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9- Enfant de Carthège

La réalité s'imposa à elle, menaçante. Le souffle glacé d'un cachot obscure envahit son esprit, et elle entendit distinctement le couinement des rats sous les murs délabrés. La prison. La mort, peut-être. Louise attrapa deux pans de sa robe et plongea dans une révérence factice, imitant en vain la position des dames, quelques secondes auparavant.

- Votre altesse, bafouilla-t-elle alors que son équilibre vacillait, je vous pris de me pardonnez. Je connaissais votre nom, mais jamais je n'ai eu l'honneur de vous rencontrer. Je ne suis qu'une paysanne que mon oncle a eut la bonté d'héberger pour quelques semaines.

Ses muscles endoloris la tiraillaient, et sa position inconfortable réveilla sa nuit affreuse sur la terre dure. Les secondes s'engrenèrent dans l'angoisse de la sentence.

- Relevez-vous madame, asséna-t-il enfin.

Louise se redressa pour soutenir son regard claire, le menton relevé. Un demi-sourire étira les lèvres pâles du prince.

- Accompagnez-moi dehors, nous allons faire quelques pas.

Louise le dévisagea un court instant, stupéfaite. Elle attendait une condamnation au pire, un pardon glacial au mieux, mais sûrement pas une telle invitation. L'expression ébahie de Moustafat lui prouva qu'il pensait la même chose. Une once hésitation la traversa, et elle songea un court instant à refuser. Mais ce n'était pas une proposition, et Louise s'engagea à ses côtés, contrite.

- Ainsi, vous venez de la campagne, reprit-il.

Ils sortirent de l'échoppe et passèrent devant un superbe carrosse aux armoiries gravées.

- Oui, votre altesse.

- Pourtant, malgré vos manières effroyables, vous ne parlez pas comme une paysanne, ni comme une de ces petites bourgeoises de bourgade.

Louise déglutit et fouilla le paysage, à la recherche d'inspiration. Derrière les riches passantes vêtues de splendides robes en soie, une ou deux ombres s'attachaient aux pas de leur maîtresse, discrètes et muettes, parfois ensevelies sous une pile de paquets.

- Ma mère était demoiselle de compagnie. Elle m'a transmis son amour des mots, la lecture, l'écriture et de solides bases en calcul.

- Vous savez donc lire et écrire ?

Le ton surpris de sa voix calme lui indiqua qu'elle avait commis une grave erreur.

- Interessant, commenta-t-il, les mains nouées derrière son dos. Rares sont les dames avec autant d'instruction, même parmi la noblesse.

Un silence s'installa, couvert pas le bourdonnement intempestif des fiacres, chevaux, cochers et badauds.

- Pourtant, reprit-il, votre révérence est déplorable.

Les rouages de son cerveau se consumaient pour lui servir un mensonge crédible.

- Quelle intérêt y-t-il pour une paysanne à maitriser l'étiquette ?

Un rire léger salua sa répartie.

La robe de taffetas juxtaposée au jupon rendait la progression de Louise difficile, entravant ses mouvements. Elle manqua de perdre l'équilibre alors que son pied écrasait le tissu.

- Je déteste cette foutue robe et cet horrible corset, pesta-t-elle sous l'oeil amusé du prince

- Elle vous va bien, pourtant.

Louise pivota la tête dans sa direction, surprise. Mais le visage neutre du prince ne plaisantait pas, et ses prunelles bleues la sondait de leur éclat indéchiffrable. Elle détourna le regard sur les pavés, mal à l'aise.

- Je ne vous ai pas demandé votre nom.

Louise se mordit la lèvre, ses muscles raidis, en quête d'une parade.

- Moi non plus.

Le prince s'esclaffa de nouveau, plus franchement cette fois-ci.

- Encore une chose que vous ignorez.

Il la surplombait d'une demie-tête, et à ses côtes, Louise se sentait minuscule.

- Je m'appelle Angelus, lui apprit-il. Je vous ai donné mon nom, à votre tour de me livrer le votre.

Les lèvres closes, Louise réfléchissait à vive allure. Il incarnait le pire des dangers pour elle, et si jamais il venait à découvrir son identité, s'en était fini. D'un autre côté, un nom ne la trahirait pas.

- Louise, trancha-t-elle.

- Louise, répéta-t-il dans un murmure. Et d'où venez-vous ?

Nouvelle complication.

- De Bellador, mentit-elle.

Elle enchaîna, de peur qu'il n'exige des précisions.

- Et vous, votre altesse ? Que venez-vous faire sur les terres de votre oncle ?

Il balaya l'air d'un geste vague.

- Le devoir, éluda-t-il.

Soudain, Angélus fondit sur la gauche, attrapant une petite masse rousse et la souleva dans le vide. L'enfant, à peine âgé de douze ans, fendait l'air de ses pieds nus, à moitié étouffé par son col pressé contre sa gorge. Ses joues creusées et son front étroit étaient noircis de crasse tandis que ses haillons déguenillés ne couvraient pas la totalité de son corps trop maigre.

- Lâchez-moi ! Glapit sa voix fluette.

Le prince posa l'enfant au sol, le maintenant toujours par son col troué.

- Sais-tu qui tu t'apprêtais à voler, petit gueux ?

Sous sa voix d'apparence posée, Louise perçut la menace. Le gamin ne répondit pas, tirant sur ses haillons pour échapper à son emprise.

- Ton prince, futur roi de l'Empire.

Le garçon cessa de se débattre. Son souffle erratique se mua en une respiration imperceptible, et son visage malingre se décolora pour adopter une teinte fantomatique.

- Votre altesse, je ne savais pas, pitié...

La terreur pure perçait dans chacun des mot que ses lèvres livides prononcèrent.

- Et sais-tu quelle sentence est appliquée pour un tel crime ?

Le garçon se taisait, les membres tremblants.  Louise, paralysée, fixait l'homme et l'enfant, la gorge nouée d'une boule d'angoisse. Le contraste entre les muscles puissants d'Angélus et la maigreur squelettique  du gamin accentuait son mal aise. Un seul mouvement suffirait.

- La mort, asséna le prince avec un calme glaçant.

L'effroi déferla en elle comme le vent sur la côte. Son estomac se souleva dans un grondement sourd, des sueurs froides glissèrent entre ses omoplates. L'enfant fixait sur Angélus deux billes éteintes dont la couleur brune ne reflétait plus que du désespoir.

- Pitié, répéta-t-il.

Un sourire carnassier étira le visage angélique du prince, et il se tourna vers la jeune fille.

- Voilà un spectacle divertissant. Cette vermine de sans-pouvoir va disparaître, je l'emmène avec moi pour amuser mon oncle. Je ne me permettrai pas de procéder à l'exécution sous vos beaux yeux.

Louise déglutit. La démonstration de Thalia envahit sa mémoire. Elle avait parlé de puissance, de magie. Angélus était donc l'un de ces mages, et semblait mépriser ceux qui en était dépourvu. Elle-même ne connaissait rien aux pouvoirs occultes qu'elle ou un autre possédait, pas plus qu'elle ne savait s'en servir. Défier Angélus à ce moment précis relevait le la pure stupidité. Mais elle croisa le regard déchiré de l'enfant.

- Ne le tuez pas, intima-t-elle d'une voix coupante.

Elle planta ses prunelles noisettes dans celles, assombries par la contrariété, d'Angélus.

- Vous osez vous dressez contre de la volonté de votre prince ?

Un éclat dangereux dansait dans son regard glacial, et Louise adoucit l'inflexion de sa voix.

- Cet enfant ne fait que le nécessaire pour survivre.

La voix puissante d'Angélus trancha l'air, son visage angélique assombri d'une dureté froide.

- Cet enfant est coupable de crime contre une altesse impériale. Si je l'épargne aujourd'hui, d'autres suivront son exemple. C'est ainsi que subviennent les révolutions.

Tant de cruauté la pétrifia. Elle embrassa du regard ses traits délicats et ses cheveux rehaussés d'or, son nez fin et le plis inflexibles de ses lèvres. Une beauté angélique pour une âme démoniaque. Le pouvoir coulait dans ses veines, la puissance imprégnait chacun de ses gestes. Mais la vue de l'enfant, pâle et terrifié, lui rendit son courage.

- Au contraire, argumenta-t-elle d'une voix qu'elle espérait ferme, en l'épargnant, vous montrerez à tous quel prince magnanime vous êtes.

- On ne gouverne pas un royaume par la clémence.

Il tira un peu plus sur les haillons du garçon qui gémit de douleur.

- Pourtant, vous avez été clément avec moi, tout à l'heure, souffla-t-elle dans un murmure.

Ses iris célestes dardées sur elle, le prince détaillait en silence cette jeune femme dressée contre lui pour la vie d'un sans-pouvoir. Sa taille fine, son teint pâle et sa chevelure dorée lui donnaient une allure fragile, celle d'une poupée en porcelaine que l'on brise d'un geste maladroit. Mais là où la totalité de la cour ployait devant lui, elle le défiait de ses prunelles étincelantes.

- Il semblerait que vous y soyez très attachée, à cette vermine, lâcha-t-il du bout des lèvres.

Un léger sourire ourla le coin de ses lèvres, dévoilant une rangée de dents bien alignées.

- Que m'offrez-vous en échange de sa liberté ?

Tous ses muscles se raidirent, et Louise flaira un piège.

- Je ne peu rien offrir que vous n'ayez déjà, votre altesse. Vous êtes le prince de cet Empire.

La flatterie, habilement placée, arracha un second sourire à Angélus qui s'amusait comme un fou.

- Détrompez-vous, vous avez beaucoup de choses à m'offrir.

Un désagréable frisson remonta le long de ses omoplates.

- Mais commençons par une faveur, voulez-vous ?

La méfiance s'insinua dans chaque recoin de son esprit, et elle froissa le tissu bleu nuit pour ne pas céder à la panique.

- En échange de sa liberté, je vous demande de paraître au bal donné ce soir, en mon honneur, par le duc de Saint-Ange. Le duc et moi-même nous ferrons une joie de vous recevoir, vous et votre oncle.

A l'évocation de ce nom terrible, toutes les parcelles de son corps se crispèrent, et le goût âcre de la peur déferla en elle. Jamais elle n'en ressortirai vivante.

- Je... s'apprêta-t-elle à refuser.

Elle rencontra le visage implorant du garçon. Ses pommettes creusées et les hématomes sur son visages crasseux criaient famine.

- Ce serait un honneur pour moi que de me joindre à vous ce soir, capitula-t-elle.

***

- Enfuie ? Comment ça enfuie ? rugit le duc.

Les deux gardes s'échangèrent un regard embarrassé.

- Techniquement, elle ne s'est pas tout à fait enfuie, précisa l'un.

Elzéar de Saint-Ange l'enjoignit de s'exprimer d'un regard impérieux.

- Un garde est venu la chercher, il a dit que vous vouliez l'interroger.

- Enfin, techniquement, ce n'était pas vraiment un garde, précisa le second. Je veux dire, enchaîna-t-il sous le regard furieux du duc, qu'il a volé un uniforme.

- Mais nous on ne pouvait pas le savoir, que c'était un faux garde. Je veux dire qu'à cause de son déguisement, on a cru que c'était un vrai garde.

- Pas étonnant, rajouta le deuxième, puisqu'il portait un vrai uniforme.

Evito se pinça l'arrête du nez, excédé.

- Sortez, bande d'imbéciles. Et amenez moi Derrick et Malerce.

Les deux hommes s'empressèrent d'obéir, désireux d'échapper au courroux ducal. Une minute plus tard, les sentinelles pénétraient dans son bureau.

- La prisonnière spéciale s'est échappée, je veux que vous la retrouviez avant le bal, ordonna-t-il d'une voix sèche. C'est une sans-pouvoir, cela ne devrait pas trop vous poser de problème.

- Votre grâce, reprit le Derrick avec embarras, il y a comme un soucis...

- Un soucis ? répéta le duc avec bien trop de calme pour que cela soit rassurant. Et quel soucis ?

Le trapus se tordait les mains.

- Votre grâce... il se trouve que l'humaine n'est pas tout à fait humaine... elle... disons qu'elle...

- Cessez de bredouillez et venez-en au fait !

- Elle a des pouvoirs votre grâce.

Silence.

- Et ce ne sont pas des pouvoirs ordinaires, continua le pauvre homme. Il semblerait que ce soit une ilune...

- Une ilune ! Tonna le duc. Et vous ne pouviez pas me le dire avant, pauvres imbéciles !

Il frappa le bureau du plat de sa main, et les deux sentinelles sursautèrent.

- Trouvez-là avant que mon neveu ne débarque, ou des têtes vont tomber.

Et il les congédia d'un geste de la main.

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