Assis dans les escaliers menant au grand jardin, Jisung fumait une clope en tenant dans l'autre main une sucette. Il alternait entre les deux pour effacer le goût amer de la cigarette, ça ne le rendait pas meilleur mais ça l'occupait. Il était seul, dans le silence, à l'écart du bruit et du monde, près de la piscine. A un détail près...

Hyunjin était dans la piscine, accompagné d'une blonde à la peau mate. Certainement une fausse blonde, ducoup, supposa Jisung. Ça n'était pas étonnant de les voir se rouler une pelle comme si leur vie en dépendait. Hyunjin était beau, il le savait, il ne s'en plaignait pas, il en jouait et faisait profiter ses admiratrices de sa beauté de plus près, pour qu'on l'aime encore plus. Elle pensait être l'unique à ses yeux, être privilégiée, mais tout le monde allait passer sur le sort de ses lèvres. Cette beauté qu'elle pensait être seule à pouvoir en profiter créait bien des illusions aux naïves nymphes dont elle faisait partie.

Jisung les observait dans son coin sans même avoir l'impression de déranger. Ils n'avaient pas remarqué sa présence, c'était à se demander s'il n'allait pas en voir un des deux se retrouver le cul à moitié à l'air. Ça l'aurait bien fait rire.

Il se perdit un peu dans ses pensées, apportant le bâtonnet de sucette entre ses dents. Il se souvint qu'il n'avait pas vu Seungmin de la journée, il se demandait toujours si ça allait. Il n'avait pas pu aller le voir dans sa chambre pour voir s'il y était, tout simplement parce qu'elles étaient beaucoup trop nombreuses et qu'il ne savait pas où il se trouvait, même ceux qu'il connaissait. Jisung se demandait où est-ce que son ami était passé hier soir, il n'avait pas pu le retrouver après qu'il soit parti boire un verre car il s'était évanoui dans un coin de la pièce après avoir encore abusé de ses substances.

— Une cigarette et une sucette en même temps ? fit une voix juste derrière lui en ouvrant la porte fenêtre.

C'était Minho, qui se tenait à côté de lui, refermant la forme derrière lui. Ca aurait pu être n'importe qui d'autre, mais non, il fallut que ce soit lui.

— Tu veux une des deux ? demanda simplement Jisung, comme si sa présence ne lui avait fait ni chaud ni froid alors qu'il n'avait aucune envie de le voir.

Il hocha de la tête et saisit le mégot de cigarette en s'asseyant à ses côtés.

— J'ai perdu mon paquet de clopes en plus, on a dû me le voler.

Jisung regretta un peu de lui avoir proposé sa cigarette, il aurait pu extérioriser un peu et peut-être même réussi à le supporter s'il l'avait gardé. Il prit la gourmandise entre les dents et continua d'observer au loin, en direction des deux tourtereaux qui allaient finir par se noyer s'ils continuaient.

Il détestait la présence de Minho à côté de lui. Il le hantait déjà suffisamment quand il n'était pas là, c'était à croire que le coup de la veille n'avait pas suffit pour lui montrer qu'il pouvait s'amuser sans lui. En plus de ça, c'était comme s'il le narguait avec sa cigarette en laissant la fumée aller dans ses narines comme pour en rajouter un couche. S'il avait eu le cran, il lui aurait arraché des lèvres et se serait cassé en courant. Mais quelque chose le retenait. Peut-être les deux affamés en face, il ne voudrait pas rater le moment où un des deux boirait enfin la tasse et les ferait comprendre que ça n'était pas le meilleur endroit pour ce genre de chose.

— Ça fait un bail.

Évidemment, fallait qu'il l'ouvre. Minho, il l'a fermait jamais quand on en avait besoin. Jisung en avait constamment besoin, mais il le faisait constamment chier. Peut-être étais-ce pour ça que tous les deux ça n'avait pas duré aussi longtemps qu'ils l'avaient prévu.

— Pas tellement, murmura-t-il sans se tourner vers lui, les yeux perdus au loin, sans même cligner, on s'est vu à ton mariage.

— C'est vrai. Il le vit se prendre la tête dans la main, du coin de l'œil. Putain, quel bâtard je fais à t'avoir invité.

— Je préfère ça plutôt que si tu me l'avais caché.

— J'y aurais laissé ma peau, confirma-t-il en tirant une taffe, observant au loin comme Jisung.

Au moins Minho était conscient de certaines choses. Il posa sa main sur le genoux de Jisung après avoir dirigé son regard sur sa personne pour attirer son attention. Ça ne fonctionna pas vraiment car ce dernier ne lui adressa pas un regard, depuis qu'il venait d'arriver.

— Je tiens toujours autant à toi, tu sais.

Mensonge. Minho avait cessé de s'intéresser à lui après ses vingt-et-un ans pour ne se préoccuper que de sa famille et de ses biens.

— Hm, si tu tenais vraiment à moi tu aurais tout fait pour éviter ce mariage.

Le ton de Jisung était froid, il avait le bâtonnet entre ses dents serrées et ne lâchait pas du regard Hyunjin qui passait ses mains dans les cheveux brillants de l'inconnue.

— Mes parents m'ont forcé à me marier pour une question d'argent. Je me fiche bien de ma femme tu sais, c'est son argent qui m'intéresse, rien de plus, et c'est pareil de son côté.

Un silence s'installa entre les deux anciens amants, tandis que les mouvements d'eau retentissaient contre les bords de la piscine. Jisung connaissait ce discours comme s'il l'avait entraîné à le réciter, il n'avait plus aucune envie d'écouter sa voix dire quoi que ce soit. Il était plus curieux de savoir ce que se disaient les deux dans la piscine.

— Jisung, tu sais que je pourrais mourir pour toi... résonna de nouveau la voix irritante de Minho qui prononçait pourtant ses mots avec douceur. Mais c'est juste pas possible toi et moi. Mon avenir a toujours été tracé par l'argent, ça marche comme ça ici, je pouvais pas me contenter de rester avec toi comme un con à gâcher les attentes de ma famille.

— Tes propos sont contradictoires à en mourir, répondit-il d'un ton moins indifférent, sa colère se faisant ressentir à travers sa voix, arrête de raconter de la merde, je m'en fous bien de ta famille et tu devrais faire pareil, tu sais très bien que c'est des hypocrites.

— Eh Ji, Minho saisit son menton de sa main libre comme pour le canaliser, j'te promet qu'une fois qu'on aura récupéré un maximum de biens je retournerai vers toi.

Jisung retira sa main violemment et lui lança un regard noir comme Minho avait pris l'habitude de voir, le seul qu'il lui lançait.

— C'est faux, tu ne reviendras jamais, parce que t'en voudra toujours plus. Une fois qu'ils auront récupéré l'argent, ils le garderont pour eux alors que t'auras tout fait, même m'abandonner, pour le garder pour toi. Je te connais plus que tu ne le penses, Minho, j'ai compris depuis longtemps ta cupidité.

Le ton déchirant employé par Jisung au bord des larmes calma la confiance de Minho à ce sujet. Il baissa la tête, soufflant la fumée de la cigarette en silence.

— C'est vrai j'en voudrais toujours plus, mais je vais bien finir par m'en lasser, et à ce moment-là je reviendrai.

Jisung se rapprocha de lui comme pour le défier, une colère incontrôlable se lisant sur son visage.

— Mais peut-être que ce sera trop tard, que ça l'est, que moi je me lasse de toi à force de t'attendre.

— Non, rien n'est trop tard, je te le promets.

Un silence s'installa, Jisung se calma lorsque Minho lui tendit son petit doigts. Le regard insistant qu'il lui lançait signifiait qu'il attendait une réponse de sa part. Jisung tendit son petit doigt à son tour. Il n'y croyait pas à sa promesse, il ne voulait plus y croire. Il jouait les naïfs pour pouvoir le briser à son tour durant le séjour, il trouverait bien un moyen.

Leurs petits doigts s'enlacèrent doucement comme une forme de serment. Serment qu'ils savaient tous les deux faux, mais qu'ils ne voulaient peut-être pas s'avouer, qu'ils auraient aimé être vrai il y a quelques années.

— Je t'aime, Jisung.

Minho avait prononcé ces mots si rares et qui semblaient si peu sincères en le transperçant du regard. Jisung ne répondit pas, il se contenta de la fixer aussi, leurs doigts toujours enlacés.

Leurs corps se rapprochèrent naturellement. Leurs regards pourtant si intenses n'échangeaient pas de sentiments passionnés, ils ne les échangeaient plus. Minho se pencha légèrement, Jisung le laissa se rapprocher de son visage, il crut l'avoir fait aussi. Et comme si cela avait été inévitable, leurs lèvres se rencontrèrent.

Et ça faisait si longtemps cette douceur. Elle était devenue une façade, une illusion. Jisung s'était longtemps contenté de ces illusions jusqu'au jour où il avait compris la vérité.

Au fur et à mesure de leur échange, leurs mains ne se dérangèrent pas à passer par-ci, par-là. Minho en posa une sur la cuisse de Jisung pour s'en rapprocher davantage, ce dernier entoura son cou de ses bras pour ne pas le lâcher ou ne lui laisser une seconde de répit. Il eut l'impression que tous leurs moments défilaient, depuis leur rencontre, jusqu'au drame. Il se ressassait leur amour qui était devenu haine, le Minho du début qui avait tant changé. C'était comme s'il attaquait les lèvres de Minho pour lui faire comprendre sa douleur à ce moment-là. Il martyrisait sa lèvre inférieure, le maintenait fortement entre ses bras. Ça n'avait rien d'un baiser doux, d'un baiser fiévreux, on aurait plus dit une dispute sans mots, un combat sans affrontement. Ça n'était qu'affligeant pour les deux amants d'antan et déchirant pour leurs cœurs qui ne battaient plus comme au tout début. Comment est-ce que tout ça était arrivé ? Tout s'était déroulé tellement vite, il n'avait pas eu le temps d'en profiter, ils avaient tant encore à partager.

— Je t'ai tant manqué que ça ? ironisa Minho en un murmure entre ses lèvres, la voix presque essoufflée.

Tout ça n'avait plus aucune importance. C'était fini. Ça ne pouvait se reconstruire, il ne voulait pas de toute façon. Il voudrait détruire ces souvenirs, tout oublier, brûler sa présence comme sur une photo.

— Je sais que tu ne reviendras pas...En réalité, il est déjà trop tard, Lee Minho. Je préfère t'embrasser comme si c'était la dernière fois, car ça doit l'être, et me fixer pour de bon.

Leurs lèvres s'abandonnèrent comme l'avaient fait leur cœurs. Ils se regardèrent un petit moment sans dire un mot, regrettant sûrement ce qu'ils venaient de faire. Jisung ne supporta pas davantage sa présence, il reprit la cigarette, la cala entre les lèvres et repartit à l'intérieur. Il allait certainement se coucher, c'était généralement ce qu'il faisait après avoir pris l'air. Minho resta seul sur les escaliers dans la piscine, et remarqua pour la première fois depuis le début Hyunjin et sa nouvelle inconnue. Ils n'avaient pas bougé, comme si le temps s'était mis en pause durant sa discussion avec Jisung. Ainsi, ils semblaient avoir fini par échanger les rôles. Car Minho avait l'impression de retomber et Jisung semblait plus déterminé que jamais à l'oublier. 

***

Petit chapitre un peu transition, je l'aime pas vraiment...les autres sont tellement plus longs que j'ai l'impression que celui-là est nul et trop bâclé ahi

C'était les petites histoires du businessman et un hopeless romantic.