Satanisme
Le musée des Horreurs en diaporama. Voilà ce qui a défilé devant mes yeux au rythme de mon index. Des photos prises à différentes époques, mais qui partageaient toutes le même caractère rituel.
À savoir, de la torture, du cannibalisme, des symboles ésotériques tracés dans le sang, des sacrifiés.
La première série était floue et granuleuse, une numérisation de vieilles photos ou de vieux Polaroïds sans doute. Années 70 ou 80 ? Difficile de le dire avec précision.
Les premiers clichés montraient une femme clouée à une croix inversée entourée d'hommes (ou de femmes ?) vêtus de toges et encapuchonnés, un individu se distinguait, il était torse nu et portait un masque à l'effigie d'un bouc. Où était-ce vraiment sa tête ? Les quelques photos d'après étaient à la limite de l'insupportable et j'ai eu du mal à fixer mon regard sur la série d'images : la victime était découpée vivante à l'aide d'une scie par l'homme-bouc, petit bout par petit bout. Les clichés suivants exposaient les morceaux de la victime jetés dans un lourd chaudron, puis on voyait l'individu cornu faire passer une cuillère à tous ses disciples.
J'ai expiré. J'avais retenu mon souffle pendant le visionnage.
Rose n'était pas loin de la vérité avec son histoire de soupe. Le motard avait aussi parlé d'une secte. Je n'étais pas expert, mais ce que j'avais devant les yeux c'était la pire des formes de sorcellerie : du satanisme.
Fritz n'avait pas prononcé un mot. Il s'était caché la tête derrière la paume de ses mains. Il me faisait de la peine le bougre. C'était un bon gars, sensible et plein d'humour... fauché trop tôt par la Camarde.
La deuxième série de photos semblait plus récente et mettait en scène le même individu, mais dans un environnement différent. La victime était un jeune adolescent crucifié là encore. Pas de découpe et pas de chaudron en revanche : les disciples et l'homme-bouc lui plantaient d'énormes seringues dans le corps et buvaient son sang.
La phrase la Salémite m'est revenue.
J'espère que tu ne la prenais pas pour une sainte, car c'était aussi une belle saloperie, avait-elle dit en parlant de Tante Maé. Se pouvait-il qu'elle ait pris part à ces horreurs ?
Qu'est-ce que ces photos faisaient sur l'ordinateur de son fils ? Et Rose ? Était-elle au courant ? Cela me semblait peu probable vu la réaction qu'elle avait eue dans la cave...
J'ai continué, mais mon doigt était fébrile et montrait des signes de rébellion. Cela n'était pas sain de regarder ces clichés ; de planter ses yeux dans ceux de la dame voilée de noir. Pourtant, il fallait que je poursuive, j'avais besoin de réponses et je pensais en trouver au détour de l'une de ces images sordide. J'espérais juste que cette plongée en apnée dans ces abysses poisseuse n'allait pas se prolonger. Les photos ont continué à s'afficher sur l'écran central. Clic par Clic. Chacune de mes pressions sur le bouton de la souris était de plus en plus pesante et me rapprochait de la cave de mon cousin.
Les formes de sacrifices variaient, mais le rituel finissait toujours de la même façon ; avec l'absorption de la chair, des organes, du sang ou de tout cela à la fois.
À un moment, j'ai senti la nausée se frayer un chemin depuis le creux de mon ventre, remonter le long de mon œsophage et se coincer dans ma gorge. J'ai dû marquer une pause.
Il ne restait plus qu'une série de clichés dans un sous dossier.
J'ai cliqué sur la première image.
Mon sang s'est glacé.
— La maison de Thomas, me suis-je exclamé lorsque j'ai aperçu la vieille maison victorienne et l'érable aux feuilles rouge et or. Le cliché était récent. Un clic droit sur l'image et un coup d'œil aux propriétés du fichier me l'ont confirmé. Cette photo avait été téléchargée hier.
Mon doigt s'est figé sur bouton. Devais-je continuer ? Étais-je prêt à voir ce qui se cachait derrière le voile noir ?
Fritz avait déjà détourné le regard, comme s'il percevait ma tension et anticipait mes émotions.
J'ai fermé les yeux, inspiré, et j'ai cliqué.
Premier cliché.
On voyait les motards attachés et Thomas en forme de semi-bête.
Deuxième cliché.
L'homme à tête de bouc plantait une seringue dans le corps d'une victime.
Troisième.
Thomas déchiquetait la jambe d'un des motards.
Mon doigt a tapoté de plus en plus vite pour passer les photos.
Les scènes de cannibalisme s'enchaînaient.
Je me suis arrêté sur une image ou l'homme-bouc collectait les organes.
J'ai continué plus lentement jusqu'au moment où il les place au centre du pentacle.
Sur celui d'après, j'ai aperçu thomas, nu et couvert de sang. Il fixait l'objectif, je pouvais clairement voir ses yeux bleus consumés par la démence.
J'ai cliqué vite à nouveau afin de passer le moment où il dévorait les organes sous sa forme humaine.
Le dernier cliché montrait l'homme-bouc en train d'ouvrir la boite de fer.
J'ai pesté.
Que s'était-il passé après ?
La sonnerie de mon iPhone nous a fait bondir.
Sur l'écran, le mot « Moustique » était affiché.
Charles. Je l'avais oublié avec cette affaire. J'ai décroché.
— Salut Charles, comment va ?
— Tu te fous de moi j'espère ! Pas que je m'inquiétais, Graziella m'affirmait que tu allais bien, mais quand même, ton éditeur me harcèle depuis deux mois.
Oui... ça, c'était le cadet de mes soucis.
— C'est par pour ça que j'ai appelé. Graziella est dans les parages ?
— Oui et elle me dit : Tu diras à cet enculé de clébard puant que je le maudis sur sept générations.
— Tabarnak qu'elle est vulgaire !
Il pouvait parler lui.
— Je vais t'envoyer un fichier j'ai besoin que vous les analysiez et que vous me donniez votre avis.
Fritz m'a regardé avec des yeux ronds.
— C'est un fantôme comme toi, mais version sorcière, elle va comprendre.
J'ai expédié les fichiers sur la boite mail de Charles et attendu.
— C'est bon ?
— C'est pas hyper joyeux ! Remarque, ça change de tes photos de chatons.
— OK, mais que raconte Grazzie ?
— Elle dit : Bordel de cul, dans quel merdier le cleps s'est fourré. C'est des putains de rituels sataniques ! Le bouc c'est un foutu warlok et les victimes sont des saloperies d'êtres surnaturels. Le warlock absorbe leur puissance et en transmet une partie à ses disciples.
— Intéressant. Quoi d'autre ?
— D'âpres Grazzie, la première est victime est une Wiccan. La deuxième, j'ai pas besoin d'elle pour le deviner : c'est un vampire. Cela se voit à la petite lueur dans le regard.
Comme si j'avais pu porter attention à ce détail ! Charles était aussi froid qu'un médecin légiste.
— Donc nous avons affaire à un Warlock bouffeur d'êtres surnaturels. Mais pourtant le dernier rituel ne colle pas.
— Oui.Grazzie sèche pour celui-là.
Merde. C'était bien ma veine.
— Je sais pas si tu as vu, mais y'a un répertoire caché dans ce que tu m'as envoyé.
Je me suis tourné vers Fritz.
— Crime, désolé, je règle ça.
J'ai cliqué dessus.
Beaucoup de fichiers Word et quelques vieux clichés de Tante Maé et du Chalet.
Et surtout.
Une photo.
Une jeune fille aux yeux verts assise sur les genoux d'un grand gaillard blond.
Rose et Thomas... ensemble.
***
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