14_ Un jour particulier
Plusieurs jours s'écoulèrent durant lesquels, cette attraction entre les deux jeunes colocataires se renforça.
S'il n'y avait pas leurs boulots respectifs pour les éloigner en journée, ils se seraient peut-être enfin décider à admettre que ce qui les liait n'était pas qu'un simple contrat de colocation...
Or ils se voilaient encore la face, flirtaient gentiment mais n'allaient jamais trop loin.
L'agent immobilier avait donné à Noélie une semaine pour qu'elle prenne le temps de réfléchir.
Entre temps, elle lui avait demandé s'il était possible de négocier le prix avec le vendeur et il lui avait assuré qu'il le leur demanderait.
Elle attendait son appel depuis deux jours déjà, légèrement impatiente.
Car la noiraude avait fait son choix. S'il était possible de négocier, elle achèterait, sinon, elle refuserait et demanderait à Law s'il acceptait qu'elle reste plus longtemps à leurs côtés.
En attendant, elle continuait son train train quotidien.
- Tu regardes quoi ? questionna-t-elle à l'intention du tatoué qui, assis sur le canapé, prenait des notes devant son ordinateur.
- Une vidéo sur une greffe de rein. répondit-il surprit de la voir redescendre sans pour autant quitter son écran des yeux.
- Ow...
Ayant déjà mangé, les deux jeunes gens se quittaient généralement pour retourner à leurs occupations chacun de leur côté, mais ce soir, la noiraude se voyait en panne d'inspiration.
Son colocataire ne cessait d'hanter ses pensées depuis le jour où ils avaient reproduit ce fameux scénario. Le contact chaud et doux de ses lèvres près des siennes faisait battre son cœur à chaque fois qu'elle y repensait, autant dire, souvent.
Elle savait que cela n'avait été qu'un jeu entre eux. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher d'espérer et d'imaginer ce que cela serait s'il l'embrassait pour de vrai.
Non mais, ce n'était pas vraiment le moment de penser à ça...
Tout en écrivant quelques mots sur son carnet, Law releva les yeux vers elle en la voyant arriver :
- Tu ne devrais pas venir. prévint-il.
- J'ai le cœur bien accroché. assura-t-elle malgré sa mise en garde.
Law leva un sourcil moqueur puis, rictus en coin, se reconcentra sur son écran, attentif.
La noiraude vint s'assoir à ses côtés de manière mi-curieuse, mi-nonchalante. Jusqu'à tomber sur les images peu ragoutantes qui défilaient sous les mains habiles de ceux qui opéraient et découpaient les chairs.
La noiraude ne pu contenir une grimace de dégout.
Law se contint de pouffer lorsqu'il le remarqua en voyant son reflet à travers un coin plus sombre de l'écran.
- Je t'avais prévenu.
- Mais j'ai rien dis ! bouda-t-elle en croisant ses bras. C'est pas si dégueulasse que ça...
Il eut un léger ricanement mais n'ajouta rien. Se reconcentrant sur les images entrain de défiler.
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Noélie resta malgré tout assise à côté de lui.
Peut-être était-ce par fierté ?
Ou peut-être n'était ce simplement en raison de leur proximité ?
Car après tout, la jeune femme se plaisait bien en compagnie du tatoué.
Toutefois, elle ne tint pas bien longtemps avant de piquer du nez.
Fatiguée, elle finit par se laisser tomber contre l'épaule de son colocataire.
Law avait beau être absorbé par l'opération chirurgicale, il n'avait pas manqué de jeter quelques furtifs coups d'oeils à la demoiselle de temps à autre, il ne fut donc pas vraiment surprit lorsqu'il la sentit se coller de fatigue contre lui, à moitié endormie.
Une partie de lui attendait ça quelque part.
Il souffla du nez, léger sourire aux lèvres, puis entoura ses épaules d'un bras pour la maintenir calée près de lui.
Sérieux malgré tout, il acheva de regarder jusqu'à la fin la vidéo avant de rabattre son écran et poser ses notes.
Son regard se porta sur la jeune femme puis sur le canapé qu'il comptait déplier pour y dormir.
D'une main douce il caressa ses cheveux de jais :
- Hé la marmotte, réveille toi aller.
Il l'entendit grogner et se contenta d'insister, un chouia amusé par la moue qu'elle tirait.
- Il est tard, je boss moi demain.
- Mmh... Laisse moi dormir avec toi ce soir. quémanda-t-elle en plissant ses yeux clos.
- Quoi ? Non aller, faut que je déplie le canapé.
Elle finit par ouvrir un oeil en ronchonnant puis se leva à moitié ensommeillée :
- T'es pas cool...
- J'te signal que ça va faire une demi heure que je te supporte sur mon épaule. indiqua-t-il en dépliant le lit avant de le couvrir des draps.
Sans vraiment faire cas de ce qu'il disait, elle bailla, se frottant les yeux, fatiguée.
Il lui jeta un oeil furtif avant de remarquer qu'elle le fixait, la bouille implorante.
- ... Va te coucher.
- Ici ? essaya-t-elle d'une petite voix.
- Non, dans ta chambre.
- Aller, s'teu plaît, juste pour cette nuit.
- Tu ne sais pas ce que tu dis.
- Si, je suis consciente qu'est-ce que tu crois ? C'est pas comme si j'avais bu. grogna-t-elle, indignée.
- Tu me demandes de dormir avec moi en étant consciente ? il rit jaune, n'y croyant pas une seule seconde.
- Puisque je te le dis ! elle croisa ses bras en fronçant ses sourcils, incapable de contenir un nouveau bâillement sur le côté.
- J'ai besoin de dormir, avec toi ça va pas être possible, n'insiste pas.
- Pourquoi ? elle soupira, préférant ne pas insister. Laisse tomber j'ai compris. Bonne nuit coloc. souffla-t-elle d'une faible voix, mi attristée, mi-vexée en tournant les talons. Pourquoi j'ai l'impression de m'être prit un râteau... marmonna-t-elle pour elle même en gagnant les escaliers.
Law la regardait. Perplexe, il ne savait pas trop quoi penser de ce qu'il venait de se passer. Elle semblait vraiment déçue après tout...
Il soupira bruyamment en passant une main sur son visage. Peut-être aurait-il dû... Non non. C'était mieux comme ça.
Chacun de son côté partit se coucher, la maison se plongea dans l'obscurité et le calme de la nuit.
Comment Law aurait-il pu deviner que Noélie avait demandé à être auprès de lui par besoin de se sentir entourée en ce soir si particulier ?
Il ne pouvait pas...
Ce n'est que lorsqu'aux alentours d'une heure du matin, il l'entendit faire un tour aux toilettes qu'il fut tiré de son sommeil léger.
Il avait beau être parvenu à se rendormir, qu'une heure plus tard il l'entendait de nouveau s'agiter plus haut.
Qu'est-ce qu'elle foutait ? Une envie pressente ? Elle avait ses règles c'est pour ça ?
Soufflant du nez, il se retourna sous sa couverture et parvint à se rendormir une nouvelle fois.
Jusqu'à l'entendre aux alentours de quatre heures plus loin derrière, dans la cuisine.
À en juger par les petits bruits maladroits d'eau et de verre sur la table, il en déduit qu'elle venait boire...
Franchement... Elle pouvait pas faire moins de bruit ? Il allait devoir se lever dans deux heures, jamais il ne serait reposé à ce rythme...
Cette fois, il enfouit son visage sous son coussin, bien décidé à ne plus rien entendre.
Enfin il se plongea dans un profond sommeil.
Noélie de son côté, était assise sur son lit, enroulée dans les couvertures.
Impossible de se rendormir. Les cauchemars ne cessaient de l'assaillir, la vidéo chirurgicale ajoutée à cette cinquième année de perte de ses parents n'avait rien arrangée.
Elle était épuisée.
Les larmes roulaient sur ses joues tandis que son ventre se tordait.
La tristesse l'envahissait.
D'habitude, elle passait cette journée avec Luke, il la soutenait, mais cette époque était révolue. Ce soir elle était seule.
Elle n'était pas parvenue à en parler au chirurgien, elle n'avait pas eu le courage.
Ce n'était peut-être pas plus mal, au moins il ne la voyait pas dans cet état...
Mais dans le fond, elle aurait tellement aimé qu'il soit à ses côtés.
Tremblante, elle avait essayé. Elle avait hésité. Ses pas l'avaient guidés en bas mais elle avait été incapable d'aller plus loin.
Elle s'était imaginé se glisser dans son lit, se blottir contre lui, cette idée l'avait apaisée un court instant avant que la réalité ne lui retombe dessus.
Non. Elle n'avait vraiment pas la force ni le courage de demander de l'aide. Elle était trop faible pour ça.
Alors elle restait là, à trembler sous les draps, le cœur lourd de peine et les joues trempées de larmes.
Elle sanglotait dans son oreiller qu'elle serrait violemment contre sa poitrine pour se donner contenance.
Mais elle revoyait cet accident, elle les renvoyaient eux, les yeux rougis par le sang, les chairs déchirés et les regards inanimés.
Tétanisée, elle pleurait.
Jusqu'à ce qu'une petite boule de poils ne la fasse sursauter.
- B-bepo... murmura-t-elle la voix cassée.
Le petit miaulait, il la regardait tristement et prenait appuie sur le coussin, sur les avants bras de la demoiselle pour venir lécher ses joues humides.
- Doucement... T-tu vas le réveiller... sanglota-t-elle à voix basse.
Elle hoqueta avant de serrer en douceur l'animal entre ses bras, plongeant son visage dans sa fourrure.
- Merci... chuchota-t-elle en pleurant à chaudes larmes.
La nuit fut longues pour les deux amis, Noélie parvint à s'endormir, morte de fatigue, une demie heure avant que le réveil de Law ne sonne.
En grognant il l'éteingnit, plongeant sa tête dans son oreiller d'un geste désespéré.
Les cernes sous ses yeux témoignaient d'un manque cruel de sommeil.
- Celle là si je la choppe... grommela-t-il sans se douter de ce qu'il s'était réellement passé.
Il finit par se lever, faisant couler son café avant de monter se rafraîchir dans la salle de bain comme chaque matin.
En passant devant la porte de la jeune femme, il remarqua la silhouette du chat blanc en sortir.
Bepo avait dormi avec elle cette nuit ? Était-ce pour ça qu'elle s'était agitée ?
Qu'importe, c'était passé après tout... Il était claqué mais étant donné que c'était l'une des rares fois que ça arrivait, il ne lui en tint pas vraiment rigueur.
Toutefois, lorsqu'il servit les croquettes au chaton, il ne manqua pas de remarquer que son poil était tout humide et plaqué contre sa peau :
- Qu'est ce que tu as là ? T'as forcé sur la bave au toilettage ? questionna-t-il en haussant un sourcil.
Le blanc l'ignora pour sa nourriture, chose surprenante d'ailleurs, Law avait d'habitude droit à quelques ronronnements et miaulement joyeux le matin.
Bien que surprit, il ne s'y attarda pas plus que ça et resta focalisé sur le pelage de son animal.
Par réflexe il huma ses doigts mais aucune odeur particulière ne s'en détachait. Il décida donc de sentir carrément la fourrure de l'animal mais hormis le parfum de Noélie, il ne sentit rien.
- Bon... On verra ça à mon retour si ça n'a pas séché normalement. déclara-t-il en se redressant.
Et sur ce, après avoir replié le canapé et s'être préparé, le tatoué partit travailler.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro