Motha se réveilla dans l'obscurité, le corps si endolori qu'il avait l'impression de s'être fait passer dessus par tous les chevaux de la compagnie et la poitrine étrangement compressé qui rendait sa respiration difficile.

Après plusieurs minutes à être resté immobile avec une respiration haletante, le temps de s'adapter à la situation, il finit par se relever, un simple mouvement qui lui arracha plusieurs gémissements de douleur.

Il tituba et manqua de retomber, le forçant à s'appuyer contre une paroi rocheuse pour garder son équilibre, où était-il tombé ?

Il se força à se remémorer qu'est-ce qui c'était passé... et cela revint bien vite, la chasse, les morts, les cris, son assauts contre l'araignée, une longue chute suivit de plusieurs chocs.

Pendant un instant il fut vaguement soulagé d'être encore en vie, s'étant attendu de mourir face à la créature, mais ce sentiment a peu près agréable disparut bien vite en se rendant compte qu'il était dans l'antre de la créature.

Il essaya de prendre de grandes inspirations mais il avait toujours du mal à cause de ce poids sur sa poitrine, il la tâta pour essayer de comprendre d'où il venait et l'écuyer constata que le choc de la chute avait enfoncé le plastron de son armure contre son torse.

Après quelques minutes de lutte à l'aveuglette il réussit à retirer ce morceau d'armure gênant qui tomba au sol dans un grand bruit, Motha se raidit instantanément, ayant peur d'attirer la bête, et resta immobile quelques secondes avant de se permettre de bouger à nouveau.

Il fouilla quelques instants dans les poches de la tunique rabougrie qu'il portait sous sa cuirasse et en sortit un petit briquet qu'il alluma pour percer l'obscurité et examiner les environs.

La lueur produite par l'objet avait beau être faible elle était suffisante pour une rapide inspections. Motha était entourer de mur de pierre inégale et de fil de soie d'araignée un peu partout, (y compris sur lui-même, les toiles avait dû légèrement amortir sa chute) heureusement il n'en avait enflammé aucun en allumant son briquet.

Il regarda au plafond et aperçut vaguement le trou par lequel il était tombé, si profond que les rayons du soleil ne l'atteignait pas, si compter qu'il y avait encore du soleil, combien de temps avait-t-il été assommé après tout ? Cela aurait très bien pu être quelques minutes tout comme plusieurs heures.

Il commença à avancer en titubant et en longeant le mur, malgré les résidus de toile d'araignée pendant de partout qui le ralentissait encore plus priant pour trouver une sortie...

Après un petit moment à marcher à travers ses galeries totalement identique il finit par trouver quelque chose de différent... des gigantesques et magnifiques cristaux chacun d'une couleur différente sortant des parois ou du sol, qui apportait un étrange apaisement au jeune homme.

Il s'en approcha par curiosité et en effleura un de la main, par ce simple contact ils s'illuminèrent tous un par un, un festival de lumière de différente couleur qui percèrent bien mieux l'obscurité que la petite flamme menaçant de s'éteindre à tout moment que portait le frêle jeune homme.

Pour la première fois depuis son réveil il put voir à peu près clairement  même si les différentes couleurs de chaque lumière rendaient l'ensemble légèrement flou. Au milieu un seul des cristaux ne s'était pas illuminé, un qui n'était d'aucune couleur et lorsque que Motha s'en approche il s'y refléta comme dans un miroir

Et ainsi l'écuyer put constater son propre état plus efficacement... toutes les pièces de son armure était cabossé et couverte de sang...tout ce sang...

Le jeune homme eut un haut-le-cœur et tituba en arrière, non ce n'était pas le moment de faire un malaise... il prit une grande inspiration qui calma ces nausées soudaines (ce qui était étrange car il fallait généralement plus que ça pour se reprendre) et retira rapidement ses pièces d'armures ensanglanté, elles lui avaient peut-être sauvé la vie lors de la chute mais à présent elles ne faisaient que le ralentir.

Une fois fait il continua d'examiner son propre corps, s'assurant qu'il n'avait rien de trop grave et hormis un nombre assez important d'ecchymose il n'avait rien, rien de visible en tout cas.

Une fois son inspection achevé il regarda autour de lui et remarqua une lanterne suspendu au-dessus du sol par une toile qu'il se dépêcha de saisir et d'allumer avec la flamme mourante de son briquet.

Alors que la lanterne s'allumait une lueur d'espoir apparut en Motha pour la première fois. "Le divin soleil m'a pris en pitié, je vais m'en sortir" pensait-t-il probablement naïvement.

Il prit une nouvelle inspiration et poursuivit son chemin, même si quittait la douce lumière et la quiétude des cristaux l'angoissait il ne pouvait pas rester sans bouger...

Il poursuivit alors son chemin et grâce à la lumière plus vive de la lanterne il put remarquer des détails qui jusque-là lui avait échappé, une quantité étonnante d'objet trainant dans les tunnels, accrocher et suspendu par les toiles: d'autres lanternes, des sacs, des armes et morceaux d'armures varié portant pour la plupart des armoiries différentes.

Mais surtout grâce à cette lumière Motha comprit à quel point il était perdu, il vu le nombre désespérant de bifurcations, de galeries, de directions à prendre et même de gouffre béant s'étendant sur des kilomètres, cette grotte était un véritable labyrinthe, il avait l'impression de s'enfoncer à l'intérieur de la montagne...

Et parfois il revoyait ces cristaux mais toujours en bien moins grand nombre et en plus petit que ceux qu'il avait vu plus tôt... à chaque fois qu'il en voyait un il prenait le tunnel où il était et suivait la direction que sa pointe désignait...

Même si ça pouvait sembler stupide il avait... confiance en ces cristaux, ça le rassurait comme les icônes religieuses de son village natal devant lesquels il allait prier avec sa mère... et plus il les suivait plus il en trouvait qui formait une sorte de chemin pour lui.

Un sourire se dessina sur son visage et le tunnel finit par s'agrandir jusqu'à déboucher sur une sorte de "grande salle" où reposait plus d'une vingtaine de ces cristaux, encore plus grand que ceux qu'il avait vu.

Motha semblait si émerveiller qu'il ne remarqua que bien plus tard un détail au centre de la "pièce" juste à côté d'un des plus gros cristal qui reflétait comme un miroir... quelque chose qui ressemblait à une sorte de gigantesque nid recouvert de soie d'araignée...

Et juste après des bruits sourds commencèrent au-dessus de lui et se rapprochèrent, il était arrivé droit dans la gueule de la bête...

Il alla se terrer derrière un coin de mur en essayant de camoufler la lumière de sa lanterne, si il l'éteignait il ne pourrait pas la rallumer et il ne ferait pas long feu dans le noir complet...

C'est alors qu'elle arriva, le monstre qui avait massacré presque toute la troupe, descendant d'un trou dans le plafond en bougeant sur les murs comme une gigantesque araignée grotesque avant d'allumer tous les cristaux et se poser dans son nid.

Elle sembla prendre ses aises avant de saisir ses cheveux pour les retirer de devant son visage et pouvoir se regarder dans le reflet du cristal,  l'écuyer put ainsi voir ce à quoi ressemblait vraiment la bête...

Et il en fut choqué; car hormis sa bouche trop grande et les multiples petits yeux qui entouraient ses deux principaux, dont beaucoup était crevé, son visage était parfaitement humain. Ce n'était pas normal... ce n'était pas possible !

Les monstres pouvait imiter la forme des humains mais pas à ce point-là ! Ils ne pouvaient pas imiter un visage ! Alors qu'elle examinait ses yeux blessés elle avait l'air inquiète, mais elle ne pouvait pas l'être ! Seuls les enfants du soleil avaient des émotions, et elle, elle n'était qu'une horrible création de la lune, une bête de l'obscurité sans âme et sans esprit !

Cette vision perturbait profondément le pauvre écuyer... mais il ne pouvait pas détourner le regard, il n'arrivait plus à bouger le moindre muscle, prisonnier de son trouble intérieur.

L'araignée continuait de s'observer, nettoyant le sang qui lui couvrait le visage et les mains puis elle sembla se concentrer un instant... et ses yeux réapparurent comme si ils n'avaient jamais été crevé, toutes traces de blessure avait disparu... mais elle semblait à présent plus petite...

Mais le jeune homme remarqua à peine ce changement malgré que son regard était toujours fixé sur la créature, rendant son visage visible, alors qu'il lui suffirait de tourner la tête pour être parfaitement cacher et en sécurité...

Le monstre sembla alors satisfaite et laissa ses cheveux retomber mais ils ne couvrirent pas entièrement son visage. Elle commença à fouiller dans son nid et en sortit quelque chose que Motha ne put voir et qu'elle tint au creux de sa main, elle contempla cette chose avec une expression mêlant tendresse et mélancolie...

C'était anormal... et cela fit pousser à Motha une petite exclamation de surprise.

Et alors la créature arracha son regard à la contemplation de ce qu'elle avait dans la main et tourna la tête en direction de Motha qui a son tour arrêta de la regarder pour essayer de se cacher... mais le mal était fait.

La créature se rua vers lui avec un grognement féroce et Motha savait qu'il ne pouvait pas fuir, la bête serait toujours plus rapide que lui.

Alors il se retourna vers elle, lui faisant face en brandissant sa lanterne, son cœur battant si vite qu'il  semblait sur le point d'exploser et sa respiration haletante, mais même si il était terrifié  il affronterait la mort comme un brave, il se prépara a l'impact...

Mais il n'y en eu aucun.

La bête c'était soudainement arrêter en poussant un cri, et recula dans un mouvement brusque et visiblement peu contrôlé, mettant ses bras en défenses d'un air absolument terrifié mais également fasciné en fixant le petit écuyer.

Motha resta figé avec un air d'incompréhension, puis il se rendit compte que ce n'était pas lui qu'elle regardait ainsi mais sa lanterne, le feu... elle avait peur du feu.

Sa respiration ce calma un peu et un léger sourire apparut sur ses lèvres, une nouvelle fois il avait évité la mort de peu.

La bête recula encore, mettant une distance de sécurité entre elle et le minuscule humain, et soudainement elle se mit à s'agiter en poussant des gémissements plaintif et déchirant, en regardant partout autour d'elle comme si elle cherchait quelque chose.

Sans  qu'il ne comprenne pourquoi le cœur de Motha se serra... mais pourquoi ? Il ne pouvait pas avoir de la peine pour cette... chose.

L'écuyer détourna le regard et aperçut quelque chose sur le sol, il s'en approcha et la créature fit soudainement de même... mais les flammes la tenue à l'écart. Ce qui était par terre était la chose qu'elle cherchait désespérément à récupérer et qu'elle avait regardé longuement avant de se rendre compte de la présence de Motha.

C'était un petit pendentif, si petit qu'on l'aurait cru taillé pour un enfant. Un petit collier tailler a la main ayant la forme d'une araignée. Pourquoi cette créature tenait tant à récupérer ça ?

Malgré sa peur la créature essaya de récupérer le collier mais ce faisait repoussait à chaque fois pas la  lanterne que le jeune homme agitait pour la faire fuir.

Elle ne semblait même plus avoir peur elle semblait désespérer et en colère contre le jeune homme qui sentit son cœur se serrer encore plus... non il ne pouvait pas avoir de la peine pour un monstre ! Pourquoi devait-il toujours être aussi sensible ? Déjà quand il était enfant il avait de la peine pour le bétail... pourquoi ne pouvait-il pas être normal ? Pourquoi ne pouvait-il pas être un homme ?

Son père ou n'importe quel autre chasseur de monstre digne de ce nom aurait écrasé ce pendentif ridicule et profiter de la faiblesse de l'araignée pour l'achever... mais il n'y arrivait pas, il ne pouvait pas...

Sans quitter l'araignée des yeux il se baissa pour récupérer le collier, ce qui fit grogner la bête de fureur, le pendentif a la main il s'approcha lentement de la bête qui observait chacun de ces mouvements de ces multiples yeux.

Il ferma les yeux d'appréhension, sentant ses jambes se transformer en gelée et tendit l'objet au monstre... qui le saisit violemment mais sans faire de mal au jeune homme qui osa rouvrir les yeux, voyant la créature serrer le pendentif contre elle comme un nouveau-né, les yeux fermés d'un air apaisé.

Il profita de ce moment pour s'enfuir à toute jambe dans les tunnels de la grotte, sentant néanmoins le regard de la créature lui transpercer le dos...

Des heures plus tard il était de nouveaux perdu dans le dédale qu'était la grotte, totalement affamé et sentant que sa lanterne n'allait plus tenir longtemps.

Plus le temps passait plus il désespérait, il repensait a son père, a sa mère, a son village natal... il voulait juste rentrer à la maison...

Il marcha sans regarder où il allait mais en évitant tout de même les gouffres alors que la lumière faiblissait, et là sans prévenir elle fut devant lui... l'araignée, accrocher la tête à l'envers à une des parois, regardant Motha fixement.

Il recula d'un pas et trébucha sa lanterne se fracassant au sol et s'éteignant quelques secondes après... le laissant dans le noir complet si ce n'est les yeux brillant de l'araignée.

Il poussa un cri et fit demi-tour en courant, en proie à une panique totale, son cœur battant à la chamade alors qu'il courrait dans le noir, entendant bien les bruits de pas de l'araignée et sentant son regard dans son dos.

Il courrait aussi vite qu'il le pouvait, ses poumons était enflammé et il avait l'impression que ces jambes allait lâcher mais il continuait à courir sans rien voir...

Et il finit par tomber dans un gouffre... soudainement il n'y eut plus de sol sous ce pied et il commença à chuter, il pensa que sa fin était venu mais la chute s'arrêta net en quelques instants... il n'avait pas atteint le sol mais deux gigantesque doigts avait attrapé son col...

Il essaya de s'échapper mais très vite son corps entier se fit envelopper par une main titanesque, l'empêchant de se débattre.

Il s'attendait à rapidement être dévorer mais il n'en fut rien, il sentit le monstre avancer à travers toute la grotte mais Motha ne voyait rien.

Après une vingtaine de minute de course à droite, à gauche, à monter et à descendre, ils commencèrent une dernière et longue ascension...

Et au bout de celle-ci les rayons du soleil couchant vinrent brûler les yeux du jeune homme alors que la bête le posait à la surface, juste devant le gouffre où il était tombé pour commencer.

Il se retourna vers l'araignée sans rien comprendre et elle lui fit un signe indiquant le chemin des ruines du village, lui ordonnant de partir avant de retourner le gouffre et de disparaitre.