Bonjour,

De retour pour un nouveau chapitre de l'Emprise, je sais que beaucoup d'entre vous attendez la suite et votre patience a été énorme, alors je vous remercie encore une fois, je ne sais quoi dire d'autre à part merci et m'excuser du retard. Ceux qui m'ont découverte au début savent que j'étais très régulière sur mes publications mais bon la vie a pris le dessus et je fais du mieux que je peux.

Attention: Passage violent, âmes sensibles s'abstenir

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- Jade, l'audience a été suspendue, venez.

Je me laisse faire, après mon intervention et le recadrage du juge, je n'ai plus rien écouté du tout, la présence de ma mère m'affecte beaucoup trop. Je n'entends rien, je ne vois rien, je me laisse guider, les mots du procureur raisonnant encore dans mon esprit.

- Jade? Comment tu te sens?

Adam est là, et les mots que je lui ai adressé plus tôt semblent encore présents sur son visage. Je ne sais même pas comment il peut me pardonner, continuellement, il pardonne mes sautes d'humeurs, mes moments moroses, mes nombreux rejets, il me pardonne tout.

- Je ne voulais pas de procès, dis-je. Je n'en voulais pas...

- Tu es innocente, c'est quelques semaines à passer, après tout ça...

- Le jugement n'a pas encore été rendu, et même si je suis déclarée innocente, après tout ça, je ne sais pas qui je retrouverai. Regarde celle que je suis après avoir réussi à quitter la Russie, qu'est-ce qu'il va rester de moi après ça?

Il soupire et s'assoit.

- Adam, ce procès va être horrible, je sais que ta famille est impacté, j'ai entendu ton coup de fil avec ton père...

- Le problème c'est que tu as tellement été habituée à être malheureuse que lorsque le bonheur se présente à toi, tu le rejette, tu me rejette.

Je sais que je le rejette, et il a raison, je ne pense pas mériter le bonheur, je n'y ai pas le droit. Et c'est au delà de Dimitrei ou Andrei, c'était ma mère qui m'avait ancré cette idée à l'esprit. Durant les huit années passées avec elle, elle ne cessait de me répéter que c'était parce que je n'étais pas assez bien, gentille, intelligente, qu'elle me traitait différemment des autres.  Il faut croire qu'elle a réussi à me le faire croire.

- Va t-en alors Adam, je te l'ai demandé plusieurs fois mais tu refuses de m'écouter. Tu as trente huit ans, tu veux des enfants et une vie que je ne pourrai jamais t'offrir, alors va t-en.

Lorsque je prononce ces mots, je le regrette immédiatement mais je ne dis rien de plus.

- Je sais que tu veux partir alors pars, j'ai l'habitude et de toute façon ta présence est difficile à supporter, j'ai l'impression de ne pas pouvoir être celle que je veux. Je dois faire attention à tout ce que je dis, je me retiens, je ne suis pas moi, et puis ta volonté de vouloir prendre soin de moi, me protéger... Andrei et Dimitrei étaient pareils.

- Tu me compares à eux? Je sais ce que tu es en train de faire Jade, et tu sais quoi, aujourd'hui je n'ai plus la force, juste aujourd'hui... Je serai dans la salle d'audience lorsqu'elle reprendra.

Il claque la porte en sortant et je ne peux retenir un sursaut. Etrangement, je me sens soulagée, je suis seule et je serai seule à assumer les conséquences. Mon avocat revient et dépose un sac devant moi.

- Mangez un peu Jade. Vous ne pouvez plus intervenir de la sorte, le juge s'est montré étrangement clément alors que sa réputation le précède! Des choses vont être dites, il va falloir que vous soyez capables de les entendre, fausses ou vraies. Vous comprenez?

- Vous n'êtes pas à ma place, vous ne savez pas ce que la présence de cette femme signifie pour moi, vous ne savez pas ce qu'elle m'a fait subir durant huit ans, je me souviens de tout!

- Et le moment venu, vous aurez la parole, vous pourrez raconter votre histoire, ne vous laissez pas submerger par vos émotions. Et si je peux me le permettre, Adam est... Adam est un ami de plus de trente ans, nous avons grandi ensemble. Il vous aime, il est prêt à tout pour vous, il est sur les nerfs avec tout ce qui se passe, ne soyez pas trop dure avec lui.

- C'est dans son intérêt...

Oui c'est dans son intérêt, il ne sait pas à quel point je suis abimée, il ne sait pas toutes les horreurs que j'ai faites, que Dimitrei n'est pas le seul monstre, il ne sait pas.

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Je restai sans voix alors que Dimitrei s'installa dans ma chambre, prenant le temps d'observer mon intérieur dépourvu de charme.

- Tu as tué mon fils, dit-il en s'installant sur mon canapé.

Il avait raison, j'avais tué mon bébé, mon fils, le sien également. Je savais au fond qu'il ne pouvait pas laisser passer ce crime que j'avais commis, je le savais et son regard en disait long. Son regard était une promesse, aujourd'hui c'était lui ou moi et on savait tous les deux, lorsque nos regards se croisèrent que ça allait être moi.

- Tu te souviens de nos voeux de mariage?

Oui, je me souvenais de ses voeux, ils étaient beaux et j'y avais cru, j'avais cru que l'homme qui me regardait comme si j'étais la personne la plus importante de son monde était le bon. J'y avais cru et le début de notre mariage était magique.

- J'avais dis que je vivais depuis toi, j'y ai cru tu sais, je l'ai ressenti si fort, depuis que je t'ai vu... Tu n'étais qu'une enfant alors j'ai lutté, je savais que ce n'était pas une bonne chose, j'ai lutté mais tu étais la tentation incarnée, et j'ai cédé.

Il se leva et se mit à observer les rues de le ville.

- Tu sais que cet immeuble m'appartient? Non assurément tu ne le savais pas, sinon jamais tu ne l'aurais loué. Ivan ne le savait pas non plus, je sais qu'il vient de partir, j'ai fait installer des caméras à l'entrée.

Il ouvrit la fenêtre et inspira un grand coup, laissant entrer une brise glaciale à l'intérieur. Je respirai à peine, était-ce la fin? Oui, je le pensais sincèrement, sa sérénité était le signe de sa rage intense, et je pouvais voir ses veines ressortir de ses avants bras.

- Ton numéro de victime m'a épaté, je dois l'avouer, mais découvrir que tu as inventé de toutes pièces ton viol à l'hôpital... Là tu t'es surpassée, j'y ai cru, j'ai cherché cet homme comme un fou, mais il avait disparu, il s'est tout simplement envolé, lui et sa famille. Je sais que c'est toi, tu n'as pas besoin de le nier, tu as dû te servir d'Andrei pour parvenir à le faire disparaître, je me trompe?

Je ne dis rien, il savait de toute façon, et j'étais heureuse d'apprendre qu'il ne l'avait pas retrouvé, au moins j'avais pu tenir cette promesse. Et je devais aussi remercier Andrei, il devait forcément savoir ce que j'avais fait, et il n'avait rien fait pour l'empêcher, alors une partie de moi était reconnaissante.

- Tu vas venir avec moi Jade, dit-il en se retournant et en me faisant face.

- Je ne viendrai pas Dimitrei, si tu veux en finir, ça se passera ici, je suis épuisée.

- Tu es épuisée? répéta t-il. Et moi alors? Moi? hurla t-il. Comment crois-tu que je me sente? Tu as gâché ma vie Jade, tu as tout gâché! J'aurai dû prendre une femme, une vraie, quelqu'un qui aurait su prendre soin de moi, pas une gamine traumatisée qu'il fallait réparer!

Je me mis à rire, sans pouvoir me contrôler, j'avais gâché sa vie? C'était comme ça qu'il voyait les choses?

- Dimitrei, je n'ai pas gâché ta vie, tu l'as fait seul. C'était toi l'adulte, toi qui aurait dû avoir conscience que ce que je ressentais pour toi n'était pas de l'amour, non, je me suis accrochée à ce qui pouvait me faire oublier Andrei. J'ai tenté de garder la tête hors de l'eau, et je l'ai fait de la mauvaise manière. J'aurai dû prendre le temps pour moi, partir, me découvrir, guérir, à l'inverse, j'ai reproduis la même chose, j'ai confié ma vie à un homme et cet homme c'était toi. Tu n'as rien fait pour arrêter les choses et moi non plus, mais à l'inverse de toi, j'étais complètement perdue Dimitrei, j'étais une gamine qui ne connaissait rien d'autre que ce qu'Andrei m'a montré, rien du tout!

Après ma tirade, un silence s'installa dans la pièce, nous nous regardions comme si nous cherchions à savoir qui avait tué l'autre dans notre couple. Non pas physiquement, mais psychologiquement, comme si la question pouvait réellement se poser, comme si sa violence physique ne comptait pas.

- Tu as un don Jade, celui de pousser les hommes à te faire du mal. Tu sais pourquoi? Parce que tu te places toujours en position de victime et forcément c'est comme ça qu'on te traite, et qu'on te traitera toute ta vie.

- Ivan ne me traite pas en victime lui, même Andrei prenait plus soin de moi que toi Dimitrei. Je suis peut être folle comme tu le dis, mais toi, tu es malade et le pire c'est que tu ne le sais pas.

Les deux pas qui nous séparaient furent franchis et il m'attrapa par le col avant de me plaquer contre le mur. Ses yeux n'exprimaient rien, et je sus, je sus à cet instant qu'il ne me laisserait pas tant que je ne serai pas morte, je le savais. Sa première gifle me fit basculer la tête sur le côté si violemment que j'eus l'impression que ma nuque se brisait.

La rafale de coups qui suivit me laissa presque inconsciente, ses poings étaient beaucoup plus douloureux et j'aperçus des bagues sur chacun de ses doigts. Il me frappait partout, sur le visage et je sentis un craquement au niveau de ma mâchoire qui me fit hurler du douleur.

- Espèce de salope! Tu m'as gâché la vie, c'est tout ce que tu as fais Jade, gâcher ma vie! Mais c'est fini, c'est terminé, tu ne seras plus jamais un obstacle dans ma vie, plus jamais!

Je ne compris pas ce qu'il se passait, je ressentis seulement des brûlures un peu partout sur mon corps, je ne savais même pas à quel moment il m'avait déshabillé, mais je compris à l'odeur de cigare que c'était ce qu'il utilisait pour mutiler mon corps. J'attendais le moment où je perdrai connaissance, la douleur de ses coups était insupportable. Mes côtes se brisèrent sous ses pieds, bloquant ma respiration et il m'attrapa par les cheveux avant de me traîner sur le sol et de me jeter sur le lit.

- Je vais te baiser une dernière fois, tu es tellement docile de ce côté, je ne peux pas te le reprocher ça!

Je voulais mourir, je voulais mourir, pitié ange de la mort, prends mon âme, tout de suite, prends là...

J'étais consciente encore, encore et encore.

J'entendis sa ceinture, puis le glissement de son pantalon.

Le poids de son corps sur le mien,

Mes jambes s'écarter,

Et lui, s'introduisant violemment en moi, ses va et vient, douloureux, jusqu'à ce que son liquide coule en moi.

Je ne bougeais plus, je ne pouvais plus, je ne respirai plus, je ne voyais plus.

Mes oreilles sifflaient, ma tête tournait, et je crus rendre mon dernier souffle lorsque je fus retournée brusquement et que je sentis un liquide couler sur moi, me brûlant la peau et quelque chose introduit dans mon anus. Je compris que c'était une bouteille en verre et que ce qu'il venait de renverser était de la vodka.

Déchirement anal, une fois, deux fois, trois fois,

Pitié Seigneur, prends mon âme.

Il me retourna et l'introduit dans mon vagin,

Encore, encore, et encore.

Pourquoi étais-je toujours en vie?

Il fit entrer presque toute la bouteille en moi, et je sentis quelque chose ne moi se déchirer, quelque chose de vital.

- Tout est de ta faute Jade, tout est de ta faute! hurla t-il.

Ce furent ses derniers mots, avant que je n'entende un bruit fracassant et la voix d'Ivan et d'autres personnes. Je fermai alors les yeux, je savais que c'était terminé, je le savais.

Alors je me laissai mourir, je me laissai mourir.

Mon corps l'était déjà,

Mon coeur l'était aussi,

Mon âme n'existait plus,

Il fallait que je parte, il fallait que je disparaisse.

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- Jade? Nous pouvons y retourner, l'audience va reprendre.

Plusieurs jours étaient passés et Me Ramsay me dit que cette fois, il est temps que chaque parti apporte ses preuves et que des témoins peuvent être appelés également. C'est ce que je crains le plus, ce moment là. Je sais que mon passé sera étalé et que peu de gens vont comprendre. Je suis seule seule, j'ai complètement coupé le contact avec Adam et ça me retourne le coeur, il est là pourtant. Présent dans la salle, toujours là, au cas où j'aurai besoin de lui, mais je ne peux pas, il ne supportera pas tout ça, et c'est la seule façon que j'ai trouvé pour le protéger.

J'entre dans la salle d'audience. Je sais que Gaby et Anthony sont là, mon père aussi a fait le déplacement, je l'ai aperçu également, Ivan, Catarina et Maria sont tous présents. C'est le moment crucial, et je ne sais pas ce que l'accusation a préparé, je sais juste que la presse est mitigée à présent. Il y a deux camps, celui de Jade la victime et celui de Jade la manipulatrice perverse.

- Installez-vous s'il vous plait, tonne le juge.

Je m'assois et ferme les yeux, je dois rester forte, je n'ai pas le choix. Je l'ai déjà vécu une fois, je le traverserai encore.