23. Kids - MGMT
Hello la compagnie ! Je ne pourrai pas publier demain, alors mise en ligne en avance ! Seule petite précision : à un moment donné, j'évoque la statue de l'Architecte de Poudlard, à savoir qu'elle n'apparaît que dans les films. Bonne lecture ♥
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Cela lui fit le même effet que la fois où Albus et lui avaient goûté en cachette au Whisky pur Feu de son père. C'était vif, inattendu, explosif. Revigorant. Il croyait se souvenir avec une précision accrue de leur baiser au hangar, mais il se rendit compte que son esprit avait été incapable d'enregistrer le roulement de tambour dans sa poitrine ou la chaleur submergeant tout son être. Tout cela, leurs lèvres scellées, la sensation de son corps contre le sien, c'était trop pour son cerveau. Scorpius était en apnée et c'était délicieux.
Quand Rose s'écarta doucement, les pommettes roses et la respiration courte, ses pensées étaient sans dessus dessous.
- Tu ne m'as toujours pas dit de quoi tu avais envie ces dernières semaines, parvint-il à dire malgré tout.
- T'es insupportable.
Il éclata de rire, ivre de joie, et l'embrassa à nouveau.
Rose en avait le tournis. Elle s'abandonna complètement aux bras de Scorpius, grisée comme la première fois. Même plus encore, après ces mois d'incertitude saupoudrés de tension. C'était à peine si elle entendait les gloussements des élèves qui passaient à côté d'eux.
- Par le caleçon de Merlin, j'étais vraiment pas prêt à voir ça...
Les paroles d'Albus se faufilèrent difficilement dans l'esprit embrumé des deux adolescents. Ils se détachèrent l'un de l'autre, sans toutefois beaucoup s'éloigner. À quelques mètres d'eux, le jeune Potter se massait les paupières en grimaçant.
- Je savais que c'était une mauvaise idée la bibliothèque, ronchonna-t-il.
Encore étourdis par leurs baisers, Rose et Scorpius éclatèrent de rire.
Le lendemain matin, Rose se leva avec l'expression guimauve des gens amoureux. Après qu'Albus les ait surpris la veille, ils étaient tous trois retournés à la bibliothèque, où Hugo et Marius n'avaient pas bougé de leur table. Aucune trace d'Adrien dans les parages. Elle avait pris place à côté de son frère, lequel l'avait regardé un instant, jeté un coup d'œil à Scorpius, puis l'avait à nouveau dévisagé. La bouche du Poufsouffle s'était étirée en un lent sourire mais Rose l'avait empêché d'émettre le moindre commentaire en lui écrasant les orteils du talon. Son ricanement s'était étouffé dans un grognement de douleur. Le seul qui avait eu l'air perdu avait été Marius, dont les yeux avaient sauté de l'un à l'autre, espérant comprendre l'air de connivence qui planait sur ses compagnons.
Ni Rose ni Scorpius n'avaient beaucoup travaillé. Par-dessus leurs devoirs, ils n'avaient eu de cesse d'échanger des regards à la dérobée, à peine intimidés par leur nouvelle intimité et brûlants d'être en tête-à-tête. Mais ils n'avaient pu se retrouver seuls qu'après le dîner. Quelques minutes où tout leur avait semblé différent et pourtant semblable. Ils s'étaient isolés tant bien que mal près de l'austère statue qui dominait le hall d'entrée et, à l'abri des regards, Scorpius avait glissé sa main dans les boucles soyeuses de Rose avec une infinie tendresse et s'était penché pour lui voler un nouveau baiser.
C'était à cela que Rose repensait en s'habillant. À la beauté fragile de cet instant, comme si une fine bulle de verre les entourait, prête à se briser au moindre mouvement brusque. Comme si leurs sentiments si ardents dans l'ombre révélaient également leur délicatesse dès lors qu'ils étaient dévoilés au grand jour.
La béatitude de la jeune Weasley n'échappa à aucune des filles de son dortoir et elles échangèrent entre elles des sourires en coin. Il fallait dire que les paris sur la future relation entre elle et le fils Malefoy tournaient depuis longtemps chez les Gryffondor. On se souvenait encore de James qui, l'année précédente, avait lancé un « Merlin, mais qu'ils prennent une chambre, qu'on n'en parle plus ! » quand Rose était rentrée à la salle commune furibonde après une énième dispute avec Scorpius. Elle n'avait d'ailleurs pas goûté à la plaisanterie et se serait jeté sur lui si son autre cousin, Fred, ne l'avait pas retenu. Toujours est-il que les voir danser ensemble au bal avaient suscité un regain d'enthousiasme pour les prédictions et lorsque le fils Crivey les avait vu s'embrasser près de la bibliothèque, il s'était empressé de répandre la nouvelle parmi les rouge et or. Et quand elle avait regagné la tour des Gryffondor, elle avait été accueillie par un mélange d'applaudissements et de sifflements qui l'avait fait rougir jusqu'à la racine des cheveux. Aucun de ses camarades n'avait songé à critiquer le fait qu'une Weasley soit en couple avec un Malefoy. La rivalité avait été brisé depuis longtemps et surtout, n'étant pas dotés de la rancœur entêtée de Rose, ils avaient rapidement compris que Scorpius était une perle.
Rose quitta le dortoir la première. La Grande Salle était encore paisible quand elle y parvint. Les quelques élèves attablés bénéficiaient d'un petit déjeuner en toute quiétude avant l'arrivée en cohue du reste des étudiants. Elle-même appréciait se lever plus tôt, de temps à autre, pour manger tranquillement. Mais aujourd'hui, elle se contenta de boire un verre de jus de citrouille et d'empiler dans une serviette quelques pancakes. Alors qu'elle allait se détourner pour repartir, elle stoppa son mouvement quand son regard glissa sur une corbeille pleine de fruits. Esquissant un sourire en coin, elle s'empara d'une pomme puis ressortit pour se poster devant les portes.
Sauf évènement exceptionnel, comme l'anniversaire d'Albus, les deux Serpentard arrivaient toujours à peu près à la même heure. Plusieurs grappes d'adolescents avaient déjà défilés devant elle, mais Rose attendit patiemment jusque voir le noir de jais des cheveux de son cousin et ceux d'un blond presque blanc de Scorpius. Son cœur loupa un battement en voyant ce dernier s'approcher d'elle en souriant. Ses propres lèvres dessinèrent un sourire espiègle et Rose lui lança la pomme qu'elle tenait. Il l'attrapa avec l'habilité du gardien de Quidditch.
- J'ai compris, je suis de trop... soupira Albus d'un ton faussement grognon après avoir intercepté le regard qu'ils échangeaient.
Il disparut prendre son petit déjeuner, l'œil amusé, et Rose faucha la main libre de Scorpius pour l'entraîner au troisième étage, bien décidée à être seule avec lui avant leur cours de Sortilège. Il se laissa guider, puis arrivés dans le couloir vide, devant la salle de classe, elle se tourna vers lui. Ses yeux étincelèrent malicieusement quand elle avisa le col de sa chemise.
- Il va vraiment falloir que je t'apprenne à faire ton nœud de cravate correctement.
Sans lui laisser le temps de protester, elle attrapa l'étoffe pour lui faire incliner la tête et Scorpius s'exécuta de bonne grâce, trop heureux de pouvoir l'embrasser. Rose eut l'impression que ses jambes étaient soudainement faites de coton, tandis que son palpitant bondissait dans sa poitrine. Elle avait eu peur de cette sensation vertigineuse pendant longtemps, redoutant d'être engloutie par l'abandon et la vulnérabilité. Mais à présent, elle savait qu'elle ne pourrait plus s'en passer.
- Je pourrais vite m'habituer à ce que tu me kidnappes, murmura Scorpius lorsqu'ils consentirent à s'écarter.
Les pommettes de Rose rosirent doucement.
- ...mais tu deviendras encore plus invivable si tu te prives tous les jours de petit-déjeuner complet, compléta-t-il, moqueur.
Elle lui allongea une petite bourrade du coude.
- Dire que je te trouvais presque mignon.
Ils s'esclaffèrent en s'asseyant à même le sol, côte à côte et adossés au mur de pierre. Rose sortit la serviette enveloppant son petit monticule de pancakes et en grignota un pendant que Scorpius croquait dans son fruit.
La situation aurait pu être étrange. Tant d'années à rabrouer l'autre, jusqu'à parfois échanger quelques maléfices, auraient dû rendre l'atmosphère opaque et leurs gestes maladroits. Mais ces derniers mois passés à s'apprivoiser avaient changés la donne. Ils avaient tourné l'un autour de l'autre, non plus comme deux adversaires jaugeant leurs faiblesses respectives mais comme les deux partenaires d'une chorégraphie compliquée, une danse risquée qui nécessitait une mutuelle et parfaite confiance. Et au-delà du sarcasme et de l'amertume qui avaient longtemps régi leur relation, ils avaient partagé nombre d'instants transformés en autant de souvenirs, ayant contribué dans l'ombre à les faire grandir et les lier ensemble. Finalement, et comme l'avait prédit Mrs Rosmerta, tomber amoureux n'avait été que l'étape suivante et naturelle de leur histoire.
La sonnerie n'avait pas encore retenti mais les élèves avaient commencé à investir les couloirs pour aller à leurs cours. Tandis qu'Albus remontait la galerie menant à la salle de Sortilèges, il repéra Rose et Scorpius. Ils s'étaient relevés et discutaient, tournés l'un vers l'autre. Un léger sourire flottait perpétuellement sur leurs lèvres. Le jeune Potter les observa en songeant à combien les choses avaient évolués entre eux. Il n'était plus opposé à leur couple. Au contraire, il en était aussi venu à la conclusion qu'inévitablement, s'ils ne s'entretuaient pas, ils ne pouvaient que s'aimer.
Malgré ces conclusions, cela lui fit un drôle d'effet de voir son meilleur ami caresser du pouce la peau tendre du poignet de sa cousine. Il allait lui falloir un temps d'adaptation avant de pouvoir les voir se tripoter sans sourciller. Scorpius, qui ne s'était aperçu de la présence d'Albus qu'une fois arrivé à leur hauteur, surprit son regard. Il eut un tressaillement presqu'imperceptible, trace de leur altercation de janvier. Priant pour qu'Albus n'ait pas changé d'avis et décidé de le cribler de sortilèges pour avoir embrassé Rose, il tenta une plaisanterie.
- Au moins, on te tapera plus sur les nerfs en se battant.
Le brun rit en flanquant une tape amicale sur l'épaule de Scorpius. L'amour n'excluait pas la possibilité qu'ils continuent à se tirer dans les pattes.
- Crois-moi Scorp, t'es loin d'être tiré d'affaire, lança-t-il au moment où la cloche sonnait pour annoncer le début des cours.
Rose éclata de rire et entrelaça leurs doigts pendant qu'Albus pénétrait dans la salle.
- Il a pas tort, déclara-t-elle joyeusement en entrant à sa suite avec Scorpius.
***
- Elle a été plutôt calme cette année, quand on y pense, commenta Albus.
La douceur du mois de mai berçait Poudlard et nombre d'élèves avaient investi le parc, éclatés en plusieurs groupes sur la pelouse. Les examens de fin d'année approchaient à grands pas, mais Albus avait insisté pour qu'ils sortent grapiller quelques rayons de soleil. Ils s'étaient installés dans l'herbe au bord du lac, malgré les protestations de Rose sur l'absence d'ombre et de sa peau de rousse qui risquait de s'enflammer en deux minutes montre en main. Scorpius avait un épais grimoire de Défense contre les Forces du mal ouvert sur ses cuisses, les bras tendus pour s'appuyer sur ses paumes pendant qu'il étudiait. De part et d'autre de ses jambes étirées, les deux cousins se faisaient face, assis en tailleur. Ils avaient initialement prévu de s'interroger à tour de rôle afin de tester leurs connaissances, mais ils s'étaient rapidement laissé distraire pour ricaner entre eux devant un Scorpius imperturbable.
- Calme, calme... ça dépend du point de vue, marmonna Rose.
- C'est tout de suite beaucoup plus calme dès qu'on arrête de se faire envoyer en retenue, nota le blond sans cesser de lire.
Rose et Albus échangèrent un regard avant de lever les yeux au ciel.
- Je vous vois.
La jeune fille poussa du pied ses tibias croisés, mais Scorpius se contenta d'esquisser un petit sourire pour toute réaction. Elle se rapprocha alors de lui et se pencha pour le regarder par en dessous, ses boucles balayant les pages de son manuel et l'empêchant de poursuivre sa lecture.
- Avoue que nos escapades te manquent.
- Pas le moins du monde.
- Menteur.
Au fond de lui, il devait admettre que ces écarts au règlement lui avaient plu. Jamais sur l'instant, toutefois. Il avait toujours été celui qui cherchait à les dissuader, qui protestait, mais s'il était honnête avec lui-même, il n'avait jamais déployé beaucoup d'efforts pour les empêcher de faire des âneries, ou au moins pour ne pas y participer.
Mais ils savaient tous pourquoi ils avaient arrêté. C'était durant leur cinquième année qu'ils avaient compris que les plus grandes prouesses de leurs parents, celles-là même qu'ils admiraient et cherchaient à réitérer, n'avaient été dicté que par des dangers plus grands encore. Ce n'était pas par gaieté de cœur ou pour le frisson de l'aventure qu'Harry, Ron et Hermione avaient affronté des épreuves auxquels des sorciers bien plus expérimentés n'avaient jamais été confrontés. Ils avaient mis leur vie en danger pour une cause qui les dépassait, pour empêcher le monde de suffoquer sous les ténèbres de Voldemort. Derrière la partie d'échecs au troisième étage, Ron s'était sacrifié pour que ses amis puissent mettre Quirrell en échec. Derrière le combat contre le Basilic, plusieurs enfants nés moldus avaient été agressés et Ginny avait manqué mourir. Derrière l'affrontement contre une horde de détraqueurs, Harry et Hermione avaient risqué leurs âmes. Et ce n'était que le début de la liste...
Pendant longtemps, Albus et Rose n'avaient vu que l'aspect doré, glorieux de leurs exploits, sans déceler l'envers du décor. La peur, la souffrance, la mort. Mais à présent conscients de ces réalités acérées, ils avaient cessé de retracer les pas de leurs aînés, honteux de l'exaltation enfantine qu'ils avaient ressentie.
Le fin sourire en coin qui ourlait les lèvres de Rose l'empêchait de retrouver sa concentration. Le cœur de Scorpius fit une embardée et il comprit qu'elle avait gagné. L'ensemble de son attention était dirigé sur elle, sur son visage interdisant toute révision. Incapable de se retenir, il prit délicatement son menton entre ses doigts et l'embrassa.
- Oh ! Je vous rappelle que je suis là ! s'exclama Albus, l'indignation perçant sa voix.
Rose empêcha Scorpius de s'éloigner d'une main sur sa mâchoire, désireuse de prolonger le baiser quelques petites secondes supplémentaires.
- Eh, je te signale que je te fais jamais de scène quand tu explores les amygdales de Kathryn devant moi, contre-attaqua Rose quand elle consentit à se séparer de Scorpius.
Albus ouvrit la bouche puis la referma dans une belle imitation de carpe.
- Ça n'a rien à voir, finit-il par protester.
- Tu comptes me faire un laïus ? Vraiment ?
Amusé, Scorpius assista à leur échange sans rien dire. Il songea que son meilleur ami avait plutôt intérêt à bien choisir ses mots, au risque que Rose lui démontre l'inexactitude du terme « sexe faible ».
- Mais... c'est Scorp que tu bécotes ! geignit-il.
- Mieux vaut moi que ce bellâtre à lunettes, intervint celui-ci en rappelant à Albus les mots qu'il avait lui-même prononcé.
Rose tourna la tête vers Scorpius, un sourcil haussé.
- Eh c'est pas moi qui l'ai dit, je ne fais que répéter sa phrase, se défendit-il.
Ils s'entre-regardèrent tous les trois et pouffèrent à l'unisson.
Un peu plus tard, Albus décida de leur accorder du temps en tête-à-tête. Il marchait le long de la rive, rejoignant bientôt le chemin menant à la cabane d'Hagrid. Il fut accueilli par son chien, un Terre Neuve rondouillard et pelucheux, qui lui fit la fête à grand renfort d'aboiements et manqua le renverser à plusieurs reprises dans son excitation. Le garde-chasse lui fit signe de le rejoindre dans son potager. Pendant plusieurs minutes, ils ne firent que discuter de choses et d'autres en toute légèreté, puis Hagrid finit par lui demander :
- J'ai bien vu, tout à l'heure, au bord du lac ? Rosie et Scorpius sont ensemble ?
Albus acquiesça d'un mouvement désinvolte. Le demi-géant se plongea dans ses réflexions. Bien sûr, il était ravi pour eux. Le fils Malefoy était un bon garçon et il n'était pas surpris outre mesure de cette issue entre eux. Mais il se souvenait comme si c'était hier du jour où Drago avait insulté Hermione, du sort de Crache-Limaces qui s'était retourné contre Ron. Il avait été présent à chaque étape de leur animosité. Ses petits yeux noirs luisirent d'un éclat inquiet le temps d'une fraction de seconde.
- Mh. Ce sont leurs pères qui vont être contents... lâcha-t-il dans un soupir qui fit se crisper Albus.
S'apercevant de la soudaine appréhension du garçon, Hagrid se fendit d'un sourire rassurant.
- Ne t'en fais pas, va. L'eau a coulé sous les ponts.
Il abattit son énorme main sur son épaule dans un geste qui se voulait réconfortant.
- Et puis, ils font un beau couple ces deux-là.
Albus n'était pas certain que tout le monde soit de cet avis... Il avait assez peu pensé à l'impact que cela aurait sur leurs familles, si ce n'était la fois où ils en avaient brièvement ri avec Scorpius. Il avait peu de doute sur l'opinion qu'aurait grand-père Lucius, en revanche il ne se faisait pas trop de souci pour celle de Drago et Astoria. De même pour la quasi-totalité du clan Weasley-Potter. Non, finalement, la réaction qu'il redoutait le plus, c'était celle de Ron.
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