Partie XI - Perception cachée
Quelques jours ont passé, et quelques cours aussi. Les progrès étaient maintenant bien visibles. Une après-midi, après une séance d'écriture, Willan m'a proposé quelque chose.
-Ce soir, mon père organise une fête en l'honneur de son cinquantième anniversaire, et j'aimerai que vous veniez.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas dîné avec la famille, c'est à dire depuis notre altercation avec Willan.
Mais je redoutais croiser certaines personnes lors de cette soirée.
-Je ne sais pas trop si je suis la bienvenue...
-Vous l'êtes. J'aimerai que cette invitation soit un remerciement à tout ce que vous m'avez appris.
Le seul remerciement que je voudrais c'était qu'il me délivre.
Peut être que c'était encore trop tôt...
Ses yeux me supplient presque.
Qu'avait-il à gagner en m'invitant? Je le détestais et il me détestait, alors pourquoi faire un pas vers moi? Préparait-il un coup?
Il fallait que je méfie.
-Promettez-moi que tout se passera bien pour moi ce soir. Je redoute ce que votre famille peut me faire. Nous sommes à la base ennemis...
Willan pose sa grande main sur la mienne en signe de protection.
Je frémis.
-Je vous le promets, Elyna.
-Dans ce cas, je serais des vôtres ce soir. Je finis par déclarer.
-Habillez vous chic, ce soir. Et un conseil, les femmes, ici, s'arrachent la vedette afin d'être celle qui sera la plus belle, alors tâchez d'être à la hauteur et je sais que vous en êtes capable. Lâche-t-il en me faisant un clin d'oeil, avant de s'en aller.
Je rêve ou essayait-il de me faire un numéro de séduction?
Quel player!
Je ne rentrerai pas dans son jeu.
On a beau mieux s'entendre depuis quelques jours, c'est quand même le fils de celui qui a tué mon père et qui m'a arrachée à ma famille. Je ne pourrais jamais être amie avec lui.
Une brève pensée pour Maman et Gabriella se forme dans ma tête. Elles me manquent terriblement, et le simple fait qu'elles puissent s'inquiéter pour moi me rend malade.
Alors je décide de porter une robe sirène bleu clair, un peu transparente au niveau du bas du ventre mais magnifique. Il est temps que je montre la hauteur et la puissance d'une femme Elkana. Je laisse mes cheveux blonds détachés et les boucle, et je me maquille légèrement. Ma peau claire fait une avec la robe. J'ai l'air tellement pure dans ce vêtement, telle un joyau qu'on aimerait préserver.
Je descends à la salle de réception et je croise Willan en bas des escaliers.
Il est vraiment très beau, ça on ne peut pas lui enlever.
Son costume sombre fait ressortir sa peau claire et ses yeux noirs.
Son regard est tellement...déstabilisant. Il me déshabille avec, en me contemplant de haut en bas. Gênée par cette robe qui met bien en valeur mes courbes, je rougis quand j'arrive en face de lui.
Il me fait tourner et je me laisse faire, intimidée par une présence si charismatique.
-Vous êtes magnifique, Elyna.
-Les princesses Elkana ont cette pureté que celles Shiroff n'ont pas. Je souligne avec provocation.
-Prouvez moi que vous êtes mieux que ces femmes, et je vous croirais. Murmure-t-il à mon oreille en remettant une mèche de mes cheveux derrière.
Je frissonne.
-Je ne suis pas ici pour vous le prouver. Vous vous éloignez de notre accord initial, Prince.
Hors de question qu'il pense qu'il m'intéresse. Je ne suis même pas à envisager une amitié tellement le personnage s'oppose à mes valeurs.
Il laisse échapper un rire plein d'orgueil.
-Lâchez-prise, ce soir, Elyna. Vous n'êtes pas une Elkana, ce soir, mais une compatissante aux Shiroff.
Il est bien là le problème.
-Parce que c'est vous qui décidez qui je suis, ce soir? Je relève froidement.
Il sourit.
-Sachez, ma chère, que je décide tout ici, après mon père bien entendu. Alors ne l'oubliez pas.
-Vous aimez tellement avoir le pouvoir sur le femmes. N'est-ce pas?
-J'en raffole. Me chuchote-t-il, tout près.
Son odeur enivrante me fait vaciller.
Des picotements naissent dans le bas de mon ventre.
Pourquoi?
Pourquoi cet effet, maintenant?
-Qu'est-ce que vous attendez de moi ce soir? Vous m'avez bien fait venir pour quelque chose... Je lance, méfiante.
Il s'écarte de moi et passe sa main dans ses cheveux épais.
-Vous n'écoutez pas, Princesse. Je vous ai dit que je vous faisais venir aujourd'hui afin vous remercier pour ce que vous avez déjà fait pour moi. Tout ce que j'entreprends n'est pas forcément calculé et manipulateur, vous savez. Déclare-t-il, en haussant ses sourcils parfaitement dessinés.
Décidément sur son physique, tout est parfait...
Je détourne mon regard du sien, en signe de désaccord.
Il m'attrape le bras pour terminer la conversation que je suis en train de fuir.
-Vous n'avez pas confiance... Murmure-t-il en me transperçant de son regard électrique.
Je manque de m'évanouir. Il ne détache pas mon bras et le tient fermement.
-Vous seriez pareil à ma place, Willan.
-Écoutez Elyna, je ne vous ferai aucun mal. Notre pacte tient toujours et j'ai bien l'intention de remplir ma part du marché. Mais s'il vous plaît, faites-moi plaisir et essayez de profiter de la fête. Nous ne sommes pas que des barbares, nous pouvons être très conviviaux quand il le faut.
Peut être qu'il avait raison en fin de compte. Peut être que j'étais trop sur la retenue voire sur la défensive.
-Soit. Je veux bien faire un effort. je finis par déclarer.
On se dirige vers la salle des fêtes. Quand on entre dedans, il me dit:
-Il faut que j'aille toucher deux mots à certaines personnes. Vous ne m'en voulez pas?
Je secoue la tête.
-Je n'ai aucun droit sur vous.
Il s'en va en m'accordant un sourire charmeur.
J'ai chaud, très chaud.
Mais pourquoi je ressens de telles sensations?
Je vais me chercher un verre d'eau sur le buffet, mais bien évidemment il n'y a que de l'alcool et comme je ne bois pas, je reste déshydratée toute la soirée.
Il y a beaucoup de monde et je ne me sens pas très à l'aise au milieu d'autant d'invités.
Ma tête tourne alors je m'isole dans un coin de la pièce.
J'observe tout ce qu'il se passe. Shiroff est entouré de tous ses convives, et je ne vois pas Willan. Il a dû se fondre dans la masse. J'observe aussi que je suis la seule blonde. Ce n'est pas étonnant, dans cette partie du Royaume, tout le monde est brun. Il est alors facile de me reconnaître.
Quelle soirée ennuyeuse.
Les minutes passes, les heures aussi, et je reste seule. Éperdument seule, dans l'incapacité de faire la fête et de « lâcher prise », comme me l'avait demandé Willan.
Au bout d'un moment, il ressurgit et vient me voir.
De la musique s'installe et les gens se mettent à danser.
-Voulez-vous vous joindre à moi, Elyna? Vous ne serez alors pas venue pour rien...
Est-ce une invitation à danser?
Je ne sais pas danser de toute façon.
-Merci pour cette invitation, mais je n'ai jamais appris à danser. Je déclare, un peu honteuse.
Ça n'a pas l'air de l'affoler, bien au contraire.
-Et bien, je vais vous apprendre. Ce n'est pas compliqué.
Comme je ne réponds pas il me tend sa main.
J'hésite quelques secondes avant de la saisir mais finis par l'accompagner. Il m'entraîne là où tout le monde danse et pose ses mains sur ma taille.
Je frissonne.
On est tout près, et il y a un vrai contact physique. Ma hanche tressaille et mon corps devient brûlant.
Mais à quoi je suis en train de jouer?
Je pose mes mains derrière son dos et baisse les yeux, gênée de la situation.
-Regardez-moi, Elyna.
Je lève mes yeux vers lui, timidement.
-...Je ne vous interdis pas de me regarder dans les yeux, vous savez. Déclare-t-il, amicalement.
-Je ne voudrais pas faire quelque chose qui vous déplaise. Je finis par répondre.
Je le crains, je crains ses réactions, je crains pour ma vie. Alors non, je ne peux pas me lâcher.
-Je suis peut être autoritaire et froid, mais je n'ai encore mangé personne. Dit-il en laissant échapper un rire frais.
Mangé, non. Tué, oui.
-Avouez que vous adorez cette situation. Vous adorez avoir le pouvoir sur moi et de me voir soumise à vous.
-Vous me voyez à ce point comme un manipulateur? Questionne-t-il avec une onde de regret dans les yeux.
-Vous n'avez pas répondu à ma question.
Il se met à rire.
-Vous êtes différentes des autres filles, Elyna.
Je ne l'accompagne pas dans son rire et reste froide à son égard, comme il l'était avant.
-Et pourquoi? Je demande sèchement.
-Vous le savez.
-Vous dites ça à toutes les filles.
-Vous vous trompez, Elyna.
-Alors, dites-moi en quoi je me démarque des autres filles, ça m'intéresse de savoir votre perception des choses.
-Alors, vous êtes intéressée par moi? Demande-t-il avec un sourire arrogant aux lèvres.
Mon cœur bondit dans ma poitrine.
A quoi il joue? Comment pouvait-il imaginer une telle chose?
-En aucun cas, Willan. Mais comme nous travaillons ensemble, savoir ce que vous pensez de moi, peut susciter mon intérêt, oui. Mais je ne suis en aucunement intéressée par vous.
Il éclate de rire. Il s'amuse de la situation et ça me dérange. Il commence à m'énerver sérieusement, là.
-Vous êtes la première femme à s'opposer à moi. Vous me tenez tête et vous ne vous y cachez pas.
-Alors pourquoi vous ne me punissez pas? Je vous provoque, alors faites-le moi payer.
Il murmure à mon oreille.
-Parce que vous m'êtes bien trop précieuse à l'heure actuelle. J'ai encore besoin de vous, mais ne vous inquiétez pas, si vous allez trop loin, je pourrai vous tuer quand vous ne me serez plus utile.
Je frissonne à ces menaces.
Plaisante-t-il?
-Vous aviez dit que vous remplirez votre part du marché... Je relève.
-Oh bien évidemment. Je vous libérerai, et après je vous tuerai. Déclare-t-il avec un sourire narquois aux lèvres.
C'en ai trop pour moi. Je me détache de lui, pour partir mais il me rattrape et repose ses mains sur mes hanches, m'obligeant à reposer les miennes sur son dos.
Il est bien plus grand que moi, plus imposant, plus fort.
-Ne vous inquiétez pas Elyna, je ne fais que plaisanter.
-On ne sait jamais avec vous. Je fulmine.
-Vous avez peur de moi?
-Vous posez cette question par simple satisfaction de me savoir soumise à vous?
-Vous êtes parano, Elyna. Mais je lis la peur dans vos yeux: vous ne pouvez pas vous cacher.
-Vous êtes la deuxième personne la plus puissante du Royaume, et vous êtes un mercenaire alors oui, je suis mal à l'aise en votre présence.
Je sens que ces paroles le blessent.
-Nous ne nous entendrons jamais vraiment alors... Murmure-t-il avec une onde de tristesse dans les yeux.
Il se détache de moi, car il comprend que je suis gênée quand il est trop près de moi.
-...Je ne peux pas vous obligez à m'apprécier, Elyna. Vous ressentez encore de la haine et ça se comprend.
Je soupire, au bord des larmes.
-Je ne sais pas où est-ce j'en suis, Willan. Mais je ce dont je suis sûre c'est que je vous suis reconnaissante de vous être assoupli à mon égard. Excusez-moi de mes paroles, je ne sais plus ce que je dis...
Je regrette de l'avoir traité de mercenaire. Il avait fait des efforts et moi je restais fermée à son égard. Oui, il jouait avec moi, mais je restais trop dure avec lui.
-Ne vous excusez pas, Elyna. Venez avec moi, je vous raccompagne à votre chambre, vous êtes épuisée.
Il m'entraîne devant ma chambre.
-Je voulais vous remercier pour la soirée. Je déclare.
-Ne mentez pas, Elyna, vous ne vous êtes pas amusée. Réplique-t-il, une onde de déception dans ses beaux yeux.
-Vous commencez à me connaître. Je réponds en essayant de lui sourire.
-J'espère que vous ne me détestez pas.
-Je ne vous déteste pas, Willan, mais nous ne nous connaissons pas vraiment.
-Le temps fera son affaire.
Je cligne mes yeux de mes longs cils.
Il me souhaite une bonne nuit et repart dans une atmosphère ténébreuse qui lui va à merveille.
Je m'étale sur mon lit et repense à cette soirée mitigée.
Est-ce que Willan m'attire?
Je n'ose pas imaginer une telle chose.
Mais n'importe quelle fille succomberait à ses charmes.
Il avait été gentil avec moi, ce soir, mais il gardait toujours un côté arrogant et méprisant qui me dérangeait.
La méfiance restait ma meilleure amie dans ce palais.
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