Chapitre 1
Tout est noir. La douleur a été remplacée par un sentiment de bien-être. J'ai peur qu'en ouvrant les yeux ce sentiment ne disparaisse.
Je remue les bras. A ma grande surprise ils rencontrent une matière douce au lieu de la pierre froide du fond du gouffre. Puis je me rends compte que je n'ai plus sur moi l'armure légère que je portais. Elle a été remplacée par une robe en coton. Prise de panique j'ouvre grand les yeux et me redresse brutalement en position assise. Mon regard parcourt la pièce, cherchant un repère. Rien. Je ne reconnais rien. Autour de moi tout est calme, j'en profite pour tenter de repérer les lieux. Un rapide coup d'œil m'apprend que je me trouve dans une chambre assez petite mais très peu meublée. Les rayons de la lune pénètrent par un petit vasistas et éclairent une caisse sur laquelle se trouve mon armure, mon épée, et mes chaussures. Je me lève et je les enfile précipitamment. Sans ça je me sens nue, vulnérable. Une fois habillée j'entreprends de me regarder dans le miroir installé en face de la lucarne. A première vue je parais à peu près normale, sauf que je suis bien plus propre que la dernière fois que j'ai eu l'occasion de m'admirer. Puis soudain je me rends compte que mes iris qui avant étaient marrons ont virés au gris. Je fronce les sourcils puis je hausse les épaules mettant cette illusion d'optique sur le compte du manque du lumière. Je m'éloigne du miroir et me plante devant la porte essayant de déterminer ce qui pourrait se trouver derrière. J'essaye d'évaluer s'il vaut mieux que je me prépare pour me cacher ou s'il faudra que je me batte. L'image d'une chute et d'une fille avec une chouette me reviennent en tête. J'éloigne ces visions de mon esprit et je tente de me préparer à ce qui peut m'attendre derrière cette porte. Je réajuste mon épée et je sors de la chambre. Un long couloir désert s'étend devant moi. Je le traverse à petites foulées tentant de faire le moins de bruit possible. Le couloir débouche sur une grande salle ronde. La première chose qui me frappe est la froideur des lieux. Mon souffle créé un petit nuage de buée devant moi. La salle est plongée dans le noir à l'exception d'un puit au centre. Je m'en approche et je penche mon visage au-dessus de l'eau. Celle-ci parait briller comme éclairée par une lumière venant du fond. Inconsciemment je me penche de plus en plus près de l'eau pour apercevoir le fond du puit. Au moment où mon visage va toucher l'eau une main m'attrape l'épaule et me tire violemment en arrière. Une femme d'environ cinquante ans avec de longs cheveux bruns m'entraine hors de la salle.
-Lâchez-moi, m'écriai-je, je n'ai rien fait de mal. Je me contentai de regarder.
Maintenant qu'elle est à la lumière je me rends compte que ses cheveux comportent plus de blancs que du marron. Mon attaquante me lâche la main et se retourne brutalement vers moi me permettant de découvrir son visage. Une longue cicatrice traverse son visage dans le sens de la largeur et passe au-dessus de son nez retroussé.
-Imprudente. Mais sais-tu au moins ce que tu as failli faire ?
-Non, je ne le sais pas, comme je ne sais pas qui vous n'êtes ni où je suis.
-Et bien quand on ne sait pas, on ne touche pas me réplique-t-elle d'un ton sec
-Vous n'avez pas à me donner d'ordre, ni quoi que ce soit d'autres. Je suis maitresse de mes actes et de mes choix. Les miens m'attendent alors je ne m'attarderais pas ici.
-Imprudente et téméraire en plus, continuez ainsi et vous ne survivrez pas longtemps ici.
-Ne vous en faites pas je ne m'attarderais pas.
-Ne jouez pas au plus malignes et rentrez dans votre chambre. Faites comme si tout ceci n'avait jamais eu lieu et tout se passera pour le mieux. Mais si vous préférez jouer les fortes têtes, je me débrouillerais pour que vous faire passer ces idées de rébellion.
C'en est trop pour moi. Cette femme qui croit pouvoir me faire la morale m'est déjà insupportable. Et elle croit en plus que je vais rester ici à recevoir ses ordres et ses menaces. Je dégaine mon épée et je l'attaque espérant pouvoir bénéficier de l'effet de surprise.
Je lève mon arme, prête à riposter à tous ses coups. Mais à ma grande surprise elle se contente de joindre ses mains. Puis soudainement elle se met à briller comme si elle allait prendre feu.
La lumière m'éblouit, je me couvre les yeux pour me protéger. Et avant que je n'ai pu esquisser le moindre geste elle rouvre ses bras. La lumière suit le mouvement de ses mains et se propage dans la pièce. Au moment où celle-ci m'atteint, elle me frappe avec force m'envoyant contre un mur. Je tente de me relever mais tout tourne autour de moi et je perds connaissance.
Ma tête me fais mal. Vraiment mal. Mes bras tâtent ce qui les entourent et ils ne trouvent que des draps. Je crois que je suis revenue dans mon lit.
Soudain un froid glacial m'envahit, je me relève en hurlant. Je me trouve alors nez à nez avec des filles en train de pleurer de rire. La tête que je dois faire doit assez bien refléter ce que je ressens car celle qui a les cheveux roux s'exclame:
-Du calme, on voulait pas te vexer, c'est juste que ça fait trois jours que tu dors et on s'est dit que voir le soleil pourrait te faire du bien, moi c'est Astrid
-Dehors, tonna une voix, vous n'avez rien à faire ici !
Les deux adolescentes déguerpirent et une grande femme à l'air sévère entra. Elle avait les yeux les plus bleus que je n'avais jamais vus. Ses cheveux blonds noués en demi-queue se balançaient à chacun des ses pas.
-Excusez les s'exclama la nouvelle arrivante Astrid et Iduun ne sont pas méchantes mais très indisciplinées et elles se plaisent à faire des blagues de gout médiocre. Réveiller les morts en fait malheureusement partie.
-Malheureusement cette fois ci elles ont fait erreur car elles sont tombées sur quelqu'un de très vivant.
La femme éclata de rire
-Je ne vois absolument pas ce qu'il y a de drôle m'exclamai-je, vexée. Je ne sais même pas qui vous êtes et où je suis et vous vous me riez au nez. Si vous êtes ici pour me faire la morale comme votre collègue pour essayer de me rendre docile, sachez que vous n'obtiendrez rien de moi.
-Excuse moi je ne me suis pas présentée. Mon nom est Lidveig mais tout le monde m'appelle Liv. Je suis une Valkyrie ou plutôt j'étais une Valkyrie. Nous étions de grandes guerrières en charge d'amener au Walhalla les âmes des héros morts au combats. Ma collègue en question t'a sauvé la vie et t'a empêché le pire destin.
-Je ne comprend rien de ce que vous dites, la coupai-je. Je ne sais pas ce qu'est le Walhalla et je suis à peu près sûr que vous êtes un être humain. De plus je ne suis intéressée que par le lieu où je suis et comment en sortir.
-Tu n'en as jamais entendu parler ? Le Walhalla est un lieu paradisiaque où séjourne les hommes glorieux, morts l'épée à la main. Quant à l'endroit d'où tu es, je te souhaite la bienvenue aux portes du Walhalla, elle prit soudain un air sérieux. Laisse-moi t'expliquer, lorsque ton corps est entré en contact avec le fond de la falaise, tu as pu tester l'effet de la gravité. L'une d'entre nous s'est chargée de te récupérer et de te ramener ici. Tu devrais être plus reconnaissante envers des gens qui t'ont nourris et soignés durant toute ta convalescence. Tu crois que l'on peut sortir indemne d'une telle chute ?
-Je n'ai pas sauté. Le sol s'est effondré sous mes pieds. Je vous remercie de m'avoir soigné mais pas si le prix à payer est de vous obéir, repris je plus calmement. Je dois repartir et vous ne pouvez m'empêcher. Pas éternellement en tout cas.
-Tu es encore plus impulsive que je ne l'imaginais. Tes conclusions sont faites à le va-vite. Je ne compte pas te retenir prisonnière et faire de toi mon esclave.
-Armez moi et laissez moi repartir et je finirai ce que j'avais débuté.
-Mais tu t'obstines à ne pas comprendre ? Tu n'es plus en vie. Lorsque tu as heurté le bas de la falaise ton cœur à cesser de battre. C'est une dimension complète qui est désormais entre toi et ta tache. Ce n'est pas moi qui te retiens prisonnière, c'est de cette dimension qui te retiens.
Je tente de parler, de dire quelque chose mais rien ne sort de ma bouche. On est préparé à résister à la mort de ses proches mais pas à la sienne. Je devrais probablement être triste mais je n'y parviens pas. Ma seule pensée est que j'avais raté j'avais eu une vie minable et je n'avais même pas atteint mon objectif.
-Alors que fais-je ici ? Si ma vie est achevée pourquoi me mettre dans une autre dimension.
-Parce que pour toi seule la vie compte ? De plus ton état est un peu plus complexe que juste mort ou vie. Disons que ce lieu est hors du temps et des cycles de vie et de mort habituel. Ici nous ne sommes ni sur terre ni en enfer, que nous appelons ici, les brumes du néant ni dans le Walhalla. Dans ce lieu tu apprendras à devenir autre chose qu'une vagabonde avec une épée. Ce lieu c'est ta chance de te battre pour les tiens au lieu de finir dans les brumes du néant. Tu devras t'entrainer dur car tous les mois une nouvelle fille arrive et une autre part. Si tu te révèles être un maillon faible alors ce sera ta fin, et cette fois ci tu n'auras plus de porte de sortie.
Je marche en direction du réfectoire. Mes cheveux bruns sont noués en une natte qui m'arrive jusqu'au dos. Je fais tout ce que je peux pour garder la tête haute mais je dois bien avouer qu'une salle remplie d'adolescents de mon âge me terrifie. Il faudra que je m'y fasse, Lidveig m'a expliqué que mes entrainements pour devenir une Valkyrie commençaient demain. A partir de ce moment-là je devrai rejoindre le dortoir qui rassemble toutes les jeunes filles de mon âge.
Je n'en ai aucune envie. J'ai appris à me battre pas à discuter. J'ai appris à faire la guerre et à vaincre, mais je n'ai pas appris la paix et la bonne entente. Je pousse donc les portes qui me mènent à mon enfer avec le sentiment que je ne sortirai pas indemne de cette épreuve.
À mon entrée toutes les têtes se tourne vers moi. Je ravale ma salive et tente de me ressaisir. Je veux faire bonne impression. Je commence donc à déambuler dans le réfectoire avec un pas le plus assuré possible et la tête haute. Je ne sais même pas précisément ce que je suis censée faire. Je me mets alors en quête de quelque chose ou quelqu'un qui puisse m'aiguiller. Mais chaque personne que je regarde détourne la tête où me lance un regard hostile. Je m'apprête à céder à la panique lorsque j'aperçois une longue file de personne avec une assiette vide dans les mains ou en train d'être servi. Je me dirige alors vers la fin de la queue. Au moment où j'allais prendre une assiette une chouette vient voler autour de moi.
-Excuse la, Erwin s'accroche toujours aux jeunes filles qu'elle ramène ici, s'excusa une voix douce
Je me retourne et je me trouve alors nez à nez avec la fille qui m'est apparue lors de ma mort. Ses cheveux frisés sont noués en une couronne autour de sa tête. Elle me fixe de ses grands yeux noirs et calmes. Un gentil sourire, quoiqu'un peu timide, fleuri sur ses lèvres.
-Tu t'es remise de ta chute ? reprit-elle
-Bah j'ai la tête dure, lui répondit-je dans un haussement d'épaule moi c'est...
-Je sais qui tu es, me coupa-t-elle gentiment, c'est moi qui ai été chargée de juger si tu méritais une seconde chance ou non.
-Donc tu es allée fouiller dans mon cerveau pour pouvoir me transporter ici. Tu as lu dans mon esprit pour savoir si je suis digne d'être ici, alors que je ne sais même pas comment tu t'appelles.
Elle émit un petit rire
-Bien sûr que non j'ai juste eu le droit de juger ta façon d'être morte. Tu as perdu ton combat mais tu as cherché à vaincre et tu l'as fait avec courage. D'ailleurs je m'appelle Ingrid
-Et toi comment es-tu morte ? l'interrogeai-je, mal à l'aise d'être au centre de la conversation.
-Étant donné que seule la Valkyrie qui est allée la chercher le sait, ça m'étonnerait qu'elle te le balance juste comme ça, répondit à sa place la fille qui se trouvait derrière moi dans la queue.
Elle avait des yeux verts et elle plissait avec dédain son nez un peu pointu. Ses mèches noires retombaient gracieusement devant ses yeux.
-Ça ne te concerne pas, Erika mêle toi de tes affaires je raconte ma mort à qui je le souhaite, répliqua Ingrid en s'avançant.
Soudainement elle ne parut plus aussi timide. Elle se mit bien droit pour faire face à la fille qui venait de la défier.
-Ma mort appartient à ma vie d'avant comme mon ancien nom. On m'a donné la chance de devenir quelqu'un d'autre. Ce n'est pas en racontant ma vie que j'y arriverai. Personne ne peut passer à autre chose en remuant sans cesse le passé, reprit-elle avec un air dur.
-Le passé n'est pas un tabou. L'oublier c'est oublier nos erreurs et nos racines. Oublier notre passer c'est oublier ce qui a fait que nous sommes aujourd'hui, lui répondit sa rivale en la regardant comme si elle se tenait face à un petit enfant stupide.
Je siffle narquoisement d'admiration.
-Ouah quelle discussion philosophique vous nous tenez là. Vous m'excuserez de vous fausser compagnie mais je meurs de faim, répliquai-je d'un ton un peu plus sec que je ne l'aurais voulu.
Je sais qu'en disant cela je ne me suis pas faite des amies, mais je m'en fiche. Je veux me battre pas discuter. Ce fut sur cette pensée résignée que je me servi mon repas.
oOo
Note de l'auteur: voila j'espère que ça vous aura plu. N'hésitez pas à me dire en commentaire si ça a vous avez aimé. Dites moi si j'ai fais des erreurs d'orthographe ou à mes donner des conseils pour que je puisse m'améliorer.
Je sortirai un chapitre par semaine
Bonne journée à tous.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro