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Où la vérité éclate enfin

L'AFFAIRE n'était pas encore terminée. Une fois close la discussion chez Maître Albucklhurt, il fut donc convenu que Mme Nordon, Holmes et moi-même, accompagnés de Maître Cavendish, devions partir sans tarder pour le domaine du feu colonel Landsbury. Holmes parut plus impatient que jamais, pressant tout le monde. Mme Nordon souhaita repasser à l'auberge pour récupérer ses malles. Et c'est avec une mauvaise volonté visible que Holmes dut attendre la jeune femme devant la porte de l'auberge où se trouvait le petit landau de Maître Cavendish, attelée à un seul cheval brun impassible, aussi vieux que son maître.

« La peste soit des femmes et de leurs caprices, marmonnait Holmes entre ses dents.

- Ce n'est pas grave, souriai-je. Nous avons le temps.

- Nous devrions déjà y être, je pressens le pire.

- Le pire ? »

Mais Holmes ne dut s'expliquer davantage. Mme Nordon arrivait enfin, accompagné par plusieurs serviteurs de l'auberge chargés de ses malles. Elle semblait avoir retrouvé toute sa joie, toute sa beauté.

« Je n'ai pas été trop longue ? demanda-t-elle dans un sourire charmant au détective. »

Ce ne fut que par un grognement indistinct que Holmes lui répondit.

Et la voiture partit pour son ultime voyage.

Nous roulions dans la campagne tranquille, nous avions quitté depuis peu Norwich et il restait la forêt à traverser. La nuit était tombée en cet hiver froid, le ciel était de cette couleur rose qui annonçait la neige. Holmes ne desserrait pas les dents, Mme Nordon souriait avec aise.

Lorsqu'eut lieu l'accident, fatal, désastreux.

Tout à coup, sur le côté gauche, par un petit chemin forestier, une voiture noire sortit du bois, à toute vitesse, ses chevaux emballés. Ce ne fut qu'un cri d'horreur qui sortit de notre landau. Le vieux cheval brun, rétif, se cabra de peur, malgré le fouet de Maître Cavendish. Nous ne pûmes éviter le véhicule et notre petit landau, si fragile, fut percuté violemment sur le côté et valsa dans le fossé. Ce fut un rude choc. Je fus projeté à plusieurs mètres. Dieu merci, je ne percutai aucun arbre.

Il me fallut plusieurs minutes pour retrouver mes esprits. Quelqu'un me tirait par la manche. Aussitôt je ressentis la brûlure du froid sur ma peau.

« Watson, souffla une voix inquiète à mes côtés.

- Holmes, répondis-je.

- Dieu soit loué. Vous êtes vivant. »

Je voulus me redresser mais je me rendis compte qu'une de mes jambes gisait inerte. Peut-être brisée.

« Vous êtes blessé Watson ?

- Ma jambe gauche, je crois qu'elle est cassée.

- Mon Dieu.

- Et vous ? »

Je me redressai et essayai de voir à mes côtés. Holmes était étendu sur le sol. Il rampait et tentait de se relever, visiblement choqué par l'accident. Un peu de sang coulait de son front, mais ce fut tout ce que je voyais.

« Et Mme Nordon ? m'enquis-je.

- Je crois qu'elle est étendue dans le fourré là-bas. Je ne l'ai pas vu bouger. »

Nous nous jetâmes un regard et Holmes réussit à se traîner jusque là.

« Elle est vivante mais inconsciente. Il va falloir la secourir très vite.

- Pourquoi ?

- Elle perd du sang.

- Une fausse couche ? »

Holmes ne put me répondre, il se tenait la tête. Il devait avoir cogné violemment sa tête contre quelque chose. Enfin il fut debout. Ce fut alors que je remarquai une sorte de murmure indistinct, comme un râle humain, flottant dans l'air ambiant.

« Qu'est-ce Holmes ?

- Notre cheval. Il n'est pas mort, il a les deux jambes de devant brisés. Il souffre. Si seulement j'avais un revolver...

- Et Cavendish ?

- Il est mort. Sa tête a percuté un arbre. »

Je me laissai retomber, vaincu par toutes ces horreurs. J'entendis Holmes s'éloigner dans la nuit, ses pas faisaient craquer la neige. Tout était tellement silencieux autour de nous, hormis le cri de douleur du cheval blessé. Je n'arrivai pas à parler, il fallait que je me lève mais c'était une souffrance intolérable.

J'entendis les pas de Holmes revenir près de moi. Je réussis à me redresser contre le tronc d'un arbre et pus voir ce qu'il faisait. A ma grande horreur, Holmes traînait le corps de Cavendish et le déshabillait.

« Mais que...

- Chut. Je n'ai déjà que trop tardé. »

Bientôt Holmes enleva ses propres habits et les mit au malheureux cadavre méconnaissable. Enfin il s'approcha de moi :

« La deuxième voiture est arrêtée juste à côté. Elle ne pourra plus rouler mais les chevaux sont quasiment indemnes. Il y a le cadavre de Robert près de la voiture.

- Robert ? C'était la voiture du colonel ?

- Watson, je vous abandonne.

- Holmes !

- Pardonnez-moi mon ami mais je n'en ai pas fini avec mon enquête.

- Holmes, où allez-vous ?

- Je suis désolé mais vous allez devoir vous en sortir seul. Occupez-vous de Mme Nordon. Je reviens bientôt. »

Et Holmes en chemise ensanglantée, enfila la veste noire du notaire et disparut dans la nuit. Je fis de mon mieux pour me lever et en grimaçant de souffrance je m'approchai de Mme Nordon. Ma jambe devait être bien brisée, mais j'arrivais à poser le pied par terre. Mme Nordon était en piteux état, évanouie, le visage ensanglanté. Il fallait que je trouve une solution. Je pris donc mon courage à deux mains et empoignant chacun des arbres les uns après les autres, dans un temps indéfini je me frayai un passage jusqu'à la deuxième voiture. Là je mis encore un laps de temps immense pour empoigner les brides d'un des chevaux, dont les yeux roulaient de terreur. Un autre temps indéterminé me permit de le détacher et de l'attirer vers Mme Nordon. La pauvre bête était affolée par l'odeur du sang, de la mort et le cri continu de l'autre cheval, je tentai de la calmer de la voix.

Avec patience et forces douleurs, je l'attachai à un arbre. Puis je m'emparai du corps sans vie de Mme Nordon et la portai sur le cheval qui hennit de surprise et de peur mêlées. J'étais à bout de force et je ne pus monter sur la selle qu'au bout de la troisième ou quatrième tentative. Sans élégance je me couchai sur l'encolure du cheval, sentant la douleur irradier ma jambe. Et nous partîmes pour notre voyage en enfer.

Ce fut peut-être cette présence d'esprit et cette ténacité qui nous sauvât la vie car plusieurs coups de feu éclatèrent à ce moment-là et nous ratèrent de peu. Des arbres, tout proches, furent percutés. Le cheval, au comble de l'épouvante, effrayé de ce bruit insolite, partit tout seul au galop dans la nuit. Avant de sombrer définitivement, je priai le ciel qu'il ne rentre pas directement à Cruceycroft.

Je ne m'éveillai qu'au bout d'un certain temps, dont je n'eus jamais la notion exacte, dans un lit d'hôpital et je vis à mes côtés...

Ce fut la rage au cœur que je laissai Watson dans cette situation inconfortable, voire fatale mais je ne vis pas d'autres solutions. « Ils » allaient revenir constater la réussite de leur plan, peut-être étaient-« ils » déjà là à nous espionner. Il ne fallait pas perdre de temps et je suis parti.

Je me maudissais de ne pas avoir pris de revolver, la vieille habitude d'en laisser la responsabilité à Watson était décidément néfaste. Il me fallait marcher, et marcher vite pour arriver au terme de mon voyage. Est-ce que ce n'était déjà pas trop tard ?

Enfin, au bout d'une longue marche dans la nuit et la neige, je poussai la grille d'entrée du caveau des Landsbury. Mais il n'y avait personne.

En un instant, ce fut clair. La petite était dans la maison, cachée quelque part. C'était le moment d'agir. Watson aurait raconté cela avec moult renfort dramatique, je ne sais pas l'imiter.

Je ne perdis pas de temps en conjectures et entrai dans le manoir par la porte de la cuisine. J'eus un peu de mal à en forcer la serrure, n'ayant pas mon matériel de cambrioleur avec moi, mais je fus bientôt dans la place.

Il faisait nuit, tout était silencieux. Je me mis à marcher à pas de loup vers la porte. Ce ne fut pas une partie de plaisir que de me concentrer, des vertiges commencèrent à me saisir. Ma tête avait du heurter violemment une pierre lors de l'accident supposai-je.

Mais j'avançai coûte que coûte et me retrouvai dans le couloir d'entrée. Un rai de lumière sortait de sous la porte du salon. Je m'approchai en rasant les murs. Deux voix s'entendaient, des gens se disputaient, un homme et une femme. Je reconnus immédiatement Michael Landsbury et Mary-Ann.

« Et tu ne les as pas tués ?

- J'ai vu le corps de Sherlock Holmes. Il est mort, la tête broyée.

- La belle affaire ! Et la gouvernante ?

- Le docteur l'a emportée sur un des chevaux. J'ai tiré avec le fusil mais je l'ai raté. Elle n'avait pas l'air vivante en tout cas, ses bras pendaient dans le vide.

- Mon Dieu ! Qu'ai-je fait pour me retrouver avec un tel incapable ?? Tu n'as même pas été fichu de les tuer. La police va encore venir fourrer son nez partout.

- Mais ils vont accuser Robert du crime. J'ai bien laissé le cadavre en évidence. Ce ne fut pas une mince affaire. Ensuite j'ai couru me poster derrière un arbre bonne distance pour abattre les survivants. Mais je n'ai pas été assez rapide. Et la nuit...

- Ne cherche pas d'excuses ineptes ! Tu es un bon à rien. Ha si j'étais un homme !!!

- Arrête ! J'ai quand même obéi à tous tes ordres : tuer Robert, tuer mon oncle, tuer Sherlock Holmes.

- Et la gosse ? La seule chose qui peut nous faire pendre, l'as-tu tuée ?

- Je...je n'ai pas pu... Elle est si douce, et ce n'est qu'une gosse.

- Une affreuse gamine prétentieuse oui. Il faut la tuer. Maintenant ! Ce soir ! Il y a trop longtemps que j'attends cela. Des jours, des semaines !!! TUE-LA !!!

- Calme-toi. La police ne sera pas là avant longtemps.

- Lâche ! Je vais aller la tuer moi-même cette gamine. Cela ne sera pas plus difficile que d'égorger un lapin pour le dîner. »

La poignée de la porte du salon fut tournée avec violence. Je sentis quelques sueurs froides me dégouliner dans le dos tandis que je continuai mon chemin silencieux en direction de la porte d'entrée. Mais ce ne fut qu'une fausse alerte. Leurs cris continuèrent. Landsbury promit qu'il allait le faire. La cuisinière n'arrivant pas, je compris que sa surdité était en effet profonde pour ne pas entendre un tel tapage.

Arrivé devant la porte d'entrée, je voulus m'assurer qu'elle était bien ouverte, n'aimant pas les mauvaises surprises. Nous aurions une sortie de secours. Sachant que la cuisinière dormait à l'étage, je décidai de descendre à la cave. Je n'étais pas encore allé à la cave, la petite ne pouvait qu'être là. Il me fallut donc plusieurs minutes pour me retrouver devant la porte.

Les vertiges étaient de plus en plus fort, je dus me reprendre de mon mieux pour continuer à marcher. Je n'allai pas flancher alors que la fin était si proche ! Cela aurait été indigne d'un Holmes ! Je tournai la poignée de la porte, bien entendue elle était fermée à clé. Je mis à nouveau quelques secondes à la forcer et me retrouvai dans l'obscurité et l'humidité de la cave.

Des gémissements m'attirèrent dans le coin le plus sombre, derrière un ensemble de bouteilles. Adèle Landsbury était donc encore vivante.

« Je suis venu te sauver. Je suis un ami de ton papa. Tu comprends ? »

Un mouvement me répondit et une forme blanche s'approcha en rampant. Une petite fille couverte de poussière et de crasse me regarda avec effroi. Elle était bâillonnée et ses mains étaient attachées. Elle pleurait.

Je ne pouvais pas perdre de temps, je défis ses liens, lui passai mon manteau noir et la pris dans mes bras.

« J'espère Mlle Landsbury que vous n'avez pas peur du noir car je vous propose une promenade nocturne. »

Elle secoua la tête et je l'emportai le plus vite possible.

La dispute s'était calmée et le silence qui résonnait maintenant dans la maison me força à être encore plus discret. Mais j'étais si faible qu'à ma grande honte, je fis craquer des marches de l'escalier de la cave. Je réussis à emmener la petite devant la porte d'entrée où je la déposai lorsque la lumière de l'entrée tout à coup m'éblouit.

« Quand je te disais que j'avais entendu du bruit, s'écria une voix à l'accent triomphant. »

Je me retournai, Michael Landsbury était là à quelques mètres, un fusil à la main, sa compagne Mary-Ann se tenait debout non loin de lui. J'étais perdu mais pas la petite. Je la regardai, elle était hypnotisée par la peur, incapable de faire un mouvement. Les deux criminels étaient encore loin de nous, je me retournai vers la gamine et lui criai :

« COURS ! »

Je la giflai pour la sortir de son mutisme et Adèle s'enfuit à toute jambe. Mary-Ann, remise de sa surprise se lança à sa poursuite dans la nuit. Quant à Michael, il s'était approché de moi et me pointai son fusil sur la poitrine, le regard mauvais. Qu'est-ce que cela pouvait me faire désormais ? Les lumières dansaient devant mes yeux, ma tête tournait, j'avais de la peine à rester debout mais je tins bon. Pour rien au monde, je n'aurai montré ma faiblesse devant cet homme.

« Je vous croyais mort Holmes. J'ai vu votre cadavre. »

Je ne pus m'empêcher de sourire.

« C'est là l'ennui d'être habillé toujours de la même manière, on m'identifie toujours à mes vêtements. Jamais à mon visage. Mais vous devez savoir cela aussi bien que moi-même.

- Vous allez regretter de ne pas être mort Holmes !

- La police sera bientôt là. Vous avez perdu Landsbury, dis-je tranquillement.

- Peut-être, mais je ne serai plus là quand elle arrivera. »

Il fallait que je gagne du temps. Je connaissais ce genre de criminels, tellement imbu de lui-même, je n'avais qu'à le laisser croire qu'il dominait la conversation. C'était peut-être ma seule chance de m'en tirer.

« Vous fûtes un remarquable adversaire, Landsbury.

- Et vous un remarquable emmerdeur. J'avais tellement tout préparé, tout prévu.

- Pourquoi tout cela ? Seulement pour l'héritage ? »

Landsbury eut un petit sourire et appuya plus fortement le canon de son fusil sur ma poitrine. Raté.

« Vous me prenez vraiment pour un imbécile Holmes. Dés le retour de Mary-Ann, je vous tue sans ménagement et nous filons tous les deux. Elle a déjà du faire son affaire à la petite. Elle a tellement de cran ma Mary-Ann. »

J'écoutai une pendule égrener les minutes quelque part dans la maison. Mais que faisait Watson ? La cuisinière sourde n'était pas prête d'arriver.

Soudain un cri terrible retentit dans le parc. Un cri d'enfant. Mon sang se glaça. Landsbury se mit à sourire.

« C'est terminé. Brave Mary-Ann. A vous d'y passer Holmes. »

Je me refusai à fermer les yeux, attendant la douleur fulgurante qui allait m'atteindre et le coup de fusil partit. Je me sentis tomber, évanoui.

Ce ne fut que quelques instants plus tard que je me réveillai, les joues en feu. L'inspecteur Stanley était prêt de moi, un sourire réjoui aux lèvres, l'air soulagé.

« Vous gifler fut un grand moment, M. Holmes.

- Mais... »

Je regardai Landsbury, il était étendu sur le sol, mort. Une balle l'avait frappé à la poitrine. Dieu merci la police était arrivée à temps.

« Watson ?

- Le docteur Watson fut héroïque ce soir M. Holmes. Il faudra lui décerner une médaille. Il est arrivé à Norwich, quasiment inconscient. Avec une fracture de la jambe. Puis on est venu me prévenir. »

Honteux de ma faiblesse, je me relevai. Une dizaine de policiers m'entouraient, le visage goguenard. Heureusement que Lestrade n'était pas parmi eux.

« Mme Nordon ?

- A l'hôpital, avec le docteur Watson. On ne sait pas encore.»

Je réussis à faire quelques pas pour m'approcher de Landsbury. Il serrait encore dans ses mains le fusil. Des bruits de pleurs m'attirèrent au pied de l'escalier. La petite Adèle était assise sur une marche, elle pleurait. Gêné, j'allai m'enfuir et retourner vers Stanley mais elle m'appela doucement. Je m'accroupis et la regardai, m'apprêtant à lui dire quelques vagues mots d'encouragement mais ce qu'elle fit me surpris au plus haut point, je n'ai pas l'habitude de ce genre de démonstration, elle se leva et me prit dans ses bras, pleurant plus fort.

« Où est mon papa ? »

Je tentai de me libérer de son étreinte le plus doucement possible.

« Il... »

Je ne savais comment répondre, Watson aurait su les mots, lui.

« Où est mon papa ? répéta-t-elle. J'ai tellement prié pour qu'il vienne me chercher. Mary-Ann était très méchante avec moi, elle m'a même battue. Heureusement cousin Michael me donnait à manger mais il m'a menti. Il a promis que je reverrai papa dés que je serai libre. Et mon papa n'est pas là. Où il est ? »

J'avais enfin réussi à me dégager et je pris ses deux petites mains dans les miennes. Je ne souhaitai qu'une chose, revenir auprès de Stanley. Mais il fallait que je trouve quelque chose à dire à ces grands yeux interrogateurs. Quelque chose, mais quoi ? Malheureusement je ne connaissais que la vérité.

« Il va vous falloir être forte, Mlle Landsbury... Heu Adèle... Ton papa est mort. »

J'arrêtai là mon discours. Il m'a semblé que le récit du suicide de son père aurait été un peu dur à supporter pour une enfant de neuf ans. Enfin il m'a semblé... Un bruit me fit lever les yeux et avec un grand soulagement je vis apparaître la cuisinière en haut de l'escalier, enfin réveillée par tout le bruit, le regard effrayée. Immédiatement elle aperçut Adèle et hurla de joie.

« Mademoiselle ! Vous êtes vivante ! Quel bonheur ! »

Et je pus abandonner la petite. Une femme saurait mieux que moi comment consoler une enfant.

Stanley m'attendait pour sortir dans le parc. Je le suivis.

« La bonne Mary-Ann est près du caveau.

- Vous l'avez tuée elle aussi ?

- Non. Nous sommes arrivés lorsqu'elle coursait la petite. C'est la petite qui a poussé un cri de peur lorsque je l'ai rattrapée près du caveau.

- Ce cri a failli me coûter la vie.

- J'ai laissé mes hommes arrêter Mary-Ann avant sa fuite et je suis venu vous sauver. Nous savions que vous étiez venu tout seul vous jeter dans la gueule du loup.

- Watson vous a raconté tout cela ?

- C'est un grand ami que vous avez là, M. Holmes. Il se serait tué pour vous. »

Je ne suis pas quelqu'un de sensible mais l'amitié inconditionnelle du docteur Watson à mon endroit me fut toujours précieuse. Brave vieux Watson !

« Nous sommes venus le plus vite possible. Et après la découverte de la voiture de Cavendish dans le fossé, il devenait urgent que nous arrivions.

- En effet. »

Et je décidai de ne pas poursuivre la conversation. Je n'en avais nulle envie et n'avais rien à ajouter.

Enfin je vis arriver une Mary-Ann, échevelée, tenue en respect par deux solides policiers. Le regard qu'elle me lança fut rien de moins que malveillant. Watson se serait lancée dans une description enlevée de ses yeux, son visage, ses vêtements... Je ne vis qu'une criminelle entraînée par deux policiers vers son futur châtiment car c'était la pendaison qui l'attendait.

Dans la maison, elle ne nous fit pas perdre de temps et relata la majeure partie de son histoire que je connaissais déjà :

L'amour pour Michael Landsbury, la jalousie face à une gouvernante à peine plus âgée qu'elle, la haine à l'encontre de la petite Adèle. Mary-Ann ne vivait quasiment que dans la haine et le désir de vengeance.

Cela faisait longtemps que se faisant passer pour une amie fidèle de Mme Nordon elle avait appris le secret de la véritable identité de Mlle Parker, attendant de se servir de cette précieuse information. Après la signature du nouveau testament, un plan diabolique germa dans l'esprit de la bonne. Elle et Michael décidèrent d'enlever la petite. Ce fut Mary-Ann qui versa la drogue dans la tisane, elle qui ouvrit la fenêtre tandis que son amant attendait en bas, elle qui alluma un feu d'enfer pour brûler le journal intime de la petite où celle-ci racontait à quel point elle n'aimait pas la bonne et à quel point cette dernière la détestait. Puis tout s'enchaîna. Mon arrivée était prévue, les lettres furent postées aux journaux. Le scandale à cause de Mme Nordon éclata, causant le suicide du colonel. Surtout après le coup de pouce de Michael qui écrivit à son oncle le récit de la mort de la gamine, histoire de lui briser le cœur. Lettre que Mary-Ann détruisit avec soin.

Cela faisait longtemps que Michael attendait cela lui aussi, toujours criblé de dettes, il joua son rôle de corbeau et de fourbe à la perfection. Ils avaient choisi depuis le départ Robert comme suspect. Il devait disparaître et être tué. Michael s'en chargea. Tout marchait bien, il n'y a qu'Adèle que Michael ne put se résoudre à tuer. Enfin le testament les prit de court. Michael avait juré que jamais un tel codicille n'avait été ajouté au testament, ce fut la consternation. Ils durent changer leur plan et décidèrent de supprimer tous les témoins gênants. Ce fut un échec.

Je ne pus m'empêcher après ce petit résumé de sourire.

« Je comprends, disais-je, votre étonnement. Surtout que ce codicille a été ajouté au testament du colonel Landsbury par mes soins. Jamais il n'a été écrit dans le testament. Ce ne fut que de cette manière que je réussi à vous piéger. »

Et je savourai à sa juste valeur le regard venimeux que Mary-Ann jeta sur moi. Je crois fermement que sans les menottes qui lui enserraient les poignets elle m'aurait arraché les yeux.

« Vous avez failli, mademoiselle. Jamais Robert, au service du colonel depuis tant d'années n'aurait enlevé sa fille. Alors qu'une jeune servante et un neveu désargenté... Qui pouvait connaître le passé de la gouvernante ? Qui a eu la possibilité d'accéder au tiroir ? Qui a pu s'emparer de la clé et en faire un double ? Qui mademoiselle à part vous ? J'ai pris mes renseignements, personne cette nuit-là n'a allumé de feu. Personne n'a acheté la morphine dans la maison. Personne sinon vous ? Le pharmacien de Norwich se souvient de vous.

- Je vous retrouverai M. Holmes, cracha-t-elle. En Enfer s'il le faut. »

Et Stanley, fatigué de ces insolences, donna le signal du départ. Je ne fus pas fâché de quitter la maison du colonel Landsbury où il ne restait qu'une vieille cuisinière et une petite orpheline en la compagnie des policiers.

Encore un long moment perdu dans le commissariat et je pus rejoindre Watson dans l'hôpital le plus proche. Moi-même, je n'étais pas dans la meilleure des formes et ne fus pas fâché de me reposer quelques heures. Et lorsque Watson se réveilla, je fus le premier être qu'il vit.

« Holmes ! Vous êtes là !

- Bien entendu, où croyez-vous que j'étais ? »

Mon vieil ami semblait fatigué, les traits tirés. Il avait porté la main à sa tête. Il devait souffrir de migraines atroces.

« Je ne sais comment vous remercier mon cher Watson. Vous m'avez sauvé la vie une fois encore en alertant la police.

- Que pouvais-je faire d'autre ? répondis-je, touché au cœur par ces compliments inhabituels dans sa bouche.

- Certes, je vous ai abandonné dans une situation on ne peut plus désagréable. »

Holmes avait le don de la litote. Je racontai en quelques phrases les parties les plus claires, les moins floues de la nuit, il en fut désolé.

A son tour il me relata la nuit qu'il avait passé et je fus heureux d'apprendre qu'Adèle Landsbury était en vie. Mais quelle femme perfide que cette Mary-Ann.

Enfin après avoir épuisé le récit de cette affaire belle et bien terminée, il fut convenu que nous rentrions à Londres dés que ma jambe pouvait supporter le voyage. Elle était bien cassée, et je ne sus jamais où j'avais puisé la force pour effectuer tout ce que j'avais réussi à accomplir cette fameuse nuit...

Pour Mme Nordon, la nuit fut aussi éprouvante, elle perdit son enfant et faillit y perdre la vie. Les médecins réussirent à la sauver in extremis et je ne fus même pas sûre qu'elle leur en fut gréée. Holmes seul fut soulagé par la mort de l'enfant, à ma grande horreur, mais il s'en expliqua aussitôt :

« Ne vous méprenez pas, mon cher Watson. La mort d'un enfant est une chose abominable. Je le sais, je ne suis pas aussi insensible que vous le pensez. Mais j'ai un aveu à vous faire et qu'il m'aurait été très pénible à faire à Mme Nordon.

- Lequel cher ami ?

- La lettre du colonel où il reconnaissait la paternité de l'enfant est un faux.

- Pardon ?

- J'ai imité l'écriture du colonel.

- Seigneur ! Comment auriez-vous fait s'il avait fallu le lui avouer ?

- Je n'ose même pas l'imaginer. C'était la seule chose que je pouvais faire pour capturer ces criminels et les amener à faire une erreur.

- Une erreur qui aurait pu nous coûter la vie.

- Et qui a coûté la vie à ce malheureux Cavendish. Oui Watson cette affaire n'est pas un des mes plus grands succès. Je préfère qu'elle ne soit pas publiée du vivant de Mme Nordon ou de Mlle Landsbury. Elle leur a déjà fait tant de mal. »

Je compris le sous-entendu tacite, « et à moi aussi ».

« Bien entendu Holmes, encore une affaire pour ma malle de la banque Cox and Co. »

Le détective hocha la tête avec vigueur et vint se placer devant la fenêtre pour observer la neige qui se remettait lentement à tomber sur l'Angleterre.

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