19. Tighten up - The Black Keys
Hello tout le monde!
On arrive à des chapitres que j'adore \o/
Celui-ci fait un peu office de "transition" avant le 20 et 21 que j'ai particulièrement aimé écrire ! Je sais que je me répète mais... je me régale tellement avec vos réactions, elles me font tellement plaisir, alors encore une fois un IMMENSE MERCI du fond du coeur ! Enjoy ♥
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Scorpius avait toujours besoin d'un temps d'adaptation lorsqu'il rentrait au manoir pour les vacances. Le rythme de vie y était tellement différent. À Poudlard, il était cerné d'autres étudiants, de sorte que même lorsqu'Albus n'était pas avec lui, il n'était jamais complètement seul. Tandis que chez lui, dans cette immense demeure, le silence aspirait à l'étouffer. Non qu'il n'aime pas le manoir, au contraire, il avait été le royaume de son enfance, simplement, la différence entre ses deux maisons le déroutait toujours autant.
Les vacances de Pâques avaient commencé depuis quelques jours. Scorpius avait déjà dû participer à trois dîners d'affaire de son père et sa tante Daphné était venu leur rendre visite. Il partageait le reste de son temps entre ses révisions et le Ministère, où Drago continuait de l'emmener pour rencontrer des personnalités politiques. Mais ce qu'il attendait avec un mélange d'impatience et de nervosité, c'était de découvrir le Terrier.
Le lendemain de son retour au domaine Malefoy, il avait reçu une lettre d'Albus l'invitant à venir en fin de semaine pour une partie de Quidditch. Son oncle Charlie était rentré en Angleterre pour quelque temps et ne cessait de tanner sa famille pour organiser un match. Hugo avait déjà proposé à son ami Oliver de se joindre à eux.
- Chez les Weasley ?
- Pour jouer au Quidditch, avait acquiescé Scorpius.
Le jeune homme avait attendu d'être attablé le soir avec ses parents pour leur demander l'autorisation de s'y rendre. Toute la journée, il s'était demandé comment il allait leur poser la question.
- Et qui y aura-t-il ?
- Al, son frère et sa sœur, j'imagine. Hum Rose et Hugo aussi, sûrement. Son oncle, Charlie. Ses grands-parents. Je ne sais pas, sa famille.
Scorpius avait bien vu que l'idée n'enchantait pas son père. Vingt ans avaient passé, un respect poli avait succédé à la rancœur, pour autant, il persistait à rechigner à le laisser avec la famille Weasley-Potter. Il fallait toujours à Scorpius toute sa force de persuasion pour voir Albus pendant les vacances estivales, et à chaque fois, Drago avait insisté pour que ce soit son ami qui vienne au manoir, et non l'inverse.
- Je ne sais pas, Scorpius... tu peux les voir tous les jours à Poudlard, et tu viens de rentrer, je pensais que nous...
Scorpius s'était apprêté à protester, quand Astoria lui avait lancé un regard lui intimant la patience. Elle avait ensuite posé la main sur celle de son mari.
- Drago... c'est seulement une après-midi. Laissons-le profiter.
Le couple avait échangé un long regard. Scorpius n'avait pas su interpréter tout qui passait à travers celui-ci, mais il avait eu le sentiment que ce n'était pas la première fois qu'ils avaient cette discussion.
- Bon, très bien... avait finalement abdiqué son père.
Il avait eu du mal à contenir sa joie. Avec un large sourire, il les avait remerciés et avait tranquillement terminé son dessert, mais lorsqu'il avait pu quitter la table, il s'était précipité pour écrire à son meilleur ami.
Le vendredi, il se réveilla tôt. Comme le matin du 1er septembre, il resta allongé, à contempler pensivement le plafond au-dessus de lui. Entre la sortie de Pré-au-Lard et les vacances, il lui avait semblé que Rose cherchait doucement à renouer avec lui. Ils ne s'étaient plus isolés en tête-à-tête dans une classe vide, mais il l'avait notamment rejoint à plusieurs reprises à la bibliothèque pour faire leurs devoirs. Albus et Hugo était venu quelques fois et ce dernier l'avait ridiculisé aux échecs pendant qu'elle travaillait. Il avait également eu la mauvaise surprise de voir Adrien rôder dans les parages et pousser parfois le vice à s'asseoir avec eux. Dans ces moments-là, le préfet-en-chef se montrait aimable avec lui, mais déployait surtout des trésors pour parler et rire avec Rose. Leurs échanges étaient toujours simples, mais Scorpius n'était pas dupe sur les intentions du jeune homme. Bien que l'envie de céder à ses bas-instincts le démange toujours plus, il se refusait à jouer le mâle dominant. Il se réconfortait plutôt avec les quelques regards que Rose avait posés sur lui et qu'il avait surpris.
Il était décidé à se préserver autant que possible. Il s'appliquait à ne pas laisser ses yeux couler vers ses lèvres ou à admirer les reflets auburn de ses cheveux, à ne pas la taquiner ou à se lancer dans une joute verbale. Il s'imposait une limite, et surtout, il se forçait à ne pas flirter avec cette limite. C'était à Rose de décider si elle voulait la franchir ou non.
Et le voilà qui allait débarquer dans sa famille. Scorpius ignorait comment Rose avait pris la nouvelle de sa venue. Peut-être Albus le lui avait-il caché. Merlin, les parents de la jeune fille seraient-ils présents ? Il avait beaucoup apprécié rencontrer Hermione, et pas uniquement à cause du comique de la situation. Mais de là à aller dans le fief des Weasley...
Il se redressa brusquement dans son lit. S'il commençait à trop y réfléchir, il allait se dégonfler.
- Tu m'as l'air bien agité, Scorpius.
- Je ne suis pas...
Il se rendit compte trop tard que sa jambe tressautait fébrilement. Ses mains étaient moites et il relisait la même phrase depuis cinq minutes. Sa mère lui lança un regard entendu par-dessus les lunettes qu'elle enfilait pour lire. Ils étaient tous les deux dans le salon, assis près de l'imposante cheminée gravée des armoiries des Malefoy. C'était une grande pièce qui avait autrefois servi de salle de réception. Après leur mariage, Astoria avait demandé à Drago si elle pouvait redécorer le manoir sans que cela ne les heurte, lui et ses parents. Drago lui avait répondu qu'elle pouvait tout changer et l'avait même encouragé à le faire. À présent, c'était presque s'il ne restait plus que le parquet en bois foncé de chêne qui soit d'origine. Elle avait commencé par enlever les lourdes tentures d'un profond améthyste qui assombrissaient les murs. Pour border les fenêtres, elle avait choisi d'épais rideaux vert bouteille en l'honneur de la maison Serpentard, ouverts en permanence pour laisser entrer la lumière. Tout en restant dans le raffinement et la noblesse, mais en le dépouillant de son austérité, elle avait continué ainsi à transformer le domaine. Lucius avait grincé des dents, mais Narcissa avait assuré à sa belle-fille qu'elle avait eu raison. Trop de souvenirs douloureux survivaient en ces murs.
- Je croyais que tu étais enthousiaste à l'idée de passer l'après-midi avec ton ami ?
Un pli soucieux barrait le front d'Astoria.
- Je le suis ! s'empressa de la rassurer Scorpius.
- Mais ?
- Rien, tout va bien.
Astoria étudia le visage de son fils pendant de longues secondes. Elle ôta ses lunettes, referma le journal qu'elle lisait et posa le tout sur la table basse. Croisant élégamment les chevilles, posant les mains sur ses genoux, elle concentra toute son attention sur lui.
- Scorpius... Je me rends compte que nous ne parlons jamais de ce que tu ressens. Et même si tu ne t'en plains pas, je sais que tu préférerais qu'il en soit autrement. Que nous puissions tout nous dire sans peser nos mots, sans qu'il n'y ait de distance entre nous.
Il referma son propre volume d'Histoire de la Magie, mais ne répondit rien.
- Il faut que tu comprennes... Ton père et moi, nous avons été élevés selon des règles très strictes qui limitaient l'intimité. C'était un autre temps, et nous n'avons pas souhaité réitérer ce schéma avec toi, mais il est encore... difficile de nous exprimer sur nos sentiments. Surtout ton père.
- Je sais, maman. Vraiment. Et je ne vous en veux pas.
Les yeux de sa mère brillèrent.
- Je suis très fière de toi, tu sais. Tu seras un grand sorcier et tu as déjà commencé à rendre sa dignité au nom Malefoy.
La gorge de Scorpius se serra. Astoria ne lui avait plus parlé ainsi, à cœur ouvert, depuis ses onze ans.
- Merci, maman, souffla-t-il.
- Maintenant, raconte-moi. Pourquoi es-tu nerveux ?
Elle lui fit signe de la rejoindre sur le canapé qu'elle occupait. Il lui restait encore une heure avant que le portoloin qu'avait réussi à affréter son père pour lui ne parte pour Loutry Ste Chaspoule. Il se leva lentement pour aller s'asseoir près d'Astoria. Longtemps, il avait déploré le fait de ne pas pouvoir parler facilement de tout et de rien avec ses parents. Mais maintenant qu'il en avait l'occasion, il en était autant intimidé que d'aller au Terrier.
- Tu te souviens de Rose ?
***
Elle s'étrangla avec son jus de citrouille quand Albus lui dit que Scorpius venait l'après-midi même. Son cousin tapa dans son dos avec sollicitude pendant qu'elle toussait.
- On sait très bien comment tu aurais réagi si on te l'avait dit plus tôt, poursuivit-il, profitant qu'elle soit trop occupée à dégager ses voies respiratoires pour pouvoir l'incendier.
Rose réussit à reprendre une longue gorgée de jus pour apaiser sa gorge. Albus comprit que le temps qu'il lui était imparti touchait à sa fin.
- D'ailleurs, il va plus tarder, faut que j'aille le chercher à la colline de Têtafouine. À toute, cousine adorée !
Il fila en chantonnant ces derniers mots. Rose, à nouveau en mesure d'aligner deux mots, se précipita à la porte.
- Al ! Albus Severus Potter !!!
Son cousin avait déjà décampé en riant.
- Tout va bien, ma chérie ?
La voix de sa grand-mère lui parvint du living-room. Elle retourna à l'intérieur, fulminante. Après avoir traversé la cuisine au pas de charge, elle passa en coup de vent devant Molly et Charlie, et monta quatre à quatre les escaliers.
- Je vais lui faire sa peau... marmonna-t-elle.
Ils la regardèrent passer, les sourcils haussés et un petit sourire amusé aux lèvres. Rose ne s'arrêta qu'au cinquième étage, où se trouvait l'ancienne chambre de son père. Ouvrant la porte sans frapper, elle se planta dans l'embrasure, poings sur les hanches, dans une position qui n'était pas sans rappeler la matriarche Weasley dans ses mauvais jours.
- Tu savais ? attaqua-t-elle.
Hugo et Oliver sursautèrent. Le premier leva des yeux écarquillés vers sa sœur tandis que le second se faisait copieusement arroser par ses Bavboules.
- Savais quoi ? demanda Hugo, apeuré.
- Que Scorpius venait aujourd'hui.
- Hein ? Mais non !
La jeune fille plissa les yeux en le dévisageant.
- J'en savais rien ! jura-t-il.
De son côté, sous l'indifférence totale des deux autres, le pauvre Oliver grimaçait en essuyant le liquide pestilentiel qui maculait son visage. Rose estima que son petit frère lui disait la vérité.
- Ouais, ben, Albus l'a invité, bougonna-t-elle.
La bouche de Hugo dessina un sourire en coin. Elle leva les yeux au ciel et se détourna pour dévaler les étages dans l'autre sens.
- La porte !!
Elle ignora superbement la plainte d'Hugo et lorsqu'elle arriva sur le palier du premier, elle marqua un temps d'hésitation avant de s'engouffrer dans la salle de bains. Elle fit face au miroir. C'était une chose de voir Scorpius à Poudlard, où tous les élèves portaient un uniforme et vivaient dans un espace partagé. C'en était une autre de le voir débarquer ici, dans cette maison familiale qui l'avait vu grandir. C'était tellement... personnel. Rose comprenait pourquoi Albus ne l'avait pas prévenu avant. Elle aurait paniqué comme elle savait si bien le faire dès qu'il s'agissait de Scorpius.
Elle s'appuya des deux mains à l'évier en exhalant un long soupir, espérant ainsi se débarrasser de son appréhension. Les paroles de sa mère lui revinrent à l'esprit. Parfois le courage, c'était accepter d'être vulnérable... Un frisson parcourut son échine. Elle se lava les mains, aspergea d'eau son visage et observa son reflet. Comment ne pas être effrayée par tout ce qu'il provoquait en elle ? Comment lâcher prise ?
Secouant la tête, elle sortit et alla rejoindre son grand-père dans son atelier. C'était un vaste garage, mais il était tellement encombré qu'il fallait surveiller où on posait son pied sous peine de finir les quatre fers en l'air ou d'être enseveli sous une montagne d'objets, voire les deux. À dire vrai, l'atelier aurait plus mérité l'appellation décharge et Arthur Weasley encourageait vivement son épouse à ne pas s'y aventurer. Quelques vieux pneus gisaient au sol, prêts à happer les chevilles des malheureux inattentifs. Toute une collection de vis, boulons, clous, trombones étaient éparpillés un peu partout, près d'un toaster fumant, un aspirateur asthmatique ou une radio beuglante. Le sorcier avait même dégoté une machine à laver, qui, à force d'être trifouillé et envoûté, attaquait toute personne l'approchant par d'inépuisables crachats de chaussettes sales. Rose en était venue à se demander si par un quelconque tour de magie, toutes les chaussettes célibataires et perdues des moldus n'atterrissaient pas dans cet engin agressif.
La jeune fille débusqua son grand-père tout au fond du garage. L'espace y était à peu près dégagé. Il se tenait devant un large établi en bois. Plusieurs traces de brûlures et de griffures témoignaient de ses nombreux bricolages. La table de travail était à peine moins surchargée, mais on distinguait tout de même deux surfaces relativement libres. C'était là qu'Arthur et Rose travaillaient. Car bien entendu, son envie de devenir technicienne en adaptations moldues ne venait pas de nulle part. Elle avait très tôt assisté aux expérimentations de son grand-père jusqu'à pouvoir y participer. Elle déplorait d'ailleurs depuis de longues années de ne pas avoir connu la Ford Anglia volante.
- Tu as trouvé une solution ?
Conformément à ce que lui avait annoncé Molly dans sa lettre, Arthur avait déniché un robot cuiseur moldu, et dès qu'elle était rentrée de vacances, elle s'était attelée à démonter la machine avec lui. Après en avoir étudié toutes les pièces, ils l'avaient réassemblé en posant divers sortilèges. Rose n'étant pas encore autorisé à faire de la magie en dehors de l'école, c'était Arthur qui se chargeait de tous les sorts. Ils étaient parvenus à contourner la question de l'électricité, mais s'était ensuite posé le problème de la vitesse, lui-même entraînant une surchauffe de l'appareil. Résultat, soit il court-circuitait, soit l'aliment test était réduit aléatoirement en charpie ou en flaque.
- Non, malheureusement... mais on finira par y arriver ! affirma Arthur avec optimisme.
Il la regarda par-dessus ses lunettes, ses iris du même bleu que Rose brillantes, un sourire chaleureux aux lèvres. Avec l'âge, son crâne s'était encore dégarni et des rides creusaient ses traits.
- Vivement ton anniversaire, ma petite Rosie, tu as la baguette plus sûre que moi.
- Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre.
Il eut un petit gloussement pendant qu'elle se plaçait à côté de lui pour examiner le robot d'un œil critique.
- Je t'ai entendu appeler Albus tout à l'heure... tout va bien ?
Il avait la délicatesse de ne pas relever le ton assassin qu'elle avait employé.
- Ça ira encore mieux quand je lui aurai fait mordre la poussière.
Son grand-père s'esclaffa, mais ils furent coupés par l'appel de Molly dehors.
- Arthur ! Rosie ! Sortez de là, l'ami d'Albus est arrivé !
Rose retint un gémissement plaintif.
- Ah ! Depuis le temps que j'entends parler du petit-fils Malefoy !
Arthur frotta les paumes de ses mains l'une contre l'autre et s'enfonça dans le bric-à-brac d'un pas décidé. Nettement moins pressée, Rose le suivit en traînant les pieds. Elle n'eut aucun mal à reconnaître la voix de Scorpius parmi celles qui lui parvenaient de l'extérieur. Ses entrailles se liquéfièrent, mais elle s'extirpa à son tour de l'atelier.
Merlin, c'était tellement étrange de le voir dans son univers. Son blond polaire tranchait avec les couleurs chaudes du Terrier, parmi toutes ces têtes rousses où se fondait le noir des mèches d'Albus. Ses entrailles étaient brusquement réapparues en l'observant discuter poliment avec sa famille, ses traits ornés d'un petit sourire charmant. Depuis quand ses organes pesaient-ils une tonne ? Et pourquoi s'entortillaient-ils entre eux ?
Scorpius se tourna alors vers elle.
- Salut, Rose.
Elle eut le sentiment que son sourire n'était à présent plus destiné qu'à elle.
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