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3 - La morgue


Habitué à nos allers et venues, le gardien de la morgue nous laissa entrer sans poser de question. Le bâtiment était entièrement vide à cette heure, mais contrairement à la plupart des gens, ni Holmes, ni moi ne le trouvions particulièrement sinistre.

Tandis que mon détective sortait d'un tiroir la dépouille des victimes, j'allumais toutes les lumières de la pièce, doublant les ampoules électriques par des lampes à gaz, jusqu'à chasser la moindre trace d'ombre. J'agissais toujours ainsi, par crainte que les choses puissent me distraire pendant une opération. Holmes m'avait appris l'importance du moindre détail, après tout.

Le gardien nous apporta du café et s'en alla rapidement en voyant les corps que nous installions sur les tables d'autopsie. Il avait vu des choses plutôt horribles, depuis qu'il travaillait ici, mais je doute qu'il ait été un jour témoin d'une telle boucherie.

— Je ne suis pas certain qu'on puisse réellement parler d'autopsie, lâchai-je, circonspect, en détaillant ce qui restait des corps. Nous n'avons plus grand-chose à ouvrir.

Holmes m'adressa un sourire en coin, amusé, comme toujours, par mes traits d'humour noir.

— Commençons par identifier le nombre de victime, proposai-je, et séparer au mieux leurs membres. J'ai déjà aperçu deux cœurs, je suppose qu'il y en a au moins deux...

Je plissai les yeux, déjà concentré, cherchant à identifier les différents éléments qui se trouvaient devant moi. Mes cours d'anatomies défilaient dans mes pensées, formant des schémas annotés. J'avais toujours eu une excellente mémoire.

— John...

Le nom, prononcé si près de moi, me fit sursauter. Holmes s'était approché. Il avait l'air inquiet.

— John, demanda-t-il en posant une main sur mon bras, que se passe-t-il ? Ne dites pas « rien », je vous connais trop bien. Vous avez reconnu le symbole dessiné par Lestrade et... Vous agissez étrangement depuis. Vous savez quelque chose.

Je posai une main sur la sienne, incapable de trouver quoi lui répondre. L'inquiétude dans son regard s'accentua.

— Vous ne me faites plus confiance ?

— Bien sûr que si ! répondis-je immédiatement, presque malgré moi.

— Alors dites-moi ! insista-t-il en élevant la voix.

Son visage était tout près du mien. Pendant quelques secondes, je me perdis dans son regard, dans sa présence vibrante, lumineuse, si essentielle à mon âme, et je faillis tout lui dire.

Mais quand j'ouvris les lèvres, les mots ne sortirent pas.

Comment expliquer à quelqu'un d'aussi rationnel que lui que je voyais des créatures probablement venues d'un autre monde ? Comment lui raconter ce que j'avais vécu petit, la faute de mon père, les Invocateurs, ma double-vue, la manière dont elle m'avait sauvé sur les champs de bataille... Comment s'attendre à ce qu'il me croit, et ne m'envoie pas simplement à l'asile ?

Et même si, par miracle, il m'offrait le bénéfice du doute... Je ne voulais pas l'entraîner là-dedans, dans toutes ces horreurs et cette obscurité. Holmes était une lumière, et jamais je ne me pardonnerais de la ternir.

— Sherlock, soupirai-je, si je vous cachais vraiment quelque chose, vous l'auriez déjà déduit, non ? Je suis simplement fatigué et ma jambe me fait mal.

— Elle ne vous a pourtant pas gêné sur le trajet.

Ah. Ça m'apprendrait à croire que je pouvais lui mentir aussi facilement.

Je désignai les corps.

— Nous devrions nous mettre au travail, vous ne pensez pas ? Nous n'avons pas beaucoup de temps pour retrouver le meurtrier avant qu'il ne frappe à nouveau.

Il pinça les lèvres et m'observa encore longuement, cherchant vainement à déduire la nature de ce que je lui cachai.

Puis, à ma grande surprise, il prit mon visage entre ses mains et m'embrassa.

Le baiser fut bref, mais je le lui rendis avec ardeur, le cœur battant. J'avais peur, je me sentais coupable de lui mentir, et je l'aimai. Je l'aimai si fort que j'aurai chassé toute l'obscurité du monde pour lui, si j'avais pu.

Il brisa le baiser, remit une mèche de cheveu derrière mon oreille et s'écarta avec un soupir de regret.

— N'oubliez pas que je suis là, John, souffla-t-il. Vous pouvez tout me dire, tout m'avouer, même les choses les plus sombres et les plus honteuses. Je serai toujours de votre côté, quoi qu'il arrive.

Une douce chaleur grandit dans ma poitrine. Je savais qu'il m'aimait aussi, mais il était plutôt réservé sur ses sentiments, et ses déclarations étaient assez rares pour que je les savoure.

Le sourire que je lui offris dut le rassurer, puisqu'il hocha la tête, s'écarta et se frotta les mains.

— Bon, assez parlé, par quoi commençons-nous ?

Holmes et moi travaillions bien ensemble. Nous étions différents, mais nous nous complétions comme deux pièces d'une même machine. Il était observateur à un degré presque surnaturel et il avait une connaissance encyclopédique des armes, des blessures qu'elles infligeaient et des poisons. De mon côté, j'étais studieux, méthodique, et je pratiquais la médecine depuis assez longtemps pour comprendre instinctivement le corps humain. Comme je maniais mieux le scalpel, il me laissait les opérations les plus délicates. Il avait le dernier mot sur les conclusions de l'autopsie et ses implications dans l'enquête, mais nous débattions ensemble de la cause de la mort et des particularités des victimes.

Je n'étais pas son larbin, comme certains l'on crut en lisant le Strand. Nous étions partenaires.

Nous travaillâmes quatre bonnes heures cette nuit-là, seulement interrompus par le gardien, qui venait nous resservir en café. Nous identifiâmes trois victimes, deux femmes et un homme, dont la tête manquait. Aucune drogue ou poison ne semblait avoir été utilisé. Les blessures n'avaient pas été causées par des lames. En fait, la peau et les organes semblaient déchirés, comme écartelés. Mais comment réduisait-on un corps en si petits morceaux ?

De ce qui restait de leurs habits et de quelques détails sur leur corps, Holmes déduits qu'il s'agissait de personnes pauvres, probablement des prostitués, et assez jeunes.

Mais rien de plus.

L'autopsie terminée, je m'assis, exténué, tandis qu'il continuait à tourner autour des corps en réfléchissant, cherchant le moindre détail qui aurait pu lui échapper.

Au bout d'un long moment, il se tourna vers moi et sourit en me voyant bâiller.

— Rentrons à Baker Street, me lança-t-il, vous pourrez vous reposer un peu. Je doute que nous puissions en apprendre plus ici.

— Et vous ?

— Je vais changer d'habits et aller traîner dans Whitechapel. Quelqu'un a peut-être entendu quelque chose et n'a pas voulu en faire part à la police.

Je me levais d'un bon, le cœur battant.

— Je vous accompagne !

Il secoua la tête.

— D'abord, vous tombez de fatigue. Ensuite, vous n'avez jamais su vous déguiser correctement. Vous me serez bien plus utile en vous reposant qu'en dévoilant ma couverture auprès des témoins que j'essaie d'interroger discrètement.

— Mais il est hors de question que je vous laisse vous promener seuls dans Withchapel !

— Watson, rétorqua-t-il sèchement, je suis un grand garçon. Je sais me défendre et je ne compte pas prendre de risques. Ce n'est pas la première fois que je sors sans vous, et ce ne sera pas la dernière.

— Oui, mais...

Mon regard dévia jusqu'aux corps atrocement mutilés. Je revis en mémoire le symbole tracé sur les photographies, et, plus loin dans le temps, celui qui m'avait affligé de ma double-vue. Holmes ne savait pas se défendre contre ces choses-là.

Mais moi, le savais-je mieux ?

En plus, il valait mieux que nous nous séparions, afin que je puisse enquêter de mon côté.

— Mais quoi ? insista mon détective, maintenant plus curieux qu'irrité.

— Rien, soupirai-je. Je suis juste fatigué. Vous avez raison, vous savez ce que vous faites. Rangeons tout cela et rentrons.

Il me dévisagea quelques secondes, les lèvres pincées, devinant encore que je lui cachai quelque chose. Sa frustration était si intense qui je pouvais la sentir irradier de lui, et malgré l'horreur de la situation, je dus retenir un petit sourire. Ce n'était pas si désagréable, pour une fois, d'être celui qui gardait le mystère.

Même si le mystère en question risquait de tous nous tuer.

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