Souvenirs
Oublier ; une tâche bien difficile. Mais parfois, nous sommes obligé, nous devons le faire pour notre bien. Car, parfois, nous avons des souvenirs. Trop de souvenirs qui nous envahissent.
***
Le soir, Dallas la regardait dans le miroir de sa chambre chez Katy. Celle-ci avait du retourner à l'hôpital en urgence avec Addison. Elles avaient laissées la jeune fille seule, avec Candice qui était tombée dans son lit après avoir mangé. Au pied de son lit, Dallas regardait sa sœur dans les yeux depuis bientôt dix minutes. Sa discussion avec l'amie de Katy tout à l'heure l'avait aidé mais fait réfléchir aussi. Et elle se rendit compte, que, finalement, parler avec Charlize était peut-être un privilège.
- De quoi te rappelles-tu, de ce jour-là ? lui demanda-t-elle.
Sa jumelle baissa les yeux, comme si ces moments lui faisaient encore mal. Elle soupira et secoua sa tête négativement.
- Ce qui est étrange, c'est que je me rappelle de tout. De notre réveille jusqu'à mon accident.
- Raconte-moi, parce que, moi, je ne me souviens de rien.
***
- Ce n'est pas très agréable pour moi de raconter cette histoire, celle de la fin de ma vie. Mais c'est pour la bonne cause. Donc je vais passer tous les détails inintéressants. Juste à savoir que Katy voulait s'occuper de nous toute la journée, aller nous chercher au collège et puis nous emmener boire un coup chez Monet en fin d'après-midi. Mais elle n'a pas pu, encore le boulot. Enfin, je suppose que c'est encore pire maintenant et que nous avons sans doute vu notre sœur plus que Candice n'a vu sa mère. Au fait, adorable cette petite ! J'aurais beaucoup voulu la connaître pour jouer avec elle, comme Katy avec nous. Mais on ne peut pas tout avoir.
Revenons à notre histoire ; Kim et Angela nous avaient proposé d'y aller avec elles. Nous avions directement accepté. Tu te rappelles des vélos que papa et maman nous avaient offerts à Noël, un an avant ? Les blancs avec des sortes d'éclats de peintures. Ceux qu'on avait pris mais tu ne te rappelais plus que la chaîne lâchait parfois. Elle l'avait fait ce jour là et tu étais tombé. Maman arrivait cinq minutes après qu'on l'est appelées. Je me rappelle que tu saignais abondamment à l'épaule droite. La cicatrice que je vois là j'imagine. Tu pleures souvent en la voyant, ce n'est plus un secret. Pour moi en tout cas.
Nous arrivons maintenant au moment fatidique. On pédalait tranquillement toutes les trois, Kim, Angela et moi. On respectait le code de la route sans problème. Arrêt aux feux rouges, rester sur la piste cyclable, ... Mais apparemment ça n'a pas suffit à éviter le pire. J'avais regardé dans les deux sens, mais je ne l'avais pas vu venir. Et elles non plus. Kim et Angela se tenait à deux mètres derrière moi et ça leur avait suffit pour l'éviter.
La douleur que je ressentais à ce moment là c'est ... inexplicable. Comme si tous mes muscles avaient lâchés, mes membres cassés, le sang arrêté de circuler dans mon corps. Tout d'un seul coup. Comme si le temps avait décidé de stopper net à ce moment là pour me laisser subir ma douleur et penser à ce que je vivais. Je n'entendais plus très bien dans ce sommeil qui semblait tout sauf profond. Je sentais le tumulte autour de moi et je pouvais encore distinguer le vacarme de la ville et des gens paniqués.
Je ne respirais presque plus, les médecins de l'ambulance me faisaient des massages cardiaques incessant et quasiment inutiles. Je le savais, je le sentais que la fin se rapprochait de plus en plus pour moi. Une fois arrivée à l'hôpital, je me souviens de la voix de Katy qui me disait de rester, qui me suppliait. Je voyais la lumière au bout du tunnel mais je savais aussi que je pouvais revenir. C'était comme si j'avais un couteau derrière le dos. Mais je savais que j'étais obligée de choisir l'autre côté.
J'avançais de plus en plus, et arriva le moment où je suis tombée dans le vide, où je n'entendais plus tout ce bruit mais le silence. J'ai juste eu le temps d'entendre crier et j'ai directement su que ce n'était pas là que je devais être. Puis, j'ai tout vu d'en haut. Ou plutôt, d'à côté. Oui, c'est ça. Je voyais le monde juste à côté de toi. Sans pouvoir rien faire. J'en étais folle. J'en suis folle.
On aurait du vivre ça ensemble. Ca aurait été moins pire pour tout le monde. Je les ai partagés avec vous, tous ces moments. En passant de tes pleurs aux cris de désespoirs de maman. De la tristesse de Shirley à la rage de Katy. Tout ! J'étais avec vous mais il n'y avait personne avec moi. Ce n'est pas de votre faute, je le sais. Mais je me sentais tellement seule. Je criais dans le vide et je pleurais sans que personne ne s'en rende compte.
J'ai quand même assisté aux moments importants. Ces petits moments, c'était tout ce que j'avais. Les premiers pas de Candice, le mariage de Katy, ton début de carrière, le passage au lycée de Shirley, j'étais là. Je me voyais avec vous, applaudir la petite, lancer des confettis sur les mariés, aller avec toi sur les tournages, féliciter ma petite sœur. Mais rien. Je gravais tout ça dans ma mémoire qui me semble infaillible maintenant tant je me remémorai mes journées, mes semaines, même mes mois.
J'ai impression de connaître mieux tout le monde. Les points faibles, les joies, les peines, les préférences, et même je peux presque savoir ce qu'ils ressentent. J'ai discerné la joie dans les yeux de Katy quand elle peut rester avec sa fille, l'agacement de Shirley quand ses amis font une blague gênante mais qu'elle n'ose rien dire, la tristesse que tu as quand tu penses à nous est visible car soudain ta tête se baisse et tes lèvres murmurent à peine audiblement.
Je sais tout, Dalli, mais peut-être pas ce que toi tu sais.
***
Oublier, nous le regrettons parfois. Les moments de notre enfance, les fous rires, les mots que nous disons, nous les oublions. Mais est-ce une véritable perte ? Sommes-nous trop préoccuper par notre passé et non pas par notre futur ? Cela est certains et est un des éléments qui nous mène à notre perte.
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