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19- L'Ange noir

Une lame froide coula contre sa gorge. L'homme immobilisa son corps d'une main ferme. Le souffle court, Louise suffoquait. L'air abandonnait ses poumons. Elle allait mourir.

Dans un sursaut de désespoir, elle plaqua ses mains moites contre le torse de l'agresseur et poussa de toutes ses forces.

Une force brute naquit au fond de ses entrailles. Elle enflait comme un ballon qui se gonfle, se propageait à travers son sang, gagnait ses muscles. Un froid polaire inondait ses artères, courait sous sa peau. Le fourmillement s'intensifiait, convergeait vers ses paumes tendues. La panique soufflait sur les crépitements invisibles, décuplant leur portée.

Sa vision se troubla, les silhouettes sombres dansaient sous l'éclat argenté de la lune. Ses bras s'illuminèrent d'un bleu saphir, une décharge glaciale la traversa toute entière.

La pression étouffante de la lame sur sa gorge s'évanouit et la main libéra sa taille. L'homme s'envola à pleine vitesse pour se fracasser contre un rocher, le crâne fendu. Louise avala l'air avec avidité. Elle massa sa gorge de larges ronds circulaires, la respiration sifflante.

Orion se matérialisa devant elle, le front barré d'un pli soucieux.

- Tu vas bien ?

Elle hocha la tête tandis que son rythme cardiaque se stabilisait. L'air frais apaisait son corps en ébullition et dissipait une migraine tenace. Sa peau se teinta à nouveau d'un beige pâle.

- Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, balbutia-elle.

Etendu sur la terre, l'homme gisait, raide mort.

- La lune exerce la gravité sur terre, réfléchis Orion. J'imagine que c'est dans tes attributions de la contrôler.

Il s'accroupit face au cadavre, le débarrassa d'un épais manteau noir et déchira sa chemise d'un coup sec. Joignant les mains, il se concentra un instant. Une lueur dorée jaillit de sa paume, gonfla pour atteindre la taille d'un petit ballon. La boule lumineuse diffusait ses doux rayons un mètre autour d'elle et flottait dans la nuit à hauteur d'épaule.

Louise scrutait cette luciole géante, hypnotisée. Elle tendit son bras vers la source de lumière, timide, et effleura la sphère. Elle  couina de douleur alors qu'elle arrachait sa main du minuscule soleil.

- Bélophore, jura Orion.

Il fixait le torse nu du cadavre, les prunelles sombres et les sourcils froncés. La lueur dorée éclairait sur sa peau pâle un motif charbonneux, gravé au-dessus de son sein droit. Des plumes entrelacées façonnaient le dessin, déployées vers un ciel fictif. Une paire d'ailes noires.

- Qu'est ce que c'est ? Interrogea Louise.

L'expression neutre, Orion retourna un à un les replis du manteau noir. De la poche intérieure, il sortit une bourse au ventre rebondi et deux morceaux de papier. Il exposa le premier à la sphère lumineuse, et des pigments colorés révélèrent sous leurs yeux la peinture d'un visage. L'éclat noisette d'un regard pétillant, un nez droit relevé en trompette, un teint trop pâle et un front trop large. L'exacte représentation de...

- Mon portrait, glapit Louise.

- Exécuté par un professionnel, constata Orion.

Le travail, d'une finesse et d'une précision inquiétante, confirmait la pire des hypothèses.

- Angélus a déjà lancé des assassins à mes trousses, en déduisit Louise d'une voix blanche.

- Pas Angélus.

Il lui désigna le cadavre.

- Les ailes noirs sur la poitrine droite marquent les meilleurs assassins de tout l'empire. Surentrainés depuis l'enfance, ils tuent, espionnent et volent sans jamais rater leur cible. Ils n'ont d'autre loi que le crime et d'autre maître que l'Empereur.

- Tu veux dire que...

- Les Anges Noirs te traquent. Azazel réclame ta mort et n'aura de repos que lorsqu'il obtiendra ta tête.

Un frisson glacé lui dégringola l'échine. Le cadavre éventré hypnotisait son regard, un goût amer lui emplissait le palais. Du sang rougeâtre coulait de son crâne fracassé, nimbant sa peau pâle comme un coulis de fruit rouge.

- C'est ma faute, murmura-t-elle. Je suis une meurtrière.

Orion lui jeta une oeillade agacée.

- Bien sûr que non, tu t'es défendue. C'est d'ailleurs un miracle que tu sois encore vivante. Les Anges Noirs ne ratent jamais leur cible.

Il approcha le deuxième parchemin de la sphère lumineuse. Tracé au fusain, un rectangle entrecoupé de traits noirs encadrait un point rouge. Plusieurs lignes y délimitaient des cases aux annotations tracées à la hâte.

- Salon des dames, antichambre, cuisines, bibliothèque, buanderie, roseraie, énonça Louise d'une voix tremblante. C'est le plan d'une maison.

Orion explorait le parchemin de ses yeux alertes, ses pupilles orageuses virevoltant d'un bout à l'autre de la feuille.

- Ce n'est pas n'importe quelle maison, gronda-t-il. On l'appelle le Manoir de Maubéliard.

Il passa une main rageuse au milieu de sa tignasse ébène.

- Il appartenait à Gaspal, et j'aimerais savoir pourquoi ce fumier en détient le plan.

Une note de colère vibrait dans sa voix grave.

- Gaspal ? interrogea Louise.

- L'investigateur de l'Insurrection, le père de la résistance.

Il tourna le papier. Trois mots s'inscrivaient en lettres noires : trouver la gemme.

- Bélophore, jura Orion

La sphère dorée illuminait ses sourcils froncés et l'orage de ses prunelles. La mâchoire contractée, Orion replia le parchemin en quatre pour le glisser dans sa chemise.

- Nous avons un sérieux problème.

- Angélus ? s'enquit Louise.

- Angélus, Azazel, tout l'empire. Ils ont localisé la gemme qui permet d'ouvrir la Bulle. Ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'ils ne la trouvent. A partir de cet instant, le repère des insurgés et tous ses membres seront perdus.

- Je ne comprends pas un mot de ce que tu racontes, tu ne peux pas t'exprimer clairement, pour une fois ? s'exclama Louise en croisant les bras sur son pull pour glaner quelques degrés de chaleur.

Orion la transperça d'un regard froid.

- Alors qu'Ezechiel soulevait les nobles félons, l'impératrice compris que la Vestali était perdue. Pendant que Rehard se retranchait dans le duché de Dorse pour continuer la lutte avec ceux qui lui étaient encore fidèles, elle s'isola dans les montagnes pour créer la Bulle. Cet endroit secret et inviolable n'avait pas vocation à la guerre, mais à devenir un lieu de paix où tous ceux exposés à la colère du nouvel empereur pourraient se réfugier. Elle en confia la direction à son plus fidèle ami, Gaspal de Maubéliard. Seul de très rares ilunes ont la capacité de créer un tel endroit, non sans sacrifice. En échange d'un repère inviolable, ils perdent tous leurs pouvoirs. Leur magie se concentre en une simple marque, clef unique de la Bulle.

- L'impératrice était donc la seule à pouvoir y entrer ?

- Exactement.

Louise s'installa en tailleur sous la sphère lumineuse, savourant la caresse des rayons chauds sur son visage.

- Si une seule personne en détient la clef, comment pouvez-vous y rentrer ?

- Il existe un autre moyen de pénétrer la Bulle. Lors de la création d'un tel endroit, l'énergie dépensée se matérialise en une pierre qui tombe à proximité du repère, dans une circonférence plus ou moins lointaine. Cette gemme est le seul moyen pour les non détenteurs du tatouage d'entrer dans la Bulle. L'impératrice et Gaspal l'ont cherchée des jours durant sans jamais la trouver. Pressés par le temps, ils ont du abandonner les recherches. La guerre faisait rage, ils ont quitté les lieux pour ne pas attirer l'ennemi. L'impératrice a fini par transmettre son tatouage à Gaspal peut avant de mourir, abandonnant ainsi toute magie.

- Si cette pierre n'a jamais été retrouvée, comment peut-elle être dans le manoir de Maubéliard ? interrogea Louise, les sourcils froncés.

A travers la pénombre, le regard d'Orion se voila.

- Avant de mourir, Gaspal m'a avoué que l'impératrice l'avait retrouvée et la lui avait laissée quelque part, à l'abris de l'ennemi. Il m'a demandé de la récupérer avant Azazel. Je n'ai jamais découvert son emplacement.

- Mais lui, si, souffla Louise.

D'un geste de la main, Orion abaissa la source de lumière vers le sol. Les rayons lumineux léchaient sa mâchoire contractée.

- On va effectuer un léger détour vers l'Ouest. Il faut récupérer cette pierre.

- Ça, ce n'était pas du tout dans le marché, opposa Louise. Tu devais me conduire jusqu'à la Bulle pour que je puisse rentrer chez moi.

- Ce n'est pas négociable.

- Je ne viens pas, annonça-t-elle. Je suis sûre que ça sera dangereux, en plus.

- Ça c'est sûr, confirma Orion d'un ton narquois. A cet instant même, les meilleurs limiers de l'empereur se précipitent vers le manoir pour s'assurer que la gemme ne leur échappe pas. Sans compter qu'il se situe sur les Terres Impériales, à moins de vingt kilomètres du palais d'Azazel. La garde y est triplée, le lieu grouille d'espions et de puissants magiciens. Nous nous lançons dans une entreprise suicidaire.

- Tu te lances dans une entreprise suicidaire, rétorqua Louise dans un glapissement étranglé.

- Absolument pas, répartit Orion d'un ton très calme, une pointe d'amusement dans la voix. Tu vas m'accompagner, aluna, à moins que tu ne comptes sur ton nouvel animal de compagnie pour t'amener vivante à la Bulle.

Louise jeta un regard à Férao. Le renardeau, couché sur le flan, les surveillait de ses prunelles ambrées. Les babines relevées sur des crocs étincelants, il dressait les oreilles, alerte. Un bruissement de fougères secoua les bosquets. Une branche craqua. Louise se raidit.

- Il y a quelqu'un, chuchota-t-elle.

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