4
- C'est laquelle ta grand-mère ?
Anaïs, Jean et Nathan était penché sur une vielle photographie figée et en deux dimension. On y voyait un groupe de 11 adolescents autour d'un kayak jaune.
- C'est celle avec la chemise corail, à gauche.
- Qui fait coucou ? Elle est plutôt mignonne, apprécia Jean
- C'est de ma grand mère dont tu parle là !
- Moi c'est pas du tout mon genre, intervient Anaïs.
- Ah ouais ? Et ce serait quoi ton genre ? demanda Jean
- Plutôt la blonde à côté de la grand-mère. Ou alors la rousse assise sur le kayak... Et toi Nathan ?
- Je vous signale que tous ces gens ont presque 80 ans aujourd'hui !
Anaïs et Jean se regardèrent puis se penchèrent à nouveau sur la photo pendent que Nathan cherchait Maia du regard.
- Celle avec des longs cheveux châtain...
- Carrément, approuva Anaïs
Nathan soupira. Ses amis étaient décidément irrécupérable. Maia arriva dans la minute qui suivi, avec les clés du cadenas. Ils s'approchèrent du kayak. Ce n'était pas le même que sur la photo, celui ci était rouge, plus fin et plus long. On pouvait y monter à 4 sans problème, il y avait une possibilité de mettre une voile et même...
- Un emplacement à hydromoteur ? S'exclama Jean, Mec on peut mettre un moteur et toi tu veux qu'on rame ! Mais t'es pas bien !
- Primo on vas pagayer, pas ramer...
Ses amis le regardèrent sans comprendre. Il continua :
- Deuxio, c'est bon pour ce que t'a pas.
- Ça c'est bien vrai, ça te fera les bras ! approuva Anaïs
- Oui, renchérit Maia, là, t'as juste l'air d'un ficello !
Et ils mirent le kayak à l'eau. Comme ils n'avait que deux pagaies il fut décidé que Nathan et Maia pageraient à l'allée puis se reposeraient au retour quand Jean et Anaïs s'occuperaient de la navigation. Ils commencèrent donc à partir. La mer était calme, le ciel très bleu.
Entre l'îlot et la cote il y avait des rochers. Ils devait trouver la passe ou faire le tour. Après une (très brève) réflexion ils optèrent pour la passe. Ils se retrouvèrent donc à scruter l'eau pour tenter de deviner où ils pourraient traverser sans abimer le kayak.
- Là ! cria Jean le doigt tendu, là c'est sûr ça passe.
Ils manœuvrèrent donc prudemment entre les rochers. Anaïs, à l'avant, scrutait d'éventuels récifs. Nathan s'efforçait de maintenir la trajectoire. Maia continuait de pagayer en ce tenant prête à écarter le kayak s'ils approchaient trop des rochers. Jean regarder eau, tout simplement. En à peine une minute ils étaient de l'autre côté mais ils leur semblaient que cette traversaient avait été bien plus longue !
- Bon, s'exclama Anaïs, on vas où maintenant ? Il était pas question de deux possibilités ?
- Effectivement, il y a deux endroits sympa, répondit Nathan. Le plus proche d'ici c'est le Plongeoir. C'est un genre de caillou pas super large mais qui monte à 6 ou 7 mètres de haut et d'où on peut sauter...
- Là ! On vas là direct !
- Tais toi Jean, on veut la suite.
- Et sinon, continua Nathan, pas super loin non plus mais moins près, il y a Le Cimetière aux Ânes. C'est des grosses dalles en pentes qui plongent dans la mer. On peut sauter et il y a une petite grotte si on en a marre du soleil.
- Quelle hauteur ? demanda Jean
- Je sais pas, répondit Nathan, moins haut que le Plongeoir. Mais il y en a des différentes donc si il y en a qui ont le vertige ils sont pas obliger de monter haut.
- Pff... Mais c'est quoi le vertige ? On s'en fiche on va au truc haut !
- Maia à le vertige je te signale ! intervint Anaïs.
Jean se tourna vers cette dernière qui n'avait presque pas parlé depuis qu'ils ramaient. Elle avait les yeux fixés sur l'eau avec angoisse.
- Ça vas Ia-chou ? demanda Anaïs
Maia se redressa subitement, comme tirée d'un rêve. Elle sourit
- Oui, pas de problème. On parlait de quoi déjà ?
- Bah en fait je voudrais aller au Plongeoir mais apparemment t'as le vertige donc bon. Mais au pire tu sais t'es pas obligé de sauter hein ! Tu peux aller à la flotte depuis la canoë et nous on saute !
- Alors de un on dit Kayak, commença Anaïs, et de deux c'est super égoïste ce que tu dis !
Alors qu'elle allait attaquer verbalement à Jean et à «son narcissisme à la con» Maia s'interposa :
- De toute manière je ne compte pas me baigner. Alors du moment que je peux me poser je me fiche un peu de la hauteur.
Tous les visages se tournèrent vers Nathan dans le même mouvement. Il était celui qui était déjà venu, il était celui qui savait. Il était le guide, maitre des décisions. Ce qui impliquait qu'il devait aussi faire les bons choix. Même si en sois la tâche aurait du être simple il fut pris d'une subite envie de disparaître : ses ami(e)s comptaient sur lui et il devait se montrer à la hauteur. Quand il parla se fut un seul et unique bloc sans aucune respiration.
- Je pense que pour ça le Cimetière aux Ânes serait le mieux il y a une plus grand surface où se poser et plein de poissons à voir avec en plus une possibilité d'explorer au dessus.
Anaïs pouffa. Elle fit remarquer que l'homme avait des poumons et que c'était idiot de pas les utiliser. Nathan rougit et tout le monde en sourit. Puis ils mirent les voiles (ou plutôt les pagaies) pour gagner le Cimetière aux Ânes, aussi appelé Ragamu par les corses.
Le lieu était magnifique. La cote était reliée à la mer par une avancée rocheuse qui semblé lutter contre son immersion. Le gris de la roche se détachait sur le bleu du ciel et il y avait dans l'ait une odeur d'immortelle.
Sans attendre Anaïs sauta à l'eau. On lui fit passer ses palmes et son masque et elle s'élança à la découverte des fonds. Pendant que Jean, Nathan et Maia mettaient les serviettes et sandwichs au sec elle se délectait du paysage sous marins. On aurait cru à d'immenses ruines d'une époque oubliée. D'énormes roches se dressaient majestueusement et autour dansaient des bancs de poissons. Elle se mit à nager plus vite. Ses courtes palmes lui laissaient une grande liberté et son tuba lui permettait de profiter de la vue sans remonter prendre de l'air. Elle sentait l'eau glisser sur sa peau dans une douce caresse.
Retenant son souffle elle plongea loin sous la surface, effrayant un groupe de poissons queues de pies. Elle laissa échapper un gloussement de plaisir qui fit voler quelques bulles vers le ciel. Nager en mer était une expérience folle pour elle, ça la changeait tellement des étroits bassins de piscines ou des rivière vaseuses. Ici elle était libre, elle n'avait aucune limite.
Sa tête creva la surface et elle vida son tuba d'une franche expiration. Elle était assez loin du rocher maintenant. Elle vit la silhouette de Jean plonger élégamment. Elle allait sourire quand elle fut prise d'un étrange malaise. Elle regarda autour d'elle. Rien. Elle regarda sous elle, dans l'immensité bleue. Rien. Pourtant... Oui elle se sentait observait, prise dans un regard implacable et impitoyable. La peur s'insinua doucement en elle, comme une anguille, et se mit à brûler dans sa poitrine. D'un croll énergique elle s'élança vers le Cimetière, fuyant quelque chose qu'elle ne voyait pas. Lui revenait en tête des images de requin dévorant de pauvres baigneurs. Elle avait beau tenter de penser à autre chose, ces images la submergeait, rendant sa nage incohérente et bien moins efficace. Elle avait l'impression que ça s'approchait et que si ça l'attrapait elle le regretterai amèrement... Les mètres s'étiraient impitoyablement. Était allée si loin ? Tout son corp était douloureux. Nageait elle dans la bonne direction ? Elle suffoquait mais son tuba n'était pas en cause. Il y avait quelque chose qui allait l'attraper...
Enfin elle pût grimper à l'abri. Elle arracha son masque et, sans se soucier de ses palmes, les deux mains sur les genoux elle repris sa respiration. Inexplicablement elle fondit en larme.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro