Chez les vivants, il y a plusieurs sortes de songes : les rêves, doux et merveilleux, et les cauchemars. Ils y a tout de même deux catégories de cauchemars : les anciens et affreux souvenirs et ceux qui sont inventés par notre esprits. Lesquels sont les plus effrayants ? Tout cela dépend des souvenirs que nous avons.

***

Un silence. Long et interminable. C'était tout ce que Dallas pouvait percevoir. Mis à part cette vision de noir et des souvenirs qui refaisaient surface. Elle prenait le temps de les voir un par un. De toute façon, c'était tout ce qu'elle avait. Du temps et des souvenirs.

D'abord, elle se voyait elle, Charlize et Katy qui décoraient le sapin de Noël. Toujours au même endroit, dans l'angle à côté du canapé. Les boules étaient entassées dans un carton et Charlize qui avait toutes les guirlandes à ces pieds, les mettaient soigneusement sur les branches. Katy portait Dallas pour décorer l'arbre en hauteur.

Elles avaient l'air si jeunes. Cinq ans tout au plus pour les jumelles et Katy n'était encore qu'une adolescente. La joie était présente et les rires encore existants.

Et ils finirent par laisser place aux sons de la télévision. Et à la vision du salon de son enfance avec les jouets sur le tapis au pied du canapé et Charlize et elle qui devait être âgées de 7 ans. Shirley qui marchait déjà bien pour un bambin accompagné par Katy.

Puis, l'image de la cour de récréation. Celle de leur collège. Rose et Angela, les deux amies qu'elles avaient avant l'accident. Après, ça avait été plus compliqué pour Dallas. Il faut dire qu'elle avait été plus distante.

Le bruit de la sonnerie.

Le dernier cours de Charlize. Histoire-Géographie. Une professeure qu'elles adorées toutes les deux. Le sourire sur le visage de sa sœur la remplissait de joie et de tristesse. Forcément, elles étaient placées à côté en cours et elles se parlaient très souvent, surtout pour commenter le cours. Elles s'entendaient tellement bien toutes les deux.

Et à nouveau le noir. Infini. Puis le silence. Une douce lumière blanche. Mais une vision : sa sœur. Dallas n'avait jamais vu ses traits aussi bien dessinés depuis ... le jour de sa mort. Le 1er mars 2010.

« Je la rejoins » se dit-elle.

Elle avançait de plus en plus vers la lumière d'un blanc éclatant. Et ... elle se réveilla. Toujours dans l'hôpital. Dans un lit, avec une perfusion accrochée à son bras. Des bips irréguliers se faisaient entendre, ce qui était assez agaçant. Elle était seule entre ces quatre murs. Sur la chaise dans le coin de droite en face d'elle, ily avait une blouse blanche. Surement celle de Katy.

Dallas voyait les personnes passer dans le couloir à travers une vitre transparente, Addison était derrière celle-ci et semblait se précipiter vers la porte de la chambre. Elle entra avec une expression qui variait la joie et la tristesse, le sourire et les larmes.

- Oh mon Dieu. Dallas ...

- Addi ...

Dallas était épuisée et semblait perdue. Addison avait toujours ce regard doux et apaisant et cette voix suave qui pouvait détendre Dallas.

- Qu'est-ce qui c'est passé ? marmonna-t-elle.

- Tu ne t'en rappelle pas ? demanda Addison inquiète.

La jeune fille remua la tête négativement. Et le fait est qu'elle ne savait pas du tout pourquoi elle était là.

- D'où remontent tes derniers souvenirs ?

Dallas ferma les yeux pour réfléchir, tout paraissait si lointain. Et la fatigue se saisissait d'elle.

- Katy, Charli et moi sommes allées au parc d'attraction pour notre anniversaire.

Addison sorti de la chambre laissant la jeune fille seule et tremblante. Des nausées arrivaient, comme à chaque fois qu'elle était stressée. Elle regardait la porte et attendait que quelqu'un rentre, sans bouger. Ce moment lui parut le plus long de toute sa vie. Quand, elle vit Katy passer devant la vitre et rentrer en se précipitant vers elle.

- Dallas, je suis désolée ! marmonna Katy en sanglotant tout en lui serrant la main. J'aurai voulu être là quand tu t'es réveillé mais Addison m'a persuadée d'aller boire un café et du coup ... Je suis désolée !

Addison était appuyé contre le mur du fond de la pièce et regardait la scène avec un sourire. La façon dont Katy se comportait avec sa sœur l'émouvait.

- Ce n'est pas grave. Lança Dallas à peine audiblement.

Elles se regardaient dans les yeux, comme si un regard suffisait pour qu'elles se disent tout ce qu'elles ressentaient. Puis, des larmes vinrent se glisser dans le coin des lèvres de Katy et son sourire disparut. Cela inquiéta Dallas. Elle chercha du réconfort auprès d'Addison mais celle-ci semblait bouleversée et s'approcha d'elle pour lui tenir la main.

- Qu'est ce qu'il se passe Katy ? lança Dallas en regardant les deux femmes à la fois. Répond moi ! Qu'est ce qu'il se passe ? Addi ...

- Je suis désolée ! marmonna Katy en essayant de se retenir de pleurer.

- On a fait tout ce que l'on a pu. Mais, ça n'a pas suffit. Dallas, ... dit Addison en la regardant dans les yeux.

- C'est Shirley ? Ou Charlize ? demanda précipitamment Dallas.

Katy haussa la tête pour la deuxième réponse.

- Non ! Non ! Ce n'est pas possible ! Non !

Puis à nouveau du noir. Ce n'était qu'un souvenir. Qu'une vision. Toujours avec une réalité folle. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus pensé à ce jour. Et ces souvenirs éveillaient en elle une force. Ils ne la fragilisaient pas, ils l'endurcissaient. Katy ne pouvait pas perdre une autre sœur. Impossible. Elle ne s'en remettrait jamais et ne pourrait pas se le pardonner. Partir maintenant serait trop égoïste. Rejoindre Charlize pour laisser d'autres êtres qu'elle aimait profondément. Evidement, son rêve le plus beau serait de revoir Charlize, ne serait-ce qu'une minute pour lui dire ce qu'elle ne lui avait pas dit, pour revoir son sourire enjôleur et ses yeux rempli de gaieté et entendre le son de sa voix si réconfortant. La réalité, c'était maintenant. C'était ce moment où il fallait faire un choix. Et elle l'avait fait. Elle voulait vivre.

***

Oui,il y a différentes sortes de songes. Cauchemars, rêves, souvenirs ou invention.Donc, si dans notre sommeil nous pouvons voir notre passé, pourquoi nepourrions-nous pas voir notre futur ? Imaginer notre avenir ... ou le créerpar des rêves. Possible ?