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21. Tender - Blur

Alors j'ai longuement hésité pour la chanson, entre l'originale chanté par Damon Albarn absolument sublime, et cette reprise-ci. Toutes ces personnes qui chantent à l'unisson, l'énergie, l'harmonie, la beauté qui s'en dégagent (encore plus quand on regarde la vidéo en plus de les écouter)... tout aussi sublime, j'en ai des frissons à chaque fois.

Si vous n'êtes pas fan de cette version à multiples voix, je vous mets le lien de celle tirée de l'album 13 de Blur en commentaire ! Bonne lecture ♥


________


    - Fais attention où tu mets les pieds, conseilla Rose.

Elle ouvrit la porte du garage, Scorpius sur les talons. Depuis toutes ces années où elle venait se réfugier dans l'atelier, elle n'avait pas une seule fois été gênée par le chaos qui y régnait. Mais à présent qu'elle faisait pénétrer un inconnu dans son domaine, elle ressentit un vague sentiment de honte. Et ce n'était pas un inconnu lambda, sans quoi elle aurait pu s'en moquer, c'était Scorpius. Ce jeune homme au port altier qu'elle connaissait depuis six ans, aux manières teintées de noblesse. Ce jeune homme qui éveillait en elle des sentiments jusqu'alors inconnus, et ô combien perturbants.

    - Waouh.

Rose se mordilla la lèvre, se retenant de se retourner pour le pousser dehors, loin de ce fatras. Il la dépassa et, curieux, s'approcha d'une table prête à s'écrouler sous une pile de télécommandes, d'une antique tour d'ordinateur, d'un sèche-cheveux et d'autres multiples gadgets électroniques. Sous ses yeux ébahis, un vieux combiné de téléphone se jeta de son socle comme un catcheur sur un portable nouvelle génération à l'écran fissuré.

    - Évite de le toucher, il enroulerait son fil autour de ton bras comme un serpent et euh, évitons de voir jusqu'où il pousserait l'imitation. En fait, il vaut mieux que tu ne touches à rien.

Nerveuse, elle le suivit du regard tandis qu'il observait son environnement. Malgré elle, elle pensa que le manoir Malefoy devait être diamétralement différent du Terrier. Ici, tout était bancal, à commencer par la maison elle-même. Un peu sauvage également, avec son terrain envahi de mauvaises herbes.

    - C'est ton grand-père qui a envoûté tout ça ?

    - Pour la plupart, oui. Il y a sûrement des résultats d'expériences de mes oncles aussi, quand ils montaient leur business de farces et attrapes. Va savoir ce que sept enfants et douze petits-enfants ont pu planquer d'autres ici.

Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Scorpius.

    - Méfie-toi de la machine à laver, recommanda-t-elle encore.

Elle s'enfonça dans le dédale en lui désignant du doigt l'appareil aux chaussettes vengeresses. Machinalement, elle enjamba un pneu, contourna un moteur de voiture et finit par arriver devant l'établis où elle et Arthur avaient l'habitude de bricoler. Au-dessus du plan de travail, de multiples parchemins couverts de dessins et de chiffres étaient accrochés sur le mur. Elle se percha sur son tabouret pendant que Scorpius se penchait pour continuer à étudier ce qui l'entourait. Il garda le silence pendant cinq bonnes minutes, ses yeux bondissant d'un objet à l'autre. Quand il finit par se retourner vers elle, Rose avait eu le temps mâchonner sa lèvre à la rendre rouge vif et d'agrandir encore les manches de son pull à force de tirer dessus.

    - C'est fantastique, sourit-il.

    - Attends... tu ne trouves pas ça bizarre ?

Il haussa les épaules en appuyant le bas de son dos contre la table. Croisant les bras, il la dévisagea en continuant de sourire.

    - C'est peut-être un peu insolite, mais je trouve ça plutôt fascinant.

Rose le sonda du regard, mais il paraissait sincère.

    - Quand tu m'as dit que tu hésitais à devenir technicienne en adaptations moldues, tu n'avais pas précisé que tu avais déjà de l'expérience.

Lui revint en tête le clapotis de l'eau contre le bassin, les flammes bleues posées sur les caisses, la lumière naissante sur la nature écossaise. Le fantôme de leur baiser vint rapidement onduler entre eux. Rose sentit une légère rougeur poindre sous ses pommettes. Ils ne s'étaient plus retrouvés en tête-à-tête depuis plusieurs semaines. Cela aurait dû être le moment idéal pour être courageuse et accepter d'être vulnérable. Elle avait conscience que l'évolution de leur relation ne reposait plus que sur elle, pourtant elle préféra se soustraire à son regard en détournant la tête. Sa famille était à quelques mètres à peine.

    - Oui, enfin, c'est mon grand-père qui fait tous les sorts.


Le silence ne fut plus troublé que par les ronronnements et autres cliquetis des appareils entassés. Scorpius contempla les reflets cuivrés des cheveux de Rose. Elle avait baissé les yeux sur ses mains à moitié engloutis par son pull. Le souvenir du hangar à bateaux s'était également imposé dans son esprit. Il brûlait de la prendre dans ses bras. Ces dernières semaines, il était parvenu à se contenir, à ne pas imaginer la sensation de ses lèvres sur les siennes, à ne pas essayer de se souvenir de la texture soyeuse de sa peau. Il avait autant voulu continuer à lui laisser de l'espace que se préserver. Mais tous ses efforts étaient réduits à néant après cette après-midi. Rire avec elle, rencontrer sa famille, découvrir son univers... tout tendait à aiguiser ses sentiments à son égard.

    - Je voulais te dire... même si j'ai été surprise au début, je... je suis contente que tu sois venu aujourd'hui.

Le cœur de Scorpius loupa un battement et une délicieuse chaleur se répandit dans sa poitrine.

    - Moi aussi, finit-il par dire dans un souffle.

    - Tu nous en veux pas trop de t'avoir caché le coup des ballons de peinture ? s'enquit-elle avec un sourire.

Il éclata de rire. Il fallait reconnaître qu'il ne l'avait vraiment pas vu venir cette règle. Quand il avait reçu le premier jet, il avait eu un léger temps de battement avant de comprendre ce qu'il lui arrivait. Puis tout le monde s'était esclaffé, Rose la première, et il s'était laissé envahir par cette allégresse. Chez lui, on ne riait pas à gorge déployé comme chez les Weasley. Il n'y avait pas cette simplicité, cette spontanéité, cette joie d'être ensemble. C'était pourtant le même amour qui unissait les Malefoy, mais pas la même façon de l'exprimer. Ici, au Terrier, on le chantait, on le criait, on le laissait consumer tout notre être pour en ressortir plus fort, et oui, plus vivant.

    - Non, c'était génial. J'en voudrais presque à Al de ne pas m'avoir invité plus tôt.

    - Ouais, bon, prends pas trop la confiance, non plus.

Scorpius secoua la tête en souriant.

    - Tu peux pas t'en empêcher, hein ?

    - Pourquoi m'en priver ? rétorqua-t-elle en haussant les épaules.

Ils échangèrent un nouveau sourire, puis ils entendirent du bruit à l'entrée.

    - Vous vous êtes pas encore étripés ? claironna la voix d'Albus.

Merlin, pourvu qu'ils s'étripent plutôt que je les trouve collé-serré, pria le jeune Potter à part lui. Rose et Scorpius perçurent sa progression laborieuse, jusqu'à ce qu'un bruit ressemblant fortement à un crachat leur parvienne, aussitôt suivi d'un juron coloré. Ils vinrent à sa rencontre et purent voir une seconde chaussette s'écraser sur le visage d'Albus. Les deux adolescents l'observèrent se débattre contre les assauts de la machine à laver en contenant difficilement leur hilarité.

    - M'aidez pas, surtout ! vitupéra Albus.

N'y tenant plus, ils laissèrent libre cours à leurs rires. Mû par une volonté qui lui était propre, la main de Rose se glissa dans un contact presque timide contre celle de Scorpius. Le temps de quelques secondes, leurs doigts s'effleurèrent dans une délicate caresse, avant qu'ils consentent à aller aider Albus.

***

Quand Scorpius avait décliné l'invitation à rester dîner, Molly avait toutefois insisté pour qu'il reparte avec un bon quart de son savoureux gâteau aux pommes, au goût d'épices et nappé de miel. Elle lui avait fait un clin d'œil et il avait compris que derrière ses aiguilles de tricot, elle veillait sur son petit monde et n'avait pas manqué de voir qu'il avait repris plusieurs parts.

    - Ça été un plaisir de faire ta connaissance, Scorpius. J'espère que tu reviendras nous voir.

Ses yeux brillaient de gentillesse. Tout en elle respirait l'amour.

    - Ça été un plaisir pour moi aussi, Mrs Weasley. Merci pour tout, j'ai passé une très bonne journée, lui assura-t-il.

Si elle ne craignait pas que cela soit déplacé, la matriarche Weasley aurait posé sa main sur sa joue, comme elle le faisait avec sa petite tribu. Elle aimait bien ce garçon à la force tranquille. Elle voyait la curiosité dont il faisait preuve, la bonté et le respect dont il était pourvu, le calme qui l'habitait. Plus que cela, elle n'avait pas manqué de noter l'amitié qui le liait à Albus ou la façon dont il regardait Rose. Pour tout cela, elle prononça ces quelques mots :

    - Je suis heureuse que tu sois l'ami d'Albus et de Rose.

Il ne sut quoi répondre, plus touché qu'il n'aurait su le dire, mais elle parut le comprendre.


Le Portoloin le transporta non loin du domaine Malefoy. Comme Poudlard, le manoir était bardé de protections magiques et Scorpius devait marcher plusieurs minutes pour rentrer. Cela ne le dérangeait pas. Bien au contraire, il profita du trajet pour se remémorer la journée, et en particulier les instants qu'il avait partagés avec Rose dans l'atelier. Lorsque ses doigts avaient cherché les siens, une décharge électrique avait parcouru son corps. Son geste avait été léger, mais pétri de tendresse. Cela avait été chargé d'une telle intimité que cela lui avait presque semblé mieux que leur baiser.

Quand il arriva devant la grille du manoir, un sourire qu'Albus aurait qualifié de niais étirait ses lèvres. Son balai sur l'épaule, le gâteau soigneusement emballé à la main, revêtu de ses habits fraîchement lavés et agréablement parfumés, il pénétra chez lui. Il passa par la cuisine, où il déposa la pâtisserie, avant de rejoindre le living-room.

Scorpius déchanta immédiatement. Assis près de la cheminée, comme un roi dans son trône, son grand-père Lucius. Après la bienveillance d'Arthur et Molly Weasley, son expression lui fit l'effet d'une douche glaciale. Une tension qu'il connaissait bien se diffusa dans ses veines. Depuis la dispute entre son père et son grand-père, après que Drago avait découvert que Lucius cherchait à endoctriner Scorpius, il mettait un point d'honneur à ne plus se retrouver seul à seul avec lui. Sa présence le mettait profondément mal à l'aise mais il tenta tant bien que mal de le dissimuler.

Ses parents et sa grand-mère se tournèrent vers lui. Lorsqu'elle le vit, Narcissa se leva de son fauteuil pour venir le serrer dans ses bras. Elle contrebalançait l'effet que lui faisait Lucius et il n'eut pas à se forcer pour lui rendre son étreinte.

    - Ah Scorpius... tu m'as manqué.

    - Toi aussi, grand-mère. J'ignorais que vous veniez.

    - Avons-nous besoin d'une raison pour venir rendre visite à notre famille ? cingla Lucius de sa voix traînante.

Scorpius se raidit et vit son père se tendre comme un arc. Drago croisa son regard, lui signifiant implicitement de ne pas répondre.

    - Mon chéri, vas donc ranger ton balai, lui suggéra sa mère avec douceur.

Il hocha la tête, heureux de pouvoir échapper encore quelques minutes à cette pesante ambiance. Avant qu'il ne se détourne, sa grand-mère lui serra discrètement la main. La soirée promettait d'être longue...


Le dos droit, les muscles crispés, Scorpius mangeait lentement. Le silence était épais. Il était visqueux et lui collait à la peau. Merlin, s'il lui fallait déjà un temps d'adaptation entre Poudlard et le manoir, la transition avec le Terrier était encore pire. Comme il regrettait l'invitation de Molly à rester pour la soirée. Il avait eu très envie d'accepter, malgré l'appréhension de rencontrer le père de Rose, mais il avait pensé à ses propres parents, à ce qu'ils auraient ressenti alors que Drago avait déjà été réticent à lui laisser passer l'après-midi avec les Weasley.

Il se força à ne pas comparer les deux familles et se concentra sur son morceau de viande. Des chandeliers étaient posés à intervalles réguliers sur la grande table et faisaient danser plus d'ombre sur les visages de ses proches qu'ils ne les éclairaient. Le soleil ayant disparu à l'horizon, aucune lumière naturelle ne venait le rassurer et même les craquements du feu lui semblaient sinistres. Lucius s'était entretenu avec son fils sur des affaires du Ministère, glissant ci et là quelques petites piques à l'encontre du ministre de la Magie, que Drago prit un soin tout particulier à ne pas relever. Kingsley Shacklebolt, élu à la fin de la deuxième guerre des sorciers, avait été à la tête du pays pendant plusieurs années. Il s'était éloigné de la vie politique pendant quelque temps, mais avait finalement repris le chemin du pouvoir après la débâcle de son successeur et sous les appels de la communauté sorcière britannique.

De son côté, Narcissa avait posé des questions à Scorpius, sur ses cours, sa vie à Poudlard. Gêné par la présence de son grand-père, il avait répondu succinctement, sans jamais évoquer ni Albus, ni Rose. Peut-être était-ce un effet de son imagination, mais il avait l'impression que Lucius dardait régulièrement son regard sur lui. Il n'avait qu'une hâte, que le dîner se termine et qu'il puisse s'éclipser dans sa chambre.

L'elfe de maison qu'employait ses parents depuis son enfance apporta le dessert. Et c'est à ce moment-là que Scorpius commit un impair.

    - Merci, Fiby, dit-il spontanément quand la petite créature le servit.

Respectueux, ce n'était pas la première fois qu'il la remerciait. Ses parents n'étaient jamais allés jusque-là, mais ils lui témoignaient un minimum de politesse, ne la punissaient pas cruellement et se fendaient au moins d'un hochement de tête de temps à autre. Ils n'avaient pas inculqué ce comportement déférent à leur fils, mais une fois de plus, la position farouche de Rose l'avait influencé. Il ne pouvait pas se dire particulièrement touché par la cause des elfes de maison, toutefois son ouverture d'esprit avait suffi pour le sensibiliser en entendant la Gryffondor en parler.

En revanche, grand-père Lucius n'était pas connu pour traiter les elfes d'égal à égal. Il planta ses iris gris à la fois si semblables et si différents des siens sur lui. Son visage était un masque de froideur et de dédain.

    - C'est donc cela la maison Malefoy, à présent ?

Lucius n'avait pas besoin de hausser le ton pour faire se hérisser toutes les fibres de son corps. Dans un premier temps, Scorpius se maudit pour sa bévue. Il serra sa fourchette entre ses doigts, faisant blanchir les jointures de sa main. Puis, il réalisa qu'il n'avait fait aucune erreur. Il releva la tête, redressa les épaules et affronta le regard de son grand-père.

    - D'abord, se lier d'amitié avec des traîtres à leur sang et des sang-de-bourbe... maintenant, remercier des elfes de maison ? cracha encore le patriarche Malefoy.

    - Lucius ! siffla Narcissa.

Mais Scorpius vit rouge. La colère bouillonna dans ses veines et déferla en vagues dans son corps. Pourtant, quand il parla, son timbre était calme.

    - Si être un Malefoy signifie être comme toi, grand-père, je n'ai aucun plaisir à en être un. Mais je consacrerai ma vie s'il le faut à réparer tes fautes, à laver le nom des Malefoy pour que plus jamais nous ne soyons associés à des mages noirs tels que Tom Jedusor.

Du coin de l'œil, il aperçut son père baisser les yeux.

    - Les Potter et les Weasley sont des gens bien et des sorciers d'exception. Je suis fier d'être l'ami d'Albus et de Rose et je ne te permettrai pas de les insulter une fois de plus, eux ou leur famille.

    - Tu ne me le permettras pas ? répéta Lucius avec sarcasme.

    - Assez !

Narcissa fusillait son mari du regard.

    - Lucius, le coupa-t-elle sèchement en guise d'avertissement alors qu'il ouvrait la bouche, tu en as assez fait comme cela.


Ils partirent tôt, se retirant dans leur demeure dans le York, là où ils s'étaient exilés peu de temps après le mariage de Drago et Astoria. Scorpius, toujours aussi révolté, s'était aussitôt enfermé dans sa chambre. Il s'était tourné et retourné dans son lit, mais les traits hautains de son grand-père le hantaient. Pire, les mots « traîtres à leur sang » et « sang-de-bourbe » résonnaient dans son esprit, tintant à l'intérieur de son cerveau à l'instar d'une mélodie discordante et infernale.

Incapable de rester plus longtemps ainsi, seul avec ces ignobles paroles, il balança ses jambes hors de ses draps pour bondir hors de sa chambre. Il prit le chemin de la cuisine et marqua un temps d'arrêt sur le seuil. Honteusement, il se rendit compte qu'il ne connaissait quasiment pas la pièce. Fiby s'occupait de préparer et servir les repas, sans qu'aucun Malefoy ne mette les pieds ici, si ce n'était pour subtiliser des pommes dans le cas de Scorpius. Il dut fouiller un moment avant de retrouver le gâteau que lui avait donné Molly. Debout, accoudé au plan de travail au milieu de la pièce, il entreprit de se réconforter avec la succulente nourriture.

    - Ta mère ne sera pas ravie de savoir que tu grignotes la nuit.

Scorpius sursauta. Son père se tenait derrière lui, dans l'embrasure de la porte. Pendant quelques instants, ils ne surent quoi dire, ni l'un ni l'autre. Le jeune homme en savait assez sur le passé de Drago pour se douter que ce qu'il avait dit plus tôt sur les erreurs de Lucius pouvait aussi s'appliquer à lui.

    - Je peux me joindre à toi ?

Scorpius s'empara d'une autre fourchette et la lui tendit pour toute réponse. Son père le rejoignit et s'accouda à son tour, face à lui. De près, on pouvait déceler les signes de fatigue et de lassitude qui tannaient son visage.

    - Papa... ? Je suis désolé si je t'ai blessé tout à l'heure, finit par murmurer Scorpius en brisant le silence.

Drago continua à taquiner le morceau de pomme fondant qui transperçait le moelleux de la pâte pendant quelques instants.

    - Ton grand-père me disait toujours qu'un Malefoy ne s'excuse jamais.

Irrité que Lucius fasse irruption dans leur discussion, Scorpius contracta la mâchoire. Drago lui jeta un coup d'œil et remarqua sa contrariété. Il eut un petit sourire en coin.

    - Mais c'est une version un peu désuète des Malefoy, tu ne crois pas ?

Le jeune homme acquiesça et enfourna une nouvelle bouchée de gâteau.

    - Tu ne m'as pas blessé. C'est seulement... douloureux de repenser à cette époque.

    - Est-ce que... est-ce que le fait que je sois ami avec Albus et Rose te... dérange ?

Il s'abstint de préciser que la seule amitié ne suffisait pas à qualifier ce que représentait la jeune fille pour lui. Son père eut un rire sans joie.

    - Je n'ai pas été particulièrement ravi quand j'ai appris que ton meilleur ami était le fils de mon ancien rival, avoua-t-il. Mais non, cela ne me dérange pas. Les choses ont changé.

Espérant en apprendre plus, Scorpius ne pipa mot. Il n'osait plus bouger de peur de rompre cette bulle propice aux confidences. Lorsqu'on était ainsi à l'abri du monde extérieur, à partager une gourmandise à la faveur de la nuit, les langues se déliaient plus facilement. Comme si les étoiles avaient le pouvoir de renforcer les sentiments de sécurité et de confiance. Drago poussa un soupir.

    - Qu'est-ce que nous sommes en train de manger, au fait ?

Les épaules de Scorpius se relâchèrent, déçu. Le moment s'était déjà envolé.

    - Un gâteau de Molly Weasley.

    - Merlin...

À nouveau, Drago eut un petit rire, cette fois teinté d'une certaine... nervosité ?

    - Si j'avais imaginé cela à ton âge...

    - ...tu peux m'en parler ? demanda Scorpius avec hésitation. De ton adolescence ? De la guerre ?

Père et fils échangèrent un regard. Scorpius redouta d'avoir été indiscret et s'attendit à essuyer un refus net.

    - ...je n'ai pas le beau rôle dans cette histoire, Scorpius. Tu risques de ne plus jamais me voir de la même façon, avertit Drago, résigné comme s'il s'attendait à cette question depuis longtemps.

    - Papa, je sais déjà que cette histoire ne me plaira pas. Mais... j'ai besoin d'en avoir le cœur net, d'arrêter d'imaginer ce que tu as fait ou pas fait. Tu seras toujours mon père, et puis, comme tu l'as dit... les choses ont changé.

Drago soupesa les mots de Scorpius quelques minutes. Puis il lui raconta. Tout. Il retraça son enfance dorée, ses parents qui le choyaient, son arrogance, la rencontre avec Harry Potter et son entrée à Poudlard, l'animosité entre lui et le trio que formaient Harry, Ron et Hermione. Il lui relata son dégoût pour les nés-moldus, sa croyance en la pureté du sang, son admiration sans borne pour son père et sa fascination pour la magie noire. Il lui rapporta le retour de Voldemort, la déchéance de Lucius, la Marque des Ténèbres souillant son bras, sa mission de tuer Albus Dumbledore et la sensation d'être piégé entre les griffes du mage. Il évoqua le manoir transformé en quartier général des mangemorts, la communauté sorcière sous le joug du Seigneur des Ténèbres, la traque pour trouver Harry Potter, la capture du trio et la torture d'Hermione. Il narra la bataille de Poudlard, son vieil ennemi le sauvant de la mort avant d'y succomber lui-même, puis sa « résurrection » et la fin de la guerre. Tout.

Il parla pendant des heures et Scorpius sentit son cœur faire des embardées, ses entrailles se contorsionner, sa respiration se bloquer. Mais il écouta, tout. Et quand Drago acheva son récit, que le ciel s'éclaira lentement sur un jour nouveau, Scorpius vint l'enlacer et son père referma ses bras autour de lui.

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