3_ Vie de couple
Deux jours plus tard, Luke était rentré.
Il s'était excusé et ça s'était arrêté là. Ils n'avaient pas vraiment approfondie les choses. Le brun s'était contenté de l'inviter à dîner le soir même, pour se faire pardonner.
Noélie avait accepté, contente des efforts qu'il faisait.
Elle se berçait d'illusions.
Mais ça, ce n'est pas encore qu'elle s'en rendrait compte.
La soirée s'était achevée sur un corps à corps intense.
Rien de plus.
Mais visiblement ça leur suffisait.
Puisque dès le lendemain la routine reprit son cours.
Ce n'est que dimanche, lorsque, seule à la maison, elle sortit pour aller jeter ses poubelles qu'une touffe de poils blanche attira son attention à son retour.
Là, sur le palier de la porte, entrain de jouer avec un gland, le petit Bepo se roulait par terre.
- Bepo ? C'est vraiment toi ? questionna-t-elle stupéfaite.
Elle n'imaginait plus jamais le revoir.
L'animal, à l'entente de son prénom, se tourna dans sa direction joyeusement avant de se mettre à trottiner vers elle.
- Mais... Mais qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle en s'accroupissant pour venir lui caresser le dos.
Le cœur de la demoiselle s'emballait de joie, elle n'arrivait pas à y croire... Dire qu'elle avait secrètement espérée le revoir un jour, elle était ravie.
Le chaton semblait l'être tout autant, il ronronnait et se frottait à sa cheville puis sautait sur ses genoux pliés pour venir s'y allonger confortablement installé.
- Ben dis donc te gêne pas ! riait-elle avant de caresser son petit ventre rondelet.
Elle finit par s'assoir par terre, sur l'allée en graviers.
Durant de longues minutes elle s'amusa avec l'animal ainsi qu'une plume trainant dans le coin, à le faire courir ici et là joyeusement, jusqu'à ce qu'il ne se mette à bailler et vienne se caler dans le creux des cuisses de la noiraude, assise en tailleur.
Soufflant du nez, attendrie, elle caressa son pelage encore duveteux.
Ce n'est que maintenant, alors que le soleil touchait à peine l'horizon, que Noélie songea au propriétaire du chaton.
Le petit s'était-il encore échappé ? Est ce que ce garçon allait revenir le chercher ? Allait-elle le revoir ?
Son cœur s'emballa à cette idée.
Qui était-il exactement ?
Avait-il une copine ?
Non, au vu de son air aigri ça l'étonnerait.
Mais et si c'était le cas... Comment se comportait-il avec elle ? Était-elle capable de lui arracher un ou deux sourires ?
Était-il du genre attentionné ?
La noiraude s'aimait à imaginer la vie des gens sans forcément les connaitre, les suppositions et scénarios allaient bon train dans son esprit.
Elle ne su comment elle en arriva à l'imaginer nu, à l'imaginer sauvage, fougueux. Il avait bien le profil parfait du dominant. Est ce qu'il-
...
Non stop. Stop les divagations !
La honte, comment pouvait-elle se permettre ce genre de pensées ? Enfin... Heureusement qu'elle en était seule propriétaire.
Un raclement de gorge la fit sursauter.
Elle se tourna à moitié en direction du portillon juste derrière, avant de découvrir que celui qui hantait actuellement toutes ses pensées se trouvait là, juste derrière son petit portail entrain de la toiser, et probablement aussi entrain de la juger de ses pupilles métalliques.
Vêtu d'une simple chemise noire nonchalamment entrouverte sur un début de tatouage pour le moins conséquent imprimé sur un torse bien musclé ainsi que d'un pantalon tacheté sur le bas, couvrants ses longues jambes qu'elle devinait toutes aussi bien bâties.
Piquant un fard en resongeant à ses précédentes pensées à la limite de l'obscène, elle paniqua quelque peu intérieurement mais n'en montra rien. Ce pauvre gars n'avait pas idées de ce qui animait ses pensées quelques secondes plus tôt...
"Mon dieu c'est quoi ce mec, on le croirait tout droit sortit d'un manga pour adulte." songea-t-elle en gardant sa bouche fermée pour ne pas baver et se ridiculiser. "J'ai l'air niaise." constata-t-elle écœurée avant de se reprendre.
- Tient... Le violeur de propriété. releva-t-elle sourire moqueur aux lèvres.
Il parut surprit l'espace qu'un instant puis répliqua en roulant des yeux :
- La peureuse au canapé.
Prête à râler, elle fut prise de vitesse par le noiraud qui enchaina :
- Je viens récupérer mon fugueur de chat. informa-t-il en plantant son regard sur l'intéressé qui, un œil à moitié ouvert, faisait semblant de dormir.
L'animal se fit tout penaud lorsque le tatoué fronça ses sourcils sévèrement.
- Faut pas lui en vouloir, il a du goût après tout, il sait où se rendre pour les papouilles. se vanta-t-elle fièrement.
- Tch. Tu ne manques vraiment pas d'air. Aller donne le moi.
La jeune femme sembla hésiter mais finit par se redresser en soupirant, le chaton maintenu contre sa poitrine d'une main tandis que l'autre époussetait ses fesses rapidement.
Elle s'approcha du portillon, vola quelques gratouilles à l'animal sous l'œil attentif du garçon puis planta son regard sur le jeune homme :
- Tu veux venir boire un truc ?
- Non.
- Ça venait du cœur. soupira-t-elle sans insister. Je peux au moins connaitre le nom de celui qui débarque toujours à l'improviste ?
Cette fois un léger sourire étira le coin des lèvres du noiraud :
- Non plus.
- Tss. J'te donne pas deux jours avant que Bepo ne te fuis de nouveau pour une meilleure compagnie.
Récupérant l'animal, le tatoué ricana :
- Ça n'arrivera pas.
- T'es bien sûr de toi.
- J'ai trouvé par où il passait, il ne se sauvera plus. affirma-t-il en fixant la boule de poils dans ses bras, un tantinet agacé.
- S'il revient avant ces deux jours, je le kidnappe jusqu'à ce que tu me dises ton nom.
- Rêve toujours, il viendra pas. assura le tatoué en tournant les talons, indifférent.
- Bepo ! Si tu viens à la maison d'ici là je t'offrirais des sardines ! s'exclama-t-elle tout haut en contenant son rire.
La frimousse de l'animal apparut par dessus l'épaule du garçon qu'elle entendit pester.
La noiraude secoua sa main en l'air, amusée par sa réaction :
- À très vite !
- La ferme ! s'écria son propriétaire au loin, la faisant rire aux éclats.
~
Le soir venu, Luke rentra aux alentours de onze heures, visiblement fatigué.
- Tu rentres bien tard, tout s'est bien passé ? questionna la demoiselle en venant à sa rencontre lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir.
Le brun soupira en quittant son manteau qu'il accrocha au porte vêtements.
- Les clients qui reviennent pour arranger un tatouage qui ne leur plaît plu sont les plus chiants à satisfaire... T'as mangé ?
- Non, je t'attendais, j'ai fais des lasagnes au saumon.
- Cool, merci. sourit-il en lui volant un furtif baisé.
Ils dînèrent ensemble, échangeant sur leurs journées respectives.
- Alors ton bouquin ça avance ?
- Oui oui... Je suis dans une impasse que je n'arrive pas à surmonter ça me soule.
- T'as qu'à sortir un peu, t'inspirer du monde plutôt que de rester cloîtrée à la maison.
Elle fronça ses sourcils :
- Ce sont des reproches ?
- Non, une suggestion. Tu fais bien ce que tu veux de toute manière. Tête de mule.
- Eh ! J'te permet pas ! râla-t-elle indignée, un brin amusée toutefois.
La jeune femme appréciait se chamailler de cette façon avec lui, leur complicité se renforçait dans ces moments, cela faisait un bout de temps qu'ils n'avaient pas passé un moment comme ça en tête à tête.
- Bon, j'veux bien aller au parc demain si tu te ramènes et qu'on marche ensemble entre midi et deux.
Le garçon releva son attention sur elle quelques secondes sans mot avant de soupirer de plus belle :
- C'est vrai que t'es pas foutu de sortir toute seule peureuse va.
- Hé ! Bien sûr que je peux pour qui tu me prends !?
- Alors pourquoi tu sors pas toute seule demain ?
- Pasque je veux passer du temps avec toi !
Il ricana :
- Bien bien. Je viendrai. Aller je vais me doucher, j'te laisse gérer.
- La vaisselle oui, comme d'hab.
Il esquissa un subtil sourire puis fit volte face.
- Luke ! l'arrêta-t-elle.
Il se stoppa, jeta un œil par dessus son épaule en l'incitant à continuer.
- Demain hein, t'oublie pas...
- Ouais ouais, merci pour le repas.
Soufflant du nez avec satisfaction et motivation, elle s'occupa de ranger la cuisine avant de le rejoindre pour se coucher.
- Eh le panda, te colle pas trop à moi j'ai chaud.
Elle roula des yeux et, boudeuse, se recula.
- Et mon câlin alors ?
- Demain, j'suis fatigué, bonne nuit.
- C'est qu'un câlin... grogna-t-elle mécontente avant de se résoudre à faire sans puisque le brun lui tournait le dos.
~
Le lendemain, la noiraude n'entendit même pas le garçon quitter la maison.
Tant pis, elle attendrait ce soir au parc, en attendant elle avait des pages de dessins à remplir !
Or, le soir venu, au parc...
Noélie poireauta plus d'une demi-heure bras croisés, adossée contre un vieux saule.
- Il répond pas, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé. soupira-t-elle un peu déçue en pianotant sur son portable avant de le ranger dans sa besace.
Elle finit par s'assoir. Elle était là, autant en profiter un peu plutôt que de s'apitoyer.
La noiraude enfila sa capuche, n'aimant pas vraiment lorsqu'on posait les yeux sur elle, ayant l'intime conviction qu'avec ça, elle passait inaperçue, puis sortie un carnet et un crayon. Laissant ses pensées divaguer, elle dessina machinalement tout ce qui lui passait par la tête, maussade.
Entre deux coups de crayons, la jeune femme zieutait l'écran de son téléphone avec espoir que son compagnon ne lui fasse signe de vie.
- Quelle journée de merde... souffla-t-elle la mine déconfite.
La sonnerie de son téléphone retentit, la faisait presque sursauter. Elle se précipita pour lire le message le cœur battant.
- ...
Son cœur se serra bien vite cependant lorsqu'elle lu l'excuse de Luke.
"Désolée chérie, j'ai complétement zappé avec le boulot, m'en veut pas trop :( je me rattraperai, c'est promis. <3"
- Pff... "Il m'a clairement posé un lapin cet idiot..." songea-t-elle le cœur lourd en rangeant son appareil sans prendre la peine de répondre. Il se contentera d'un bon gros Vu. cracha-t-elle légèrement irritée avant de passer une main sur son visage.
L'envie de dessiner s'était envolée, elle se sentait lasse.
- Tiens, la miss au canapé. s'éleva une voix légèrement sarcastique un peu plus loin.
La noiraude baissa ses yeux dans sa direction peu enjouée à l'idée de tomber sur lui dans un moment pareil.
- C'est bien ma veine... grogna-t-elle en le voyant s'arrêter devant elle.
Pas qu'il venait pour elle, elle se trouvait juste sur son chemin, à vrai dire, il ne s'attendait pas à la croiser dans le coin en pleine soirée alors qu'il sortait pour sa petite marche habituelle.
- Qu'est-ce qu'une peureuse comme toi fou dehors à une heure pareille ? questionna-t-il en haussant un sourcil inquisiteur.
- C'est pas tes affaires monsieur le violeur de propriété.
Un léger rictus moqueur étira les lèvres du garçon :
- De mauvais poils ? On t'as posé un lapin ou quoi ?
Il n'imaginait pas si bien dire...
- ... le regard agacé qu'elle lui lança eu le don d'effacer son petit air goguenard.
- Aouch. Coup dur pour ta fierté.
- Coup dur pour mon couple surtout. souffla-t-elle avec plus de détachement qu'elle ne le voulait.
Bien que de le voir ici l'agaçait, il avait étonnamment eut le don de l'apaiser, effacer la frustration qu'elle nourrissait à l'égard de Luke un court instant.
Comment ? Elle l'ignorait. Mais pour ça elle lui en était reconnaissante. Bien qu'elle n'en pipe un mot.
Après l'avoir observée quelques secondes de ses pupilles métalliques, il rebondit nonchalamment :
- S'il te néglige quitte le. il haussa les épaules à ses mots, prononcés de manière si évidente, si simple et pourtant désintéressé.
La noiraude écarquilla ses yeux, se figeant un bref instant. Ce gars avait-il seulement déjà été en couple sur une longue durée pour penser de la sorte ??
- T'es sérieux ?? Tu connais même pas l'histoire et tu me demandes de faire un truc pareil ?
- Ça m'est égal de connaître votre histoire. Tout ce que je vois moi maintenant, c'est toi, seule dans ce parc à la tombée de la nuit visiblement pas surprise de se retrouver dans cette situation. Tu savais déjà qu'il viendrait pas non ? sans ciller, il balançait ses phrases comme si ça tombait sous le sens.
Et la demoiselle se voyait pantoise, surprise par tant de perspicacité. Il avait eu vite fait de la cerner. Cerner ce qu'elle même s'évertuait à ignorer.
Car oui dans le fond, ça ne l'étonnait pas de se retrouver seule ici. Quelque part, elle s'y était attendue...
- Tss. Tu m'agaces. Mêle toi de ce qui te regarde ! râla-t-elle en se levant après avoir ranger ses affaires, peu encline à faire face à la vérité, d'autant plus devant lui.
Il roula des yeux. C'est vrai, après tout il s'en foutait, il ne savait même pas pourquoi il perdait son temps à lui causer comme s'il se préoccupait d'elle.
Peut-être l'avait-il juste prise en pitié après tout.
Bah, peu importe.
Sans rien ajouter, il reprit sa marche, remarquant qu'elle ne l'avait pas attendu pour en faire autant.
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