Où quelqu'un prend une grave décision
LE COLONEL était encore plus assombri que de coutume. La maison semblait morte. Si sa première idée fut de nous chasser sans ménagement, comme l'avait annoncé l'inspecteur Stanley, il avait décidé de me tolérer. Nous restâmes donc seuls pour le reste de la journée, face à face dans le petit salon où le feu se mourrait.
« Pensez-vous qu'elle soit vraiment coupable ? ne cessait de me demander le colonel.
- Je ne sais pas, Sir.
- En tout cas, c'est une intrigante. Elle ne m'a jamais parlé de son mari.
- Comment l'avez-vous engagée ?
- J'avais fait passer une annonce dans les journaux. Elle s'est présentée et je l'ai acceptée.
- Avait-elle des références ?
- Je...je ne sais pas à vrai dire.
- Comment cela ? »
Le colonel sembla fouiller un instant dans sa mémoire. Ces faits étaient si anciens.
« Mary-Ann a du se charger de vérifier ses références. »
Saisi par le doute, le colonel se leva et sonna. La jeune bonne, Mary-Ann entra, les yeux tristes et compatissants.
« Vous souhaitez une tasse de thé, Sir ? Vous n'avez pas encore mangé et...
- Avez-vous les références de Mlle Par...Mme Nordon ?
- Les références ?
- Oui, quand on engage un domestique, on étudie de prêt ses références, mademoiselle, rétorquai-je. Où sont-elles ?
- Mais je ne les ai pas.
- Que dites-vous ? »
La pauvre petite semblait stupéfaite.
« C'est vous-même, colonel, qui avez tenu à étudier ses références. Vous les avez conservées, n'est-ce pas ?
- Moi ?
- Mais oui, Sir. Le jour où elle est arrivée, vous avez voulu examiner son dossier puis, satisfait, vous l'avez engagée. »
Le colonel parut abasourdi. Les soucis, le manque de repos avaient dangereusement diminué ses facultés. Il ne se souvenait pas. Il remercia Mary-Ann qui disparut non sans m'avoir lancé un regard inquiet.
A mon tour j'observai le colonel avec intérêt, il lui aurait fallu beaucoup de repos pour retrouver un esprit plus calme.
« Je ne me souviens pas.
- C'est normal. Vous avez d'autres soucis en tête, m'écriai-je, conciliant.
- En avait-elle seulement des références ? »
Le colonel se leva comme un fou et courut dans son bureau. Craignant un malheur, je le suivis. Mais le colonel ne voulait que trouver les références de Mme Nordon. Il se mit à fouiller frénétiquement les dossiers rangés soigneusement dans les tiroirs de son bureau. Il les jetait sur le sol, me rappelant Holmes dans son acharnement à trouver l'information cachée dans ses documents. Bientôt la pièce, si bien rangée un instant auparavant, ressemblait à la Bourse après une séance, le sol jonché de papiers. Le colonel s'assit sur un grand fauteuil capitonné, accablé.
« Il n'y a pas de références, tout simplement. Elle s'est jouée de moi depuis le début. Ainsi le journal avait raison. Dés le départ, elle a voulu me circonvenir pour m'épouser.
- Elle a crié qu'elle vous aimait. Elle l'a dit à Sherlock Holmes avant que la police ne l'arrête.
- Elle m'a caché la vérité. Elle a lu la petite annonce et est venue. Elle a joué les enjôleuses, espérant épouser le châtelain et obtenir l'héritage.
- Colonel, vous êtes sévère. Attendez avant de tirer de si amères conclusions et...
- Elle a menti en racontant qu'elle m'aimait. Et cet enfant ? Qui sait si ce n'est pas un mensonge aussi ? Est-il seulement de moi ?
- Colonel, commençai-je.
- Et Adèle ? Holmes a prétendu qu'il ne savait rien, mais le journal la condamne déjà. C'est si simple, Adèle disparaît et elle hérite. Pourquoi ai-je rédigé ce nouveau testament ? Je suis un imbécile de m'être laissé berné ainsi par cette...
- Calmez-vous !
- Même son un faux nom peut-elle hériter ? Comment en être sûr ? Il faudrait demander à Albucklhurt. La garce, elle doit payer.
- Attendez qu'elle soit déclarée coupable avant de...»
Je n'aimai pas le ton qu'il employait, dur et sec. Il me parut prêt à toutes les extrémités. Heureusement que Mme Nordon n'était pas présente. Qui sait ce qu'il lui aurait fait dans un tel état de fureur froide ?
Enfin le colonel Landsbury se leva, le regard farouche, résolu à agir. Il s'approcha de la porte et avant de partir, il me lança :
« Quoi qu'il en soit, je la déshérite. »
Et il disparut.
Je ne pus le suivre, ses affaires n'étaient pas les miennes. Comment aurai-je pu demander au colonel la permission de l'accompagner ? Je retournai donc dans le salon, face à la cheminée aux braises froides et attendis. Que faire d'autre ?
Plusieurs heures se passèrent ainsi. Mary-Ann, bonne âme compatissante, m'apporta du café bien chaud et des sandwichs. A ma demande, le feu fut rallumé et le temps s'écoula lentement. Le colonel réapparut bientôt, aussi froid et déterminé qu'auparavant. Il s'assit face à moi.
« C'est fait ? osai-je demander.
- Mme Nordon n'héritera pas de moi. Albucklhurt a été catégorique. Aucune faille dans le testament ne permettra à cette... d'hériter. Ma fortune reviendra à Adèle lorsque Sherlock Holmes l'aura retrouvée.
- Et si...
- Et si c'est le cas contraire qui se passe. Mon neveu sera bien heureux de récupérer ma fortune pour régler ses dettes de jeu. Cruceycroft reviendra à un Landsbury.
- Votre cousin ?
- Un bon à rien, mais un Landsbury. C'est dans l'ordre des choses, un Landsbury à Cruceycroft, un nouveau châtelain...»
Le repas fut bientôt servi mais le colonel le dédaigna et quitta la table pour rejoindre sa chambre. Un peu de repos ne pouvant lui faire que du bien, je n'étais pas mécontent de cette nouvelle résolution.
La nuit fut agitée. L'inspecteur Stanley m'envoya chercher vers dix heures. Mme Nordon désirait parler à Sherlock Holmes et pour la faire taire, l'inspecteur avait enfin consenti. Mais Holmes n'étant pas là, je me rendis au commissariat de Norwich à sa place. Je pris ma trousse de médecin à tout hasard, comprenant que la malheureuse devait être dans un état d'excitation imprudent dans son état. Les premières paroles de l'inspecteur ne firent qu'accentuer mes inquiétudes.
« Elle devient folle. Il fallait que je trouve une solution. »
L'inspecteur paraissait fâché de la tournure des événements, peut-être un peu honteux aussi. Il était fatigué, cela se voyait aux cernes sous ses yeux. Depuis combien de temps était-il à son poste ?
« Elle hurle depuis des heures qu'elle est innocente. Elle refuse de répondre à mes questions. Elle ne fait que vomir. Je crois qu'elle finira à l'asile. La folie pourrait faire partie des circonstances atténuantes pour le meurtre de la gamine.
- A-t-elle avoué ?
- Seulement ce que vous savez déjà. Elle est bien madame Jane Nordon, elle a quitté son mari Paul Nordon depuis cinq ans. Il la battait violemment et était d'une jalousie maladive. Elle avait peur de mourir un jour de sa main. Elle avait prévenu la police après avoir finie une fois à l'hôpital, mais la police ne s'est jamais chargée de cette affaire. Mme Nordon a donc quitté son mari et la petite annonce pour une place de gouvernante loin de Londres lui a parut la planche de salut.
- Comment a-t-elle été engagée ?
- Par le colonel sans nul doute.
- Vous ne savez pas ? demandai-je avec stupeur.
- Nous cherchons à mettre la main sur son mari, répliqua-t-il sèchement. Il faut aussi vérifier ses dires. Que fait donc votre ami ? Il nous aurait été bien utile maintenant qu'il y a des vraies recherches à entreprendre et non des élucubrations à colporter. »
Je frémis sous l'insulte mais repris le fil de la conversation.
« Et Adèle ?
- Aucune nouvelle. Mais je saurai faire avouer à cette femme ce qu'elle sait. Elle a du enterrer le corps de la gamine non loin de la maison.
- Mais il n'y a aucune preuve.
- Le flacon me semble assez parlant.
- On peut l'avoir mis là !
- Le tiroir ferme à clé et il n'y a que Mme Nordon qui la possède.
- On a pu en faire un double.
- Vous avez trop d'imagination mon pauvre docteur Watson. Je suis quelqu'un de simple, je connais les criminels et Mme Nordon en est une, sans le moindre doute. Le fait qu'elle soit entrée au service du colonel sous un faux nom me paraît déjà bien suffisant. Je n'attends que ses aveux pour passer l'affaire au juge.
- Mais...
- Cela suffit docteur. Allez la voir, administrez-lui un calmant et si vous pouviez lui expliquer l'intérêt qu'il y a pour elle d'avouer, cela nous arrangera tous. Son avocat est près d'elle à lui tenir le même langage mais elle n'en a cure. »
Je suivis un policier qui m'entraîna dans un couloir assez long et étroit. Norwich étant une petite ville, elle disposait d'un petit commissariat et une seule pièce avait été arrangée en cellule. Habituellement cette pièce devait servir comme cellule de dégrisement dans une petite ville perdue comme Norwich et non à enfermer une femme accusée d'enlèvement et de meurtre.
Elle attendait Sherlock Holmes et eut la déception de me voir arriver. Son beau visage avait pris une teinte de cendre mais ses yeux paraissaient allumés d'une fièvre folle. Un vieil homme se tenait près d'elle, il se leva à mon approche et se présenta :
« Maître Cavendish. Vous devez être M. Sherlock Holmes ?
- Non, je ne suis que le docteur Watson.
- Un docteur ? Voilà une excellente nouvelle. Vous allez pouvoir secourir Mme Nordon, elle est très malade.
- Je n'ai pas besoin de médecin, j'ai besoin de M. Holmes, hurla-t-elle d'une voix stridente.
- Vous voyez docteur l'état de nervosité dans lequel se trouve ma cliente. Impossible de la faire se calmer, il y aurait pourtant de l'urgence à pouvoir discuter posément de tout cela.
- Je ne veux pas discuter, je veux être libérée. Je suis innocente. »
Elle se tordait les mains avec ardeur. Nerveuse, fatiguée, elle semblait devenir folle en effet. Je la fis s'asseoir sur la paillasse présente dans la petite pièce et l'auscultai rapidement.
« Vous vous faites du mal et ce n'est pas bon pour l'enfant, la grondai-je gentiment.
- Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse que cet enfant vive ou meure, maintenant que son père me croit une meurtrière ?
- Vous voulez parler du colonel ? demanda maladroitement Maître Cavendish.
- De qui voulez-vous que je parle ? Je ne suis pas une traînée quoiqu'en disent les journaux. »
Une crise de larmes la fit se taire un instant, les épaules secouées de convulsions. Elle était hystérique, Stanley avait raison, elle allait se rendre folle à réagir ainsi. Je lui administrai du laudanum et la fis se coucher sur la paillasse. Elle me jetait des regards suppliants.
« Vous l'avez vu. Comment réagit-il ?
- Il faut vous reposer madame. Je vous en conjure.
- Que vous a-t-il dit ? »
Elle me serrait la main à la broyer.
« Il vous a déshéritée.
- Mon Dieu. »
Sa tête retomba sur le côté et elle pleura sans discontinuer.
« Il me croit donc coupable. Il n'a plus confiance en moi.
- Pourquoi ne lui avez-vous pas avoué qui vous étiez ?
- Il ne m'aurait pas épousée. Mon mari est encore en vie.
- Mais vous avez commis une faute grave en vous taisant madame, s'écria l'avocat.
- Je le sais. Mais j'avais tellement peur de le perdre... »
Et elle se tut, vaincue par la fatigue et la drogue. Le calme retomba dans la cellule. L'avocat, soulagé, me regarda.
« Quelle femme ! Elle se tuera si elle continue à faire de telles crises.
- Et elle tuera son enfant, répondis-je.
- Elle espérait tellement voir M. Sherlock Holmes. Où est-il ?
- A Londres, il avait des recherches à faire.
- Puisse Dieu l'aider à découvrir la vérité !
- Pensez-vous qu'elle soit coupable ? »
Le vieil avocat haussa les épaules. Nous quittâmes la cellule et une femme entra à notre suite pour garder la jeune gouvernante.
« Je dois vous avouer que je n'en sais rien. Il y a des femmes prêtes à tout pour arriver à leur fin. Mais Mme Nordon me semble bien incapable de faire du mal. Quelle tristesse qu'elle ait menti au colonel ainsi. C'est une grosse erreur. »
L'avocat me salua et quitta le commissariat. A mon tour, je dus partir, l'inspecteur Stanley ne pouvant (ou ne voulant) pas me recevoir à nouveau.
Je rentrai donc me coucher à Cruceycroft, bien loin de me douter de ce qui se tramait dans le parc du domaine.
Ce ne fut que le lendemain que j'appris la terrible nouvelle. Un tambourinement empressé contre ma porte me réveilla et il me fallut quelques secondes pour me retrouver.
« Que se passe-t-il ?
- Docteur Watson, il faut venir. Sir Landsbury a disparu. »
Je reconnus avec peine la voix effrayée de la bonne Mary-Ann. Complètement éveillé, je me levai et enfilai ma robe de chambre avant d'ouvrir. Le visage de la servante était pâle, défait, elle semblait affolée.
« Comment cela disparu ?
- Il n'est nulle part dans la maison. Son lit n'est pas défait. Il a disparu. »
Je me souvenais de l'air décidé du colonel. Se pourrait-il que...
« Est-il dans ses habitudes de disparaître ainsi ?
- Non. J'ai préféré venir vous réveiller. Je ne sais pas quoi faire. »
Je sortis de la chambre et me décidai à chercher toute trace du colonel. Il ne me fallut pas longtemps pour découvrir dans le bureau du colonel une lettre déposée sur le meuble. Quelques mots étaient tracés d'une écriture quasiment illisible.
« Je ne peux plus supporter ce vide. Adèle morte, Jane coupable. Autant en finir. »
« Mon Dieu, ne pus-je m'empêcher de murmurer. »
Et je me mis à courir dans la maison, comme l'avait fait Mary-Ann quelques minutes plus tôt. Je lui demandai d'envoyer Robert chercher l'inspecteur Stanley. Au bout de longues recherches dans chacune des pièces, nous sortîmes dans le parc, blanchi par la neige. La cuisinière était avec nous, surprise par tout ce remue-ménage, elle ne comprenait pas tout ce qui se passait.
Et ce fut dans le parc, près des grands ormes que nous découvrîmes le colonel. Le pauvre homme, en proie au désespoir, s'état pendu à un arbre. Il portait les mêmes vêtements que la veille au soir. Je m'en voulus atrocement de ne pas avoir prédit la chose mais aurai-je pu le faire ? Je ne suis pas Sherlock Holmes. Avant même que je ne puisse m'approcher du corps et observer les lieux, la petite bonne se précipita, piétina autour du suicidé en tenant de dépendre le corps.
« NON, hurlai-je, la clouant sur place. Il ne faut toucher à rien.
- Mais nous ne pouvons pas le laisser ainsi, rétorqua-t-elle.
- Tant que la police n'aura pas examiné les lieux, il ne faut rien changer.
- Voyons docteur, reprit la vieille cuisinière qui s'était mise à pleurer. Il n'est pas chrétien de le laisser ainsi. Nous devons le descendre de là, le pauvre homme.
- Il en est hors de question ! Rentrez à la maison et préparez du thé. »
Après des larmoiements et des tergiversations, les deux femmes me laissèrent enfin seul. Je pus commencer à examiner les lieux, attendant avec impatience le retour de Robert avec la police. Hélas, mes capacités d'observation sont bien moindres que celles de mon ami et je ne découvris rien. Le piétinement de Mary-Ann avait brouillé les empreintes et j'étais incapable de déceler quelles étaient les siennes, celles du colonel ou d'une tierce personne. Aux alentours du corps se trouvaient la lisière de la forêt et le fameux tombeau du la famille Landsbury. La neige ne recouvrant pas tout le sol dans cette zone boisée, je n'arrivais pas à découvrir des empreintes. J'approchai du caveau. C'était un bâtiment assez étroit, en pierres de taille blanches. Un caveau de famille dans lequel se trouvaient enterrés les grands noms des Landsbury. La grille d'entrée n'était pas fermée à clé. Je tremblai de froid, me maudissant d'être sorti aussi bêtement en chemise de nuit avec une simple robe de chambre. Je poussai la grille et entrai dans le tombeau, désireux de quitter le froid glacial.
Le caveau se composait d'une seule petite pièce, noire et humide comme une cave. Le froid y était quasiment aussi vif qu'à l'extérieur, je n'étais protégé que contre le vent. Je tâtonnai les murs et me cognai contre le plafond très bas, une voûte en berceau. Mes pieds rencontrèrent une masse molle où ils s'empêtrèrent. Une rapide angoisse me saisit, était-ce un corps ? Je me penchai et tâtai la masse avec inquiétude. C'était du tissu, mon cœur battait à grands coups mais je ne découvris aucun corps. Je pris le tissu et l'attirai à la lumière. C'était une grande couverture que quelqu'un avait roulée en boule. L'angoisse fit place au soulagement, mais une question demeurait : qui avait placé une couverture dans ce coin perdu ? Je manquai de lumière pour continuer mes recherches et courus vers la maison en emportant la couverture, abandonnant le malheureux Landsbury.
Dans la maison, mes ordres avaient été suivis et du thé m'attendait. Les deux femmes, réunies par la peur et le chagrin, étaient assises ensemble dans le salon. A mon arrivée, elles se levèrent.
« La police est-elle arrivée ?
- Non, docteur. Avez-vous trouvé quelque chose ?
- Il y avait cette couverture dans le caveau, la reconnaissez-vous ? »
Elles observèrent la couverture. Mary-Ann poussa un hurlement.
« Elle appartient à Robert. C'est une des couvertures des chevaux. N'est-ce pas Emmy ? »
La cuisinière la regardait attentivement et ne sut que répondre. Elle balbutia :
« Je ne suis pas sûre. Je ne vais jamais dans l'écurie. On dirait une couverture de cheval en effet.
- Que fait donc Robert ? Ne devrait-il pas déjà être de retour ? demanda avec anxiété la jeune bonne.
- Je ne sais pas. Je vais aller chercher la police. Restez ici mesdames et si la police arrive dîtes-lui que je ne serais pas long. »
Les deux femmes, au comble de l'inquiétude, acquiescèrent. Je filai m'habiller et courus à l'écurie. Les recherches dans le caveau pouvaient attendre mais je maudissais Holmes de ne pas être présent. Le colonel possédait plusieurs chevaux. Le cocher n'était parti qu'avec la voiture attelée. Je choisis un grand hongre, l'air passablement calme et partis pour le commissariat.
Mon arrivée fit sensation. L'inspecteur Stanley était toujours présent. Il avait du passer la nuit au poste, étendu sur un lit de sangles. Il écouta mes nouvelles avec stupeur et exaspération. Il ne lui fallut que peu de temps pour rassembler ses hommes et me suivre jusqu'à la maison du colonel.
Enfin, les femmes furent soulagées de nous voir arriver. L'inspecteur Stanley n'était peut-être pas quelqu'un de sympathique ou d'agréable mais il était efficace. En peu de temps, le secteur fut fouillé avec précaution et application. On apporta de la lumière et le caveau fut investi.
En plus de la couverture, divers objets furent découverts, entre autre une assiette, un broc rempli d'eau, un seau et un manteau rouge à pompons. Le manteau fit grande sensation parmi les servantes, c'était celui d'Adèle. Mais de la jeune fille, il n'y avait aucune trace. Etait-elle seulement encore en vie ?
L'inspecteur ne décolérait pas contre ses hommes. N'étaient-ils pas censés avoir fouillé cet endroit avec soin ? Mais les hommes ne surent quoi répondre, il n'y avait rien la veille. Stanley ne les crut pas et leur mirent à tous un blâme, seul j'échappai à sa vindicte. Peut-être parce que je n'étais qu'un civil. Stanley envoya ses hommes reprendre leurs recherches, les menaçant des pires représailles si leur travail était bâclé. Bientôt nous nous trouvâmes auprès du corps de Landsbury que deux policiers dépendaient enfin. Il fut déposé à terre, recouvert par un drap. Les deux policiers s'en chargèrent et le menèrent dans la maison. Une fois seuls, l'inspecteur grogna :
« Les imbéciles. Ils n'ont pas du fouiller cet endroit.
- A moins que rien n'y fût, risquai-je.
- Où diable le cocher a-t-il pu enterrer le corps de la petite ?
- Il est parti avec la voiture vous chercher. Qu'a-t-il pu devenir ?
- Il s'est enfui. Mais nous le retrouverons, je vous le garantis. »
L'inspecteur disparut, voulant surveiller ses hommes de peur qu'ils n'oublient de nouveau des lieux à examiner. Je restai donc seul près du caveau. Il faisait si froid. Que faisait de si important Holmes, resté bien au chaud à Londres ?
« J'ai échoué Watson, me souffla une voix bien connue. »
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