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Chapitre 16

- Lundi 19 juillet -


— Oh, et puis merde !

La voix de Jules sembla résonner au milieu de l'étable vide. La saleté avait repris ses droits, comme si son père et lui ne s'étaient pas tués à la tâche en frottant les murs et le sol des jours plus tôt.

Décidé, il traversa la cour puis pénétra dans la demeure familiale. Il avait hésité. Louis était revenu la veille et avait passé la nuit chez eux. L'envie de le voir était absente, mais il ne pouvait pas se terrer dans ses installations comme une souris regagner son terrier pour se cacher du chat. Et il était chez lui. Si l'un d'eux devait se sentir gêné, ce n'était certainement pas lui. Et ce dernier point se confirma lorsqu'il pénétra dans la demeure.

La chanson « Jerusalema » diffusée sur son téléphone, Louis se déhanchait au rythme de la musique, une cuillère en bois dans la main en guise de micro, un tablier noué autour des hanches. Jules aurait pu penser qu'il était nu sous ce dernier s'il n'avait pas aperçu un morceau de jean alors que Louis remuait son cul. La propreté du plan de travail était parfaite, pourtant une casserole était bien sur le feu et des effluves appétissantes s'échappaient de celle-ci. Amusé, Jules appuya son épaule contre le mur pour admirer le spectacle.

Il devait reconnaître que Louis avait un superbe mouvement de hanches. Il n'y avait guère prêté attention le soir de la fête de la musique. Trop de monde. Trop de tension. Aujourd'hui, par contre, ils étaient seuls dans la pièce, lui laissant tout le loisir de fixer le vingtenaire.

Ses fins bras étaient dévoilés par son tee-shirt noir manche courte, se mariant parfaitement avec le tablier bordeaux, sur lequel il était écrit en lettres blanches : « Je suis le chef ! ». Louis était en rythme sur la musique, sans perdre sa concentration sur le plat qui mijotait, touillant celui-ci à plusieurs reprises. Puis il réalisa un tour sur lui-même, quelques éclaboussures quittant l'ustensile pour atterrir au sol. Louis ralentit en même temps que l'air de la chanson, avant de repartir sur le son suivant « Ani Kuni ».

C'est seulement au milieu de celle-ci, alors qu'il effectuait une nouvelle vrille que Louis remarqua la présence de Jules, ses lèvres étirées dans un sourire autant amusé que moqueur.

— Oh ! Euh... Salut.

Ses joues prirent une jolie teinte rosée, tandis qu'il stoppa tout mouvement, son regard se concentrant sur le plat en train de cuire.

— Depuis quand fais-tu la cuisine ?

La coloration de sa peau s'accentua suite à la question de Jules, posée d'un ton froid. Il sentait une pointe d'irritation, presque un reproche. Son rictus moqueur avait déserté son visage pour laisser place à un léger agacement.

— Je...

Louis hésita une seconde, puis haussa les épaules avant de répondre.

— Depuis plusieurs années. J'aime ça. J'oublie ce qui m'entoure quand je suis derrière les fourneaux.

S'il fut surpris de ce point commun inattendu avec Louis, Jules n'en montra rien.

— C'est sûr que la vie d'enfant gâté, qui doit juste mettre les pieds sous la table et claquer des doigts pour avoir ce qu'il veut, ça met du poids sur les épaules... Et énormément de choses à oublier !

Le cœur de Louis se pinça. Il méritait cette pique moqueuse après son comportement, mais ce n'était pas pour autant que sa réflexion n'était pas douloureuse. Il savait qu'il avait été un gamin hautain et méprisant. Seulement, ce n'était pas lui. Il était loin d'être ce jeune adulte respirant la confiance qu'il montrait. Encore plus éloigné de l'enfant ingrat.

Il pourrait raconter son enfance vécue seul, dans l'indifférence de ses parents. Tout comme le harcèlement et l'homophobie dont il avait été victime dans son adolescence. Au même titre, il connaissait les abus de confiance. C'est son passé qui avait forgé cette carapace autour de lui. Celle qui l'empêchait de faire entrer du monde dans sa vie ; Arthur et Raphaël mis à part. Ces mêmes expériences qui le poussaient à tenir le monde à distance, loin de lui et sa personnalité « attachiante » comme le disaient ses acolytes.

Conter tout cela était une possibilité. Il devrait même. Néanmoins, s'il le faisait, l'exaspération de Jules serait remplacée par de la pitié et ce n'était pas le sentiment qu'il voulait lui inspirer. Bien au contraire. S'il souhaitait remonter dans l'estime de son hôte, il ne le ferait pas en cherchant à lui tirer une larme. Juste en étant lui-même. Le réel. Le vrai. L'unique.

— Je le pensais vraiment, se contenta de dire Louis en réponse, ignorant l'attaque directe de Jules.

Le silence s'installa entre eux. Louis touilla une nouvelle fois la préparation, que Jules devina être un chili con carne. Ce dernier retint un soupir, avant d'aller s'asseoir sur l'une des chaises. Il était venu pour cuisiner, comme à son habitude, mais ses services s'avéraient inutiles. Pour autant, il était proche de déjeuner et il retrouverait le chemin de l'étable bien rapidement pour s'abstenir d'y retourner dans l'immédiat.

— Mes excuses, reprit Louis. J'étais sincère. Je te présente mes excuses pour avoir été un tel petit con, alors que vous m'avez offert gîte et couverts. Je ne suis personne pour juger.

Encore moins après avoir été victime de jugement moi-même, pensa-t-il, mais gardant celle-ci précieusement dans un coin de son esprit, comme un secret.

En réalité, ces sentiments étaient plus complexes que cette simple histoire de jugement. Il y avait aussi cette jalousie, cumulée à une pointe d'envie, qui s'immisçait en lui comme un poison. Elle évinçait ses autres sentiments, dévorait ses compères comme un serpent avale sa proie.

— Je n'aurais pas dû prendre le volant ce soir-là.

Que lui perde la vie dans un accident était le cadet de ses soucis. Par contre qu'un inconnu, ou pire, ses amis disparaissent ou soient blessés par sa faute, ça, c'était une autre histoire. Il serait incapable de se relever.

— Et encore moins te hurler dessus comme je l'ai fait. Alors, tu acceptes ou non, tu me crois ou non, mais je tenais juste à te le répéter. Je suis désolé.

Jules fut ébranlé par la vulnérabilité de son vis-à-vis. Sa voix semblait tremblotante, comme s'il était sur le point de s'effondrer. Pris au dépourvu par cette nouvelle facette, il resta coi, les mots s'évaporant de son cerveau.

— Même si je le voulais, je ne pourrais pas changer. Cette inquiétude pour eux est devenue une seconde peau, après l'accident.

Les mots s'étaient échappés de sa bouche sans qu'il n'en ait réellement conscience. Louis stoppa son mouvement, cessa de remuer la viande hachée, mais ne releva pas pour autant le regard. Ils avaient tous les deux les yeux lointains, perdus dans leurs souvenirs douloureux.

— Tu as fait ton chili ?

La question posée par Arthur les tira de leurs pensées. Le benjamin de la famille Guérin se laissa choir sur la chaise à proximité de son frère, son bras venant s'enrouler autour des épaules robustes de son aîné.

— Merci ! s'exclama Arthur après l'approbation de Louis.

Il lécha ses lèvres, saliva d'avance au repas qui l'attendait.

— Alors ?

Arthur grimaça à la question de son ami. Il savait d'avance que sa réponse ne lui plairait pas.

— Elle passe me chercher à 7 heures samedi matin.

La grimace qui déforma les traits du visage de Louis confirma sa pensée : il n'appréciait guère cette information. Néanmoins, il s'abstint de tout commentaire et se contenta de touiller, une nouvelle fois, la préparation. Sa poigne sur la cuillère en bois se serra, ce que ne manqua pas de remarquer Arthur.

— Louis ne porte pas Emma dans son cœur, souffla Arthur à l'attention de son frère.

— Et à raison !

Leurs atomes crochus étaient aux abonnés absents. L'entente entre eux était une notion abstraite. Ils ne s'appréciaient pas, mais ne se menaient pas pour autant une guerre ouverte. Ils supportaient la présence de l'un et de l'autre, uniquement pour leur ami. Seulement, cette acceptation avait déserté Louis dès qu'il avait compris le comportement d'Emma, et appris les tromperies dont elle faisait preuve.

— Elle est loin d'être la sainte nitouche qu'elle prétend être, grogna Louis, les dents serrées.

— Louis ! s'insurgea Arthur.

Les deux amis s'affrontèrent du regard. Louis finit par hausser un sourcil, interrogateur, signifiant clairement : « Vas-y, contredis-moi pour voir ». Les paroles de Louis amochaient Arthur. Son cœur saignait de ces mots durs contre celle qu'il aimait, mais sa raison, elle, soufflait que seul la vérité blesse.

Le silence persista plusieurs secondes, sous le regard étonné de Jules. Il ne connaissait pas la dénommée Emma. Il aurait dû faire sa connaissance des mois plus tôt, mais Arthur avait annulé leur venue suite à leur séparation. Depuis, Jules savait que leur relation était en dent de scie, faite de hauts et de bas - beaucoup de bas.

Les pupilles de Jules stoppèrent leur voyage entre les deux vingtenaires pour s'attarder sur Louis. Ses traits étaient tirés, sa mâchoire crispée et ses iris se dilataient. La colère semblait s'échapper par tous les pores de sa peau. Jules ne connaissait pas la jeune femme, mais l'aversion que Louis lui portait ne lui faisait pas regretter cette situation. Sa propre relation avec l'homme était compliquée, mais Jules ne pouvait nier son comportement irréprochable et aimant envers Arthur. Ce simple fait suffisait à le convaincre de lui faire confiance sur ce point.

— Tu as envie de m'expliquer ? finit par demander Jules, brisant le silence.

Il ne forcerait pas son frère à parler. Simplement, s'il avait besoin, il était là. Les pupilles d'Arthur se voilèrent, alors qu'il embarqua dans les événements de ces derniers mois.

Sa famille aurait dû faire la connaissance de la douce, innocente et timide - du moins, le pensait-il alors - Emma depuis plusieurs mois. Ils avaient prévu de venir passer quelques jours chez les Guérin, afin de présenter officiellement la jeune femme. Ce projet s'était écroulé la semaine précédant le départ. Il avait trouvé sa copine, la langue au fond de la bouche d'un autre, devant un club réputé pour être libertin ; club dans lequel elle avait pénétré, ses doigts enlacés à celui qui serait - avec d'autres - son amant pour la nuit, sans même le remarquer.

Évidemment, Arthur avait rompu avec elle dès le lendemain et annulé leurs idées de vacances. Il n'avait pas dévoilé tous les détails à sa famille, juste évoqué leur séparation.

Louis était l'épaule sur laquelle Arthur avait crié, pleuré, s'était effondré. Il avait supporté son chagrin, ses colères, ses incompréhensions. Une oreille attentive qui ne comprenait pas comment Arthur avait pu laisser une nouvelle chance à la jeune femme des semaines plus tard. Depuis, le couple ne cessait de s'aimer, pour se déchirer à nouveau.

Emma répétait constamment à Arthur à quel point elle était désolée, qu'elle l'aimait, qu'il était l'homme de sa vie. Et malgré tous ses sentiments, elle était incapable de ne pas ressentir de l'envie pour le corps d'un autre. Elle était attirée par les soirées libertines, ses corps qui se mêlaient, s'échangeaient et se satisfaisaient les uns des autres, comme un papillon de nuit attiré par la lumière. Et elle avait craqué, encore. Provoquant une seconde rupture. Puis une réconciliation, avant une nouvelle rechute.

Des mois que le couple se trouvait dans un amour destructeur. Arthur se refusait à partager sa copine, n'oubliait pas les tromperies, mais la jeune femme parvenait toujours à le reprendre dans ses filets. Louis ne supportait plus ce manège. Encore moins de voir son ami souffrir.

— Plus tard, souffla Arthur.

Les yeux dans le vague, Arthur n'avait pas remarqué Louis venir dans sa direction pour le prendre dans ses bras. Louis connaissait suffisamment son ami pour savoir qu'un contact, même une légère pression, agirait comme une ancre pour lui. Il l'encercla de ses membres fins et posa sa tête sur son épaule.

Jules les observa rapidement, avant de se lever à son tour. Son torse rencontra le dos de son cadet. Ses bras glissèrent le long de ses côtes, pour terminer leurs courses dans le dos de Louis - il ne pouvait pas faire autrement, compte-tenu de leur position - pour un câlin groupé.

L'étreinte était gauche. L'un frissonna au contact, l'autre fut envahi par un sentiment de gêne suite à ce rapprochement.

L'ensemble était un mélange de confusion, d'embarras, mais aussi de présences rassurantes et réconfortantes.

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