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Chapitre 38

Bonjour à tous,

De retour après une longue absence ici, j'espère que vos fêtes ont été belles? Je vous souhaite le meilleur pour l'année, santé, bonheur et amour.

Bises

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Le procès débute demain et je laisse mon avocat parler encore et encore sans vraiment l'écouter. Depuis que j'ai appris que mon frère avait été envoyé en Irlande pour une affaire, je regrette d'avoir refusé de lui parler, même si la meilleure chose pour lui c'est de s'éloigner de moi.

- Jade? Vous m'écoutez? Nous avons un avantage, c'est que vous avez la sympathie de la presse et du public, et vu la médiatisation du procès, ce n'est pas négligeable. Nous savons déjà quelle carte ils vont jouer, ils ont laissé filtrer certaines informations, c'est à moi que revient le plus grand rôle Jade, alors vous devez faire tout ce que je dis, vous comprenez?

Par laisser filtrer certaines informations, il parle de mon internement forcé, et de mes diverses tentatives de suicide. J'ai cru que Catarina était à l'origine de tout ça, mais non c'est la mère de Nina, Maria qui ne supporte pas la mort de son frère. Je suppose alors qu'elle a dû remettre au procureur de la couronne tous les éléments du premier procès en Russie, et si c'est le cas, maître Ramsay n'y pourra rien. Comme il me l'a expliqué, la justice anglaise est bien différente, et je sais qu'en étant jugée par la cour criminelle, je risque une peine plus lourde, mais vu la gravité du crime et la place que Dimitrei occupait aussi bien économiquement que politiquement, c'était une évidence.

Je n'avais pas évalué les risques jusqu'à maintenant et la conclusion que je refusais d'avouer est devenue une évidence, je dois laisser partir Adam. Il a été là pour moi et l'est toujours, mais je sais que des journalistes ont déjà été chez ses parents à Inverness même s'il pense que je ne suis pas au courant. Il est là tout de même, bien que certaines personnes l'accusent de m'avoir protégé par amour et d'avoir dissimulé des preuves. Je me rends compte de la chance que j'ai de ne pas avoir été placée en détention provisoire, l'accusation a apparemment réussi à prouver que la seconde arme du crime portant mon adn était celle qui avait été utilisée pour tuer Dimitrei. La presse s'étant emparée de l'histoire, j'ai vu que j'avais fais la une de différents journaux, dont l'une avec une photo de moi dont je ne connaissais même pas le contexte. J'avais l'air folle, je devais surement l'être, le titre était " Mi ange mi démon, la double personnalité de Jade Romanova"

- Jade? C'est le moment, allons-y.

Je me tourne vers Adam et le regarde une dernière fois, j'enregistre chaque détails que je connais pourtant par cœur, j'absorbe la chaleur qui émane de lui, croise ses yeux azurs si doux, me remémore chacun de nos moments ensemble et finis par lui sourire.

- Je suis désolée Adam, je ne veux plus, il faut que tu t'en ailles...

Je vois maître Ramsay froncer les sourcils et Adam me regarde, je sais qu'il a compris ce que je voulais dire, mais il reste de marbre.

- On en a parlé plusieurs fois Jade, je ne partirai pas, dit-il d'une voix douce.

- Je ne veux plus de toi Adam, je ne veux pas que tu sois présent au procès, je ne veux pas. Tu sais que c'est la meilleure chose à faire, s'il te plait, respecte ma décision.

Quelle égoïste je fais...Je sais qu'il le pense mais qu'il ne me le dira jamais, je sais qu'il est parfois agacé par mon humeur changeante, mais il reste malgré tout. Est-ce que j'ai le droit de lui faire du mal à ce point? Oui, et ce sera toujours moins douloureux que ce qui va suivre.

- Jade?

Nous nous retournons et je cligne des yeux plusieurs fois, malgré les mots que je venais de lui dire, j'attrape la main d'Adam et la serre de toutes mes forces.

- Bonjour Jade, ça fait tellement d'années.

Je recule et me réfugie presque derrière Adam lorsque je croise son regard. Ma mère est là, enfin ma mère, celle que je considérais comme telle et qui m'a vendu comme un vulgaire déchet. A côté d'elle, je vois ma soeur, Gabriella, elle n'a pas changé, son regard est toujours aussi malicieux que dans mon souvenir, elle est devenue si belle.

- Lorsque ton frère nous a dit ce qu'il se passait, nous sommes venues... Je sais que tu m'en veux, tellement d'années sont passées, tu...

Je ne l'écoute plus, et je m'accroche au regard de Gaby, je lis tout ce qu'elle veut me dire, je lis des excuses et je sens que je panique, totalement. Adam le sent aussi et il passe son bras autour de ma taille, protecteur et sécurisant.

Je me sens submergée, je revois tout, son attitude envers moi, sa maltraitance. Je revois le jour de mon départ, je me souviens de mon incompréhension mais je n'avais pas eu le choix, papa aussi avait rien dit, il avait laissé faire. Je me souviens de mon arrivée à Saint Petersbourg, d'Andrei, de ses mots, de la première nuit où il m'avait violé, je me souviens de tout et je sens que la femme qui s'est tranchée le ventre tente de faire surface.

- Adam, fais moi sortir, je murmure.

Mes forces m'ont quittées, c'est lui qui me soutient, il ne semble pas avoir tenu rigueur de mes propos, c'est tout Adam. Nous devons nous rendre dans la salle d'audience, et je me laisse entraîner presque traîner, alors que ma soeur nous rattrape et se poste en face de moi.

- Je suis désolée Jade, je t'ai cherché, on t'a cherché pendant longtemps en vain...

- Tu m'as cherché alors que ta mère savait exactement où j'étais, elle m'a envoyé chez un monstre! je crache en me tournant vers ma mère. Tu peux retourner d'où tu viens, je ne veux pas de toi ici, tu peux aller pourrir en enfer, c'est là bas que tu m'as envoyé lorsque j'avais huit ans! Je te déteste, toi et ton mari, je ne suis pas ta fille et je remercie le ciel, même si ma mère est morte, je préfère ça! Quitte ce tribunal, ne t'avise même pas de parler à la presse!

- Jade.... Je...

- Tu la fermes! Je ne veux rien savoir ni rien entendre, tout le monde pense que je suis folle tu sais et je te le confirme! Fais attention alors, prends ta fille et dégagez d'ici!

Je comprends mon erreur lorsqu'un flash crépite. Je viens de menacer ma mère en publique, de confirmer que je suis folle et je sais que ça va être utilisé contre moi pendant le procès.

- Ça suffit! s'exclame mon avocat. On y va!

Il est en colère et lorsque nous sommes seuls dans une pièce quelques minutes avant d'entrer en salle d'audience il explose.

- Vous vous rendez compte de ce que vous venez de faire? Vous voulez aller en prison toute votre vie? La presse va vous descendre en moins de deux secondes Jade!

Je m'en fiche, je tremble de rage. Mon souffle se fait erratique et je sais que mes yeux lancent des éclairs. J'ai envie de hurler, j'ai envie de hurler... Je ne comprends même pas comment je suis arrivée en salle d'audience, mais j'y suis et lorsque les juges font leurs entrées j'ai encore cette envie de hurler.

L'accusation est représentée par William Conwell, de ce que j'ai compris c'est le meilleur dans son domaine. C'est lui qui a fait demander une évaluation psychiatrique, il dit que je suis malade parce que j'ai inventé mon suivi avec le Dr Peters. D'après son frère il vit quelque part en Islande et n'a plus donné signe de vie depuis plusieurs années. C'est faux, je ne suis pas folle, j'ai vu le Dr Peters pendant presque un an et c'est ce que j'ai dis au psychiatre que j'ai vu.

Je n'écoute rien, je vois le jury composé de douze personnes. Six hommes et six femmes, certains me regardent avec pitié, d'autres avec suspicion alors je porte mon attention aux propos qui sont tenus à mon égard.

- Il me semble essentiel de comprendre la personnalité complexe de l'accusée et pour cela il faut remonter à son enfance. Jade Beauchamp de son vrai nom, enfin son nom de naissance. Elle a grandi dans une famille aimante, cadette d'une fratrie de trois enfants, sa mère qui est présente aujourd'hui, a tout fait pour lui donner tout ce dont elle avait besoin mais Jade était une enfant difficile, perturbée et ingérable. L'évaluation psychiatrique va dans ce sens d'ailleurs, nous y reviendrons, je tiens à préciser qu'il s'agit d'une vraie évaluation et non d'un suivi imaginaire avec un médecin qui a perdu son droit d'exercer depuis longtemps.

J'assimile les mots qu'il vient de prononcer, et je réalise peu à peu. Je suis toujours sous tension depuis ma discussion avec elle, et entendre ça me fait perdre mes moyens, littéralement.

- C'est faux! je hurle. Elle ment, elle m'a vendu pour deux cent mille dollars exactement! Elle m'a vendu à Andrei, en me faisant croire que nous déménagions! Elle ment!

- Silence!

Je sens mon avocat tenter de me calmer mais je n'y arrive pas, c'est au dessus de mes forces, je sais qu'on me somme de me taire sous peine de suspendre l'audience. Je l'entends mais je ne peux m'empêcher de hurler qu'elle ment, que ce n'est pas ma mère, qu'elle ne l'a jamais été. la procès est publique, et je m'enfonce.

- Silence ou je vous poursuis pour outrage! Maître Ramsay, calmez votre cliente sur le champs!

- Jade, calme toi, calme toi s'il te plaît.

C'est Adam, j'entends sa voix par dessus celle de tout le monde et je m'arrête d'un coup. Je ne me sens pas bien, je vais mal, je tremble et je sais que je pleure. Maître Ramsay me fait asseoir et me parle mais je n'écoute rien.

- Madame Romanov? tonne le juge.

Je lève la tête et je le regarde, il semble perturbé et je le regarde dans les yeux. Il répète ses mots d'une voix plus calme et cette fois-ci je l'écoute.

- Est-ce que vous êtes calmée? Pouvons-nous reprendre l'audience?

J'acquiesce en silence.

- J'aimerai vous entendre le dire, poursuit-il.

- Oui je suis calmée et oui on peut reprendre, je suis désolée.

Il me regarde une dernière fois et invite l'accusation à poursuivre.

- Eh bien, nous avons un aperçu d'une des personnalités de l'accusée et pas la plus saine, comme vous avez pu le constater.

- Maître Conwell, épargnez- nous vos commentaires et poursuivez! lui dit le juge.

Une heure vient à peine de passer et je ne connais pas l'issue du procès mais je suis sure d'une chose, c'est que je ne sortirai pas vivante de tout ça, le peu de vie qu'Adam m'a redonné, je vais le perdre...

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