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Ma respiration se bloque dans ma gorge et j'échange un regard paniqué avec mon frère et ma sœur, qui comprennent tout de suite ce qui s'écrit dans mon regard.

— Je ne me suis pas blessée à la danse, Matty, soufflé-je, d'ailleurs, je n'ai jamais fait de danse ici, parce que c'est interdit.

— Si elle est tombée, c'est parce qu'elle a..., réfléchit Norah.

— Glissé dans les escaliers au lycée, en étant pressée d'aller manger, termine Haron.

Je leur souris d'un air reconnaissant, et tous deux m'envoient des ondes de rassurement. Notre nourrice hoche lentement la tête, intégrant le mensonge, et finit par sortir pour accueillir notre famille qui ne devrait pas tarder. Ça va aller, Théa.

— On va te laisser, murmure mon frère en entraînant ma cadette par le coude.

Ils s'éclipsent chacun dans leur chambre en m'éteignant la lumière, je termine ma tasse et me réinstalle entre les coussins, ma cheville rouspétant lorsque je m'appuie un peu trop dessus. Les yeux fermés, je laisse couler les dernières larmes qu'il me reste. Plus de danse. J'ai peur d'apprendre dans quel état est ma blessure. Ce n'est pas le moment de me lamenter. Il faut que je sois forte, mes parents arrivent, et comme d'habitude, ils vont chercher à me plomber le moral en me rabaissant.

J'attrape mon téléphone sur ma table de nuit, et consulte mes notifications. 14 appels manqués. Sept de Brian, trois de Luna, et de Nolan et, étonnement, un d'Apollon. Une bonne centaine de messages de chacun d'entre eux.

Brian : Il faut absolument qu'on parle. Je t'en supplie rappelle moi.

J'ignore tous ses messages et passe à ceux de Luna.

Lunie : Je suis désolée de t'avoir snobée, Théa... je veux te voir. Brian nous a dit que tu t'étais blessée... ça va ? Je m'inquiète. Appelle-moi.

Je lui réponds que je vais moyennement bien et l'informe que je ne vais pas pouvoir la voir tout de suite car je dois aller faire des examens.

Nolan : Est-ce que tu vas bien ? Je peux passer te voir ? Je me fais du souci...

Paul : Hello Théa, je sais qu'on ne parle pas beaucoup, mais je voulais t'assurer qu'entre toi et Lù, tout va bien se passer. Elle va mieux, elle veut te voir. Rappelle-la.

Il semble qu'ils se sont tous passés le message, et je suis touchée de voir qu'ils tiennent assez à moi pour s'inquiéter de ma situation. Je sors mon journal intime de sous mon matelas, et laisse glisser mon stylo sur le papier, ce qui me permet de mettre de l'ordre dans mes pensées, et d'évacuer toute la douleur toxique présente dans ma tête. J'écris jusqu'à avoir le poignet courbaturé, à la faible lueur de ma lampe de chevet, critiquant Brian, ses manies, mes sentiments pour lui.

Je m'en veux de lui en vouloir. Mais dans la situation actuelle, c'est la seule chose à faire. Oui, il faut que nous parlions, car je veux savoir ce secret qu'il comptait me dire. Cette chose qui va être dure à entendre. J'ai besoin de savoir en quoi cette révélation consiste. Me retournant sur le matelas avec une grimace, je décide de laisser tomber cette histoire pour aujourd'hui. J'en ai assez entendu parler.

Je mets des écouteurs dans mes oreilles et lance une playlist au hasard, étrangement, le premier titre qui arrive à mes oreilles est End of Beginning de Djo. Les paroles conviennent clairement à mon état sentimental actuel, alors je bascule ma tête en arrière sur les coussins et me laisse entraîner par la mélodie qui résonne dans mon corps entier. Il me semble presque que mon corps pulse au même rythme. Des larmes me montent aux yeux alors que je visualise tous les bons moments que nous avons passé ensemble et je les laisse dégringoler le long de mes joues puis s'échouer dans mon cou, laissant une trainée froide dans leur sillage s'identifiant aux blessures qu'elles causent. Elles ont un goût salé que je ramasse du bout des lèvres, le corps secoué de sanglots silencieux. Je ne veux pas mettre fin à notre lien à cause de cela, je me le refuse, parce que je me suis promis de me battre pour ce garçon. Mais avant de prendre toute décision, il faut que je lui parle, et qu'il me dise quelle est cette chose qu'il me cache.

Lorsque le morceau prend fin, je repose mes écouteurs sur ma table de nuit, juste à temps pour entendre une portière de voiture claquer. Je range précipitamment mon journal intime sous mon matelas mais laisse la lampe de chevet allumée, faisant mine de lire un roman pour donner bonne impression à mes parents lorsqu'ils viendront me chercher. Mon téléphone vibre et je réponds à Haron que tout va bien, mais que j'ai besoin de son aide pour prendre quelques affaires pour pouvoir me changer à l'hôpital. Quelques instants plus tard, il est dans ma chambre, et fourre au hasard des tenues amples que je pourrais mettre afin d'être confortable. Il glisse mon carnet entre un jogging et un sweat-shirt, et me serre dans ses bras.

— T'es en capacité de monter sur mon dos Sista ? lance-t-il en s'asseyant au bord de mon matelas.

J'hésite mais acquiesce, parce que de toute façon je n'ai pas le choix, et m'accroche à lui comme un petit koala, prenant la poche de glace à la main. Ma cheville a encore doublé de volume, et elle la façon dont elle est tordue est de plus en plus tape-à-l'œil avec le temps qui passe.

— Les parents m'ont chargé de t'amener jusqu'à la voiture, explique-t-il. Norah dort mais moi, je t'accompagne.

— Merci..., le remercié-je tout bas en m'agrippant le plus fort possible.

Lorsque j'ai vue sur le salon, après une longue descente des escaliers, j'observe les regards désapprobateurs de mes deux parents, qui me jugent de haut en bas, nous analysant, moi et mon frère, sous toutes les coutures. Derrière eux, Matty nous lance du courage avec les yeux, et ouvre la porte à mon frère pour lui permettre d'aller me poser dans la voiture. Il se serre à côté de moi et ses doigts enlacent les miens lorsque le moteur démarre.

Je ne suis pas seule.