Le réveil de Motha fut relativement similaire a son réveil lorsqu'il avait chuté dans la grotte: confus, douloureux et sombre. A quelques différences notables, par exemple le fait que seule sa jambe droite le faisait souffrir atrocement, que la grotte n'était pas plongé dans le noir mais vaguement éclairé par quelques cristaux et qu'il n'était pas sur une roche dur et inconfortable mais sur un sol plus douillet... un nid.

L'araignée l'avait ramené dans son nid.

Il essaya de se relever mais il n'arriva pas du tout à bouger sa jambe droite, il se remémora en vitesse tout ce qui c'était passer avant qu'il ne tombe dans les pommes puis tourna le regard vers sa jambes, s'attendant à la voir tordue et brisé mais a la place il la trouva enveloppé dans un cocon de toile, l'empêchant de la bouger ne serais-ce qu'un peu.

 Il regarda autour de lui, essayant de prendre connaissance des lieux. Il était déjà venu dans cette partie là des tunnels sous-terrains, mais il n'avait pas encore eut l'occasion de "visiter" le nid de la créature. Il était assez grand pour accueillir la géante mais gardait un petit espace qui semblait être fait pour le stockage vu que de nombreux objets était coincé dans les toiles de cette partie là.

Enfin c'était plus du bric-à-brac qu'autre chose : des morceaux de bois, des pierres, des outils d'agricultures brisés, quelques accessoires (dont le collier auquel l'araignée semblait tant tenir) et un bouquin ressemblant vaguement aux livres saints que le prêtre du village de Motha utilisait mais dont la couverture ne correspondait a aucun de ces ouvrages. Une collection de choses aléatoires digne du butin d'une pie voleuse mais qui ne brillait même pas.

A ce moment des bruits sourds commencèrent à résonner au-dessus de lui et quelques petites pierres se détachèrent du plafond, l'araignée était toute proche et Motha n'avait nul part ou se cacher. Il fouilla ses poches mais il n'avait rien d'assez tranchant pour se débarrasser du cocon entourant sa jambe alors il essaya de l'arracher avec ces ongles sans succès. Il ne pensait même pas au fait que même débarrassé de cette entrave sa jambe serait toujours cassé, l'empêchant de fuir.

Alors qu'il arrivait enfin a arracher une première couche de toiles l'araignée arriva dans la grotte et s'approcha de son nid et, malgré la tignasse qui dissimulait son visage, le jeune homme put sentir que tout les yeux du monstre était braqué sur lui, semblant transpercer son être et lire dans son âme, une sensation indescriptible et affreuse.

Les deux êtres se regardèrent ainsi sans bouger pendant quelques secondes et l'araignée finit par grogner de frustration en remarquant ce que Motha avait fait a son cocon et le saisit soudainement.

L'écuyer poussa un cris mais la créature ne lui fit aucun mal, ne le serrant même pas vraiment dans ses mains et se contentant de rétablir la couche de toile qu'il avait arraché et de le reposer dans le nid.

Après ce geste rapide, elle tapota le sol du bout du doigt à quelques centimètres de Motha plusieurs fois. Le message était clair : ne bouge pas d'ici. Sur cette commande (ou cette menace ?), l'araignée partit, laissant Motha une nouvelle fois seul.

L'écuyer fut une nouvelle fois médusé par le comportement du monstre, ce n'était pas le comportement d'animal enragé ou de prédateur fourbe des autres créatures que la troupe avait chassé, c'était beaucoup trop humain. Plusieurs idées parasites et impies germaient dans son esprit a chaque fois que l'araignée agissait ainsi, agissait de manière si contre-nature.

Ces élucubrations blasphématoire furent rapidement balayé par un souvenir qui avait été marqué au fer rouge dans son esprit. Celui du seul autre monstre aussi étrangement humain qu'il avait rencontré, le seul que ni son père ni aucun chasseur n'avait réussit a tuer, la créature qui avait faillit lui ouvrir le ventre et a qui il devait cette cicatrice au front...

Ce souvenir flou mais omniprésent dans son esprit fit ressurgir en lui une vague de craintes et d'angoisses bien plus rationnelle : que cette partie plus humaine de la créature n'était qu'une façade, une manipulation sadique et qu'elle comptait seulement le dévorer plus tard.

Alors qu'il se fit cette réflexion la géante revint, un de ces bras était levé et non pas sur le sol car elle tenait quelque chose que le rouquin n'arrivait pas à voir.

L'araignée s'approcha de lui et laissa tomber le contenu de sa main devant lui, a savoir tout un tas de pomme et le sac dans lequel il avait rangé toute ses affaires pour le voyage retour qu'il n'avait même pas put commencer.  Elle voulait le nourrir maintenant ? Non ce n'était qu'une ruse pour endormir sa méfiance, peut être même cherchait-elle a l'engraisser.

Il prit son sac et le serra contre lui, regardant l'araignée d'un air méfiant... qui elle se contenta de venir s'installer dans le nid a son tour et Motha rampa a l'opposé aussi vit qu'il le put. A  travers sa masse de cheveux l'écuyer put apercevoir l'un de ses deux yeux principaux qui l'observait d'un air vaguement intéressé.

Même si Motha était affamé il ne toucha pas aux pommes qu'elle lui avait amené, se contentant de regarder dans son sac pour s'assurer que tout y était bien, gardant toujours un œil sur la géante. Il essaya de rester imperturbable mais la tension et le stress parcourait tout son corps, et tout craqua quand l'araignée fit rouler une des pommes vers lui comme pour l'inciter a manger.

Il savait qu'il n'avait que peu de chance de s'en sortir, voir aucune,  de toute façon alors c'est sûrement pour ça qu'il se permit dans un coup de sang de faire une chose aussi stupide que jeter la pomme au visage de l'araignée en s'écriant:

-Je ne succomberait pas à tes fourberies ! Démone impie, abomination de-

Il  n'eut pas le temps de finir sa phrase que l'araignée poussa un grognement qui fit trembler les alentours en tapant sur le sol, mais jamais aucun coup ne s'approcha de Motha qui se recroquevilla sur lui-même.

L'araignée écrasa plusieurs pommes d'énervement avant de sortir du nid en continuant de grogner et s'enfonça dans les galeries de sa tanière souterraine. 

Bien qu'impressionnante cette colère était bien loin de la rage qu'il avait vu plus tôt, a vrai dire bien que démesuré cette attitude lui rappelait quelque chose. Une comparaison qu'il se refusait de faire mais que son esprit fit de lui-même :

La créature agissait comme sa mère quand elle était vexée : une colère difficilement contenue puis un départ rapide pour se calmer.

Motha ressentit un sentiment que lui-même ne comprit pas, une vague de culpabilité.