Chapitre 23
Désolée pour ce retard, comme vous le savez, cette histoire est très personnelle et difficile à écrire, du coup parfois je n'y arrive plus... Merci de votre patience.
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- Jade! Mon amour réveille toi!
J'étais en nage, complètement désorientée et surtout, je pouvais sentir les mains de mon agresseur partout sur moi.
- Tu es en sécurité, je suis là.
Les mots de Dimitrei ne me rassuraient pas, loin de là, je ressentais un malaise que je n'expliquais pas. Depuis le diner d'anniversaire d'Ivan, je n'avais plus mis un pied dehors, je n'allais plus à l'université et je refusais d'accompagner mon mari à ses diners d'affaires ou autre. Même si j'avais fini par lui dire que je croyais à son explication concernant les bijoux, qu'il me les avait même montré, un doute persistait.
Je sortis du lit pour aller prendre une douche froide, j'étais dans une confusion totale et douloureuse. Je menais une lutte acharnée contre moi même, pour ne pas retrouver l'état dans lequel Andrei m'avait mise, mais une autre partie de moi le voulait, parce que c'était quelque chose que je connaissais.
- Jade? Je vais au bureau, ça ira? me demanda Dimitrei à travers la porte de la salle de bain.
- Oui.
Je ne pus en dire plus, je n'arrivais plus à lui parler, il me cachait quelque chose et je pensais que ça avait un rapport avec mon agression. J'entendis le moteur démarrer et je sortis de la chambre pour aller m'installer dans le salon. C'était l'hiver, et un feu de cheminée avait été allumé, c'était un moment que j'aimais, un moment pendant lequel je me sentais en sécurité. Je savais que Borislav était dans les parages, alors lorsque j'entendis frapper à la porte, je pensais que c'était lui et j'ouvris la porte.
- Ivan?
- Bonjour Jade! J'ai apporté tout ce qu'il faut pour passer une matinée hivernale sympathique!
Ivan tenait plusieurs sac fumant et une odeur de pâtisserie flottait dans l'air.
- Tu as une petite mine tu sais? Tu devrais sortir un peu, on verra ça plus tard, je suis certain que tu n'as rien avalé et je sais que tu adores les medovik!
Ivan avait cette capacité presque innée de faire sourire n'importe qui à n'importe quel moment. Il était plein de bonté et de gentillesse, ça débordait et ça me touchait. Il s'installa à mes côtés tout en gardant une certaine distance et déballa toutes les bonnes choses qu'il avait apporté.
- Alors comment tu te sens manya kiska? (mon petit chat)
Je souris lorsqu'il utilisa ce petit nom, il s'était mis à m'appeler comme ça lorsque j'avais emménagé chez les Romanov il y a plusieurs années. Il disait que mes yeux étaient aussi perçants que ceux d'un chat et il m'avait donné ce surnom.
- Je me sens perdue, dis-je.
- C'est normal, tu as été agressée, et ce n'est pas de ta faute.
Je ne le regardais pas lorsqu'il prononça cette phrase.
- C'est vrai Jade, et vu tout ce que tu as déjà traversé dans ta courte vie, je n'ose imaginer l'état dans lequel tu es actuellement.
Dimitrei n'avait jamais eu ses mots, il se contentait de me dire qu'il me protégeait, que plus rien ne m'arriverait, mais il n'avait jamais été plus loin, il m'avait proposé de voir plusieurs professionnels mais le courant n'était pas passé.
- Tu sais ce que je pense? continua t-il.
Je croisai son regard pétillant et attendis qu'il parle.
- D'abord, il faut que tu manges un peu, c'est non négociable et tu sais que je vais tenir des propos sensés et tu es curieuse, ajouta t-il en riant.
Je pris l'assiette qu'il me tendit et mangeai une bouchée de ma pâtisserie préférée.
- Je pense que tu as besoin de voyager, il faut que tu ailles voir le monde, Paris, Rome, Madrid, Londres, il y a tellement de villes que tu aimerais vraiment! Tu n'as jamais quitté la Russie, tu n'as jamais laissé tes pas te perdre dans une capitale européenne, tu n'as jamais vécu Jade, tu ne t'es jamais laissée aller.
Il resta silencieux après ces mots, Catarina pensait la même chose, et j'étais certaine qu'ils en avaient discuté.
- Même si je le voulais, Dimitrei ne pourra pas s'absenter aussi longtemps, dis-je après un long moment de silence.
- Dimitrei t'aime de tout son coeur, il ferait n'importe quoi pour toi.
- Je ne peux pas lui imposer ça, il travaille dur pour tout ça, ajoutai-je en balayant la pièce de la main.
Ivan se mit à rire.
- Mais enfin Jade, même si nous nous arrêtions tous de travailler, nous pourrions vivre aisément pour encore des générations et des générations! L'argent n'est pas un problème, ce qui compte c'est que tu trouve enfin la paix et la sérénité, que tu sois heureuse et que tu te sentes libre, tu n'as pas envie de te sentir libre?
- J'ai envie de...
Je m'arrêtai. J'avais confiance en Ivan, mais je ne pensais pas qu'il était le mieux placé pour entendre mes états d'âmes, je savais que ça ne plairait pas trop à son grand frère Dimitrei.
- De quoi?
Son intonation avait changé, il parlait d'une voix douce et je ne réfléchis pas plus longtemps.
- J'ai envie de passer une nuit normale au moins une fois dans ma vie, commençai-je. J'ai envie de pouvoir me promener dans la rue la tête haute, sans avoir l'impression de sentir tous ces regards sur moi. J'ai envie de pouvoir sortir avec des amies un soir et m'amuser avec insouciance, j'ai envie de pouvoir rire à gorge déployé, j'ai envie de vibrer pour quelque chose, j'ai envie de savoir qui je suis, terminai-je le souffle court.
Mes larmes coulaient, verbaliser ce que je ressentais était presque aussi douloureux que de le ressentir.
- Je ne suis pas heureuse, pourtant j'aime Dimitrei, je l'aime vraiment, mais je ne me sens pas entière, j'ai tellement de vide en moi, et je ne sais pas comment les combler.
Cette fois c'était un torrent qui coulait sur mes joues, je n'étais pas heureuse, je ne l'avais jamais été, et malgré tout ce que je me disais, il fallait que je parte , avec ou sans Dimitrei. Ivan me prit dans ses bras et je laissai libre court à mon chagrin. Je ne savais pas combien de temps avait duré ce moment, j'avais l'impression que c'était des années de larmes qui coulaient, des années de chagrin, de douleur et je ne méritais pas ça.
Lorsque la porte d'entrée claqua, je sentis Ivan se crisper, mais j'étais incapable de quitter ses bras, je savais que le retour à la réalité serait brutal parce que je savais maintenant quel mal me rongeait, et je serais seule à y faire face.
- Jade? Qu'est-ce qu'elle a?
La voix de Dimitrei était inquiète, mais je le connaissais assez pour entendre la colère contenue.
- Je vous laisse tous les deux, je suis passé apporter des douceurs à ma belle soeur et voir comment elle allait, dit Ivan en se détachant de moi.
- Spasibo Ivan, le remercia mon époux.
- Tout ira bien Jade, tu es très bien entourée, me lança t-il avant de s'en aller.
La porte claqua et je m'allongeai sur le canapé, pleurant toujours.
- Moya lubyov....
Dimitrei s'asseya sur le canapé et posa ma tête sur ses genoux en caressant mes cheveux.
- Parle moi..., dit-il.
- J'aimerai qu'on parte, murmurai-je.
- Très bien, on peut partir quelques jours, répondit-il.
Je me redressai et posai ma tête sur son épaule.
- Non, j'aimerai qu'on parte, qu'on voyage pendant plusieurs semaines. Je veux voir le monde, je veux découvrir des choses, rencontrer du monde, il faut que je parte d'ici Dimitrei, je ne supporte plus d'être ici...
Il arrêta ses caresses et se raidit presque instantanément.
- Tu veux partir?
- Oui, j'en ai besoin. Tout ici me rend triste, je n'arrive pas à avancer, j'ai trop de mauvais souvenirs et je veux qu'on...
Il se leva brusquement et se mit à arpenter la pièce.
- Tu veux me quitter? Tu veux partir, rencontrer d'autres personnes? Tu ne supportes plus notre vie?!
Il hurla ses derniers mots et me fit sursauter.
- Non... Tu ne comprends pas Dimitrei, je...
- Jamais! Tu ne me quitteras pas, c'est Ivan et ma mère qui t'ont mis ces idées dans la tête c'est ça? Tu n'iras nul part, tu es ma femme et tu m'appartiens Jade!
Je le regardai en silence, et réalisai qu'il ne comprenait pas, il ne me comprenait pas...
- Je ne veux pas te quitter... C'est ce dont j'ai besoin pour aller mieux, je ne vais pas bien Dimitrei, j'ai mal en permanence, je me sens vide, je me sens.... Je ne sais pas pourquoi je vis...
- Tu ne m'aimes pas? Je t'aime moi, je t'aime de tout mon coeur et je ne peux pas vivre sans toi!
J'avais réalisé à cet instant l'erreur que j'avais commise... Je savais que me marier avec lui était prématuré, mais c'était trop tard et l'homme qui disait m'aimer de tout son coeur, m'avait étouffé de son amour...
J'aurais pu anticiper son geste, si j'avais croisé son regard à cet instant, j'aurais vu cette folie naître, j'aurais su qu'il n'était plus l'homme qu'il avait prétendu être depuis le début...
- Non... Non! C'est hors de question!
Il m'attrapa violemment par le bras et me poussa si fort que je tombai au sol.
- Tu ne partiras pas!
Les premiers coups pleuvaient ce jour là, des coups de désespoirs, des coups violents, des coups d'amour, c'était ce que je ressentais, des coups d'amour...
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