Chapitre 15.

Alex l'ignorait dans les corridors. Ils ne se parlaient plus, s'évitaient du regard, pas même un mince sourire... Plus rien.

Parfois, c'était en perdant certaines choses qu'on réalisait à quel point elles nous étaient précieuses. Après s'être fait plaqué par Alex, Matt avait pris conscience qu'il aimait peut-être beaucoup plus qu'il ne le pensait le jeune homme. Se faire larguer lui avait fait bien plus mal qu'il ne l'aurait pensé.

Ainsi, alors qu'il était un homme fier et orgueilleux et que c'était justement ces défauts qui avaient menés à sa rupture avec Alex, il se retrouva chez Jamie en train de pleurer comme une gamine contre l'épaule de son meilleur ami.

Jamie ne savait pas exactement comment réagir pour consoler Matt. Il se contentait de lui taper affectueusement l'épaule, cherchant les bons mots qui ne le ferait pas redoubler de pleurs.

— Tu veux le récupérer, hein ? Et tu sais ce que tu as fait de mal, non ?

Matt tremblait tout contre lui. Jamie soupira. Il réalisait bien qu'Alex avait été tout aussi con que son ami dans l'histoire. Qu'est-ce qui lui avait pris d'être aussi radical, bon sang !

— Je... je crois, gémit-il difficilement entre deux sanglots.

— Alors, il faut que tu répares les choses.

— Facile à dire !

Jamie s'efforça de réfléchir.

— Je sais. Il faut que tu lui prouves que tu l'acceptes et que tu n'as plus peur. Invite-le à manger chez tes parents samedi soir et présente-leur, enfin... représente-leur...

L'idée était loin d'être mauvaise. Si Matt pouvait faire ça... s'il pouvait présenter Alex aux personnes qui comptaient sûrement le plus à ses yeux, ce dernier lui pardonnerait sûrement, non ?

— Tu as raison...

Les sanglots cessèrent momentanément. C'était comme s'il revivait en se rendant compte qu'il existait une solution et que tout n'était peut-être pas perdu.

— Je dois le faire, répéta-t-il avec plus de sérieux.

Il se redressa et chercha frénétiquement son téléphone dans sa poche, séchant ses larmes au passage. Sa vision était brouillée, mais il parvint tout de même à retrouver le numéro d'Alex.

— Tu es certain d'être en état de lui parler ? s'informa Jamie, soucieux.

— Pas le choix, rétorqua-t-il en secouant la tête.

Plus vite se serait réglé, mieux il se sentirait. Il prit une grande respiration pour reprendre son souffle et essayer de ne pas trop chialer au téléphone. Il ne voulait pas paraître faible.

Trois sonneries plus tard, la voix d'Alex résonna dans le combiné :

— Salut.

C'était froid et sec. Il devait avoir reconnu son numéro sur l'afficheur.

— Tu dois t'en douter, c'est moi, Matt.

Il se mordit la lèvre. Il n'avait pas pu empêcher sa voix de trembler.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Que les choses s'arrangent..., murmura-t-il, puis il rajouta avant qu'Alex ne puisse le couper : viens manger chez mes parents, samedi prochain.

Il y eut un silence.

— Pourquoi ? On n'est plus ensemble, Matt.

Les doigts du brun se crispèrent sur son téléphone et Jamie, en le voyant, lui mima avec ses lèvres : « tu veux que je fasse quelque chose pour arrêter ça ? » Matt secoua la tête : il devait tenir le coup !

— Viens chez mes parents, répéta-t-il, et je leur dirai pour toi... je leur dirai pour nous. Il n'y aura plus ni de cachette ni de placard.

Il croisa les doigts, priant pour qu'Alex accepte sa dernière requête. Il savait qu'il poussait sa chance et qu'il avait eu d'autres occasions déjà de prouver au futur docteur qu'il voulait vraiment être avec lui, mais il avait été trop con pour le réaliser. Trop con pour savoir qu'il tenait autant au jeune homme.

— D'accord, mais c'est ta dernière chance. Si tu ne leur dis rien, je n'hésiterai pas à claquer la porte même en plein souper.

Un immense soulagement balaya Matt.

— Je te le jure, merci, tu ne regretteras pas ! s'exclama-t-il avant de raccrocher avec un grand sourire au-travers de ses larmes.

Jamie lui leva un pouce en l'air.

— Bien joué, le félicita-t-il, maintenant, il te faut tout préparer pour samedi pour que ce soit parfait !

Matt s'efforça d'avoir l'air optimiste. Il espérait juste qu'il arriverait à parler avec ses parents et que ces derniers réagiraient bien à l'annonce...