Ne jamais se séparer. C'est ce que l'on dit parfois mais tient-on toujours la promesse ? A jamais, pour toujours. Mais jusqu'à quand ? Y aura-t-il une fin à l'éternité ? Malheureusement, nous ne trouverons jamais la réponse à cette question primordiale.

***

« - Je suis tellement désolée Dallas.

- Que se passe-t-il, Katy ? »

Dallas se réveilla en sursaut. En sueur, la respiration irrégulière et le cœur palpitant. Ses mains serraient le drap si fort qu'elle sentait presque ses doigts s'enfoncer dans ses paumes. Et ses yeux ne purent retenir une larme qui coula le long de sa joue. Elle ne put bouger pendant quelques minutes, pétrifiée. Puis elle son regard s'orienta vers la fenêtre qui laissait passer des rayons de soleil orangés.

Dallas s'écroula sur son oreiller et regarda le plafond tout en ravalant ses glaires. Il fallait qu'elle crie ! Qu'elle hurle ! Qu'elle pleure ! Mais sa gorge lui faisant tellement mal qu'elle ne put rien faire, juste se griffer les jambes en guise de soulagement. Elle tirait tellement sur ses bras que sa cicatrice était douloureuse.

« J'en peux plus ! J'en peux plus ! » ne cessait-elle de répéter à peine audiblement.

Puis, elle ferma ses yeux, en pleurant encore. Sa bouche était ouverte pour respirer car son nez était bouché.

Cette tristesse, cette rage, cette colère, elle la connaissait. Elle la connaissait mieux que toutes les autres émotions. Mais elle était indomptable. Et toujours aussi dévastatrice. Pire que tout, elle était destructrice et indestructible.

Dallas en avait connu des matins et des nuits comme celui-là, mais il n'y avait jamais d'issue possible. Sauf ce jour là. Le téléphone sonna. Elle tourna sa tête vers la table de nuit. C'était Katy. Décidément, elle ne pouvait compter que sur sa sœur pour l'aider.

- Oui ?

- Dallas, où es-tu ?

- J'étais en train de me lever.

Ce qui n'était pas tout à fait faux.

- J'ai amené Candice à l'hôpital, je ne voulais pas te réveiller mais il faudrait que tu viennes la chercher, s'il-te-plaît.

« Et Ashley ? Où elle est cette fois ? » avait-elle envie de dire. Bien sûr, elle n'était jamais là quand il le fallait ... et même jamais là tout court.

- Je ... J'arrive dans à peu près une heure.

- Dallas ... Je suis ... je suis désolée.

Et Katy raccrocha et laissa la jeune fille perdue. Seule et perdue.

Elle se leva, sortit dans le couloir et lança un coup d'œil dans la chambre de Candice, juste en face de la sienne. Une vraie chambre de petite fille ! Un lit à baldaquin, un tapis où était soigneusement disposées des peluches de toutes sortes et des poupées mannequins, toutes aussi bien habillées les une que les autres, et des murs colorés décorés de personnages de dessin-animés.

Et une vision. Un souvenir plutôt. Elle, Dallas, assise au pied de son lit superposé, qui pleurait, seule, un ours en peluche à la main. Elle devait avoir 12 ans tout au plus.

- Mon Dieu ! s'écria-t-elle en s'appuyant contre le mur.

A peine venait-elle de sortir d'une crise d'angoisse qu'une autre pointait déjà le bout de son nez.

« Respire. Respire. »

Ne pas se laisser aller ! Facile à penser ! Mais le stress et la peur étaient plus forts que les pensées. Et Dallas était à deux doigts de pleurer de nouveau.

« Tout va bien. »

Elle alla dans la salle-de-bain et regarda son reflet dans le miroir qui n'était d'ailleurs toujours pas son véritable reflet. Dallas cligna des yeux plusieurs fois pour empêcher les larmes de couler. Puis elle commença à parler, plus ou moins seule tout en rentrant dans la douche :

- Tu sais, tu m'as beaucoup manqué. Il n'y avait plus que moi. C'était étrange de se retrouver seule du jour a lendemain. Et là aussi, c'est étrange d'ailleurs. Je me sens tellement seule que je parle ... à un reflet.

Après avoir dit cela, elle prit une douche froide pour enlever l'idée qu'elle était folle de sa tête. Vite, elle s'habilla et se coiffa, et partit à l'hôpital. Du parfum mouillait son coup et l'odeur sucrée de vanille et de douceurs lui envahit les narines. Dallas préférait toujours sentir ça que le dégoutant parfum qui régnait dans les couloirs des hôpitaux. Rien que d'y penser, elle en avait la nausée.

« Inspire. Expire. »

Se changer les idées. Ecouter de la musique ! Elle alluma la radio et mit le volume fort jusqu'à être arrivée sur le parking des urgences. Un petit coup d'œil dans le miroir et Dallas sortit de la voiture.

En rentrant, la jeune fille retint sa respiration mais le manque d'air dans ses poumons se faisait sentir. Inspiration. Ses poumons se sentaient encore plus mal. Et les nausées arrivaient. Il fallait qu'elle boive. Une bouteille d'eau se trouvait toujours dans son sac. Dallas la sortit et bu, mais elle n'allait pas mieux. C'était même encore pire qu'avant. Et sa cicatrice se mit soudainement à lui faire mal, très mal. Elle monta dans l'ascenseur et se concentra sur sa respiration. C'était tout ce qu'elle pouvait faire. La tête baissée, elle se dirigea dans le couloir où elle avait vu Katy la dernière fois, espérant ne croiser personne sauf elle.

Mais, forcément, elle bouscula quelqu'un. Dallas leva les yeux et vit Addison, la seconde amie de Katy qu'elle connaissait très bien. Presque aussi longtemps que Claire. Addison était douce et toujours à l'écoute, c'était ses deux principales qualités selon Dallas même si elle était à côté de ça très séduisante. Des cheveux long et châtain, des yeux bleus et des traits parfaits tout comme son gout pour s'habiller. Et, elle aussi, avait une blouse blanche.

- Dallas ! Comment vas-tu ma belle ? demanda-t-elle en s'avançant vers Dallas pour l'embrasser.

- Très bien et toi ? Je suis ravie de te revoir !

- Ecoute, la routine ! Rien de bien différent par rapport à d'habitude. Et au fait, je t'ai vu l'autre jour. Je voulais venir te voir mais on m'a bipper pour une urgence. Qu'est-ce-que tu venais faire ? J'ai vu que Claire t'as amené dans la salle de soin.

Addison la regardait avec des yeux doux et Dallas était intimidée. Pourtant elle n'avait pas de raison de l'être. Mis à part qu'elle était plus jeune qu'Addison - 12 ans exactement.

- Je ... j'étais venue chercher Candice mais ma cicatrice était douloureuse et Claire a voulu ... Enfin voilà. Ce jour là je n'avais pas trop le moral.

- Oh, Dallas.

Sa voix suave et grave et son regard doux et expressif montraient une réelle désolation, qui toucha Dallas.

- Tu es sure que ça va ? Tu sais que tu peux me parler sinon. Et je ne dis pas ça comme ça, c'est vrai. Je suis là si tu as besoin. dit Addison en mettant sa main sur l'épaule de Dallas, juste au dessus de sa cicatrice.

- Merci beaucoup Addi. Tu es vraiment très gentille.

- De rien ma belle.

Addison la prit dans ses bras. Sa cicatrice la lançait et les nausées se faisaient plus fortes. Son nez était presque bouché à cause de l'air « irrespirable » et des bouffées de chaleur montaient. Elle cligna des yeux plusieurs fois mais sa vue se troublait d'avantage à chaque ouverture de paupières.

- Addi ... marmonna-t-elle avant de tomber dans ses bras.

- Dallas ! s'écria Addison en resserrant son étreinte.

Celle-ci la déposa par terre et appela des internes. Dallas perçu la voix de sa Katy et celle de Claire plus lointaine. On la touchait, on lui parlait mais elle ne pouvait rien faire.

Dallas était perdue et ne voyait rien. Sauf du noir et ... une lumière blanche encore la même qu'il y a 8 ans. Dans le même lieu qu'il y a 8 ans. Mais les circonstances avaient changées. Ce n'était pas parce que sa sœur était morte cette fois mais, à cause de la douleur de sa mort qui était revenue.

Parce que Charlize venait la chercher.

***

A la vie, à la mort. Promis. Une promesse que seulement certaines personnes tiennent. Mais qu'advient-ils quand ils la tiennent vraiment ? Quand ils sont sauvagement séparés, se rejoignent-ils quand même ?