
Chapitre 2
Saint Pétersbourg, la capitale des Tsars ou la Venise du Nord comme beaucoup l'appellent. La première chose qui m'avait frappé lorsque j'avais atterri dans la ville, fut la beauté de son architecture. J'avais eu l'impression d'avoir mis les pieds dans un conte de fée et malgré la tristesse que je ressentais, mes yeux d'enfant s'étaient illuminés, les nombreux palais rendaient le paysage magique.
Oncle Andrei avait un chauffeur qui faisait aussi office de garde du corps, Borislav était d'une froideur sans nom, son regard était d'un bleu glacial et j'étais incapable de lui donner un âge. La voiture s'était arrêtée sur la célèbre rue Nevsky Prospekt, devant un immeuble majestueux avec un portier. Je me souviens de la peur que j'avais ressenti une fois devant, l'émerveillement passé, l'angoisse m'avait de nouveau saisi.
- Jade kroshka, tu es chez toi maintenant et je vais prendre soin de toi khorosho? m'avait dit oncle Andrei en s'agenouillant face à moi.
Il avait un accent prononcé, son regard était doux, il m'avait pris la main affectueusement et j'avais décidé à ce moment là que je pouvais lui faire confiance, il était de la famille et même si maman m'avait fait partir, elle ne m'aurait pas envoyé chez quelqu'un de méchant.
- Qu'est-ce que ça veut dire? avais-je demandé.
Il avait souri et s'était relevé.
- Kroshka ça veut dire "ma puce" et khorosho, " d'accord". Mais ne t'inquiètes pas, la première chose que tu vas apprendre c'est le russe, ensuite tu apprendras le français et tu auras le choix pour une autre langue, nous verrons cela plus tard. Rentrons, je vais te montrer l'appartement où tu vas vivre maintenant, je t'expliquerai ensuite les règles de la maison et ce qu'il va se passer pour toi maintenant que tu vis avec moi.
Il m'avait guidé jusqu'à une porte ouverte située au dernier étage bâtiment devant laquelle sept personnes nous attendait.
- Jade voici les personnes qui travaillent pour moi et pour nous maintenant, je te les présenterai plus tard, viens suis-moi, avait-il dit en me tirant doucement par la main.
Je m'étais laissée guider à travers les cinq cent mètres carrés de l'appartement et ouvris la double porte lorsqu'il m'avait demandé de le faire. Une magnifique chambre m'attendait, une chambre de princesse, toute de rose et blanc, mes yeux s'étaient perdus entre l'énorme maison de poupée, la bibliothèque qui débordait, le lit à baldaquin, les poupées et autres jouets, la coiffeuse, le dressing remplie de robes et autres vêtements qui me paraissaient trop beaux pour être vrais. Une autre porte donnait sur une salle de bain, les fenêtres étaient tellement grandes, celles de la chambre donnaient sur un balcon et la vue était magnifique.
Je m'étais retournée pour regarder oncle Andrei qui souriait.
- Tout ça c'est pour moi? avais-je demandé incrédule.
- Bien sur, c'est ta chambre. Tu voudras surement la changer lorsque tu seras plus grande, mais j'ai pensé que tu aimerais cette décoration, c'est le cas?
- Oui, j'ai jamais eu de chambre comme ça, pas de poupées et de livres, Gaby m'en prêtait lorsque maman n'était pas là.
- Ta maman ne voulait pas que tu aies de livres?
- Je n'arrivais pas à être comme Gaby et Anthony, est-ce qu'ils vont venir bientôt? avais-je ajouté.
Je me souviens qu'il avait haussé les sourcils et je pense que, inconsciemment, je savais que maman avait menti et qu'ils ne comptaient pas me rejoindre, qu'elle m'avait abandonné.
- Tu les reverras Jade... Pourquoi tu dis que tu n'arrivais pas à être comme eux?
- A l'école, ils ont dit à maman que j'étais dyslexique. Elle était très en colère, j'ai essayé de faire des efforts mais j'étais trop nulle, tout ce que j'essayais je le ratais. C'est pour ça que maman m'a abandonné? C'est pour ça qu'elle m'a envoyé ici? J'ai pas été assez sage? J'ai essayé, j'étais pas triste de pas avoir de bonbons, de jouets, de nouvelles robes comme Gaby, j'étais contente de récupérer ses vieilles affaires, mais c'était pas assez?
J'avais pleuré à ce moment là, je m'en souviens encore et oncle Andrei semblait surpris au début puis en colère. Avec du recul, j'aurais du comprendre à ce moment là que sa réaction était étrange, un oncle sorti de nul part qui m'offrait une vie de rêve que je n'avais pas demandé, à l'autre bout du monde, c'était pas normal.
- Jade, ce n'est pas toi le problème, c'est ta mère mais ne t'inquiètes pas, maintenant que tu es avec moi, tout ira bien, da?
Et tout allait bien, tout avait été mis en oeuvre par oncle Andrei et les trois premières années de ma vie à Saint Petersbourg étaient consacrée à l'apprentissage. Ma dyslexie ne me posait plus de problèmes et ce grâce aux meilleurs spécialistes du pays. J'avais appris le russe et le français comme prévu, j'apprenais à jouer du piano, je montais et oncle Andrei m'avait promis que j'intégrerai une école privée dés que j'aurai l'âge d'entrer au lycée.
Maman n'était jamais venu, j'avais pleuré quelque temps, Gaby, Anthony et papa me manquaient mais peu à peu je m'étais habituée à leur absence et je me plaisais dans ma nouvelle vie. Mon oncle m'aimait et il me le montrait, c'était la première fois qu'on m'accordait autant d'attention alors je m'étais très vite attachée à lui et il m'avait demandé de l'appeler Andrei.
Comme il l'avait dit à mon arrivée, il avait fini par m'expliquer ce qu'il attendait de moi. C'était un soir d'hiver et j'avais quatorze ans, nous étions allés patiner au Laponie parc, c'était magique et j'avais ris comme jamais lorsque Andrei était tombé à plusieurs reprises, j'étais heureuse je ne pouvais le nier.
- Ty sadishsya Jade, m'avait-il dit en prenant lui même place sur le fauteuil près de la cheminée.
Je m'étais assise et j'avais pris la tasse de chocolat chaud qu'il me tendait.
- Est-ce que tu es heureuse? avait-il demandé.
- Oui, je suis heureuse.
- Si tu es heureuse je le suis aussi maya sladkaya (mon ange), maintenant il faut que tu saches certaines choses.
Il avait bu une gorgée de son chocolat en me regardant étrangement.
- Sais-tu quel âge j'ai? Je ne suis pas beaucoup plus âgé que toi Jade, j'ai tout juste vingt neuf ans.
J'étais surprise, je savais qu'il était jeune, mais je pensais qu'il avait l'âge de ma mère. Je ne comprenais pas où il voulait en venir alors j'avais écouté la suite en silence.
- Mes parents sont morts il y a quelques années. Mon père a toujours été très traditionaliste, pour lui chaque personne avait son rôle dans la famille, lui était le patriarche et ramenait l'argent à la maison, ma mère devait s'occuper de mon éducation, m'apprendre les bonnes manières, me donner une bonne culture artistique, faire de moi un personne respectable, digne de notre nom, elle était parfaite dans ce rôle tu sais.
Il s'était arrêté quelques secondes, complètement perdu dans ses pensées et ses souvenirs certainement.
- Mama était parfaite, j'ai eu toutes les cartes en main pour être digne de l'empire de ma famille, faire perdurer l'héritage qu'ils m'ont laissé, il me manque juste une chose que je cherche depuis toujours. J'ai vraiment cherché tu sais, j'ai cherché depuis mes dix huit ans en vain. Est-ce que je t'ai montré un portrait de ma mère lorsqu'elle avait ton âge?
Il avait sorti une photo d'un tiroir et me l'avait tendu, je n'avais pas pu prononcer un mot, les yeux rivés sur l'image.
- Tu as vu comme tu lui ressembles?
Effectivement nous nous ressemblions, j'étais tellement surprise. Nous avions les mêmes cheveux bruns avec des reflets roux, les mêmes yeux verts desquels je tenais mon prénom, les siens étaient un peu plus clairs que les miens, nous avions les mêmes tâches de rousseurs malgré un teint légèrement halé.
- On est vraiment de la même famille alors? avais-je demandé.
J'avais eu des doutes au fil des années mais après avoir vu cette photo... Il s'était approché et m'avait pris les mains.
- La première fois que je t'ai vu, j'ai cru rêver sladkaya, je me suis dis que tu étais un cadeau du ciel, que tu étais un ange que ma mère m'avait envoyé de là haut. Je devais savoir qui était la petite fille qui ressemblait tant à ma mère, qui était ses parents, où est-ce qu'elle vivait.
Nous n'étions donc pas de la même famille, à cet instant je n'avais pas eu peur, il avait pris soin de moi et j'étais heureuse.
- Alors j'ai fais des recherches, lorsque j'ai appris la vérité te concernant, j'ai su que tu serais beaucoup mieux à mes côtés, que je pourrai t'offrir tout ce dont tu aurais besoin, que je pourrais faire de toi une personne parfaite Jade, beaucoup plus que tu ne l'es déjà.
Il ne m'avait pas lâché les mains et me regardait étrangement, j'étais mal à l'aise, mais j'avais confiance en Andrei, il ne m'avait jamais fait de mal et j'étais persuadée qu'il ne m'en ferait jamais.
- Tu veux connaître la vérité? Comprendre pourquoi j'ai voulu t'avoir à mes côtés plutôt que de te laisser vivre là bas? Tu te sens bien avec moi n'est-ce pas?
- Oui Andrei, avais-je répondu.
- J'ai appris que ta mère n'était pas celle qui t'avait donné la vie.
Il avait lâché la bombe sans hésiter, il ne m'avait pas laissé le temps de réaliser il avait continué en me serrant les mains.
- Ton père a rencontré une autre femme, Juliette Verrati une franco-italienne qui donnait des cours à l'université de Bâton-Rouge, ils sont tombés fous amoureux et tu es née de cet amour. Malheureusement Juliette a perdu la vie quelques semaines après ta naissance et ton père a décidé de te garder, malgré l'avis de ta mère, tu étais tout ce qu'il lui restait de cet amour perdu. Ça explique beaucoup de choses sur le comportement de ta mère, elle a pardonné l'infidélité de ton père mais pas ta présence Jade.
Maman n'était pas ma mère biologique, et Andrei avait raison, je comprenais pourquoi elle avait ce comportement avec moi, pourquoi elle ne m'aimait pas. Ma mère s'appelait Juliette Verrati et elle était morte, j'aurais voulu savoir ce qu'il s'était passé, j'aurais voulu savoir comment elle était, si elle avait de la famille, j'aurais voulu tout savoir.
- Je sais que tu te poses beaucoup de questions et j'ai les réponses que tu cherches. J'ai fais ça pour toi Jade, j'ai fais en sorte d'avoir toutes les réponses que tu pourrais chercher, j'ai fais ça parce que je tiens à toi, est-ce que tu me crois?
J'avais levé les yeux pour le regarder, il y avait du désespoir dans son regard, comme si sa survie dépendait de ma réponse. Je ne l'avais pas vu comme ça à l'époque, j'étais complètement perdue, sous le choc, mais la seule personne qui était présente pour moi était Andrei.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant?
- J'ai attendu que tu sois plus âgée et que tu te sentes mieux ici, à ta place, épanouie, j'ai fais ça pour toi Jade, tout est pour toi.
Je n'avais pas répondu, j'avais lâché sa main et j'étais partie m'enfermer dans ma chambre.
- Jade? Jade! Ouvre la porte! Ne sois pas en colère contre moi, je sais que j'aurais dû te le dire plus tôt, mais j'ai patienté pour ton bien. Jade!
Je pleurais, est-ce qu'il avait décidé de me prendre avec lui parce que je ressemblais à sa mère? Qu'est-ce qu'il attendait de moi? Pourquoi avait-il décidé de me dire tout ça maintenant?
- Jade... s'il te plait, parle moi, je suis désolé! Ty nuzhna mnye (J'ai besoin de toi)
J'avais découvert ce jour là, une partie du vrai Andrei Baranov, mais je ne l'avais pas réalisé. Je n'avais pas réalisé que cet amour qu'il me portait n'était pas normal, je n'avais pas réalisé que la situation était étrange, j'étais juste une enfant qui avait débarqué dans une ville avec un homme qui prenait soin d'elle, lui apprenait beaucoup de choses et qu'il l'aimait comme un père, oui comme un père...
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Coucou,
Voici la suite. J'ai entendu les requêtes de certains et j'ai décidé de poursuivre la publication en même temps que mes deux autres fictions.
Excusez-moi si il y a parfois du retard mais écrire trois histoires en même temps c'est compliqué.
Enfin bon, laissez-moi vos impressions.
Bisous ❤
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