Chapitre 10
Motha secoua la tête pour reprendre ses esprits, se sentir coupable d'avoir énervé un monstre ? Quelle absurdité ! La faim devait le faire délirer...
Oui c'était sûrement ça ! Car après que toute ses émotions et sa tension soit retombé il remarqua enfin qu'il mourrait de faim... combien de temps avait-il encore passé dans l'inconscience ?
Il se mit alors à fouiller dans son sac, cherchant les rations qu'il avait récupéré (il était hors de question de toucher aux pommes que l'araignée lui avait apporter) et en profita par la même occasion de vérifier que toutes ses affaires était bien là. Et heureusement rien ne manquait, il retrouva même le petit carnet qu'il avait récupérer dans l'église et avait sincèrement oublié, se disant qu'il le lirait quand il ne serait plus en danger de mort dans la tanière d'une géante difforme...
Il mangea jusqu'à être rassasié mais cette culpabilité qu'il ressentait à chaque fois qu'il songeait a la réaction de l'araignée... ce n'était même pas tant son attitude qui le mettait dans cet état mais plutôt son regard. Oui... pendant quelques secondes il avait put voir le regard de la géante sous sa masse de cheveux : un regard furieux, dégouté... mais également blessé et presque humilié.
Des émotions bien trop humaine pour ce retrouver dans le regard d'un monstre pareille... qui encore une fois lui rappela sa mère. Elle avait pratiquement eut le même regard après une conversation avec le prêtre du village a laquelle Motha n'avait pas assister... c'était seulement une semaine avant l'incendie...
Motha essaya de penser à autre chose mais ce regard ne cessait de réapparaitre dans son esprit, se mêlant petit à petit avec le souvenir de sa mère. Il poussa un grognement de frustration qu'il étouffa avec son poing et finit par saisir le carnet, espérant qu'il y avait quelque chose d'écrit dedans, il avait besoin de s'occuper l'esprit même s'il savait pertinemment que lire alors que l'araignée pouvait revenir à tout moment était une mauvaise idée.
Il feuilleta rapidement le carnet sans vraiment le lire, juste pour vérifier qu'il n'était pas vierge et découvrit qu'il était presque remplit mais que plusieurs pages étaient manquantes et que les dates étaient notés d'une façon que Motha n'arrivait pas à lire. Au vu des quelques mots que le jeune homme avait lu distraitement ce carnet appartenait au prêtre qui avait été assigné à ce village, commentant sur les habitants et sur leur foi.
Motha pria mentalement pour que le divin soleil lui pardonne de lire les écrits personnels d'un homme d'église avant de se remettre à lire depuis le début :
"Après des années de bon et loyaux services dans les temples de la capitale l'archi-prêtre Phaéton me confère le privilège de participer à la rédemption des païens aux bordures de nos nouvelles frontières. Certaines mauvaises langues se sont gaussé, voyant dans cette tâche une punition mais il n'y a pas plus grand honneur pour un homme pieux que d'apporter la lumière et la vérité aux pauvres sauvages aveuglés par leurs idoles impies. Puisse ce carnet être témoin de la rédemption de ces âmes impures."
Un étrange élan de nostalgie parcourut Motha alors qu'il lisait cette première entrée, ça lui rappelait la première fois qu'il était allé à l'église alors qu'elle venait d'être construite. Il n'était encore qu'un enfant et le prêtre avait tenu un discours similaire mais bien plus long et le rouquin ne s'en souvenait pas entièrement... ça avait été la seule fois où son père et sa mère avait été tout deux à ses côtés pendant le sermon...
Il mit ce souvenir de côté et commença à lire l'entrée suivante qui venait après plusieurs pages arrachés dont l'écriture était soudainement beaucoup moins soignée, comme si elle avait été rédigé sous le coup de l'émotion comme défouloir:
"Non seulement le voyage a duré presque un mois et était particulièrement inconfortable mais en plus de cela les villageois sont bien plus corrompus et fourbes que je n'aurait put l'imaginer. L'on m'avait prévenu que l'église qui m'attendait là-bas n'aurait rien à voir avec les temples directement supervisé par l'Église Centrale mais je ne m'attendait pas à ce qu'elle ne soit qu'une vulgaire masure et que mes quartiers soient plus comparable à un réduit qu'à une chambre. Heureusement mon escortes a put sauver en partie ce désastre de plébéien en y installant quelques vitraux et icônes apporté de mon temple d'origine, l'un d'eux eut même la décence de peindre une fresque sans quémander le moindre paiement. Selon toute évidence les inquisiteurs qui devaient préparer le terrain pour mon arrivée étaient des dilettantes d'une incompétence rare. Ils ont beau s'être assuré que les villageois bâtissent bel et bien une église ils n'ont pas du tout supervisé sa construction ni même son emplacement, elle est complètement séparé du village !"
Motha fut relativement abasourdis par la première moitié de cette entrée, il n'avait jamais vu un prêtre s'emporter de la sorte même à l'écrit... il ne pouvait même pas imaginer l'ancien prêtre de son village écrire ainsi, avec son expression toujours bienveillante et moralisatrice. Mais après tout il n'avait gère que lui comme référence, il n'avait plus jamais eut l'occasion de parler longuement avec d'autres hommes de foi après être devenu chasseur. Il fallait dire que Motha n'avait pas la bonne couleur de cheveux pour s'attarder dans les églises...
Il poussa un soupir douloureux en songeant à ça et tira comme par réflexe sur sa chevelure maudite, plusieurs fois il avait voulu raser complètement cette tignasse infernale mais sa mère s'y était toujours opposé. Il tira sur ses cheveux un peut plus fort jusqu'à en avoir mal pour s'extirper de ces souvenirs et reprit sa lecture:
"Un homme moins bon que moi aurait prit offense de ces actes grotesque et y aurait vu de l'hostilité mais dans ma trop grande magnanimité j'ai pardonner à ces fourbes, me disant que ce n'était que des erreurs dû à leur ignorance lorsque je les vit si prompt à s'excuser et si docile. Mais ce n'était qu'une façade ! Pendant les premières semaines de mon séjour tout le village venait à chaque sermon et buvait mes paroles avec attention et faisait bien la prière avant de se mettre au travail et ni moi, ni les inquisiteurs qui était déjà sur place, ni mon escorte ne trouvèrent aucun signe d'idoles ou de pratiques profanes. Je pensais que l'affaire était déjà presque conclut et que je n'aurai qu'à rester qu'une seule année tout au plus et ainsi je renvoyais les inquisiteurs et les hommes m'ayant accompagné à la capitale, pensant pouvoir à présent me débrouiller seul. Et c'est seulement quelques jours plus tard que les habitants cessèrent leur mascarade: ils arrêtèrent soudainement de venir à l'église et ils m'ignoraient voir me raillait quand j'essayai de les rappeler à l'ordre ! Ce ne sont que des paresseux dépourvus de toute dignité !"
Les entrées suivantes n'étaient que des plaintes et des séries d'injures envers les villageois, dont certaines d'une grossièreté affligeante qui aurait été plus à sa place dans la bouche d'un charretier que dans les écrits d'un homme de foi. Le prêtre finit même par arrêter de quitter son église après qu'un homme excédé par ses cris et injures lui ai répondu qu'ils allaient le clouer sur les murs de la masure s'il continuait à les déranger en plus de ne jamais travailler comme tout les autres adultes. La lecture de ce carnet perturbait Motha et il faillit tout arrêter mais une entrée se démarquant des autres attira son attention. Elle se déroulait semble-t-il un an après l'arrivé du prêtre:
"Le soleil divin cherche à me mettre à l'épreuve. Une secte, l'on m'a envoyé dans une secte ! Les villageois ne sont pas que des paresseux hypocrites ce sont de vrais païens ! Ils n'ont jamais abandonné leurs pratiques atroces. La nuit dernière j'ai entendu des chants au loin qui m'ont réveillé et lors que je suis allé enquêter j'ai découvert tout le village rassemblé sur la place où avait été érigé une statue en bois représentant je ne sais quel créature. Tout le monde portait des torches, des masques et des pendentifs représentant des animaux et dansaient et chantaient autour de la statue. Ce spectacle me fit pousser un cris de dégoût et de peur et ils se tournèrent tous vers moi et commencèrent à se rapprocher sans dire mot, craignant pour ma vie je me suis alors enfui pour retourner au sein de l'église à prier toute la nuit."
Les entrées suivantes décrivaient les tentatives du prêtre de mettre un terme a l'hérésie des villageois sans succès, se lamentant de sa situation et du fait qu'il ne pouvait y échapper. L'une de ces entrées finissant par expliquer qu'ayant déclaré aux inquisiteurs qu'il pouvait gérer la situation par lui-même il ne pouvait plus demander de l'aide à quiconque car "il en allait de son honneur".
Motha était de plus en plus mal à l'aise pourtant il ne pouvait s'empêcher de continuer à lire, il s'était attendu à respecter et trouver inspirant ce prêtre comme celui de son village natal mais il n'éprouvait, à sa grande honte, que du mépris pour cet homme. Il était arrogant, vulgaire et hypocrite, au point que Motha se retrouva presque du côté des villageois même s'il se disait que leurs croyances quelle qu'elle soit n'était pas acceptable...
De toute façon ces villageois n'était plus de ce monde à présent et méritaient le respect que l'on doit aux morts. Tout ça à cause de cette maudite araignée qui le gardait captif... du moins c'est ce qu'il croyait. Dans les dernières entrées se déroulant apparemment sur plusieurs mois le prêtre écrivait qu'il entendait de plus en plus d'étranges bruits sourds et que les villageois l'avait enfermé dans l'église, lui glissant chaque jour des repas par un trou qui avait été aménagé dans la porte. Sur l'avant-dernière entrée il disait avoir réussit à forcer la porte... et la dernière entrée écrite à la va-vite chamboula la vision des choses du jeune écuyer:
"Ces hérétiques sont des serviteurs maudits de la lune ! Je les ai vu pactiser avec un monstre difformes aux multiples bras ! Je les ai vu parler avec cette chose ignoble qui leur ramenait des cadavres d'animaux, je les ai vu rire avec elle tandis que leurs enfants étreignant ses jambes tordus avec une ferveur toute fanatique. Il faut que je prévienne l'Église Centrale, l'inquisition et même la Couronne. Cela ne relève plus de ma compétence, je quitte cet endroit abandonné par le divin dès ce soir !"
Motha fut choqué et terrifié par les implications de cette entrée pourtant si courte... les villageois vénéraient l'araignée ? Et elle... ne les attaquaient pas ? Non, non, non ce n'était pas possible ! Il avait déjà vu des fous vénérer des monstres mais le fait qu'ils semblaient vivre avec elle... c'était impossible ! Elle aurait dû tous les dévorer depuis longtemps !
Tout ça était impensable, irréalisable ça aurait dû être dépourvus de sens... et pourtant ça en avait. Motha ce mit en boule et commença à prier et réciter des mantras à voix basse pour implorer le pardon du soleil divin et qu'il ne le condamne pas à l'enfer pour la pensée qu'il venait d'avoir :
Il commençait à penser que ce n'était pas l'araignée qui avait détruit le village.
Ces comportements étaient trop humain, son affection étrange pour un collier que Motha finit par reconnaitre comme appartenant à une petite fille du village qui fut décrite dans l'une des tirades du prêtre sur leurs symboles impies... et le fait que le village avait été brûlé alors que l'araignée avait peur du feu...
Le jeune homme se châtiait, se maudissait pour commettre de tels "pêchés par l'esprit" comme disait les religieux... et ce qui finit par le tirer de ses lamentations fut le bruit annonçant le retour de l'araignée.
Motha finit par prendre une grande inspiration et se releva fixant la géante qui le toisait, l'air toujours de mauvaise humeur. Il serra les poings, tout son corps tremblant alors qu'il rassemblait tout son courage pour dire:
-J'ai des questions à te poser.
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