Ce chapitre est à écouter avec la musique ci-dessus.

J'enfile un pantalon, un haut et une veste, histoire d'être habillé confortablement. Je prends des bijoux en guise de monnaie, et Maggie arrive. Je souffle et regarde un dernier coup la pièce qui m'aura servi pendant plusieurs jours de prison. Maggie me dit de mettre ma capuche pour qu'on puisse Et ne pas me reconnaître, et on se dirige vers l'arrière cuisine qui donne sur une porte, donnant sur la rue, et gardée par un soldat. Je prie pour qu'on puisse sortir. Maggie lui dit qu'on sort faire quelques courses mais qu'on revient. Par miracle (ou par mégarde), il accepte.

J'arrive enfin hors du palais.

Je suis libre. Enfin.

J'inspire une bouffée d'air frais.

J'allais enfin pouvoir rentrer.

Maman, Gabby, j'arrive.

On marche pendant quelques minutes dans Elzeimos. C'est une ville particulière. Elle est très vivante à certains endroits, mais plus on s'éloigne du château, plus s'installe la pauvreté. Les passants nous regarde bizarrement, sûrement parce qu'on est des femmes seules à se promener dans la ville. Il y a beaucoup de mendiants et de gens ivres étalés par terre.
On sent que ce n'est pas sécure. Mais on marche vite, afin de ne pas être arrêtées.

Je passe ma main sur ma clavicule et me rends compte que le collier en améthyste que ma mère m'avait offert a disparu.

Mince...

Il a du tomber quand je me suis changée tout à l'heure sûrement...

Tant pis, on est partie de toute façon.

-Où est-ce qu'on va, Maggie? Je demande, essoufflée par la marche.

-Chez une amie de mes parents, qui sont morts. Elle garde ma fille. Je viens leur rendre visite. Elle répond.

-Votre fille? Mais vous avez quel âge?

-J'ai seize ans. Je suis tombée enceinte à 15 ans, et le père de ma fille s'est fait tué parce qu'il avait volé une pomme.

-Oh mon Dieu, Maggie! Je suis désolée, c'est horrible. Je sursaute, ébahi par la situation.

-La vie est cruelle à Elzeihmos. Comme il fallait que je gagne de l'argent, cette femme garde ma fille, et en échange je la paie avec une partie du maigre salaire que je gagne au palais.

-Mais la petite est très jeune...

-Elle à 4 mois. C'est la seule solution que j'ai trouvé pour nous faire vivre, toutes les deux.

Quelle histoire horrible. J'aimerais pouvoir les aider...Mais quelle maturité elle faisait part pour une jeune fille.

-Vous êtes courageuse, Maggie...

Elle rougit et sourit.

-Je ne sais pas si je suis courageuse mais en tout cas je fais de mon mieux.

On arrive devant une maison.

-Venez Elyna, je vais vous la montrer! S'exclame-t-elle enjouée, avant de rentrer.

Mince...Je comptais rester à l'extérieur pour partir quand elle aurait le dos tourné...

-Je ne veux pas déranger. Je vais attendre ici. je réponds, mal à l'aise.

Maggie me regarde de ses grands yeux brillants, étonnée et déçue de ma réponse.

J'ai pitié d'elle.

Alors, je cède et j'accepte de rentrer.

Une dame un peu forte nous ouvre, nous salue et nous fait rentrer. La maison n'est pas très grande, mais elle est confortable et chaleureuse.La petite dort dans un berceau près de la cheminée.

-Elle s'appelle Katlyn. Murmure Maggie, le sourire aux oreilles.

-Elle est magnifique. Je réponds.

Elle est vraiment adorable avec ses petits yeux fermés.

-Maggie est une mère remarquable. Me confie la propriétaire de la maison. Elle fait tout pour assurer une vie à sa fille.

-Oui, c'est une bonne personne. Je réplique en souriant poliment.

-Quand j'aurai assez d'argent, je récupérerai Katlyn et j'achèterai une ferme pour qu'on puisse vivre heureuses toutes les deux. Me confie Maggie, les yeux pleins d'étoiles.

Je suis touchée par son histoire. Une petite larme coule, mais je fais en sorte que personne ne la remarque.

Je savais que la vie ici était très dure pour les gens pauvres, mais j'espérais de tout cœur qu'elle puisse réaliser son rêve.

Maggie donne de l'argent à la dame et j'en profite pour lui dire que je l'attendais dehors. Elle hoche la tête et je sors de la maison.

J'arrive Maman. J'arrive Gabby.

Je suis enfin seule. Je peux enfin m'évader.

Je commence à m'en éloigner, mais je finis par me retourner vers le bâtiment. Je pense à Maggie, aux problèmes qu'elle pourrait avoir si on apprenait ma disparition, et je pense aussi à Willan. Mon ventre me picote et je sens mon cœur de pincer quand je repense à notre étreinte. Il me manquait déjà.

Est-ce que c'est lâche de les abandonner?

Willan m'avait profondément touché. J'avais été heureuse de savoir que ma présence l'aidait beaucoup.

Est ce que je serais capable de tout lâcher?

Finalement, est ce que je n'étais pas en train tirer un trait sur une amitié? Je l'imaginais seul, à apprendre ma disparition. Et puis je commençais à m'habituer à la vie au château et m'attacher au Prince.

Je n'avais pas envie de le décevoir. Je n'avais pas envie de lui faire du mal.

Et c'est sûr que je lui ferais du mal si je ne revenais pas.

Peut-être que ma place était ici, à élever spirituellement ceux dans le besoin, à éclairer les journées des personnes tristes et perdues dans leur vie. Peut être que c'était ça ma mission de vie, que je cherchais tant. Peut-être que finalement, je ne m'étais pas retrouvée ici par hasard, que c'était peut être une période dans ma vie importante.

Le visage de Willan se dessinait parfaitement dans ma tête et semblait m'appeler.

Je sais qu'il était sincère dans sa démarche pour le pacte.

Alors pourquoi fuire lâchement en n'ayant pas rempli ma part du marché?

La lâcheté est un véritable défaut, et il ne fait pas parti des miens.

Désolé maman. Désolé Gabby. J'espère que vous comprendrez.

Alors je fais demi-tour et pousse la porte de la maison, pour rejoindre Maggie.

**

Le chemin du retour se fait dans un profond silence qui se brise par un puissant coup de tonnerre. La pluie commence à s'abattre sur nous.

C'est une forte pluie, des torrents coulent du ciel gris et nous, on se met à courir, déjà trempées. On arrive au palais vers 22h. Je me rue dans ma chambre pour que personne ne remarque mon absence et je me déshabille. Je jette mes vêtements trempés sur le canapé et et enfile une petite robe de nuit rose pâle à bretelles.

Et bien, je suis de retour.

Quelqu'un se met à toquer à la porte.

Ça doit être Maggie.

J'ouvre la porte et tombe nez à nez face à Willan.

Je sursaute.

Comme je suis en petite tenue, je rougis tout de suite et croise les bras sur ma poitrine. Mes jambes sont nues, parce que la robe m'arrive en bas des fesses.

La situation à l'air de l'amuser mais il s'efforce tout de même de me regarder dans les yeux, même si ça paraît difficile pour lui.

-Je ne vous dérange pas? Demande Willan, avec un air arrogant.

-Vous auriez dû prévenir. Je lâche en faisant mine de m'énerver.

-J'ai une bonne raison d'être là, ma chère.

-Laquelle?

Je tire sur ma robe pour l'allonger, pas très à l'aise à cause de ma tenue.

Willan rentre dans ma chambre.

Il manque cruellement de gène!

Mais comme il a le droit de tout faire, ne nous énervons pas.
Il me tend mon améthyste.

-Vous devriez faire attention à vos affaires, Elyna.

-Oh. Merci beaucoup, Willan. Vous me sauvez! Où vous l'avez trouvée?

-Dans un couloir.

Il me fait signe de me tourner. Je m'exécute et il m'accroche le pendentif au cou.

Je sens sa main toucher mes cheveux.

-Mais...vos cheveux sont mouillés...Murmure-t-il.

Ma respiration se fige.

Et mince.

Il regarde en direction du canapé, et se rue vers lui. Il attrape mes vêtements trempés et se retourne vers moi, les yeux lançant des éclairs.

-Où étiez vous ce soir, Elyna? Demande-t-il d'une voix glaciale et imposante.

-Willan...

-Répondez! Hurle-t-il.

-Je suis juste sortie prendre l'air dehors... Je réponds d'une petite voix, au bord des larmes.

-Où exactement? J'attends une réponse précise!

Il s'avance vers moi, envahi par la colère.

-Hors du palais...Je murmure en baissant les yeux.

-Je vous demande pardon?!

-J'avais besoin de sortir un peu de l'enfermement...

J'essaie de me justifier comme je peux, mais je suis tétanisée par la peur et la honte. A ce moment là, j'ai peur qu'il me frappe parce qu'il est plus grand, plus fort.

-Qui vous a aidé à sortir? Il est impossible que vous y soyez parvenue seule!

-Je ne peux pas vous le dire... Je dis tout bas.

-Si vous ne le dites pas, je révèle tout à mon père, et il vous fera pendre!

Je me mets à pleurer, et ça n'à pas l'air de l'émouvoir du tout. Sa voix devient plus imposante, plus menaçante.

-J'ai demandé à Maggie de me faire sortir. Elle n'y est pour rien, ne la punissez pas. Tout est ma faute...

-Je vous avais formellement interdit de sortir de l'enceinte du palais!

-Je sais, Willan, je sais! Comme vous avez été honnête avec moi, je me dois de l'être avec vous. Je suis partie d'ici avec l'idée en tête de m'évader quand Maggie aurait le dos tourné, afin de retourner avec ma famille qui me manque terriblement. Mais j'ai changé d'avis et je suis rentrée...

-Peut importe pourquoi vous êtes revenue, Elyna! Vous avez voulu rompre le pacte, vous n'êtes pas loyale et je ne peux en conséquence vous faire confiance! Vous m'avez déçu encore une fois alors que j'ai tout fait pour vous. Vous ne méritez pas de vivre.

Il s'en va en claquant violemment la porte.

Et moi je m'étouffe submergée par mes larmes amères.