Bonjour,

Je sais que beaucoup se demandent si je vais continuer cette histoire étant donné que j'ai commencé à raconter la mienne. Oui je compte la finir, l'Emprise est une fiction inspirée de faits réels, mais elle reste une fiction et je compte vous raconter l'histoire de Jade, jusqu'au bout.

Merci à tous.

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- Jade? Vous m'entendez? Jade?

Je ne veux pas entendre pourtant c'est le cas, je ne veux pas lutter en fait, pourquoi j'ai promis à Adam que j'allais le faire?

- Voilà, c'est bien, ouvrez les yeux, ça va aller, on va s'asseoir un moment.

Je sens qu'on m'aide à me redresser, et je m'assois malgré moi sur une chaise.

- Il faut que je sorte d'ici, dis-je doucement.

Et c'est le cas, il faut que je sorte, c'est le fait d'être ici en plus de tout ce qui se passe qui me bouleverse à ce point, la dernière fois c'était lorsque Dimitrei avait été jugé coupable.

- Il faut payer la caution avant que vous puissiez sortir d'ici, sinon vous passerez la nuit en cellule et vous pourrez sortir lorsque vous aurez payé.

Quoi? Non, je ne peux pas passer une minute de plus ici, et vu l'heure les banques sont fermées.

- Comment je peux payer?

- Pour sortir le plus vite, en cash, dit-il.

- Je dois retirer la somme totale, je vais utiliser plusieurs de mes cartes.

- Vous ne pouvez pas sortir, est-ce que quelqu'un peut le faire pour vous? Adam peut être? Vous voulez que je l'appelle?

J'accepte, alors que les deux officiers de police qui m'ont accompagné reviennent sans que je ne comprenne.

- En attendant de régler, vous allez être accompagné au dépôt, ça va durer peu de temps, notez les informations nécessaires ici et je vais les transmettre à Adam.

Je note les codes de mes trois cartes de crédit sur le carnet que me tend Me Ramsay.

- Ne vous inquiétez pas, vous serez sortie d'ici une heure ou deux, tout ira bien.

Il s'en va alors qu'on me passe les menottes et qu'on m'entraîne jusqu'à une cellule au sous sol. L'odeur est nauséabonde mais au moins je suis seule, je retire ma veste et la pose sur le banc en béton. Ce n'est pas pire que ce que j'ai déjà vécu et maître Ramsay m'a dit que ça ne durerait qu'une heure ou deux, je vais tenir. Je suis épuisée, alors je ferme les yeux juste un instant, en attendant Adam...

- Vous êtes d'accord alors? demandai-je en le regardant dans les yeux.

- La moitié maintenant et l'autre quand ce sera fait?

- Combien de fois voulez-vous que je vous le répète, la somme est en instance de virement, nous l'avons fait ensemble, vous aurez votre argent? Ma question est est-ce qu'on est d'accord sur le montant?

Il m'observa étrangement et glissa l'enveloppe que lui tendais dans la poche de sa veste en cuir.

- On est d'accord Jade.

- Très bien, voici le code de nuit de la résidence et le double de l'appartement, vous laisserez bien la clé dans le tiroir du meuble de l'entrée, soyez à l'heure et par pitié changez de veste, vous devez être le seul homme au Royaume Uni qui porte cette horreur.

Il quitta l'escalier et je descendis rejoindre Dimitrei qui m'attendait toujours dans sa voiture, en face du bâtiment du Dr Peters. Je me rendis compte que j'avais toujours le téléphone prépayé que j'avais acheté dans ma poche. Je paniquai un instant me demandant comment j'allais réussir à m'en débarrasser sans que mon mari, qui m'avait surement vu ne s'en rende compte. J'avançais jusqu'au passage piéton et par chance, je vis un bus arriver, j'attendis donc qu'il passe et en profitai pour jeter le téléphone avant de traverser et de monter dans la voiture...

- Mme Baranov?

J'ouvre les yeux en sursautant, confuse, qu'est-ce que c'était? Un rêve?

- Levez-vous, vous pouvez vous en aller, me dit une officière.

Je me lève machinalement et la suis, chamboulée. Je perds la tête, c'est tout cette histoire qui me rend folle, j'ai besoin de repos. C'est l'ancienne Jade qui avait des hallucinations, celle de Dimitrei, et elle n'existe plus, tout ça n'existe plus.

- Jade...

Adam est en face de moi avec mon avocat et je me jette dans ses bras, juste pour me rappeler celle que je suis depuis que je l'ai rencontré.

- Partons d'ici, s'il te plaît, je murmure à son oreille.

Il me serre un peu plus fort et nous quittons le tribunal. Le visage de l'homme dont j'ai rêvé m'apparaît clairement alors que nous roulons jusque chez Adam, la veste en cuir qu'il portait est celle que j'ai vu sur les images que m'a montré Charles lorsqu'il m'a parlé de l'homme qui s'était fait passer pour mon cousin.

- Je suis désolé d'avoir mis du temps, j'ai dû rouler jusqu'aux banques du centre ville.

- Tu es là maintenant, c'est tout ce qui compte, dis-je.

Il me regarde étrangement, et j'ai l'impression qu'il me suspecte de quelque chose. Nous arrivons chez lui, et je me dirige dans sa salle de bain parce que seule une douche froide peut me remettre les idées en place. Pourtant après vingt minutes sous le jet glacé, rien n'y fait, ce visage se précise de plus en plus et j'ai peur. J'ai peur de moi même, peur de ce que j'ai pu faire et surtout du fait que je ne m'en souvienne pas.

- Jade? Tout va bien? me demande Adam derrière la porte.

- Oui oui, j'arrive.

Je ferme le robinet, et m'enroule dans une serviette. Je ne sens plus la douleur, pourtant je sais que mes côtes ne sont pas remises, mon visage est toujours aussi marqué et les bleus virent au violet. Je croise mon regard dans la glace et j'ai l'impression que quelqu'un d'autre tente de sortir, qu'une autre partie de moi lutte pour prendre le dessus, alors je sors de la salle de bain. Adam est en face de la porte et semble angoissé.

- Ça va? demande t-il.

- Oui, désolée, j'avais besoin d'une douche froide.

- D'accord, je te laisse aller t'habiller, j'ai préparé un repas chaud, il faut que tu prennes des forces.

Je vais dans sa chambre m'habiller et je m'assois un instant, son odeur emplie la pièce et je me demande à cet instant comment je n'ai pas pu me rendre compte avant qu'il sentait aussi bon. Je m'apprête à sortir de la chambre lorsque j'aperçois une feuille qui dépasse de derrière la commode. Je ne réfléchis pas et je la prends mais je me rends compte qu'il ne s'agit pas d'une feuille mais d'une grande affiche blanche, une affiche que je connais, parce que c'était celle que j'avais faite et qui expliquait mon plan pour me débarrasser de Dimitrei.

Je suis sous le choc, depuis quand est-ce qu'il l'a? Comment l'a t-il trouvé alors que je l'avais caché? Pourquoi le garde t-il? Il doit croire que je me suis servie de lui alors que ce n'est pas le cas, mon intention première était peut être de le faire, mais je n'avais pas pu. Je sors de la chambre et entre dans le salon avec l'affiche, il se retourne et son expression change quand il voit ce que je tiens dans ma main, la colère se lit sur son visage.

- J'attendais que tu ailles mieux pour que nous en parlions, dit-il froidement.

- Ce n'est pas ce que tu crois...

- Très bien, alors explique moi Jade, parce que je me sens comme un idiot depuis que j'ai trouvé ça, coupe t-il.

- Depuis quand tu l'as?

- Je l'ai trouvé lorsque tu as été chercher tes carnets, tu l'avais caché dans le conduit de ta cheminée sauf qu'il a dû tomber parce que je l'ai trouvé. Alors dis moi, tu t'es inscrite au krav maga avant d'avoir fait des recherches sur moi ou après? Comment tu m'as ciblé? Comment tu as su que j'allais tomber sous ton charme au point de t'aider à ce point? Pourquoi moi Jade?! hurle t-il.

Je sursaute et j'essaye de lui expliquer mais je perds mes moyens.

- Arrête! Tu es vraiment la pire manipulatrice que j'ai rencontré, je n'ai rien vu venir pourtant j'ai du flair habituellement, mais que veux-tu je suis tombé amoureux comme un imbécile... Alors vas-y explique moi, pourquoi tu as changé ton plan, tu étais censée rentrer en Russie pour le tuer et tu...

- Arrête Adam, s'il te plait, écoute moi...

- Ne joue pas à ce jeu avec moi.

- Ce n'est pas un jeu.

Je pleure, je ne veux pas le perdre, je veux qu'il me croit.

- C'est vrai, j'y ai pensé, j'ai cherché un plan pour tuer Dimitrei. Je me suis dis qu'il allait devenir fou en sachant que j'ai laissé quelqu'un d'autre me toucher, je me suis dis qu'il me fallait quelque chose qui puisse le rendre fou au point de le faire redevenir l'homme qu'il était. J'étais certaine d'une chose c'est qu'il allait essayer de se contrôler, mais je ne voulais pas, je voulais qu'il craque, que je me laisse faire, qu'il pense qu'il a de nouveau le dessus sur moi. Dans cette situation il n'aurait jamais vu venir le fait que je veuille le tuer, il ne m'en aurait pas cru capable, dis-je d'une traite.

- Et puis quoi? Tu serais rentrée ici et tu m'aurais dis que tu l'as tué en étant certaine que j'aurais cherché à te protéger?

- Adam, j'admets que j'ai eu tort, j'ai vite oublié cette idée lorsque j'ai appris à te connaître. Je t'ai dis la vérité sur moi et sur mon mari, lorsqu'il est revenu je suis restée avec lui parce que je sais de quoi il est capable et je ne voulais pas qu'il te fasse du mal...

- Et pourtant il est mort Jade!

- Je sais, mais je... Je ne sais plus ce qu'il s'est passé cette nuit là Adam, mais je suis certaine d'une chose, je n'ai pas joué avec toi, ni avec tes sentiments, tout est vrai...

Il ne dit rien, je ne sais pas pourquoi il a gardé ça pour lui pendant tout ce temps.

- Pourquoi tu ne m'as rien dis?

- Parce que je ne voulais pas y croire? Parce que je t'aime Jade et que même en voyant ça, je veux toujours te protéger? Parce que je suis un imbécile et que je ne voulais pas te faire fuir, je voulais que tu reste près de moi parce que j'ai peur!

Je vois tant de souffrance dans ses yeux, j'ai du mal à le supporter. Je m'approche de lui et lui prends la main qu'il retire aussitôt mais j'insiste et la prends de nouveau.

- Je t'aime aussi Adam, tu es le seul que j'ai laissé entrer, que j'ai laissé me toucher, tu es le seul qui connaît mon histoire, s'il te plait crois moi. Je suis désolée, je sais que je suis compliquée et difficile, qu'il faut s'armer de patience mais je ne t'ai pas utilisé, je te le promets. Tu sens ça?

Je pose sa main sur mon coeur.

- Ça c'est vrai, ça c'est ce que je ressens pour toi Adam. Je sais que je ne suis pas la femme dont tu rêves, que je ne te donne pas tout ce qu'un homme veut avoir, je me bats contre moi même, j'affronte des hordes de démons qui me hantent et je tiens bon grâce à toi Adam. Après ce que tu as vu, je comprendrais que tu ne veuilles plus jamais me voir, mais c'est la première fois que je ressens ces choses et je suis désolée de t'avoir fais du mal, je n'ai jamais voulu te blesser.

Je lâche sa main et attends qu'il dise quelque chose mais rien, pas un mot, il se laisse tomber sur le fauteuil et je m'assoie près de lui.

- Notre weekend chez ta famille m'a montré qu'il est possible d'être heureuse, d'avoir une famille aimante dans un endroit magnifique, que je peux avoir tout ça et je me suis dis que je pouvais l'avoir avec toi, voilà ce que tu me fais ressentir.

Il reste silencieux alors je me lève sentant que je vais me décomposer et je ne veux pas le faire devant lui. Si Adam, qui est la personne qui m'a demandé de me battre m'abandonne, alors je n'ai plus aucun intérêt à le faire. Je récupère mon sac dans sa chambre et sors de l'appartement sans qu'il ne me retienne, sans qu'il ne me dise rien. Lorsque je ferme la porte de chez lui, je me laisse glisser sur le sol contre le mur et fonds en larmes. Je sens littéralement mon coeur se déchirer et je tente de réguler ma respiration lorsque la porte s'ouvre brusquement. Je lève la tête et il est là alors je me relève.

- Pardonne moi Adam, pardonne moi...

Il sembla hésiter un instant mais ramasse mon sac et me fait signe de rentrer.

- Regarde moi dans les yeux et dis moi que je ne suis pas le pion d'un plan sordide Jade, me demande t-il.

- Tu ne l'es pas Adam, je te le promets, tu ne l'es pas.

Je le regarde, dans les yeux, c'est la première fois que je le fais avec autant de détermination. Il fouille dans mon regard, il le scrute, puis son scepticisme laisse place à un soulagement.

- Je te crois Jade, soupire t-il.

Je l'enlace alors et l'embrasse comme si c'était vital et ça l'est. J'ai besoin de le sentir, j'ai envie de le sentir, j'ai envie de lui montrer à quel point ce que je ressens est vrai.

- Ok, doucement Jade..., dit-il en me repoussant. Je te crois, je n'ai besoin de rien d'autre, ta parole et tes yeux me suffisent.

- J'en ai envie Adam, dis-je alors en me surprenant moi même.

- On a tout notre temps, tu es épuisée, il faut que tu manges et que tu te reposes...

- Adam? Je suis prête, je te fais confiance...

Il semble hésiter juste une seconde alors je l'embrasse de nouveau, je veux m'imprégner de son odeur, je veux sentir sa peau contre la mienne, je veux qu'il me voit.

- Jade..., dit-il entre deux baisers.

- Tu n'as pas envie? je souffle contre ses lèvres.

- Bien sur que si, mais je ne veux pas que tu te sentes obligée ou que tu regrettes...

- Je ne regretterai pas...

Je passe mes mains sous son pull et il prend les devants. Alors c'est ça qu'on ressent quand on veut faire l'amour avec quelqu'un qu'on aime? Cette excitation? Cette chaleur? Ces frissons? Lorsqu'il m'allonge sur son lit, il plonge dans mes yeux et me demande encore une fois:

- Tu es sure? On peut arrêter...

- N'arrête pas, je t'aime et j'ai envie de toi.

Il m'embrasse si passionnément que j'en frissonne. Je ressens tout, chaque baiser, chaque caresse, le moindre contact de nos peaux, je le sens et je me sens, moi, j'existe. Une femme qui n'est pas celle qu'Andrei voulait, ou celle que Dimitrei voulait, je suis moi et Adam m'aime, moi. C'est beau, c'est bon et j'aime notre moment, je suis vivante, et il me prend dans ses bras après que nos corps aient communié comme s'ils s'attendaient depuis toujours.

- Raconte moi cette cicatrice, dit-il alors qu'il caresse mon ventre.

Je baisse les yeux pour voir de laquelle il parle et mon coeur se serre. Vingt centimètres de largeur, celle ci est la plus douloureuse, j'y ai perdu la vie et je suis incapable de mettre des mots sur cette marque. Alors pour ne pas répondre j'embrasse Adam, et nous nous aimons encore et encore...