aurais rien fait du tout si t'y avais pas mis du tien, objecte-t-il. C'est pas comme si j'étais responsable de tout ce qui s'est passé depuis novembre.

- Peut-être. Mais j'y aurais pas mis du mien si t'avais pas commencé par me sauver la vie. »


Elle se tourne vers son ami pour lui prendre les mains, un large sourire aux lèvres.


« On va dire que c'était un effort groupé, dit-elle. Ça te va ?

- On va dire ça. »


Leurs paumes se séparent dans un rire. Les deux adolescents observent la rue en silence un court moment. Sur le trottoir d'en face, un vieil homme cambré en déambulateur les dépasse petit à petit. Une femme ronde promène ses chiens en pianotant sur son téléphone. La vie continue, insouciante, et Azura ignore encore s'il trouve cela rassurant ou pas.


« Quand on s'est rencontrés, reprend Morgane, je croyais que je voulais mourir, mais je voulais juste que ça s'arrête. Cette douleur, ce ... ce sentiment d'être inutile. J'étais épuisée par la vie. Par les cauchemars et tout ce que j'avais à gérer depuis l'absence de maman. Et si t'étais pas arrivé ... »


Aucun d'entre eux ne ressent le besoin d'en dire plus. À la place, Azura pose une main compréhensive sur l'épaule de son amie. Celle-ci lui retourne un sourire redevable.


« Alors, demande la jeune fille quelques instants plus tard, qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?

- Je sais pas vraiment. Finir le lycée, et après ça ... peut-être la fac ? Si je veux devenir un vrai profileur, je vais bien devoir faire des études. Et toi, tu vas filer en école de cuisine ?

- Gagné. C'est ce qui est prévu, en tout cas. Je resterai pas dans cette ville une seule seconde de plus que nécessaire. »


Ils échangent un sourire avant de retourner à leur contemplation. Ils continueront de se voir, c'est certain. Leur amitié est faite pour durer. Morgane soupire, mais il s'agit d'un soupir soulagé, comme si elle prenait tout juste conscience que leurs malheurs touchaient vraiment à leur fin.


« Je suis contente de pouvoir faire des projets à nouveau. »




La résidence où vit Olga O'Malley étant située dans le même secteur que la maison de Gaël, Azura n'a aucun mal à trouver son chemin. Il aperçoit, au loin, la façade bleue dos au port, mais n'ose pas s'en approcher. Gaël ne l'y a pas encore invité.

Il prend l'ascenseur jusqu'au quatrième étage, intimidé par le niveau de vie dont l'entretien et la sécurité de l'immeuble semblent être témoins - le portier ne l'aurait même pas laissé entrer si, par l'interphone, la voix d'Olga n'était pas venue à son secours. Il patiente devant la porte de la journaliste, tripotant d'une main les badges de son sac en bandoulière.


« Azu chou ! Bienvenue ! lui lance celle-ci au bout d'un long, trop long moment. Entre, entre. Tu as fait bonne route, dis-moi ? »


Il s'avance dans l'appartement en haussant les épaules, peu désireux de converser plus que nécessaire. L'intérieur, tout en teintes chaudes et photographies colorées, semble vouloir dégager une impression accueillante qui ne l'atteint pas. Azura s'arrête sans le vouloir devant un tableau familier. Il se demande un instant si Olga l'a tiré elle-même avant de remarquer la signature minuscule d'Alma Zanielli dans le coin inférieur droit. Cette femme est plus populaire qu'il l'imaginait.


« J'ai pas beaucoup de temps, ment-il en se détournant du tableau. Vous ...

- Tu veux un thé ? propose Olga sans tenir compte de ses paroles. Un café, peut-être ? »


Azura sent l'impatience lui ronger l'estomac. Il ferme les yeux et s'oblige à se calmer. Cette femme veut le bercer de l'illusion d'être en terrain amical. Il ne se prêtera pas à son jeu, mais il peut au moins faire semblant. Cela jouera peut-être en sa faveur.


« Un thé, s'oblige-t-il à cracher. Merci. »


Olga commence sa préparation sans s'encombrer de détails. Azura est presque certain d'avoir signé pour un thé à la menthe. Il déteste ça.


« Assieds-toi là où il y a mon ordinateur, lui dit-elle pendant l'infusion. J'ai des choses merveilleuses à te montrer. »


Il s'exécute, prenant place sur la table ronde brillante de propreté, et profite de ne pas être vu de la journaliste pour grimacer. Ces choses merveilleuses doivent concerner un de ses proches. Sans doute Holly. Dans quel genre de scandale la Fouine espère encore la voir tremper ?

Olga s'installe en face de lui, la théière à la main, et tente de lui faire la conversation. Azura répond à ses questions sur le lycée sans comprendre où elle veut en venir. Jusqu'à ce que, sans se départir de son air innocent et si insupportable, la journaliste mentionne Gaël.


« Et ton petit ami, le petit Whitefeather ? Vous êtes toujours d'actualité, j'espère ? »


Azura se renfrogne aussitôt. Il peut tolérer que cette femme s'intéresse à Holly, mais il fera tout ce qui est en son pouvoir pour que Gaël demeure hors de ses griffes.


« Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Il avait rien à voir avec les morts subites.

- Je te l'ai déjà dit, mon chou, les morts subites, c'est de l'histoire ancienne. Has been. J'ai décidé de me tourner vers le futur, tu vois ? Sur ce qui intéresse vraiment le peuple d'aujourd'hui. Enfin, une fois que j'aurai terminé ma rétrospective sur Johnny Gunn. »


Azura arque un sourcil sceptique. Il se prépare à tout, surtout à n'importe quoi, sauf à la bombe que la Fouine largue ensuite.


« Tu savais que ton petit ami entretenait une liaison avec Maxwell Everett ? »


Il recrache sa dernière gorgée de thé, se trempant le menton au passage. Olga lui tend une serviette mais, trop enragé pour l'accepter, Azura préfère s'essuyer d'un coup de manche. Il la fusille du regard.


« Vous délirez. »


Comme si elle s'attendait à cette réaction, Olga s'empare de son ordinateur avec un sourire arrogant. Elle le tourne vers lui immédiatement après l'avoir ouvert. En effet, la journaliste avait prévu son coup.

Azura la gratifie d'un dernier regard assassin avant de s'intéresser à la photo qu'elle lui montre. L'auteur, sans aucun doute Olga, a dû la tirer en secret. Gaël et l'homme qui l'accompagne (un chauve distingué qui le dépasse de deux têtes, comme Maxwell) lui tournent le dos, mais la Fouine a suffisamment zoomé pour donner l'impression de se trouver juste derrière eux. Azura ne reconnaît pas l'endroit où ils se trouvent. À moitié caché par la voiture contre laquelle il s'appuie, Gaël (car son identité ne fait aucun doute) lève vers son voisin un sourire qu'Azura n'a que trop rarement vu. Le genre de sourire qu'il craignait d'avoir emmené avec lui quatre ans plus tôt. Sa main gantée se cramponne au bras de son voisin. Quant à l'autre, dissimulée par le véhicule noir dont Azura reconnaît à présent les vitres teintées, il la suppose glissée dans la sienne. L'image lui arrache un pincement au cœur.


« Où est-ce que vous avez pris ça ?

- Près du cimetière. Je me suis toujours demandée pourquoi Maxwell n'avait jamais été vu en compagnie d'une femme, tu sais ? Tu remercieras ton petit ami de m'avoir offert la réponse.

- Vous suivez les gens jusqu'au cimetière ? lance-t-il, ignorant de son mieux sa seconde remarque. Vous êtes malade.

- J'en ai d'autres, si tu veux. Tu sais comment faire défiler ? »


Insensible à ses insultes, Olga le dévisage par-dessus sa tasse de thé. Azura suit son conseil juste pour ne pas avoir à soutenir son regard arrogant.


« Il travaille pour eux, l'informe-t-il en détaillant un deuxième cliché (même sujet, même lieu, mais Gaël a cette fois fermé les yeux et posé le front contre le bras qu'il agrippe, comme il le fait parfois avec lui). C'est normal que vous les voyez parfois ensemble.

- Azura, mon chou, tu as l'air d'avoir une drôle image des relations employeurs-employés. »


Il déglutit sans parvenir à se convaincre que ce soit bien de quoi il s'agit. Gaël a abandonné sa prise sur son bras pour se réfugier entre eux. Son profil paisible diffuse chez Azura un parfum d'inquiétude.


« Il m'a dit qu'ils étaient amis, insiste-t-il.

- Ils ont même l'air très amis, pour leur trente-cinq ans d'écart.

- C'est pas comme s'ils s'embrassaient, poursuit Azura sans se démonter. Il est ... Gaël est comme ça. Il a toujours collé les gens auxquels il tient. Je suis bien placé pour le savoir.

- Tu as l'air surpris, pourtant.

- Non. »


Azura s'interrompt un instant, honteux de déceler aussi peu de conviction dans son propre mensonge. Cette femme l'a déjà fait douter de Holly. Il ne la laissera pas faire douter de Gaël.

Le doute s'installe pourtant, entraîné dans le sillage des photos de la croisière. Du moins, Azura suppose qu'il s'agit de la croisière. Assis sur une banquette de velours rouge en demi-cercle, Gaël (ses cheveux sont un peu plus courts qu'aujourd'hui) a le nez plongé dans un verre à demi-plein qu'il tient par le godet. Les teintes jaunes-orangées de celui-ci ainsi que les joues roses du garçon le font deviner qu'il s'agit d'alcool. Pourtant, Gaël n'a pas l'air spécialement joyeux. Ses sourcils froncés et son nez plissé lui donnent l'air de vouloir retenir une grimace. Assis à ses côtés, Maxwell (cette fois, Azura reconnaît sans problème son profil presque aristocratique et son crâne lisse comme un caillou) tient son verre par le pied comme pour l'obliger à le terminer. Azura déglutit. Pas étonnant que son ami ait un mauvais rapport avec l'alcool.


« Comment vous avez pu être acceptée là-dedans ? demande-t-il à la Fouine pour se distraire de ses véritables questions.

- Tu parles de leur croisière ? Une journaliste douée a ses contacts, mon chou. Ma petite personne n'y a jamais mis un pied. »


Olga se penche en avant pour vérifier où il en est. Son sourire de requin, qui ne manquait à personne, revient pimenter la conversation.


« Cette photo est ma favorite, tu sais ? J'ai entendu dire qu'ils s'étaient retirés dans leur cabine peu après, une suite royale dotée d'un seul lit, pour ne plus être aperçus de toute la journée. Je me demande ce qu'ils ont bien pu y faire tout ce temps, pas toi ? »


Le regard qu'Azura relève vers elle est si mauvais qu'elle ne peut retenir une brève grimace. Le garçon est prêt à exploser. Encore un sous-entendu de sa part sur la relation de Gaël avec ce type et il ne répondra plus de rien.


« Il a perdu son père, se force-t-il à articuler. C'est normal qu'il projette des trucs chez les adultes qu'il voit souvent.

- Oh, je suis bien au courant. C'est même pour ça que j'ai commencé à m'intéresser à lui. »


Pris au dépourvu par sa réponse, Azura défronce les sourcils. La Fouine a tiré ces photos en suivant Gaël ? Pas Maxwell ? Ou est-ce qu'elle essaie encore de le déstabiliser en lui racontant n'importe quoi ?


« Tu savais que ton petit ami se trouvait au cœur d'un des plus grands mystères de Sunnyside ? demande-t-elle avant qu'il puisse vraiment y réfléchir. En excluant les morts subites, bien entendu.

- De quoi vous parlez, encore ? »


Olga secoue la tête pour éloigner son carré noir de son visage. Heureuse d'avoir capté son attention, la femme laisse un rictus familier se dessiner sur ses lèvres. Il n'arrive pas à croire que leur dernière rencontre ait fait jaillir en lui un brin de sympathie pour cette ordure.


« Je parle de Jason Myers. L'homme qui a tué son père.

- Qu'est-ce qui vous intrigue chez ce type ? Il est mort.

- Mort ? fait Olga en écarquillant les yeux. Non, mon chou, Myers a disparu. Il a tiré sur le père de ton petit ami et pouf ! Envolé. »


Azura regarde ses mains en se creusant la mémoire. Gaël leur a dit qu'il était mort. Il en est sûr.


« Gaël est peut-être un peu mieux placé que vous pour le savoir, grommelle-t-il.

- Oh, tu essayes de blesser mon orgueil de journaliste ? Il va falloir faire mieux que ça. Lis les nouvelles de l'époque si tu doutes de ton amie Olga. »


Il soupire, agacé. Comme s'il ne savait pas déjà ce qu'il allait y trouver.


« Je vais faire ça. Et donc, je suis censé comprendre que vous stalkez mon meilleur ami parce que le mec qui a ruiné sa vie vous intrigue ? Vous le soupçonnez de quoi, de l'avoir tué et d'avoir enterré le cadavre dans son jardin ? »


Le regard de la Fouine s'illumine comme s'il avait mis le doigt sur quelque chose. Oh, non. Pourvu que cette folle furieuse n'ait pas poussé sa théorie du complot jusque là.


« Pas lui, dit-elle, le rassurant à moitié. Les Everett. »


Azura grimace de confusion. Il est complètement perdu.


« Quel rapport entre les Everett et Jason Myers ?

- Ton petit ami, mon chou. Tu vois où je veux en venir ? Jason Myers s'est évaporé de Sunnyside comme s'il n'y avait jamais été, poursuit la Fouine en se penchant en avant. Personne ne l'a vu partir, sa maison était en ordre et même son véhicule était encore sur place. Un vrai spectre.

- C'est pour ça que vous pensez qu'il a été tué, comprend Azura.

- Et si j'en crois tes paroles, Gaël Whitefeather pense la même chose. Mais pourquoi, je me demande bien ? »


Azura la dévisage sans ciller. Il refuse de répondre à cette question.


« Oh, et j'oubliais, continue la Fouine devant son mutisme, ton petit ami a commencé à fréquenter les Everett pile à cette époque. C'est tout de même une chose fabuleuse, le hasard. »


Cette fois, Azura ne peut s'empêcher de tressaillir. Qu'est-ce qu'elle raconte ? Gaël n'a fait la connaissance des Everett que lorsqu'il leur a proposé de travailler pour eux, alors qu'il avait ...

Il fronce les sourcils. Quel âge avait-il ? Si Maxwell l'a emmené sur cette croisière pour ses seize ans, comme il l'a appris le jour de Noël, Gaël devait déjà être à leur service l'année précédente. Depuis combien de temps les connaissait-il pour avoir droit à un cadeau pareil ?


« Encore une chose que tu ignorais ? s'amuse la Fouine. Il faut croire qu'on ne connaît jamais vraiment les gens. »


Azura, qui avait baissé les yeux, les relève une dernière fois vers l'écran de l'ordinateur. Cette photo-là a été prise au Wendy's. Gaël, les traits songeurs et tirés par la fatigue, laisse son regard planer de l'autre côté de la vitre sans réaliser qu'Olga est en train de l'immortaliser. Azura est suffisamment familier avec les lieux pour savoir qu'il contemple l'océan. Le visage de Maxwell, assis en face de lui, demeure dans l'ombre ; hors contexte, Azura ne le reconnaîtrait même pas.

Il soupire en mettant le doigt sur ce que lui évoquent les chiffres inscrits en bas du cliché. La Fouine l'a tiré le soir suivant leur intrusion chez Jefferson. Azura ignorait que Gaël l'avait passé au Wendy's, mais n'est pas surpris. La vue sur l'océan a toujours apaisé son ami ; après leur échec, sa dispute avec Morgane et la découverte d'une photo trop horrible pour lui être montrée, même à lui, pas étonnant qu'il en ait eu besoin.


« Alors ? sourit la Fouine. Prêt à m'aider à percer un nouveau mystère ? »


Puisque sa vision a viré au flou, Azura cligne des yeux. Il plante son regard dans celui d'Olga, devinant à celui-ci que la femme pense avoir suffisamment semé le doute pour le voir accepter. Le coin de la bouche du garçon s'étire en un rictus mauvais.


« Non. »


Surprise, la Fouine cligne des yeux. Azura est assez content de son effet.


« J'ai mal entendu, mon chou ? J'ai cru que tu avais refusé.

- Vous êtes pas un peu jeune pour être sourde ? »


Il fait grincer sa chaise sur le sol comme pour lui prouver qu'il a bien l'intention de partir. Il enfile sa veste sans cesser de soutenir son regard. Encore assise à sa place, la Fouine se laisse aller dans sa chaise avec un froncement de sourcils insatisfait.


« Je t'ai prévenu, Azura. Chaque acte a des conséquences.

- Qu'est-ce que vous allez faire ? Me photographier à mort ? »


Il lui tourne le dos sans plus de cérémonie. Son cœur bat fort dans sa poitrine.


« J'ai confiance en Gaël, ajoute-t-il en posant sa main sur la poignée. Vous pouvez inventer ce que vous voulez, ma réponse ne changera pas. Je le trahirai jamais. »


Plus loin dans l'appartement, la Fouine adopte une moue peu convaincue. Azura s'éclipse sans plus attendre. Il traverse la résidence en sens inverse, le pas plus assuré qu'auparavant. Non, il ne trahira pas Gaël. Le monde pourrait s'effondrer autour de lui qu'il se tiendrait toujours à ses côtés la tête haute.

Pourtant.

Azura lève le visage au ciel pour aspirer une goulée d'air frais, heureux de retrouver la fraîcheur de la rue. Pourtant, une image refuse de quitter son esprit. Celle de son meilleur ami, complètement ivre, à moitié avachi sur un homme de presque trois fois son âge lors d'une croisière dont les gens comme lui n'ont même pas le droit de rêver. Y a-t-il une chance pour que ses soupçons recèlent une part de vérité ? Y a-t-il une chance pour que Gaël ...

Il secoue la tête pour s'éclaircir les idées. La Fouine est en plein délire. Privée du titre vendeur qu'étaient les morts subites, cette femme est prête à inventer n'importe quoi.

Pourtant.

Azura soupire, une main dans les cheveux. Cette saleté a un don pour semer le doute chez n'importe qui. Il va parler à Gaël. S'il veut connaître la vérité, il préfère l'entendre de la bouche de son meilleur ami. Il sait qu'il peut tout lui dire. Il sait qu'il comprendra. Alors il va parler à Gaël. Mais, d'abord, il va respirer un peu.

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