Stéphania, perchée sur une branche d'arbre, m'observait, elle pensait surement pouvoir m'attaquer par surprise. C'était sans compter sur mon ouïe capable d'entendre à des kilomètres à la ronde. Lorsqu'elle se sentit remarquée, la bête blonde se laissa tomber et atterrit avec une aisance particulière au sol malgré les bottes en cuire à talons aiguilles qu'elle portait. Son visage pâle était fébrile, ses yeux marrons me fixaient comme prêts à me transpercer et lorsqu'elle entreprit de me foncer dessus je l'arrêtai à la force de mon bras. Je l'avais instinctivement attrapé par le cou et avait envoyé son corps s'écraser contre un tronc d'arbre provoquant un bruit sourd. Elle se releva plus rapidement que ce que j'avais imaginé et je ne pus anticiper sa prochaine attaque.

Lorsque mon crâne percuta la vitre de ma voiture je fus sonnée quelques secondes et mis un petit temps à réaliser ce qui m'arrivait avant de me ressaisir et de laisser sortir mes griffes qui allèrent se loger dans l'abdomen de Stéphania. Elle regarda sa plaie qui se referma presque instantanément, comme si rien ne s'était passé avant de laisser échapper un rire diabolique qui aurait pu me glacer le sang si je n'étais pas dans un état second. Ses yeux commençaient à changer de couleur pour passer au rouge et ses canines s'allongeaient, elle m'attaqua à nouveau et planta ses crocs dans mon épaule ce qui provoqua une vague de douleur à travers mon corps tout entier. Mon poignet se mit lui aussi à me brûler mais je trouvai la force d'aller agripper ses cheveux pour tirer sa tête en arrière et une fois de plus l'envoyer dans les aires avant de foncer vers elle les griffes en avant. Je ne savais pas ce qui se passait mais je ne contrôlais plus rien, je ne voulais qu'une chose, l'éliminer.

Je la dominais largement malgré ses nombreuses années d'expériences, et après avoir encaissé quelques coups je réussis à l'immobiliser au sol, les griffes en l'air, prête à l'achever. Elle avait le visage déchiré par la peur, la confiance et la férocité que j'avais pu lire dans son regard auparavant avaient disparus, au dernier moment je me rendis compte de ce que j'étais sur le point de faire et je me ravisai. Je ne me reconnaissais pas, cette brutalité n'était pas dans ma nature et cette façon de me battre alors que jamais de ma vie je n'avais levé la main sur quelqu'un encore moins. Je rétractai mes griffes.

-Reste loin de moi, la prochaine fois je ne te ferais pas de cadeau, crachai-je menaçante.

Quand enfin je me relevai pour libérer la bête blonde elle s'enfuit à toute vitesse sans rien dire. Je tentais de respirer normalement et de faire redescendre l'adrénaline avec une pointe de satisfaction qui chatouillait mon ego. Mon regard se posa alors sur ma petite Chevrolet qui allait surement devoir faire un tour au garage, mon père allait me tuer. Je me mise à rire nerveusement une fois installée derrière le volant. Je n'en revenais pas de posséder une telle force en moi. Ce sentiment de puissance et de supériorité faisait du bien.

En arrivant chez moi je trouvai mes parents au salon et leur expliquai tout ce qui s'était passé, mes visions, ma conversation avec Nick et Caroline et mon altercation avec Stéphania. Ils pensaient me protéger en me cachant la vérité, mais ce qui était certain c'était que je ne pouvais pas rester dans l'ignorance, personne n'allait me faire de cadeau, j'étais la bête noire non seulement des vampires mais aussi de ma propre famille maintenant. Si cette légende se trouvait être vraie, peut être qu'un jour moi aussi je serais dévorée par cette soif de pouvoir et que je ne m'arrêterais devant rien pour l'obtenir, tout comme cette jeune femme dont les souvenirs me hantaient.

Comme chaque soir depuis quelques jours, j'allais trouver mon lit avec des réponses qui entraînaient des milliers de questions supplémentaires.

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