•| 19|| Hate u
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Bonne lecture 🖋️✨
🍀
— Je le déteste. Je hais la vie. Je veux disparaître.
Haron me pousse gentiment dans le dos pour m'inciter à continuer mon chemin. Je me remets en marche, m'appuyant sur les foutues béquilles sans lesquelles je ne peux pas me déplacer. Le verdict n'a pas été étonnant vu l'état de ma cheville : elle est cassée et j'en ai pour un mois et demi à supporter le plâtre qui me l'immobilise. Dès la première heure du matin, lorsqu'ils se sont rendu compte que je n'allais pas mourir tout de suite, nos parents sont repartis pour une énième mission quelque part dans le monde, nous laissant seuls à l'hôpital, mon frère et moi.
— Ça va aller ! m'encourage mon frère en m'ouvrant la porte de sa voiture. C'est pas si long, un mois et demi !
— Justement, si ! Je ne vais jamais pouvoir rejoindre le club de danse ! C'est fini pour moi ! me lamenté-je.
Il claque la portière et s'installe au volant, ce qui clôt la discussion, et je comprends que c'est le moment de me taire. J'allume mon téléphone et prévient Luna que j'ai terminé les examens, et qu'on peut se voir cet après-midi si elle passe chez moi, car je n'ai pas la capacité de la rejoindre au parc. Le menton posé dans la paume, je regarde les arbres au bord des rues défiler à toute allure durant la plupart du chemin du retour, le silence total dans la voiture étant perturbant. Mon genou a la bougeotte et même avec tout le self-control du monde, je suis incapable d'empêcher mon hyperactivité de prendre le dessus sur toutes les émotions qui me traversent. Au bout d'une bonne dizaine de minutes de trajet, Haron se racle la gorge et tourne son visage de trois-quarts vers moi.
— Faut que je te parle de quelque chose, Sista, annonce-t-il.
Je lui fais signe de continuer alors que, le visage inexpressif, il reste concentré sur la route. Il fait rouler ses épaules, comme pour en ôter la tension, joue avec ses lèvres puis continue :
— A propos de... ce garçon, là. Lunettor.
Je lève les yeux au ciel, peut-être qu'il va enfin me dire pourquoi il est aussi désagréable avec mon ami lorsqu'il vient me rendre visite. La voiture ralentit pour tourner sur la droite, en direction de la maison. Quand mon frère est stationné, il fait claquer ses mains sur ses cuisses, et finit par poser sa tête sur le volant.
— Vas-y, je t'en prie, dis-moi tout, argué-je de façon un petit peu trop énervée, peut-être.
— Il faut que tu sois assise. C'est compliqué à entendre.
Un haut-le-coeur me secoue la poitrine mais je fais mine de rien, ignorant le goût de bile dans ma bouche. Je veux avoir des réponses.
— Je t'ai toujours dit de te méfier de ton ami, vrai ?
— Oui, j'acquiesce, et je n'ai jamais compris pourquoi.
— Il n'a pas fait qu'une connerie avec Luna Charleston, il lui est arrivé d'autres choses qu'on a découvert suite à un témoignage juste après cette histoire. C'est sa sœur qui l'a dénoncé. Des addictions.
Ma respiration se coupe dans ma gorge. Non. Ce n'est pas possible, pas Brian.
— A la cigarette ? soufflé-je, espérant obtenir une réponse affirmative.
La vie doit avoir envie de s'acharner sur moi, car il secoue la tête d'un air coupable de m'affirmer cela. Lorsque la vérité tombe, je fonds en sanglots, et un souvenir me revient, Brian et moi sur le parvis du lycée, quand on s'est officiellement présentés l'un à l'autre.
« J'ai fait une grosse connerie en obéissant à ma sœur quand elle m'a ordonné de faire du mal à ton amie. Je ne pouvais pas lui dire non, elle me menaçait de révéler quelque chose d'inavouable à nos parents et à la police. Ce qu'elle a fait finalement, parce que c'est une grosse psychopathe. »
Tout s'éclaire.
Je saisis mes béquilles dans une main et sors précipitamment de la voiture, m'exclamant vivement :
— Je dois voir Luna.
Mon journal intime rose pailleté serré contre la poitrine et le corps enroulé dans une couverture douce, je suis avachie sur le canapé du salon de chez Luna. Nous sommes dans les bras l'une de l'autre, et elle est totalement choquée par ce que je viens de lui avouer.
— Je savais que Clémence était complètement folle, mais de là à faire un chantage pareil à Brian ?! J'ai presque du mal à y croire...
J'ouvre le carnet et feuillette les pages pour retrouver la journée en particulier, car j'avais retranscrit notre conversation au mot près. Mon amie se penche par-dessus mon épaule en serrant ses doigts dans les miens pour me donner tout le soutien du monde. À la télévision en face de nous, Le cercle des poètes disparus fait office de fond sonore alors que nous relisons toutes les deux chaque mot inscrit.
— Tu sais, avoue mon amie, j'ai beaucoup réfléchi et énormément parlé avec Apollon et... je te comprends totalement, Théa. Tu savais que Paul me harcelait, avant qu'on se mette ensemble ?
Je secoue la tête.
— En fait, ta liaison avec O'Connor ressemble énormément avec mon passé avec lui. Sauf qu'il ne t'a pas fait du mal à toi, mais à moi, ton amie, donc j'irais presque jusqu'à dire que c'est être moins folle que de tomber amoureuse de la personne qui t'a fait vivre le pire.
— Ce qui compte, c'est qu'il te fait aussi ressentir le meilleur, Lunie. C'est le plus important.
Je prends quelques instants pour considérer ce qu'elle m'a dit, puis je la relance :
— Donc... tu ne m'en veux pas pour ce que j'ai fait ?
Elle nie en pressant mon bras.
— De toute façon... ça ne risque pas de se reproduire. Je ne veux plus lui adresser la parole.
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