Il était tard dans la nuit, je ne trouvais pas le sommeil et mes parents non plus. J'étais assise en haut de l'escalier et j'écoutais leur conversation. Mon ouïe s'était développée, je pouvais entendre les feuilles agitées par le vent dehors, la télénovela que la voisine d'en face regardait et les chuchotements de mes parents au rez-de-chaussée.

-Ce qui s'est passé cette après-midi n'était que le début Louis. J'ai bien trop souvent assisté à tes transformations forcées les soirs de pleine lune. J'ai lu la souffrance dans tes yeux lorsque chacun des os de ton corps se cassent avant que tu ne prennes ta forme de loup. Je ne veux pas voir ça arriver à ma fille. Elle est tellement jeune Louis.

Elle sanglotait, j'entendais sa respiration saccadée.

-On ne peut pas stopper le processus, mais je peux lui apprendre à contrôler ses transformations. Elle n'est pas comme moi, elle est à moitié humaine, lui répondit-il.

Il tentait de la rassurer mais les battements de son cœur le trahissaient. Il n'était pas certain de ce qu'il avançait, et elle ne le croyait pas non plus.

J'allais retrouver mon lit, je sentais la température de mon corps augmenter, mais pas comme de la fièvre, non, c'était différent. Je m'allongeai et fixai le plafond blanc pour essayer de lâcher prise et m'endormir en espérant aller mieux au petit matin. Au lieu de ça je restai pétrifiée pendant de longues secondes avant de pouvoir hurler. J'entendis un craquement, puis deux, puis trois, puis j'arrêtai de les compter car ils étaient accompagnés d'une douleur abominable qui m'empêchait de penser. Mon corps ne m'appartenais plus, je ne contrôlais plus rien, lorsque le supplice s'arrêta j'étais au sol sur quatre pattes.

Je fixais mon reflet dans le miroir, étrangement j'étais calme, et tout naturellement je compris que c'était une nouvelle part de moi que j'allais devoir accepter. Je n'étais pas capable de parler, c'était étrange mais pas dérangeant. J'avais un pelage roux et long, des yeux violets qui luisaient. J'étais encore occupée à me découvrir lorsque je sentis la présence de mes parents. Je tournai la tête pour les regarder. Je me déplaçai vers mon père qui était ému de me voir sous cette forme-là.

-Hope, tout va bien. Imagine-toi humaine et tu le redeviendras. Respire calmement, s'empressa-t-il de dire.

Ma mère tendit la main vers moi et instinctivement j'eus un brusque mouvement de recul. Je pouvais sentir sa peur alors doucement je m'avançai à nouveau vers elle. Elle approcha à nouveau sa main que je sentis se poser délicatement sur le haut de ma tête.

-Hope, il faut que tu te concentres maintenant, intervint mon père.

Je fis abstraction de leur présence, de tous les bruits que je pouvais entendre et lorsque j'ouvris les yeux au bout de quelques secondes ma mère m'avait enveloppé dans une couverture. Je regardais mes mains, mes jambes, j'étais à nouveau humaine et nue comme un ver. Je sentis mon visage s'empourprer, heureusement que ma mère avait pensé à me recouvrir avant que je ne me transforme.

Mes parents avaient l'air soulagé, pour ma part, je me sentais libre.

-Ta transformation est complète, finit par dire mon père. Il va nous falloir travailler les bases mais tu t'en sors déjà pas mal. J'ai rarement vu quelqu'un réussir à revenir à sa forme humaine aussi rapidement.

Sur mon lit les vêtements que je portais avant de me transformer étaient en lambeaux.

-Ne t'inquiète pas, on ira faire du shopping, plaisanta ma mère. Je pense que ce n'est pas la première fois que ça arrivera.

Si ce que mon père avait dit tout à l'heure était vrai, peut être que je pourrais me transformer uniquement lorsque j'en aurais envie. J'espérais que ça soit le cas. J'avais tellement à apprendre et je voulais que mon père m'explique tout ce soir, je voulais être préparée à retourner à une vie normal le plus rapidement possible. Je repensais à ce qui s'était passé à la bibliothèque et soudainement je me devinai en danger. Les deux vampires qui m'avaient attaqué allaient surement revenir à la charge. J'avais le net pressentiment que toute cette histoire était loin d'être terminée.

Après quelques heures à faire les cents pas dans la salle de bain je décidai de me mettre au lit pour cette fois-ci finir par m'endormir assez rapidement.

-Hope, murmura une voix que je ne reconnus pas de suite. Réveille-toi Hope.

J'ouvris les yeux et descendis l'escalier sans trop savoir pourquoi. Quelque chose m'attirait et je ne pouvais pas lutter. Je sortis de la maison pieds nus et encore en pyjama pour me diriger vers la rivière Susquehanna traînant les pieds comme un zombie. Une fois arrivée, je m'assis sur les marches de l'amphithéâtre qui faisait face à celle-ci. L'incompréhension totale.

-Trop facile, ricana Stéphania.

Vous ne vous y attendiez pas à celle-là n'est-ce pas? Merci de continuer à lire l'histoire d'Hope, rendez-vous demain pour découvrir ce qu'il se passe.