•| 2|| Ange ou démon ?
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Bonne lecture 🖋️✨
🍀
J'ouvre les yeux et une nouvelle dimension semble s'offrir à moi. La beauté disparaît, la liberté avec, et soudain, autour de moi, le gris transperce mon âme et salit mon environnement, mon espace personnel : il y a quelques jours, nous avons quitté les îles pour cette nouvelle ville terne, qui me paraît bien triste. Il faut bien que je me dépêche de retrouver ma bonne humeur, car demain, je rentre dans mon nouveau lycée, et je me dois de faire bonne impression. Pour l'honneur de mes parents, principalement, ensuite pour moi.
- Théodora ! hurle Matty depuis la pièce voisine. Va faire un tour, je t'ai aperçue tout à l'heure, tu es pâle comme un cadavre !
Je soupire et laisse tomber mon journal intime sur mon visage, le stylo pailleté à côté de mon visage. Je sais qu'elle a raison, et c'est ce qui m'énerve au plus haut point.
Mes pas me guident vers la fenêtre parfaitement lavée et mon regard balaie l'extérieur : la toiture du garage un mètre sous la balustrade me permet de me faufiler dehors en douce sans problèmes ; mais aucun de mes parents ne s'est posé de questions en m'attribuant cette chambre, tant mieux, j'ai envie de dire.
Je sautille en fredonnant une mélodie, ma jambe effectuant un arc-de-cercle autour de la pièce, puis je m'échoue en grand écart sur le tapis rose, les bras levés en guise de salut. Je suis fière de la petite prestation que je viens de donner, un sourire s'esquisse sur mon visage de zombie épuisé.
Une écharpe jetée autour de mon cou, des talons enfilés à mes pieds et je me jette dans le froid - je ne me suis toujours pas habituée à la différence de température entre mon ancienne maison et celle-ci, qui est considérable. La rue est bétonnée, des pavillons élégants sont parfaitement alignés les uns contre les autres tout autour de moi, ce qui change énormément de notre ancienne demeure aux Caraïbes : ici, on est beaucoup plus serrés, et étrangement, mes parents ne se sont pas décidés à étaler leur richesse dans cette nouvelle vie. Ils doivent être sur un nouveau coup, et comptent craquer les codes après notre arrivée pour que tous s'en rendent compte. Je soupire, et chasse mes pensées : ça ne sert à rien d'y songer, et ça m'embrouille plus qu'autre chose.
Le carnet rose pailleté est calé sous mon coude, et j'avance d'un pas pressé dans la rue étrangement vide, bien décidée à m'aventurer aux alentours pour trouver un supermarché. Un coup d'œil jeté à la voûte céleste, et je me donne quarante bonnes minutes avant de faire demi-tour, afin de rentrer avant la nuit tombée.
- Je vous déteste, je vous déteste, je vous déteste, je grommelle intérieurement en accélérant vers un parc pour enfants déserté de tout occupant.
Si seulement mes parents arrêtaient une fois au moins de nous trimballer, Haron, Norah et moi, de ville en ville pour des affaires... surtout qu'on ne les voit jamais, nous vivons uniquement avec Matty et les quelques employés de la maison - qui, pour la plupart, sont restés dans les îles. Seule la gouvernante nous a suivi cette fois.
Je m'assois sur la balançoire et m'envole, mais je ne vois pas la lumière d'un centre commercial aux alentours. Chiotte.
Le carnet m'échappe et s'écrase sur le sol, je bondis pour le rattraper et ranger les feuillets qui s'en sont échappés rapidement, je ne veux pas qu'on me voie au sol en train de trifouiller quelque chose, ça peut paraître étrange. Je le glisse dans ma sacoche après un regard aux alentours et continue mon chemin.
De la lumière en quantité me guide vers une boulangerie de coin de rue, je m'achète un pain au chocolat avant de m'échapper par les portes coulissantes sous le regard intrigué de la vendeuse. Alors que je tourne dans une ruelle non éclairée, je suis interrompue par des chuchotis s'élevant de plus en plus fort. Le ton monte, les deux personnes - une fille et un garçon, d'après leurs intonations - finissent par se hurler mutuellement dessus, le jeune homme accusant l'autre de l'avoir mis dans la merde avec la police.
Mon sac plaqué contre ma poitrine et mon écharpe calée sous le menton, je penche la tête pour tenter d'apercevoir leurs visages : elle a les cheveux blond vénitien qui resplendissent et un air mi-amusé mi-provocateur plaqué comme un masque mal collé sur son visage de poupée. Moi qui porte le même genre, je sais qu'en-dessous, elle est terrifiée.
L'autre est un rouquin, des lunettes de soleil hors-de-prix perchées sur le bout du nez malgré la luminosité fort basse, et je distingue quelque chose coincé entre ses dents, qu'il roule entre ses molaires. Si mon cœur ne battait pas de crainte de me faire prendre en train de les observer, j'avouerais que sa beauté peut en surprendre quelques uns. Le genre d'attirance naturelle, son charisme pourrait même exciter mon palpitant. Mais ce n'est pas le cas, pas maintenant. Pas alors que la police est prise en compte.
- Qu'est-ce que tu regardes, toi ?
Je sursaute, relève les yeux, et constate qu'ils me contemplent tous les deux, comme deux anges dans le noir - ou deux diables, je n'en suis pas encore sûre.
- Rien, je..., je bredouille en m'apprêtant à partir en courant, avant de me rappeler que je porte mes talons favoris. J'allais partir, j'ajoute sous son regard à la fois circonspect et tranchant.
La blonde s'enfuit de l'autre côté de la rue, je n'ai pas le temps de croiser son regard apeuré, car l'autre s'approche déjà, me plaquant le dos contre le mur en briques. Ma respiration se bloque et mon sac s'écrase au sol à mes pieds, alors que mon rythme cardiaque doit sûrement doubler. Ses mains se calent de chaque côté de ma tête et il colle sa bouche à mon oreille pour me murmurer quelques mots.
- Qu'est-ce-que tu as entendu ?
- Ri-, rien, je suffoque, avec une seule et même envie, m'enfuir sur-le-champ comme l'autre fille.
Évidemment, il n'est pas de cet avis.
- J'ai du mal à te faire confiance, la miss, souffle-t-il contre mon oreille, tout près de mon visage.
Il fronce les sourcils et finit par hausser les épaules.
- Tant pis pour moi.
C'est mon tour de prendre une expression teintée d'incompréhension et d'amertume.
- Tu ne m'attaques pas ? Tu ne veux pas me tuer ? je m'étonne.
- Je ne touche pas aux jolies miss, grogne-t-il avant de faire demi-tour en repoussant ses lunettes sur son nez.
Une jolie miss. D'accord, alors ! Bienvenue dans cette nouvelle vie, Théa, je pense avec un ricanement intérieur.
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