Princesse. 7
Jamais je n'aurais pensé passer une aussi bonne après-midi avec mon père, Ken et madame Samaras. Je ne sais pas si c'est la soirée que nous avons vécus ensemble ou la partie de tennis qui nous a rapprochés, mais Ken et moi sommes de nouveau sur la même longueur d'onde. Nous échangeons quelques sourires complices lorsque nos parents nous tournent le dos. Personne ne sait pour nous deux.
Tout peut aller vite quand j'ai un coup de coeur. Peut-être que je m'avance trop vite en disant cela, mais les regards ne trompent pas et quand je vois les yeux chocolat de Ken s'illuminer à chaque fois que l'on se croise, tous les signaux qu'il me donnent me laisse croire qu'il désire plus que mon amitié.
Etait-ce vraiment sincère ?
Ne risquais-je pas de me brûler ?
Je ne voulais pas connaître l'issue de cette histoire car pour l'instant la seule chose que j'avais en tête était de décrocher mon diplôme de fin d'année. Rien d'autres ne comptait plus à mes yeux que rendre fière ma mère défunte. Sortir avec le garçon le plus populaire de mon université ne faisais pas partie de mes priorité. Je ne voulais pas non plus devenir un jour la nouvelle coqueluche de l'académie et figurer parmi le tableau de chasse de Ken Samaras dit Nekfeu. Pour cela je m'en remettais aux mains du destin. Celui-ci pouvait nous jouer des tours.
Ken frappe la balle de match décisive et esquive d'une parade l'attaque de mon père, me laissant une ouverture. Je frappe de toute mes forces et réussi. La victoire nous ai assurée. Je pousse un cri de joie et saute dans les bras musclés de mon paternel. Il me réceptionne vigoureusement et me soulève. Mes pieds quittent le sol et il me fait tourner dans ses bras puis me repose par terre avec légèreté comme lorsque j'étais petite. Je ris aux éclats et jette ma raquette qui rebondis sur le terrain en ricoché. Madame Samaras nous applaudi, fairplay. Elle me serre la main et prend mon père dans ses bras. Ken quant à lui, nous observe loin derrière elle. Il nous épie depuis la machine qui propulse des balles. Je m'excuse une minute et abandonne Madame Samaras et papa, pour rejoindre mon crush. L'intéressé boit au goulot de ma bouteille d'eau, dérobée dans mon sac de sport. Il envoie ensuite un texto à quelqu'un et range son portable dans la poche arrière de son pantalon, pile au moment où j'arrive à sa hauteur.
- J'ai l'impression d'avoir avorté une conversation importante !
Ken secoue la tête et me sourit.
Cela suffit à me rassurer.
- Non. C'est juste Nemir. Il veut que l'on se retrouve maintenant au studio pour enregistrer mon nouveau son.
Je croise les bras sur mon ventre amincis, soudain très intéressée. Je m'empresse de lui poser des questions à ce sujet. Ken m'a dit qu'il était rappeur, mais je ne l'ai jamais pris au sérieux jusqu'à ce qu'il me chante une chanson. C'était assez romantique je dois dire et plutôt flatteur. Je m'imaginais être l'élue de son coeur.
- Dans ce cas, je peux lire tes notes ?
Il secoue de nouveau la tête, non convaincu cette fois-ci.
- Rassure-toi, je n'ai rien contre toi. Il s'agit d'un titre qui ne figure pas sur l'album "feu".
Peut-être me leurrais-je au sujet de Ken.
Je commençais à tourner les talons, lorsqu'il me rattrapa par l'avant bras et m'obligeai à le regarder dans les yeux. Ma respiration s'accéléra, le coeur au bord des lèvres. J'étais à deux doigts d'éteindre la petite flamme qui brûlais en moi. Mais il m'en empêcha en me redonnant un espoir. Celui que je n'étais pas un trophée de plus à sa collection, mais une personne chère à ses yeux. Il plongea ses iris flamboyants dans les miens et m'embrassa avec ardeur. Je manqua de tomber à la renverse, mais Ken déploya un bras puissant dans mon dos et me maintins ainsi dans ses bras. Il plaqua ses hanches contre les miennes et prolongea le baiser. Puis quand mes lèvres commencèrent à me chauffer, il s'écarta et essuya les traces de rouge sur sa lèvre inférieur. Il me redressa par la même occasion.
Encore fébrile, je mis quelque temps pour reprendre mon souffle et lui rendis un sourire niais, amoureuse.
C'est cela que je détestais chez lui. C'était qu'il lui était facile de rendre une fille innocente éprise de lui.
Lui et moi, nous étions comme les deux faces d'une pièce.
J'étais celle qui retombais toujours face contre terre et lui, était la plus victorieuse des deux.
Enfin, il me salua d'un signe de la main et disparut avec sa mère de l'autre côté de la grille. Dès qu'ils furent partis, papa s'en alla au travail. Tandis que moi, je me mis en route pour l'école. En chemin, je croisa Inès qui semblait de meilleure humeur que ce matin. Elle me donna un coup de hanche en guise de salut et marcha à mes côtés. J'accélérai le pas pour la semer, presque rendue à l'abris de bus, lorsqu'elle m'imita. Je compris alors que mon entêtement ne ferait pas le poids contre sa détermination à toujours vouloir obtenir ce qu'elle veut.
Inès enroula une mèche de cheveux autour de son index, d'un air enjôleur et me toisa avec un dédain flagrant. Elle me méprisait tant que cela en devenait ridicule. Elle savait qu'elle irait dans une fac prestigieuse dans deux ans et ne vivrais plus en notre compagnie. Alors pourquoi s'embêtait-elle à me pourrir la vie ?
Qu'est-ce qu'elle attendait de moi, à la fin ?
Je m'arrêtais soudainement prise d'un mal de crâne.
- Good morning, soeurette !
- Techniquement on l'est pas, mais c'est gentil de traîner avec moi de si bon matin !
- Pourquoi est-ce que t'es comme ça ? ! S'insurge ma demie-soeur.
- Je te demande pardon ? répondis-je, étonnée.
Je me demande si elle n'est pas disposée aujourd'hui. D'habitude mon humour sarcastique ne la dérange pas. Or, ce matin, elle semble irascible.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? demandais je enfin, feignant d'être accablée.
Ces mots furent effet car aussitôt le visage de Inès s'illumina. Elle changea d'humeur et d'expression faciale.
Puis elle glissa son bras sous le miens avec empressement.
- Je sais que je vais paraître agaçante, mais j'aurais besoin que tu me rendes service.
Oh oh, ça ne présage rien de bon ça ! pensais je en moi-même. Je me gardais cependant de lui partager mon inquiétude et acquiesça. à mon feu vert, Inès débita son flot de palabres, me noyant d'informations. J'accueillis ses propos avec lassitude comme toujours. Puis je finis par accepter son chantage, en échange de ses clés de voiture. Ce à quoi elle opina, affirmative. Yes ! je la tenais ma revanche !
- N'oublie pas notre arrangement, sœurette !
Sur ce, elle grimpa dans le bus.
Sa voiture était garée sur le parking, en face du centre commercial le plus huppé de tout Paname. Je me dis qu'il ne me faudrait pas plus de vingt minutes pour me rendre au studio d'enregistrement de Ken et ouvrit l'application de localisation de Snapchat pour repérer sa position géographique. Google me dénicha l'adresse et je n'eus plus qu'à me rendre à la destination que m'indiquais l'avatar endormi de Ken. Qui aurait cru que les réseaux sociaux me viendraient en aide ! C'était presque trop facile. Je dois remercier Inès sur ce coup.
Lorsque je sors de la voiture et claque la portière de la Mercedes de Inès, je me sens faiblir de nouveau. Le bâtiment se trouve dans un quartier éloignée du centre-ville, loin des regards des badauds et de la foule. Il est en plein cœur de la banlieue. Des graffitis ont été dessinés sur la façade de l'immeuble dans un des quartiers les plus réputés pour ses vols à l'arraché et braquage. Je n'étais jamais venu par ici, dans cet arrondissement. Le 8ème.
Il faut dire que Paris est immense. Nous ressemblons à des fourmis dans une gigantesque fourmilière à côté d'elle.
Cela ne faisait qu'une semaine que mon père et moi avions emménagé à la capitale, mais je me sentais déjà comme à la maison. Aux États-Unis les gens arboraient un train de vie plus paisibles. Ici les gens sont pressé et évitent les passants sur leurs chemin, slalomment entre les voitures dans les bouchons. Quant aux piétons, eux traversent n'importe où, en régnant en maîtres.
Je ne sais pas dans quoi je me suis embarquée. J'aurais mieux fait de refuser la proposition de Inès. À présent c'est moi qui suis dans la mouise. En plus de cela, si je n'obtiens pas un album dédicacé de Ken avant 8h du soir, ma demie sœur me fera la misère.
Elle me l'avait promis.
Je n'avais pas le droit à l'erreur.
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