7 : Julius se fait avoir
Contrairement à ce que Louis aurait cru, retrouvé un astrien quelconque lorsque celui-ci n'était lié à aucune organisation criminelle ou frauduleuse n'était pas aisé. Après six mois de recherche active, les Élitiens ayant du temps à perdre, puisque les Estaffes ne combattaient plus le royaume, s'activèrent à la recherche de M. Chapelier, qui paraissait avoir totalement disparu. On fouilla les forêts, les cours d'eau, les cimetières et les morgues à la recherche d'un indice, ne trouvant rien qui puisse leur être favorable.
Mme Chapelier revenait chaque semaine à l'Élite, s'informant de la situation, la plupart du temps accompagnée de son fils, qui lui semble avoir abandonné l'idée de revoir son père. Il préférait s'adosser contre l'un des Élitiens qui dévoilait les lieux cherchés, en particulier contre Julius.
Au début, le jeune homme était resté un peu mal à l'aise. Taquiner Louis au sujet de Marie-Marie était une chose, mais ne le rendait pour autant pas apte à savoir comment s'occuper d'un enfant de moins de trois ans.
Alors que les mois passaient, il devenait habituel pour les membres de l'Élite de dire quelques mots au gamin lorsqu'il venait dans l'école avec sa mère, bien plus souvent que ne le faisait le neveu de la comtesse Dacourt. Tous s'étaient habitués à la présence de Marie-Marie, perchée dans les bras de Louis lorsqu'elle ne faisait pas ses premiers pas, mais le poupon était encore trop jeune pour être considérée avec un vrai entrain. À l'inverse, Pierre était déjà un peu plus grand, et très dégourdi.
De l'avis de Louis, il ferait un Prétendant avec du potentiel, malgré son très jeune âge.
Alors que l'enfant venait de fêter ses trois ans, ce ne fut pas Mme Chapelier qui l'emmena une énième fois derrière la Grille épineuse, mais une autre femme que Louis ne reconnut pas immédiatement et qui portait un poupon, jusqu'à ce qu'un homme aussi rouge que sa tunique n'arrive à ses côtés, une fillette à côté de lui et un autre bébé dans les bras.
— Emma ! s'écria Julius en arrivant. Que fais-tu ici ?
— La fameuse Emma, souligna Robin à Louis qui se permit un sourire. C'est elle qui a accouché au château, il y a un an.
Le capitaine de l'Élite écarquilla les yeux de stupéfaction. Il avait souvent entendu parler d'Emma, la première amie de Julius, la seule qu'il avait au sein de la noblesse, mais jamais il ne l'avait rattaché à Emma Hidalf. La belle femme se tenait droite, une main tenant la petite menotte de Pierre, qui paraissait bien tranquille.
— Mme Chapelier nous a laissé son fils, commença M. Hidalf.
— Rigor, voyons, gronda doucement son épouse, excusez notre venue, continua-t-elle en se tournant vers les Élitiens, mais Ursula ne peut venir pour le moment. Elle est occupée avec des créanciers, et refuse notre aide, n'acceptant que de nous confier Pierre. Il tenait à venir vous voir.
Le gamin leva ses yeux noirs vers Louis, murmurant le prénom du bébé que l'Élitien tenait, avant de porter son regard jusqu'à Julius, dont il s'approcha et se blottit contre ses jambes, sous le rire mal étouffé de Robin.
— Allons à mon bureau, je vous donnerai le rapport des Élitiens sur les recherches de M. Chapelier, fit savoir Armance.
La comtesse les guida d'un pas un peu lourd, et Louis confia Marie-Marie à Robin, sachant qu'il était préférable de rester aux côtés d'Armance, alors qu'elle s'apprêtait à dévoiler de mauvaises nouvelles.
Tristan, qui pour une fois était présent dans l'école, porta son attention sur la fillette blonde, qui devait avoir son âge, et qui le regarda avec un air presque hautain et comique pour une enfant de sa taille. Le bébé dans les bras de M. Hidalf babilla joyeusement, tournant ses yeux autour d'elle, tirant un peu ses cheveux bruns pour une raison qui échappait à Louis.
Mme Hidalf caressa la tête de son bébé le plus jeune, qu'elle tenait précautionneusement contre elle. Louis aurait pu sourire en songeant qu'il était aussi paisible que Marie-Marie, avant de se rappeler qu'il s'agissait certainement du même bébé qui avait gâché l'anniversaire du roi l'année passée.
Lorsque tout le groupe fut installé dans le bureau de la comtesse, Armance dévoila d'un ton apaisant que les recherches des Élitiens avaient enfin été fructueuses, mais qu'hélas, M. Chapelier était mort depuis deux semaines, ayant visiblement décidé de quitter le royaume astrien pour aller faire fortune sur les îles séculaires, mourant suite à l'ingestion de plantes toxiques au cours d'un repas. L'homme avait dilapidé son argent, jusqu'à mettre sa maison en hypothèque sans en informer son épouse.
Mme Hidalf écouta ces explications gravement, probablement consciente qu'il serait difficile d'annoncer la nouvelle à la nouvelle veuve. Louis n'aurait pas souhaité être à sa place. Annoncer la mort d'une personne chère à sa famille, même lorsque la personne était une ordure, n'était jamais un moment agréable à passer, et faisait partie des raisons qui avait fait prendre à l'Élitien des risques inconsidérés pour amener la paix dans le royaume.
Le moment de repartir était venu, mais sans grande surprise pour tous sauf Julius, Pierre resta agrippé à la luide de l'homme blond, refusant de repartir.
— Allons, Mme Hidalf doit bien s'occuper de toi, assura l'Élitien en essayant d'être apaisant.
— Non, j'veux être avec mon papa...
Julius lança un regard presque alarmé à Robin et Armance, sachant déjà qu'il ne pourrait pas trouver de soutien auprès de Louis, qui cédait aux moindres envies de Marie-Marie.
— Mais ta maman va te manquer si tu ne retournes pas la voir...
— Sois mon papa.
Les enfants Hidalf restèrent silencieux, comme s'ils estimaient ce moment assez important pour arrêter de piailler. Ce qui n'aidait pas Julius à savoir quoi dire.
— Je ne peux pas, je ne suis pas ton père, et je suis tout le temps à l'Élite, je ne peux pas m'occuper de toi.
Pierre regarda l'homme avait de tourner ses yeux vers Louis, en songeant que lui s'occupait très bien d'un bébé, malgré sa place d'importance dans l'école.
— Papa.
Et Robin finit par éclater de rire.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro