Je suis dans un cachot sombre. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que je suis dans l'eau. Encore. Un goût de sang reste accroché à mes lèvres. Je bât des paupières. Il n'y a aucune ouverture autour de moi. Une faible lumière est dispensée par un genre d'algue qui recouvre une partie de la parois. Je tente d'avancer mais renonce. Je n'ai nulle part où aller. Je remarque au dessus de moi l'entrée de ma cellule. C'est comme si j'étais plongée dans un puits dont l'ouverture ronde me nargue, recouverte d'un lourd couvercle. Je sais que je ne peux pas l'ouvrir. C'est impossible.

Depuis combien de temps suis-je là, à attendre je ne sais quoi ? La réponse est un mystère mais ce que je sais c'est que le couvercle de ma prison s'ouvre. Je me tend. Inconsciemment j'ai peur. Dehors il y a quelque chose qui peut me faire mal. Très mal. Me détruire même. Mais le visage qui apparait me fait perdre toute mon angoisse.

C'est elle. Je nage jusqu'à elle. Elle me regarde sans mot dire. Ses traits sont marqués par l'inquiétude, ses cheveux délicatement bleutés flotte autour d'elle. Puis elle me prend la main et me guide dans le dédale de couloirs qui nous entoure. Elle n'hésite pas, à aucun moment. Elle est rapide, sûre de ce qu'elle fait. Elle sait où nous passerons inaperçu. Elle est incroyable.

Finalement nous arrivons dehors. Le paysage sous-marins est d'une beauté à couper le souffle mais ne provoque chez moi qu'une impression de familiarité. Ces lieux me sont connus. Mais nous ne nous arrêtons pas. Nous continuons notre courses folles. Au bout d'un temps que je ne saurai mesurer nous stoppons notre course. Nous sommes assez loin.

- Pourquoi ?

Elle me regarde tristement et quand elle me répond sa voix tremble :

- Il te tuera. Il n'hésitera pas. Si tu es encore en vie c'est juste qu'il n'a pas réussi à convaincre le Conseil. Mais il y arrivera. Et ce jour là je ne supporterai pas de te voir mourir.

- Mais... Il vas savoir que c'est toi. Il sait tout ce qu'il se passe dans son palais. Et il s'en prendra à toi.

- Je m'en moque.

Cette fois son ton est dur, déterminé. Je la serre dans mes bras. Au bout de quelques instants elle s'écarte.

- Il faut que tu t'en ailles. Vas là bas, trouve toi une nouvelle famille, reste loin du danger. Tu as l'air si jeune, tu n'aura aucun mal à trouver quelqu'un qui te prendra sous sa protection. Et surtout ne revient pas. Je sais que c'est dur mais tu ne devras même pas t'approcher. Reste loin de nous. Toujours.

Je sens que je vais pleurer. Mais je ne peux pas, pas devant elle. Je ravale mon chagrin.

- Moi aussi j'espère que tu seras heureuse. Ne te fais pas de soucis pour moi, ça ira. Tu... tu es la plus incroyable des personnes que je connaisse. Merci Adélaïde. Je ne t'oublierai jamais.

Elle m'étreint puis m'embrasse sur le front. Je m'élance dans le courant. Je sais où je dois aller. Mais je n'ai pas la force de partir sans la voir une dernière fois. Je me retourne. Je vois sa silhouette, à demi effacé par la distance. Cette fois je ne peux retenir mes larmes. Mon être entier hurle. Je ne la reverrai probablement jamais. Et mes larmes ne s'arrête pas, se mêlent à l'eau et disparaissent en quelques fractions de secondes.

Oui, ce ne sont pas des rêves. Adélaïde, comment ai-je pu te refouler si loin dans ma mémoire ? Tu étais tout et aujourd'hui... aujourd'hui il a fallu que ces souvenirs remontent contre mon grès pour que je puisse revoir ton visage ! Je te demande pardon...