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14- La Perle rouge

- On a besoin d'un fiacre pour traverser la ville, lâcha Orion, dissimulé dans l'ombre du mur de pierre.

- C'est trop dangereux. Avec nos habits, on se fera tout de suite repérer.

Le jeune homme progressait sous l'éclairage tamisé des étoiles, les mains fourrées dans les poches.

- Peut-être, admit-il en accélérant le rythme, mais si on ne met pas le maximum de distance entre le prince et nous, le danger sera le cadet de nos soucis.

Ils débouchèrent sur un large boulevard bordé d'hôtels particuliers. L'agitation, bien moins affriolante qu'en plein jour, comptait l'activité d'une myriade de fiacres gagnant les soirées mondaines au triple galop. Orion héla un véhicule vide qui se rangea sur le bas-côté.

- Bonsoir madame, salua le cocher d'un hochement de tête respectueux. Bonsoir monsieur. Je vous emmène où ?

- A l'extrême sud de Carthège.

L'homme se renfrogna.

- C'est trop loin, grommela-t-il. Il faut compter une bonne heure et demie, et ma femme m'attend.

- On peut payer, précisa Orion.

Le cocher jaugea d'un regard septique sa livret émeraude et le tissu onéreux qui pendait aux pieds de Louise. Il détailla d'un oeil soupçonneux son chignon lâche, ses gants de satin et les diverses éraflures qui parsemaient sa robe.

Louise tremblait sous l'inspection de l'homme. S'il les dénonçait, Angélus retrouverait leur piste en moins d'une heure, et l'ange l'expédierait tout droit en Enfer.

- Et avec quoi vous comptez me payer, si je puis me permettre ?

Sans un mot, Orion saisit le médaillon au cou de Louise, et tirant sur la chaînette d'or, il la brandit sous son nez.

- Avec ça, tu as de quoi t'acheter un autre fiacre et deux bons chevaux vigoureux. L'échange est plus qu'équitable.

A demie étranglée par les maillons minuscules du bijou, Louise s'exclama:

- Sûrement pas! Mon pendentif n'est pas...

Orion bâillonna sa bouche d'une main autoritaire, et le flux de protestation s'étouffa dans sa gorge.

Les yeux du cocher billèrent de concupiscence. Il leva une main vers le bijoux et caressa d'un doigt rêveur le relief froid.

- Marché conclu, s'empressa-t-il d'accepter, mais je le veux maintenant.

- Non, trancha Orion d'un ton catégorique. Tu l'auras quand nous serons aux portes de la ville.

L'homme hésita une fraction de seconde, mais l'éclat doré du bijou le décida.

- Très bien.

    Il les invita à investir le véhicule d'un mouvement ample du menton.

Orion ouvrit la portière, et Louise grimpa à l'intérieur du fiacre, dédaignant sa main tendue. Il s'installa sur la banquette d'en face, accoudé à la vitre, et la voiture s'ébranla.

- Il est hors de question qu'on utilise mon médaillon comme monnaie d'échange, attaqua Louise.

Orion passa une main lasse dans ses cheveux ébènes.

- Qui a dit qu'il allait servir de monnaie d'échange ?

- Mais... à l'instant, tu as promis au cocher de...

- Décidément, tu as beaucoup à apprendre, aluna, se moqua Orion, un sourire amusé accroché aux lèvres

- Tu ne comptais pas le lui donner ? interrogea Louise. Comment on va payer, alors ?

Le jeune homme semblait follement se divertir de la situation.

- Encore une fois, qui t'a dit qu'on allait payer ?

- Mais c'est du vol !

Sa naïveté lui arracha un éclat de rire.

- Je crois que tu n'as toujours pas compris où tu avais atterri. Ici, l'honnêteté est un luxe. On n'avait rien pour payer cet homme, et alors quoi ? On aurait du rester à proximité du château pour qu'Angélus vienne nous cueillir ?

Déchirée entre sa conscience indignée et la petite voix lui soufflant qu'il n'existait aucune autre solution, Louise ne rétorqua rien et s'accouda à la vitre. La plupart des demeures affichaient volets clos, mais certaines lueurs brillaient aux fenêtres, seules points lumineux dans la pénombre. La vue unique des nuances de nuit défilait à la vitre, monotone.

Le trajet s'effectua en silence. Louise plongée dans une myriade de pensées obscures, Orion, les traits masculins de son visage marqués d'une expression indéchiffrable.

Le bercement régulier du véhicule cessa, et Louise jaillit des banquettes en cuire pour fouler une terre humide mais ferme. Les pâles rayons lunaires dévoilaient une étendue de parcelles agricoles et d'herbes hautes s'étalant sur des kilomètres à la ronde. Derrière eux, trois ou quatre modestes habitations délimitaient Carthège de la campagne.

Le cocher sauta à bas de son siège pour s'approcher de Louise, les épaules carrées et la démarche lourde.

- Donnez-moi votre médaillon.

Elle enserra d'une main protectrice les contours métalliques de son bijou et déglutit devant la stature massive du bonhomme.

- C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? s'impatienta-t-il.

Louise fouilla l'espace d'un regard paniqué à la recherche d'Orion.

- Je vous le remet tout de suite.

Elle feignit de détacher le fermoir avec une extrême lenteur pour gagner du temps. Les yeux rivés sur l'homme, elle surveillaient le moindre de ses mouvements.

- Alors, ça vient ? grogna-t-il.

Elle détacha la chainette d'or et la lui tendit au ralenti. Le cocher amorça un geste pour la saisir mais au dernier moment, Louise la leva hors de sa portée.

- Donne moi-ça, petite...

L'homme s'effondra au sol dans un bruit sourd, inerte. Derrière la masse inconsciente, Orion jeta négligemment une pierre au sol.

- Qu'est ce que t'as fait ? s'alarma Louise en s'agenouillant près de l'homme.

Elle glissa une main tremblante sous sa tête, et un liquide poisseux et chaud macula sa peau blanche. Horrifiée, elle retira précipitamment son bras.

- Il saigne ! s'écria-t-elle.

Le jeune homme haussa les épaules.

- J'ai visé au bon endroit pour que la blessure ne soit pas mortelle. Il va s'en remettre.

Deux chevaux vigoureux étaient attelés au fiacre d'un lourd harnais en cuire. Orion les délivra de leur harnachement tout en raccourcissant les interminables rênes à hauteur de garrot pour les nouer entre eux.

- J'espère que tu sais monter à cheval ? s'enquit-il en soulevant le siège du cocher.

Il en ressortit une vieille selle en cuire munie de deux étriers métalliques.

- J'ai fait du poney, une fois, quand j'avais cinq ans, répondit-elle d'un ton machinal.

Le liquide poisseux décrivait sur sa peau fine un chemin gluant et noir dans la pénombre, imprimant sur ses mains glacées une brulure intolérable. Le sang de cet homme souillait ses mains. La mort ternissait de son sceau macabre l'innocence de son esprit.

- Il va falloir que tu apprennes vite, alors, lâcha Orion en sanglant la selle sur la moins imposante des deux bêtes. Parce qu'une longue chevauchée nous attend.

Le sang goutait à l'extrémité de son index, minuscules perles pourpres qui s'écrasaient en silence sur la terre inégale.

- Viens, je vais t'aider à...

- Est ce qu'il est mort ?

La phrase tomba, aussi tranchante qu'une lame. Orion reporta ses prunelles bleues sur la frêle silhouette qui se détachait de la pénombre. Trop faible. Trop innocente.

- Je t'ai déjà dit qu'il était seulement blessé. Ne t'occupe plus de lui et monte sur ton cheval.

Louise hocha la tête. Il se réveillerait. Il était vivant. Ce n'étais pas le cadavre du garde. Elle essuya sa peau poisseuse contre le taffetas de sa robe une fois, deux fois, trois fois. Le sang disparut, mais la sensation visqueuse et coupable s'imprima dans sa chaire, indélébile. Louise s'approcha de l'alezan trapu qui lui parut immense.

- Allez, monte, pressa Orion à ses côtés.

D'une main qu'elle s'efforça ferme, elle saisit le pommeau de la selle. A la manière des films holiwodiens, elle enfonça son pied gauche dans l'étrier et propulsa sa jambe de l'autre côté du cheval. Elle s'empara des rênes tannés, et déglutit devant le mètre cinquante qui la séparait du vide.

Orion l'observa un instant en silence puis rejoignit sa propre monture, un Karabair gris à la stature imposante. Il s'y hissa sans selle ni étriers, les muscles raidis par l'effort. D'un coup de talon dans les flancs, il incita la bête à trottiner et dépassa Louise en direction de la campagne.

- Attend-moi ! s'exclama-t-elle, pétrifiée sur son cheval. Je fais comment pour avancer ?

La voix déjà lointaine du jeune homme lui répondit.

- Raccourcis tes rênes pour qu'ils soient tendus, n'enfonce pas complètement tes pieds dans les étriers, accroche-toi à sa crinière, redresse toi et talonne-le. Pour la direction, écarte les rênes du côté où tu veux aller sans trop tirer dessus.

Louise avala une grande goulée d'air.

- D'accord, marmonna-t-elle. Raccourcir les rênes, c'est bon. Pour les étriers, pas de problèmes.

Elle se redressa sur sa monture, attrapa sans scrupule une grosse touffe de crins rêches, et lui flanqua un prodigieux coup de talon.

L'animal réagit au quart de tour. Une brève foulée d'échauffement et il s'élança à la poursuite de son semblable. La poussière volait sous ses sabots, et le martèlement régulier de la corne drue sur la terre ferme sonnait comme un cri de guerre. Le rythme effréné de la course manqua de désarçonner Louise. Elle rétablit son équilibre in extremis, cramponnée à la crinière volante de sa monture.

Ballotée de gauche à droite dans une danse folle, la maîtrise de la bête lui échappait complètement. Son postérieur frappait la selle à chaque foulée de l'animal, une douleur sourde émanait de ses mains à force de s'agripper aux rênes de toutes ses forces. Sa longue chevelure blonde flottait derrière elle, étendard de sa liberté chèrement acquise. Le vent fouettait son visage et ses chevilles dénudées de bourrasques glaciales.

- Redresse-toi, ordonna une voix à sa droite. Prend appui sur tes étriers et penche-toi un peu en arrière. Accompagne les mouvements du cheval de ton bassin.

Un coup d'oeil furtif lui apprit qu'elle galopait aux côtés d'Orion. Parfaitement droit sur sa monture, il chevauchait une main sur sa cuisse, le regard vissé sur l'horizon. Ses épaules puissantes dégagées vers l'arrière, il semblait se fondre avec son cheval.

Louise, tétanisée par la vitesse folle qui la menaçait chaque seconde davantage, luttait contre la gravité pour éviter la chute.

- Redresse-toi, intima Orion.

- Je ne peux pas, glapit-elle alors qu'elle manqua de perdre un étrier.

L'appelle du vide se renforçait toujours un peu plus, et Louise contractait chacun de ses muscles pour se maintenir en selle.

- Dépêche-toi, ou tu vas tomber.

La terreur s'insinuait en elle à mesure que le sol défilait sous ses pieds. Elle glissait sur le cuire, happée par le néant, incapable de réagir.

- Louise !

Le cri de son prénom l'arracha à son état léthargique. Les cuisses contractées autour du ventre de l'animal, cramponnées aux rênes et à sa crinière, Louise poussa sur ses étriers pour se décoller du dos de la bête. Au prix d'un effort surhumain, elle parvint à se redresser entièrement, le nez face à la lune pâle. Elle ondula le bassin sur sa selle pour s'accorder aux mouvements de sa monture, et rejeta les épaules en arrière.

L'attraction vers le sol devint minime, et sa respiration saccadée se cala sur un rythme plus lent. L'astre lunaire éclairait d'un halo blanc le chemin de terre entre les herbes hautes et les parcelles de champ. La robe retroussée jusqu'à mis-cuisses et ses mèches blondes virevoltantes dans l'air du soir, l'adrénaline lui procurait un étrange sentiment de liberté.

Orion et elle chevauchaient sur la même ligne, côte à côte. Le jeune homme montait à cru, uniquement secondée par des rênes de fortune. Sa silhouette se détachait de l'obscurité, impériale sur son cheval gris.

- Orion ! hurla-t-elle.

Le jeune homme pivota vers elle, imperturbable.

- On va où maintenant ?

Une bourrasque amplifia sa réponse, grave et puissante.

- On rejoint l'Insurrection.

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