Bonsoir, 

Désolée pour le retard, c'était un peu compliqué d'écrire ce chapitre.

Bonne lecture 

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- Jade Andreïevna Romanova.

L'entente de mon nom complet me fit lever les yeux. Je l'entendais souvent pourtant, mais je ne m'étais jamais habituée à ça. Andreïevna correspondait à mon patronyme, c'était censé être le dérivé du prénom de mon père, sauf qu'Andrei ne l'était pas. Romanova était la forme féminine du nom de mon mari, mon nom complet se composait donc de mon prénom, mon patronyme et du nom de mon mari au féminin.

Dimitrei parlait à la secrétaire du Docteur Pouchkine. Cette dernière minaudait ouvertement avec lui, et au fond ça m'était égal mais mon corps réagit autrement. Je pris le vase posé sur son bureau et le jetait de toutes mes forces sur elle.

- Jade! hurla Dimitrei en me retenant.

- Podlets! (Salaud) Je sais que tu vas te la taper!

- Arrête! Personne ne prendra jamais ta place Jade, tu es tout pour moi et je veux juste te retrouver. C'est pour ça que tu vas passer un peu de temps ici, murmura t-il à mon oreille.

Je me dégageai de ses bras et croisai son regard doux, celui qui m'avait fait succomber.

- Andrei..., murmurai-je.

Il me fit face brusquement, les sourcils froncés.

- Quoi? dit-il.

- Je veux Andrei...

Je savais que ça le touchait, c'était le prénom interdit.

- Je veux Andrei, je veux Andrei, je veux Andrei! hurlai-je.

- Jade, arrête ça tout de suite. 

Le docteur Pouchkine sortit de son bureau lorsqu'il entendit mes cris et Dimitrei me relâcha immédiatement. 

- Dima, tu devrais nous laisser, lui dit-il, on va prendre le relais. 

Mon mari détestait qu'on lui demande de rester en retrait lorsqu'il s'agissait de moi. Je vis son front se plisser et il me regarda longuement, comme s'il se demandait si il devait me laisser ici ou non. 

- Je veux voir sa chambre avant, lança t-il au dr Pouchkine. 

- Tu connais les règles Dimitrei, pour que tout se passe pour le mieux, tu dois nous laisser, maintenant. 

- Elle va mal Igor, je.... 

- C'est pour ça qu'elle est ici, fais moi confiance, nous allons prendre soin d'elle, tu pourras la voir dans quinze jours si tout va bien. Pas d'appels, pas de lettres, pas de visites avant, tu comprends? 

Pendant deux semaines? Je n'allais pas le voir pendant deux semaines? Je ne savais pas, il n'avait jamais mentionné ce détail, il me regarda de nouveau avant d'annoncer. 

- Je viendrai te voir dans quinze jours ma chérie, on ne se parlera pas mais je prendrai de tes nouvelles tous les jours, d'accord? 

Je lui fis mon plus beau sourire avant de me taper la tête contre le coin du bureau. Une fois, deux fois, trois fois, je sentis du sang couler sur ma tempe avant que mon mari ne m'arrête. 

- Jade! Pourquoi tu fais ça?! 

Il me secouait comme la poupée que j'étais devenue. 

- Je vais passer les quinze prochains jours à essayer de mettre fin à me jours Dimitrei, je vais essayer et je vais réussir, ajoutai-je en riant. 

- Je te l'interdis! hurla t-il. 

Deux hommes arrivèrent et le dr Pouchkine leur fit un signe. En quelques secondes, je sentis une seringue dans mon bras et je sombrai, le regard de Dimitrei comme dernière vision. 

Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais allongée sur un lit, les chevilles et les poignets attachés, mais surtout dans un état second, consciente mais paralysée. Je regardai autour de moi et me retrouvai plusieurs années en arrière, lorsque Andrei m'avait enfermé dans une pièce similaire. 

La porte s'ouvrit et le Dr Pouchkine entra dans la chambre. 

- Bonsoir Jade, comment vous sentez-vous? 

Je le regardai alors qu'il avait les yeux rivés sur les documents qu'il tenait. 

- Je suis désolé de la manière dont nous avons du vous transporter ici, dit-il.

- Qu'est-ce que vous m'avez donné? 

- Juste un somnifère, vous aviez besoin de vous reposer et on a dû soigner votre blessure, ce qui était assez compliqué lorsque vous étiez consciente. 

Je ne sentais rien pourtant, pas de douleur. 

- Détachez-moi! 

- Nous verrons ça un peu plus tard, vous n'allez pas bien Jade. 

- Je ne vais pas bien parce que mon mari me torture, me viole, me séquestre et me frappe, voilà pourquoi je vais mal! 

Il me regarda longuement et soupira. 

- Avez-vous conscience que vous n'allez pas bien? Que si vous êtes là aujourd'hui c'est parce que vous souffrez d'un violent stress post traumatique...

Stress post traumatique? Dimitrei avait dû préparer le terrain depuis longtemps. Utiliser Andrei pour justifier ses actions. 

- Entre autre, continua t-il. Pouvez-vous me dire quel jour nous sommes? 

Quel jour nous étions? Je n'en savais rien, il attendit quelques secondes avant de noter quelque chose sur son bloc note. 

- Est-ce que vous savez depuis quand vous êtes ici? poursuivit-il. 

- Depuis ce matin, vous le savez très bien. 

- Non Jade, ça fait quatre jours que vous êtes ici. On appelle ça des troubles de la mémoire et ça fait partie d'une des maladies dont vous souffrez, mais ne vous inquiétez pas, nous allons prendre soin de vous et ensemble nous allons vous aider à aller mieux. 

Quatre jours? C'était impossible, Dimitrei était là ce matin, il m'avait accompagné ici, j'en étais certaine, il mentait. Ça faisait parti de leur stratégie, il voulait me faire croire que j'étais folle. 

- Quelqu'un va vous apporter à manger, on va essayer de vous détacher les mains, vous pensez que ça va aller? 

- Je n'ai pas faim, je veux dormir. 

- Vous n'avez rien avalé depuis hier matin Jade, ça ne vous aide pas et ça ne nous aide pas à avancer non plus, dit-il. 

Je fermai les yeux et n'écoutai plus ce qu'il me disait jusqu'à ce qu'il s'en aille. Ça ne pouvait pas faire quatre jours que j'étais ici, c'était impossible, mais pourtant une partie de moi doutait. J'avais déjà perdu la notion du temps, à plusieurs reprises, alors peut être que c'était le cas. 

Mes journées étaient identiques, vaporeuses, épuisantes et nauséeuses. Le Dr Pouchkine venait chaque matin, j'avais compris que j'étais sous anti-dépresseurs et neuroleptiques, j'étais incapable de bouger, incapable de réagir, incapable de parler. J'étais dans un état de tristesse permanent, je pleurais tous les jours, et je pensais à ma famille. 

Je me demandais ce que devenaient Gabrielle et Anthony, est-ce qu'ils pensaient à moi? Est-ce que mon père pensait à moi parfois? Est-ce que j'avais toujours de la famille du côté de ma mère? J'étais en partie italienne, pourtant depuis des années maintenant, je me sentais russe, je me sentais pétersbourgeoise, c'était le seul endroit où je me sentais quelqu'un. 

Je dormais, je mangeais à peine, je prenais mon traitement et c'était tout. Parfois je me souvenais de certaines choses, comme par exemple d'avoir dis à Dimitrei que j'allais tout faire pour mourir, mais même si je le voulais, je n'en avais pas la force. Je ne savais même pas comment je pouvais avoir conscience d'autant de choses. 

Chaque nuit, on entrait dans ma chambre pour vérifier si j'étais en vie surement, d'habitude c'était une femme, mais ce soir c'était un homme. Toutes les nuits, j'étais attachée, contrairement à la journée, le Dr Pouchkine avait peur que je me nuise, comme il me l'avait répété depuis le début, j'étais dangereuse pour moi même. 

- Bonsoir Jade. 

Je ne le connaissais pas, ce n'était pas un infirmier habituel, du moins je ne le reconnaissais pas et les personnes qui étaient autorisées à me voir étaient restreintes. 

- Je déteste te voir dans cet état, attachée comme un animal, il a tort le Dr Pouchkine. 

Je venais de prendre un somnifère, alors j'avais du mal à garder les yeux ouverts. 

- Ne t'inquiètes pas, je suis là pour t'aider.  

La suite était floue, je le sentis monter sur le lit, ouvrir ma robe de chambre et me toucher partout, un instant, juste un instant, je vis le visage d'Andrei, puis celui de Dimitrei, puis un autre, et ce fut ce visage là que je vis lorsque je fus pénétrée. Plusieurs soirs de suite, c'était la même chose, je ne savais pas si c'était vrai ou non, si c'était l'effet de mon traitement, si c'était des souvenirs qui s'emmêlaient dans mon esprit, je ne savais pas, je ne savais plus. 

Pourtant ce soir là, je n'avalai pas mon somnifère, je ne savais pas pourquoi je ne l'avais pas pris, mais je savais que je ne devais pas le faire. L'homme arriva et cette fois je vis distinctement son visage, et je le reconnus, il travaillait ici. Il me détacha les mains et posai un jeu d'échec sur ma table. 

- On reprend notre partie? me demanda t-il. 

Notre partie? Je ne comprenais pas, nous jouions aux échecs? Je l'avais vu me toucher, me violer, je l'avais vu, il était venu ici tous les soirs, je n'avais pas rêvé. Il avait l'air gentil, il me souriait et m'avait tendu une barre chocolatée. 

- Ne dis rien, ça reste entre nous, ajouta t-il en me faisant un clin d'oeil. 

Nous avions passé une partie de la nuit à jouer, jusqu'à ce que je m'endorme... 

Le lendemain, ma porte s'ouvrit et le Dr Pouchkine entra tout sourire. 

- Bonjour Jade! J'ai une bonne nouvelle, vous avez de la visite. 

Il laissa entrer une infirmière qui me détacha et m'accompagna dans la salle de bain prendre une douche et m'habiller. J'étais faible, j'avais besoin d'aide pour marcher jusqu'au salon de l'institution. 

Je vis Dimitrei, debout, un bouquet de fleur à la main et un sac de l'autre. L'infirmière m'aida à m'approcher de lui. 

- Qu'est-ce qu'elle a? demanda t-il. Pourquoi elle est aussi faible? 

- Elle a un peu de mal à supporter le traitement, mais elle va beaucoup mieux, répondit le Dr Pouchkine. 

Je m'assis sur un fauteuil et Dimitrei s'approcha et s'installa à mes côtés. 

- Bonjour ma chérie, dit-il en me prenant la main. 

Je tressaillis à son geste et finis par lui serrer la main. 

- Comment tu te sens? 

Je regardai autour de moi, puis croisai son regard. 

- Jade? 

- Oui? répondis-je. 

- Comment tu te sens? 

- Je... Je suis fatiguée Dimitrei, j'ai envie de dormir... 

Je serrai un peu plus sa main, m'y accrochai même comme si c'était vital. 

- Tu passes de mauvaises nuits? 

Je ne répondis pas, mes yeux se fermaient tout seuls. 

- Jade? 

- Je ne dors pas quand il vient... 

- Qu'est-ce que tu as dis? 

Je ne répétai pas ma phrase, j'eus un haut le coeur et je me retins de vomir. Au même moment, l'homme qui était dans ma chambre la nuit dernière entra dans la salon avec une autre patiente. 

- De quoi tu parles? répéta Dimitrei. 

- Chut, ne parle pas aussi fort, il est là, il ne faut pas qu'il entende... 

Il regarda dans ma direction et fronça les sourcils.

- Il vient te voir dans ta chambre? Qu'est-ce qu'il fait? 

J'haussai les épaules et fermai les yeux, épuisée. La réaction de Dimitrei fut immédiate, il attrapa l'homme par le col et le traîna en face de moi. 

- Lui? me demanda t-il. 

J'ouvris les yeux et croisai le regard qui m'accompagnait chaque nuit depuis plusieurs jours maintenant. Je ne répondis pas et détournai le regard. 

- Jade est-ce qu'il t'a touché? 

- Quoi? Non! Je ne l'ai jamais touché! se défendit l'homme. 

Le Dr Pouchkine arriva et Dimitrei lui hurla dessus. Je n'écoutai pas leur dispute, je me contentai de garder les yeux fermés. J'avais déjà entendu parler des agressions sexuelles fréquentes dans les institutions comme celle où j'étais, pauvres femmes... 

Dimitrei me porta jusqu'au bureau du Dr Pouchkine, suivit par ce dernier. Il était rouge de colère, ses veines frontales ressortaient, il semblait sur le point d'exploser. Il me prit le visage entre les mains et me sonda. 

- Jade, je vais vérifier quelque chose, dit-il. Il souleva la robe que je portai et regarda entre mes jambes, il me caressa l'entre cuisse avant de rabaisser ma robe et de m'embrasser sur le front. La suite fut très rapide, il souleva facilement le Dr Pouchkine et le projeta contre le mur. 

- Je te faisais confiance! Tu m'as dis que tu allais m'aider! Un de tes employés à abusé d'elle! Je vais le tuer... 

Il sortit du bureau sous le regard choqué du dr Pouchkine, ce dernier se tourna vers moi, et je ne pus m'empêcher de lui faire un léger sourire...